Fabius-Hollande : 70% du peuple américain est désormais contre armer les rebelles syriens !
Préambule : une diplomatie qui en devient absurde
Cher lecteur, vous vous souvenez que je vous ai proposé une synthèse édifiante sur le sentiment quasi unanime (62 à 80%) des peuples occidentaux CONTRE l'armement des « rebelles syriens », dont 61% de français, et sur le sentiment quasi unanime (90%) de la population syrienne en faveur du gouvernement actuel de Bachar El Assad. Une nouvelle enquête nationale aux Etats-Unis vient RENFORCER cette tendance, malgré le discours de guerre du gouvernement néo-conservateur d’Obama et des médias occidentaux alignés sur la doxa libérale atlantiste.
photo JDD mars 2013 : la France change d'avis (et rechangera plus tard à plusieurs reprises)
La Déclaration d’Indépendance rédigée par Jefferson s’inspire de Montesquieu, Rousseau et Voltaire. En sommes-nous les dignes héritiers ? Quand le peuple français va-t-il se réveiller, au moins pour faire entendre sa voix lorsque son Exécutif décide de collaborer à l'extermination de civils contre sa volonté ? 1789, 1848, 1870, 1914, 1939, 1946, 1954… le peuple français connait le prix de la chair à canon. Il sait spontanément comment éviter l’holocauste : Si le gouvernement syrien était criminel ou oppresseur avec son peuple, cela fait longtemps que son peuple l’aurait rayé de la carte, comme Ben Ali, Moubarack, Honecker ou Reza Shah Pahlavi.
Ces allégations sont absurdes. La contestation pacifique syrienne a été noyautée avant même qu'elle ne manifeste, par le renseignement occidental et ses snipers-mercenaires-djihadistes sur qui nous fermons les yeux. L'ONU doit initier un processus de désarmement unilatéral de ces mercenaires-opposants fantoches qui n’ont aucune légitimité diplomatique ou patriotique. Ses chefs autoproclamés ne siègent nulle part sauf entre eux. L'opposition syrienne est rongée par les divisions, la concurrence, les manipulations, la corruption, le banditisme. Donc logiquement elle est en roue libre sur le terrain, et mise en pièce par Assad rue par rue. (Imaginez les dégâts si c'étaient les américains qui accomplissaient ce travail ! ) Son seul fait de gloire ? Se reproduire à l'infini par la magie des dollars et de la logistique impériale qui ratisse tout le Moyen-Orient pour les répandre ensuite sur la Syrie comme des crickets à la Starship Troopers. Et bien sûr elle se rend coupable d’atrocités innommables, jusqu'à être suspectée régulièrement de fabriquer des armes chimiques par l’Irak, par la Turquie, reprise par Israël, par le Liban, et par l’ONU (même si sous la pression de son "Conseil de l'Insécurité", l'ONU a lâchement pondéré depuis).
Pire : Songez que « les amis de la Syrie » ne représentent que 11 nations sur les 197 reconnues par l’ONU (hors Kosovo non reconnu, soit dit au passage, alors que de notoriété publique c’est la plaque tournante de l’entrainement au djihadisme et du trafic d'armes). A peine un quart de la coalition fantasmée par GW. Bush qui s'était permis d'envahir l'Irak sur la foi de mensonges similaires au sarin en 2003. Plus de 20 millions de syriens subissent la politique étrangère d’une cabale de 11 pays alliés contre Assad qui sèment la terreur dans les foyers syriens et les médias du monde entier. Rappelons que nous avons refusé l'asile à 200 afghans à Calais, que les italiens consignent en quarantaine les libyens à Lampédusa, tandis que tous les pays du Moyen Orient doivent recueillir sans broncher des millions de libyens et syriens qui ont tout perdu.
Cette coterie, absurde et pitoyable, est impliquée de près ou de loin dans l’armement d'extrémistes jihadistes pour la poursuite d’intérêts géostratégiques désormais évidents aux yeux de tous. La diaspora syrienne censée incarner le nec plus ultra de l'opposition ronronne et pérore sous les ors des hôtels de luxe d’Istanbul, Doha ou même Paris, mais elle reste parfaitement invisible et inaudible depuis 2 ans tant en Syrie que sur nos écrans plats. Alors imaginez le chienlit d’une « KAFOR locale » censée suppléer à l'inexistence de cette opposition d'opérette, ne parlant pas un mot d’arabe, de perse, de kurde, de farsi, de pachtoune ou même de turc ? -car si vous mettez des turcs dans cette KAFOR là, je ne donne pas cher de leur peau- Comme en Afghanistan, en Irak ou en Libye, une vacance du pouvoir en Syrie telle qu'elle se profile serait le prélude à une extension du conflit de l'Irak à l'Iran qui fait froid dans le dos, dont sans nul doute l'ONU ne sortirait pas indemne.
