Eveil de la conscience économique

En août 1971, aux Etats-Unis, le président Nixon poussé par le lobby financier décida de suspendre la convertibilité en or du dollar. Ce fut la fin de " l’étalon change-or qui permettait des parités fixes entre les monnaies empêchant ainsi la spéculation et assurant la stabilité de l’économie mondiale.
Depuis, sous prétexte de « libéralisation » qui est un détournement abusif par la mafia financière de l’étymologie du mot liberté, l’abandon des règles d’entente économique et des disciplines monétaires a introduit à l’échelle mondiale une obligation de profits à court terme à travers les paris et la spéculation qui détournent les flux financiers des investissements productifs utiles à tous, à savoir la formation, les projets structurants, la recherche et l’emploi. Ces derniers, pourtant indispensables pour le développement et le bien être des peuples, ne sont rentables que sur le moyen et long terme et n’attirent pas les spéculateurs.
Dans le même temps des hommes politiques corrompus ont permis aux États de déléguer leurs politiques monétaires aux banquiers non élus démocratiquement, leur offrant le privilège d’émettre les monnaies seuls et sans contrôle. Ils sont maintenant, en toute légalité, les seuls à pouvoir nous vendre du papier au prix du dollar, de l’euro ou de la livre avec en plus des intérêts à payer.
Le « nouveau désordre mondiale » financier et monétaire ainsi créé est dominé par la loi du plus fort et par des intérêts particuliers. L’intérêt collectif n’y a plus de défenseur. Les causes de la crise profonde que nous vivons sont donc :
- D’une part le néolibéralisme qui est une dictature du profit financier à court terme sans création de richesses physiques et sans contrôle possible démocratique. L’argent n’y est plus un moyen d’échange entre les hommes mais un carburant voué à la spéculation au jour le jour avec une frénésie névrotique sans rapport avec l’environnement physique et dans l’inconscience des conséquences sociales.
- D’autre part l’attribut essentiel des États, qui est l’émission de monnaie en vue de projets correspondant à l’intérêt général (grands équipements, recherche et développement, santé publique …) leur échappe désormais totalement au profit d’agents financiers privés non élus démocratiquement : c’est le principe d’une dictature.
Aucune amélioration au sein du système ainsi structuré ne peut constituer une solution durable. En effet, ajouter sans orientation impérative de la monnaie à la monnaie ou du crédit au crédit comme tente de le faire nos Etats ne fait que gonfler la bulle financière au détriment du travail et de l’équipement productifs qui n’attirent définitivement pas les joueurs avides de profits immédiats. Contrairement au vocabulaire trompeusement choisi chaque jour dans vos journaux télévisés il n’y a plus d’investisseurs à la bourse, il ne reste que des spéculateurs.
L’impératif incontournable est donc que les nations se réapproprient l’instrument monétaire et émettent du crédit productif dans les secteurs vitaux : recherche, infrastructures (énergie, transports, communications) et machines-outils. L’épargne doit en même temps être réorientée vers la reconstruction et la réhabilitation du cadre de vie urbain (logement, aménagement de la ville) et de l’espace naturel (reconstitution du sol et du paysage).
L’implosion du système existant est maintenant inéluctable. L’économie casino repose sur une logique d’élimination et de monopolisation : comme autour d’une table de roulette, si le jeu continue, tous les joueurs finissent par perdre et c’est la banque qui, seule, gagne - mais sans partenaires ou clients pour continuer à jouer. La bulle spéculative est donc, par sa nature même, destructrice des fondements de l’économie. C’est la « logique » des métastases cancéreuses qui gonflent jusqu’à détruire son hôte. Aujourd’hui plus de 92% de la masse monétaire mondiale ne sert plus qu’à spéculer à la bourse d’un jour sur l’autre, privant bientôt l’humanité entière de toute possibilité de développement. Le sang de l’économie est détourné de sa fonction vivifiante par ces drogués du jeu, ces vampires du pouvoir. Inconscients de ce qui les attend ils courent à leur perte et nous entrainent tous avec eux. La prise de conscience de leurs agissements par les peuples est la principale menace pour cette dictature financière mais aussi leur unique possibilité de salut car, dans leur aveuglement, ils vont inéluctablement au mur.
En France la constitution de notre Ve République proclame dans son article 2, que « le principe de la République est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ».
Nous sommes maintenant en droit pour nous même et en devoir pour les générations à venir de reprendre les pouvoirs que nous avions délégués aux corrompus, aux inconscients et aux incompétents, pour sauver la planète de l’âge sombre qui se prépare.
Pour pouvoir agir sur les deux causes qui génèrent la crise actuelle, la dictature du profit financier à court terme et le monopole de l’émission de monnaie par les banquiers il faut rapidement :
- Destituer les suppôts politiques du pouvoir oligarchique par un vote massif populaire en faveur de ceux qui ont pris conscience de la nécessité de métamorphoser le système au profit du bien commun. Ceux-là, en dépit de leur divergence sur quoi faire avec l’argent retrouvé, doivent impérativement s’unir et avoir une détermination sans faille pour avoir une chance contre la puissance à abattre.
- Rendre au peuple souverain sa liberté d’expression et d’autodétermination qui lui a été confisqué par une élite financière et politique.
- Dénoncer les traités et les lois qui empêchent les Etats d‘émettre de la monnaie afin de réaliser des investissements structurants et productifs.
C’est la dictature financière qui est la cause première du chômage. C’est le monopole de l’émission de l’argent par les banquiers qui est la cause première du surendettement de toutes les nations du monde. Ce n’est qu’en traitant efficacement ces causes et en rendant aux citoyens leur pouvoir de décision sur les lois qui s’appliquent à eux que nous pourrons envisager un développement économique durable, mieux partagé et visant au bien être de tous.
Erik Gruchet Saint Pierre le 17 mars 2012
Illustration d'après la couverture du livre de Hervé Kempf : L'oligarchie ça suffit, vive la démocratie
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