Face à la violence des religions la laïcité a un siècle de retard
La lame du couteau pour trancher la gorge de l’École Laïque et Républicaine est en train d’atteindre son but, par la complaisance des représentants de l’État français. L’acte ignoble contre le Professeur Samuel Paty est la conséquence de l’abandon de la Laïcité comme pierre angulaire de la République Française.
Après la stupeur provoquée par l’acte révoltant et inacceptable perpétué par ce garçon islamiste tchéchène contre le professeur Samuel Paty, il faudrait prendre un peu de recul et se demander la possible signification en profondeur de cette atrocité ainsi que la racine de ces actes qui se succèdent à répétition sur le territoire français et risquant de se reproduire.
Il ne suffit pas d’entendre à répétition et à longueurs de journées par tous les moyens de communication, des faits ou des analyses que l’on connait. Exercice auquel se livrent avec presque une jouissance maladive journalistes, responsables politiques, fonctionnaires de l’État, et même le public. Non pas plus que les incantations de fermeté, presque proches d’une croyance religieuse qui croit en la punition comme solution et comme potion magique, et qui affirme que la réponse à ces maux et le seul remède possible est la répression, et ceci par l’établissement d’un cadre juridique plus contraignant et plus punitif.
La répression peut éviter certains actes terroristes, mais si on ne s’attaque pas aux causes et surtout aux causes que l’on ne veut pas voir, alors il aura toujours un acte terroriste qui échappera à la prévention et à la crainte de la répression.
On sait qu’il y a des groupes islamistes sur le territoire français, on sait que ces groupes trouvent accueil dans certaines mosquées et associations à caractère religieux, culturel et sportif, on sait qu’il y a dans certains quartiers une emprise de la vie sociale, voir même commerciale de ces quartiers populaires par la mouvance islamiste, et on sait également que l’école est devenue la plateforme essentielle du combat des islamistes pour accomplir le rêve insensé de vouloir faire la conquête de la société française et la soumettre au dictat de la religion.
Mais l’aspect le plus étonnant, c’est que l’on sait quelles sont les personnes ou groupes, voire les institutions responsables qui ont permis de loin ou de près ces actions et les enjeux de la situation dans laquelle nous sommes. Disons en termes précis qu’il s’agît d’une attaque contre la laïcité et contre l’attachement de la société française à la laïcité. Mais ces attaques de toute nature contre la laïcité ne sont pas seulement faites par des groupes ou des groupuscules religieux islamistes, sinon par des groupes ou des secteurs religieux de tout bord : catholiques, juifs, musulmans voire même des églises ou sectes venant des États-Unis.
Depuis bien longtemps dans leur intention de détruire la laïcité de l'État français, ces groupes ou porte-paroles ou représentants religieux savent, que stratégiquement et tactiquement pour atteindre cet objectif, il faut conquérir la jeunesse. Pour ce faire, dans un premier temps ces groupes se sont engouffrés dans la possibilité de créer leurs propres écoles confessionnelles de tous types, de façon ouverte ou anonyme. Ceci va de la maternelle à l’université. Mais, non satisfaits de cette avancée énorme, ils se sont attaqués à l’école publique, cherchant par tous les moyens à l’affaiblir et à la bâillonner. Ceci plus particulièrement dans les cours où les élèves pouvaient apprendre à réfléchir par eux-mêmes sur la vie, sur l’histoire, sur l’apparition de l’être humain sur cette planète, sur les religions, sur la liberté et surtout sur la sexualité.
Cette emprise se traduit et trouve écho aujourd’hui jusqu’aux éditeurs des livres éducatifs, qui s’autocensurent pour ne pas heurter des susceptibilités religieuses.
Les professeurs abandonnés à eux-mêmes par leur hiérarchie, n’ont pas d’autres choix que d’entériner ce processus d’autocensure. S’ils ne peuvent supporter cette situation, ils optent finalement pour démissionner de leur profession. Ils abandonnent ainsi une des seules professions qui reste où il était encore possible de l’exercer par conviction et pratiquer un des métiers le plus noble qui puisse exister.
Ces attaques de tous types et caractéristiques contre la laïcité de la société française, vont se prolonger de façon récurrente et pendant longtemps, si en dépit de ceci, on ne se décide pas à prendre des mesures nécessaires et fondamentales dès maintenant pour contrecarrer ces attaques idéologiques verbales et parfois d’ordre physique qui se produisent au quotidien dans nos écoles.
En effet, les complaisances en faveur des intérêts religieux de tous ordres se trouvent à droite et à gauche et ceci depuis plus d’un demi siècle. Les responsables de cette compromission sont les élus, les fonctionnaires de l’État, les dirigeants économiques de notre pays et en premier lieu les derniers présidents de la République.