Des milliers d'Européens se rendent en Syrie pour combattrel'armée syrienne et, a fortiori, combattre les syriens non armés et piller leurs biens.
Sans compter les milliers de djihadistes occidentaux décérébrés qui pourraient s'en prendre aux symboles de notre "système" comme en 2001, s’ils reviennent de Syrie aussi facilement qu'ils s'y sont rendus, sans rencontrer aucun "problème" avec nos services d'espionnage, avec nos douaniers de l'espace Schengen, ou avec les fonctionnaires d'Interpol, de Scotland Yard ou de la CIA... Pourquoi au fait ? Qui joue une fois de plus aux apprentis-sorciers ? La Syrie est-elle victime d’une vaste opération de terrorisme d’Etat occidental à ciel ouvert, exercices militaires US en Jordanie et Méditerranée inclus ? Les djihadistes occidentaux partis en Syrie sans problèmes ne vous rappellent-ils pas nos 19 pieds-nickelés saoudiens du 11-9 qui, malgré des 10aines d’opportunités de les arrêter tous de Sarasota à Phoenix, de San Diego à Minneapolis, de Kuala Lumpur à Hambourg, ont pu tranquillement parcourir la planète puis se mêler aux exercices militaires prévus justement ce jour-là pour faire exploser les audimats de la terre entière, et accessoirement (car cela se passait sur le sol américain) faire exploser 3 tours presque vides, une aile du Pentagone presque vide, et un champ d’herbes folles en Pennsylvanie franchement vide, aux cris de « let’s (rock and) roll » ?
Quand cette boucherie instrumentalisée par nos propres gouvernements, députés, commissions des affaires étrangères, chefs de partis et bien sûr nos propres médias, va-t-elle enfin cesser ? MM. Fabius et Hollande, allez-vous OUI ou NON stopper votre comportement de "tontons flingueurs" ?
Nous, peuple français, avons honte de faire partie de ce « Conseil de l'Insécurité » de l’ONU plombé par l’impérialisme atlantiste. Honte d’être des européens titulaires du prix Nobel 2013 de la paix. Honte d'être parqués dans le déni d'information et de réalité. Honte d'être méprisés dans notre opinion démocratiquement majoritaire. Notre honte est désormais sans borne, sans retenue, sans excuses. Car depuis la Libye, nous sommes devenus des monstres.
Le « peuple » [américain] demeure opposé à l’armement des rebelles syriens (1)
Six américains sur dix déclarent que l’opposition ne serait pas meilleure que le gouvernement actuel.
traduction bluerider, paru sur PEW research le 17 juin 2013
rapport et tableaux complets ici au format pdf (anglais)
Présentation :
Une large majorité continue de s’opposer à l’envoi d’armes aux groupes anti-gouvernementaux ( 2) en Syrie par les Etats-Unis et leurs alliés. L’annonce jeudi dernier [ndlr jeudi 13 juin 2013] que les USA allaient aider les rebelles n’a pas entrainé une augmentation du soutien du « peuple » en faveur de cette action, et une opposition majoritaire se dégage au sein de tous les partis.
Au final, 70% s’opposent aux USA et leurs alliés qui fourniraient des armes et un soutien militaire aux groupes anti-gouvernementaux en Syrie ; à peine 20% sont pour. Cette opinion a peu évolué depuis décembre 2012 (24%) et le soutien baisse légèrement depuis mars 2012 ( 29% pour).
Le dernier sondage national du PEW research center, conduit du 12 au 16 juin sur un échantillon de 1512 adultes, met en évidence un facteur majeur dans l’ensemble des réactions sur la Syrie : l’impression que l’armée américaine est déjà à saturation.
Environ les 2/3 (68%) déclarent que les Etats-Unis sont bien trop impliqués [dans d’autres conflits] pour s’impliquer dans un nouveau conflit, et seulement 27% ne sont pas d’accord. Le « peuple » se pose aussi des questions sur les groupes armés en Syrie : 60% déclarent qu’ils ne seraient pas meilleurs que le gouvernement actuel.
En même temps, le « peuple » ne rejette pas un argument-clé en faveur de l’implication en Syrie : par une marge de 53% à 36%, la plupart sont d’accord sur le fait qu’il est important pour les Etats-Unis de soutenir des gens qui s’opposent à des régimes autoritaires. (3)
Le « peuple » est divisé quant à savoir si les USA ont l’obligation morale de faire ce qu’ils peuvent pour stopper les violences en Syrie : 49% sont pour, et 46% contre. (4)
La plupart des Républicains et des Démocrates s’opposent à l’armement des rebelles
Les opinions exprimées sur le conflit syrien différent peu d’un parti à l’autre. Une majorité d’indépendants (74%) de Républicains ( 71%) et de Démocrates ( 66%) s’opposent à la fourniture d’armes par les USA et leurs alliés aux groupes anti-gouvernementaux en Syrie.
Il y a pratiquement autant de Démocrates (69%), d’Indépendants ( 69%) et de Républicains ( 68%) qui pensent aussi que les forces militaires américaines sont trop impliquées par ailleurs pour s’engager dans un nouveau conflit.
Les Indépendants ( 66%) et les Républicains ( 64%) [...] plus que les Démocrates ( 52%) pensent que les groupes d’opposition en Syrie ne seraient pas meilleurs que le gouvernement actuel.
Par une marge confortable de 58% contre 38%, davantage de Démocrates sont d’accord pour penser que les USA ont l’obligation de faire ce qu’ils peuvent pour stopper la violence en Syrie (4). Les Républicains sont divisés avec […] 49% pour et 48% contre. La plupart des Indépendants (53%) sont en désaccord sur ce point […].
Le sondage, administré entre le mercredi 12 juin et le dimanche 16 juin, n’a pas détecté d’évolution significative de la tendance au cours des 5 jours d’enquête sur le terrain. Au cours des 2 premières nuits d’entretiens, 69% des personnes interrogées se sont opposées à l’armement des rebelles syriens, et au cours des 3 dernières nuits de travail sur le terrain, 71% se sont déclarées opposées.
Peu d’intérêt au sein du « peuple » pour la question syrienne (5)
Même plongé dans les développements sur le terrain et les annonces d’aide américaine au groupes anti-gouvernementaux là-bas, le « peuple » continue de faire peu de cas de la question syrienne.
Dans un sondage séparé conduit de jeudi à dimanche, à peine 15% déclarent suivre les actualités concernant les accusations selon lesquelles la Syrie a utilisé des armes chimiques contre les groupes anti-gouvernementaux, soit bien moins que ceux qui suivent d’autres actualités comme la collecte de données privées par le gouvernement ( 35%), ou les actualités sur l’économie américaine ( 30%). En fait, 33% déclarent qu’ils ne suivent pratiquement pas du tout les actualités sur la Syrie.
Les membres de partis expriment des niveaux similaires de désintérêt sur le conflit syrien. A peine 12% de Démocrates, 14% de Républicains, et 17% d’Indépendants déclarent qu’ils suivent très attentivement les accusations selon lesquelles la Syrie aurait utilisé des armes chimiques.
Même ceux qui sont pour armer les rebelles se montrent critiques (6)
Les 20% du « peuple » favorables à l’armement des groupes anti-gouvernementaux en Syrie expriment aussi des réserves sur l’implication américaine.
Plus de la moitié (56%) de ceux en faveur de l’armement des rebelles considèrent que les forces militaires américaines sont trop engagées ailleurs pour s’impliquer dans un nouveau conflit, et 55% pensent que les groupes d’opposition armés en Syrie ne sont sans doute pas meilleurs que le gouvernement actuel. Cependant, une majorité bien plus importante considère qu’il est important que les USA soutiennent les gens qui s’opposent à des régimes autoritaires ( 76%) (3),et que les Usa ont l’obligation morale de faire ce qu’ils peuvent pour stopper la violence en Syrie ( 75%) (4).
Dans une moindre mesure, ceux qui s’opposent à l’armement des rebelles sont en phase avec certains arguments en faveur d’une implication plus grande des Usa en Syrie. Environ la moitié de ceux qui s’opposent à l’armement des rebelles ( 48%) considèrent qu’il est important pour les Usa de soutenir les gens qui s’opposent aux régimes autoritaires (4) ; 41% déclarent que les Usa ont l’obligation morale de faire ce qu’ils peuvent pour stopper la violence en Syrie.
A propos des enquêtes :
Les conditions et méthodologie de l’enquête sont disponibles en anglais ici .