Cette compromission se fait à n’importe quel prix dans un marchandage de dupes, et la monnaie exigée et disponible, est à la portée de main, c’est la laïcité. On transige, on abandonne, on accepte, parce qu’on ne veut pas perdre de voix ni de votes. On permet ainsi que l’éducation fondamentale de notre jeunesse ne soit plus le privilège de la République pour la transmission de ses valeurs, sinon l’action des marchands du savoir et de la conscience. Le corps des enseignants sans soutien en proie au désarroi, ouvre des yeux horrifié en faisant ce constat amer et quotidien : les forces rapaces de l’obscurantisme religieux est en train d’arracher le cœur des enfants de la République pour les transformer en automates haineux et en bombes à retardement.
Toute violence, même la plus anodine s’exerce sous le couvercle d’une croyance, d’une conception idéologique. En conséquence, les commandants comme les exécutants, agissent avec la conviction d’avoir un droit soit d’ordre divin soit humain issu de cette croyance acceptée comme une vérité. Même l’assassinat par des motifs passionnels se commet, parce qu’on croît posséder un droit. Un droit sur l’autre, homme ou femme. L’assassinat du professeur d’histoire Monsieur Samuel Paty qui vient de se produire, est malheureusement l’exemple exécrable de ce constat. L’assassin s’est donné le droit d’agir au nom d’un supposé mandat divin et en conséquence d’avoir le droit de tuer.
Le déclenchement de ce type d’acte violent et misérable, existe parce que l’autre représente le contraire ou l’écart à cette croyance ou conception de ce supposé droit divin ou humain.
L’être humain ne peut pas exister sans croyances. Il peut croire à ne pas croire. En effet l’être humain croit être le fils ou la fille de son père ou de sa mère, il peut croire également à un test d’ADN. Il est prêt à tuer si c’est nécessaire, afin de défendre ce qu’il croit. Or pour justifier cela dans certains cas, il s’estime la prolongation de la main de Dieu ou de Mahomet pour agir ou tuer.
Avec ce constat que la croyance est un moteur de l’agir de l’être humain, les forces sombres de tous bords qui ne sont pas dupes, se disent avec raison : alors la voie royale pour atteindre nos objectifs c’est d’endoctriner les enfants dans nos croyances.
L’acte de croire, est le résultat de l’adhésion à un discours, à une conception idéologique sur la vie de l’être humain, sur la nature, sur le cosmos. Cette conception doit être partagée par d’autres. Si ce n’est pas le cas, cette croyance n’est pas autre chose que le délire d’un individu ou d’un groupe réduit de personnes. En conséquence avoir la conviction de croire en quelque chose, doit être confirmée et partagée par un très grand nombre d’individus. Cette conviction ou croyance formera un cadre référentiel qui va rythmer la vie de tous ceux qui l’acceptent.
L’être humain est lui-même construction imaginaire ou délirante, mais partagée dans une grande proportion par le reste des êtres vivants c’est-à-dire par l’humanité. Un exemple de ce délire humain partagé par presque la totalité de l’humanité, c’est de se croire hors nature et même aller jusqu’à se croire avoir été récrée à l’image et ressemblance d’un supposé Dieu.
Bien entendu, pour faire renoncer, ou mettre en sourdine un cadre référentiel qui a représenté ou représente un repère identificatoire pour un groupe ou pour une nation, ceci n’est pas possible de le faire sans l’offre d’un autre cadre référentiel plus large, qui puisse contenir ou faire nuancer ou disparaître le cadre conflictuel à l’origine de l’antagonisme, et qui puisse être accepté par les opposants.
La loi de la Laïcité établie par la République a été dès 1905 le cadre qui a permis l’établissement de la paix religieuse dans notre pays ; parce qu’elle établit un nouveau cadre référentiel qui permet l’exercice libre de tout culte religieux sans préférence mais sous le contrôle ou régulation des lois de la République.
Cette loi de la laïcité de l’Etat, où tout le monde peut exercer la croyance qui peut lui convenir, nous a donné cette paix religieuse enviable et apprécié dont nous jouissons aujourd’hui sur le sol de notre Patrie.
Mais il semble qu’à l’heure actuelle un secteur de la population française autant catholiques que juifs ou musulmanes, a de difficultés à accepter pleinement cette loi, probablement parce qu’historiquement ils n’ont pas eu la possibilité d’être acteurs dans la prise de conscience des bontés de cette loi et de son importance pour le bien-être de tous.
En effet, cette contestation n’est pas d’aujourd’hui due aux musulmans seulement. C’est ainsi que des secteurs catholiques et des organisations juives et musulmanes ont protesté et ont manifesté massivement pour défendre la supposée atteinte à la liberté d’enseigner quand le Président Mitterrand a voulu faire disparaître l’enseignement privée en 1981. A cette époque, une grande manifestation soutenue par l’Eglise catholique avec la participation des organisations musulmanes et juives à fait reculer le président Mitterrand dans sa louable et visionnaire intention. Un coup de poignard était donné à ce moment-là à la laïcité et à la concorde nationale, qu’aujourd’hui nous commençons à regretter.
La conséquence immédiate a été l’incapacité de l’école laïque de répondre à la demande éducative dans nos banlieues populaires des enfants de ces quartiers, avec la cohorte de frustration et de haine vis-à-vis d’une école incapable de répondre aux désirs légitimes d’ascension sociale de ces populations. La discrimination s’établissait comme loi et le rejet comme résultat.
A partir de ce coup porté à l’école publique et laïque, des écoles de tous genres ont fleurit sur le territoire national pour palier à cette situation. Ces écoles privées qui échappaient à tout contrôle se sont données comme objectif principal d’une façon directe ou indirecte la mission de transmettre les valeurs de leurs croyances religieuses, trahissant la neutralité laïque qui doit exister face à l’enseignement du savoir et ceci a donné lieu pour quelques unes parmi elles, à des processus d’endoctrinement sur un islam caricatural et extrémiste, contraire à la vision démocratique nécessaire à l’existence de notre Nation.
Alors il faudrait se rendre à l’évidence un des bouillons de culture et de bienveillance vers l’action du djihadisme sur notre territoire, s’est établi et structuré avec notre condescendance. Cette partie de la jeunesse française éduquée en dehors des valeurs laïques dans des écoles privées, allait être utilisée comme fer de lance contre une laïcité déjà affaiblie, provoquant comme résultat le mépris et la négation de la laïcité et l’affaiblissement de ses valeurs nécessaires à la cohésion de la Nation française.
Le champ de bataille était préparé sur notre territoire par notre négligence à une guerre de guérilla : attentats versus répression. Ceci peut préfigurer dans l’avenir comme cela a pu avoir lieu dans le passé, non pas à un choc de civilisations sinon à une guerre civile de religions.
La responsabilité principale d’avoir tracé cette route vers le conflit, doit être portée par nos gouvernements et par nos dirigeants. Il est temps de changer la direction de cette route qui mène au précipice.
Mais certains groupes de musulmans portent aussi cette lourde responsabilité d’avoir allumé et préparé des chants de guerre, des attaques contre la laïcité avec des morts comme résultat.
Parce qu’il faut le dire clairement : si les musulmans dans leur grande majorité, étaient convaincus des bontés de la démocratie et de la paix sociale, les 200 ou 300 extrémistes musulmans qui dès le tout début ont voulu menacer la République auraient été ouvertement rejetés et même dénoncés, par les propres musulmans. Mais comment rejeter ces hommes et femmes islamistes qui croient combattre la « République laïque de Satan », si comme simples musulmans, ou en tant que parents sans être des islamistes, ils ont déjà voulu préserver leurs enfants de « l’école pervertie de la République » ; ou si, eux-mêmes ont reçus en tant qu’élèves dans les écoles privées la démonstration vécue que la République ne doit pas compter, et que bien au contraire il faut la fuir dès le plus tendre âge, parce c’est une République de Satan, une République qui par l’intermédiaire de son école laïque, les corromps et les approche du précipite de l’enfer ?
Mais cette attitude et positionnement idéologique ne sont pas exclusifs des islamistes. Les intégristes catholiques également dans leur désir d’imposer pour tout le monde leur propre conception et leurs croyances et ainsi pouvoir établir leur propre « charia chrétienne » sur le supposé péché de blasphémer l’image du Christ, n’hésitent pas à vouloir punir ceux qui ont osé voir ces images « corrompues et blasphématoires » du Christ. Et à la manière des islamistes, les intégristes catholiques se sont crus également autorisés à tuer. L’attentat des terroristes catholiques contre le public qui assistait à la projection du film : La dernière Tentation du Christ de Martin Scorsese, a fait 14 blessés dans le cinéma Saint Michel le 23 octobre 1988. Cet acte s’inscrit également dans cette optique de négation des valeurs de tolérance de la République laïque.
Alors il ne faut pas oublier dans l’émotion de l’assassinat du professeur Samuel Paty, que les extrémistes catholiques éduqués très probablement dans des écoles chrétiennes privées, sont près à tuer également ou à effectuer et à provoquer des actes d’intolérance ou racistes, comme celui qui a eu lieu récemment lors d’une manifestation contre la ministre de la justice Mme Ch. Taubira.