(1) J’ai volontairement traduit « public » (public, opinion publique) par « peuple » pour donner corps et âme à ce texte technique qui cache mal ses tentatives d’arrondir les angles entre un pouvoir néoconservateur américain acquis à la guerre, et un peuple américain qui comprends que le peuple syrien, ce pourrait être lui, et qui en a sans doute assez des mensonges depuis 2001.
(2) L’appellation « groupes anti-gouvernementaux" est à mettre au crédit de cette enquête. Elle reflète davantage le caractère hétéroclite de cette pseudo-rébellion que la notion de « rebelle » si chère aux médias, agences et instituts de sondage francophones.
(3) Par l'usage du plurielL, la question généralise à "tout type de régime autoritaire". Elle est donc biaisée. La question spécifique du caractère autoritaire, répressif et criminel du régime de Bachar El Assad, est bien sûr au centre du débat. Il convient avant toute conclusion hâtive assénée depuis 2 ans par 100% des médias alignés sur la doxa belliqueuse atlantiste, et appuyé sur des rapports d’ONG eux-aussi cousus d'amalgames et pas toujours objectifs, de se poser quelques questions, notamment sur le soutien apporté à Hafeez El Assad père lors de la répression de Hama en 82 contre une branche dissidente des frères musulmans qui avaient égorgé en place publique plus de 1000 civils syriens proches du pouvoir, dans un climat d’attentats qui durait depuis plus d’un an. Il convient aussi d’interroger la brutalité du gouvernement de Damas à la lumière des tortures menées en Syrie de 2002 à 2006 pour le compte du gouvernement Bush (aux côtés notamment de la Libye et de l’Europe, lire les rapports Fava et Marty), dans le cadre des programmes de détention hors droit international appelés « extraordinary renditions », qui ont fait l’objet d’accords secrets bilatéraux entre les USA et certains pays d’Europe tout autant que Libye et Syrie. Il conviendra également de faire la lumière sur l’étendue réelle et la nature des tortures pratiquées par les forces contre-insurrectionnelles du gouvernement syrien à la lumière du soutien apporté à ce même gouvernement par l’occident jusqu’au déclenchement de l’insurrection armée qui a dès les premiers jours fait des centaines de morts parmi le soulèvement populaire pacifique et les forces de l'ordre locales, notamment parmi les fonctionnaires de police et des services publics syriens, ceci avant même toute intervention de l’armée syrienne régulière. Comme à Hama en 1982. La question du renseignement syrien et de l’action des services secrets syriens au départ de l’insurrection armée qui a phagocyté les protestations citoyennes pacifiques –elles-mêmes manipulées par de simples agitateurs ?- reste posée.
(4) La nature vague de cette question, et le fait qu’elle soit associée à la lutte contre « les » régimes autoritaires en annule la portée. Les moyens de « stopper la violence » proposés par le gouvernement US sont opposés au sentiment général. D’où le marasme et l’indécision des réponses, sauf parmi les 20% favorables à l’aide aux groupes armés.
(5) C’est là l’autre question-clé. Celle de toutes les justifications barbares et de tous les dangers à venir. Jusqu’où nos peuples sont-ils prêts à en voir souffrir un autre avec notre propre collaboration active et sans réagir ? A ce sujet, les expériences individuelles de Milgram et Hash ou le film « I comme Icare » de Henri Verneuil donnent une réponse désespérante. La conséquence de cette question-clé est bien la responsabilité centrale incombant à nos dirigeants. Nos approvisionnements d'ici 20 ou 30 ans en énergie fossile, ou l’extension du système libéral et de sa dette abyssale à des pays encore indépendants doivent-ils être assurés et payés de gré ou de force avec la vie de 100 000 être humains comme vous et moi, pour moitié des civils syriens et membres de l’armée, et pour moitié des être de toutes nations, à 90% déshumanisés, désoeuvrés et manipulés ? Dans tous les cas, à supposer que les comptes de l'OSDH et consorts soient précis ce qui est une gageure, les victimes n’auront jamais accès à la Syrie de demain.
(6) Rappelons ici que de la même manière, lorsque la conférence de Doha commande une enquête en 2011 qui montre que 55% des syriens au moins ont finalement toujours été favorables au gouvernement actuel (chiffre en hausse depuis), cela occulte les nuances du soutien de la part des 45% censés soutenir les groupes armés. A Alep, des témoignages montrent que le soutien a évolué à la baisse de façon constante depuis 2011.
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