Il faut que nous soyons clairs, les institutions telles que l’École, la Justice ou les Services Publiques sont des piliers de l’État et ne peuvent être privatisées sans risquer la destruction de la Nation à moyen ou à long terme.
Ces attaques contre la laïcité et l’école laïque et publique, s’inscrivent dans un long processus de revanche des ennemis de la laïcité. En effet, à partir de la fin de la guerre en 1918, la République a ouvert les portes au démantèlement progressif de la Laïcité et de sa loi. En acceptant que le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et la Moselle demeurent sous le régime concordataire jusqu’à nos jours ; c’est la porte ouverte à une série de coups de canif et de couteau à la loi de 1905 qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui.
Au lieu d’affirmer, d’élargir et de renforcer l’application du principe de la Laïcité, les différents gouvernements l’ont affaiblit pour des raisons politiciennes et/ou électoralistes.
Cette loi gardienne de la paix et de la concorde du peuple français a été attaquée à tel point qu’aujourd’hui une bonne partie de l’éducation des enfants de la République se fait dans des écoles privées et surtout dans des écoles avec une orientation religieuse bien définie et vantée comme telle. Cette forme de laisser faire est la meilleure façon de détruire la paix et l’unité de notre Nation. Cette même attitude a été suivie dans les services publics. Dans le service public il n’y a aucun compromis de la part des employés de l’État d’être respectueux de la laïcité et moins encore de la défendre comme devrait être leur obligation.
Mais comment demander la défense de la laïcité à un fonctionnaire employé par l’État, si au plus haut niveau de la fonction publique ne se garde non plus cette neutralité ? Et moins encore ne se défend la laïcité. Comment exiger d’un conducteur de la RATP de ne pas faire une distanciation sexiste par sa croyance religieuse, si quelques Présidents et premiers ministres de la République se sont autorisés certaines libertés ou démonstrations ou déclarations religieuses ? Par exemple certaines manifestations de leur appartenance à la religion catholique, lors d’un déplacement en visite officielle au Vatican. Ou bien ils se sont imposés dernièrement et annuellement une visite à certaines organisations confessionnelles juives ?
Mais la série d’actes indignes et d’abaissement de l’honneur de la République se sont poursuivis : Monsieur Kadhafi a pu planter sa tente de bédouin dans les jardins de l’Elysée et Monsieur Netanyahou, premier ministre d’Israël en visite privé dans notre pays, s’est permis de faire de prosélytisme en faveur de l’émigration des citoyens français de religion juive aux fins de leur installation en Israël, critiquant publiquement la politique sécuritaire de la France, sans aucune réponse officielle de notre pays.
Et enfin le pire : comment est-il possible que les législateurs français par une loi de la République récente et avec la complaisance du gouvernement actuel, établissent pour les citoyens français le péché de blasphème !! Parce qu’établir par une loi en introduisant le concept d’atteinte à la « sensibilité religieuse » n’est pas autre chose qu’introduire le péché de blasphème dans la loi française. Avec l’aggravant que le juge se verra en situation de sidération devant l’impossibilité de savoir ce que peut signifier juridiquement les limites de cette loi.
Tous ces comportements insensés n’ont pas d’autre raison que l’appétit démesuré des marchands de voix électorales, poussés chaque fois plus loin par les ennemis de la laïcité afin de la désarticuler et la rendre inopérante.
Si nous souhaitons la paix pour nous, pour nos enfants et nos petits enfants, il faut revenir à la séparation absolue entre l’État et la religion. Et il faut que l’éducation de nos enfants se fasse totalement sans exception, dans des institutions publiques laïques de la maternelle jusqu’à la terminale.
La pratique d’un culte ou office, ou d’un enseignement religieux, doit être une affaire d’ordre purement personnel et exercé ou pratiqué pendant le temps privé de chaque famille ou de chaque personne sans exception. Si elle se fait dans un temple, une église, une synagogue ou une mosquée elle doit se faire à l’intérieure des limites de cet édifice ainsi que tout acte concernant la religion. De même leur financement doit être exclusivement fait par des citoyens français.
C’est seulement par le rétablissement de ce cadre ou référentiel de la laïcité, que les nouveaux citoyens français qui arriveront d’ici 18 ans à la majorité, le temps d’une génération, et bien entendu scolarisés et éduqués dans les valeurs de la laïcité, qu’ils pourront très probablement vivre en sécurité et en paix dans notre pays. Il y aura par notre incurie dans le passé et dans le présent, malheureusement d’autres souffrances qui très probablement se produiront.
H. Ramirez A.
Neuilly sur Seine
28/10/2020
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