Faut-il laisser mourir notre industrie ?
Tous les jours, la France perd un peu de ses industries, mais est-ce là une mauvaise chose ?
Pendant 30 ans la France a basé sa croissance sur son industrie et ses emplois à faibles valeurs ajoutées, les usines étaient alors les fleurons, les moteurs de l’économie française. Seulement depuis 1973 tout cela s’est arrêté l’économie française croit au ralentit, le chômage augmente ainsi que le nombre d’inactif. Alors que l’anémie de l’économie française aurait pu ne durer que quelques années, elle continue depuis plus de 30 ans. Depuis 30 ans l’économie française n’a pas su se réinventer elle reste accroché à ses moteurs passées comme ces usines qui périclitent chaque jour.
Au début des années 1980 la mobilité des capitaux et l’intensité capitalistique d’une production à faible valeur ajoutée provoque une concurrence entre les pays émergents et les pays développés. Bien sur de par le cout du travail, modique dans les pays émergents, la concurrence est inégale. Ainsi les vieux pays se sont réinventés un modèle économique afin de palier au manque à gagner provoquée par cette concurrence inégale. La finance pour le Royaume Uni, l’innovation en Scandinavie et aux Etats-Unis, l’innovation-préservation en Allemagne. Le point commun entre ces dernières est bien sur de créer des emplois et des activités à forte valeur ajoutée, non délocalisable. En France nous avons fait tout le contraire.
La France a adoptée une stratégie de préservation totale : la France est un des pays qui investit le moins dans la recherche et développement ainsi que dans l’enseignement supérieur ce qui fait dire à Cohn-Bendit lui même que certaines universités françaises sont des universités du "tiers monde". En France moins de la moitié des nouvelles classes d’âge font des Etudes supérieures lorsque ce chiffre atteint deux tiers aux Etats-Unis et 80% en Suède. Et encore quelles études supérieures ? La France est un des pays qui investit le moins sur ses étudiants, elle n’a pas démocratisé l’enseignement supérieure, elle a ouvert les fameuses filières en "logie", sociologie, psychologie, histoire, du reste très intéressante, mais est-ce vraiment ce dont la France a besoin ?
Le résultat de ce manque d’investissement en RD, en l’éducation est le suivant : le moteur de la croissance française restent des emplois à faibles valeur ajoutée, souvent délocalisables. La France a adopté une stratégie de préservation et non d’innovation. En subventionnant les industries (prime à la casse) en compressant ses coûts salariaux (contrairement à l’idée reçue le coût du travail en France se situe dans la moyenne basse de l’UE), en écartant les moins productifs du marché du travail (système de préretraite, entrées plus tardives des jeunes sur le marché du travail en les parquant dans des filières à faibles débouchés) la France tente de préserver des emplois d’un autre âge en jouant sur la productivité. Mais la France ne pourra pas augmenter sa productivité éternellement. L’hexagone n’attire pas les capitaux il essaie de limiter une hémorragie ; il ne fait que repousser l’échéance, tout en perdant des emplois car, bien sur, sauver des industrie sous entend souvent supprimer des emplois, l’économie française brûle à petit feu. C’est exactement ce qui se passe tous les jours en France chez Molex, Continental, Renault c’est cela que nous voyons au 20 heures. Tout cela parce que la France n’a pas su renouveler son modèle économique, parce qu’elle n’a pas su démocratiser son enseignement supérieur, parce qu’elle n’a pas su innover ce qui devait se passer rapidement il y a 30 ans continue à se produire. Un chiffre d’ailleurs est symptomatique, non seulement la France manque d’emplois qualifiés, mais la France est le pays ou le taux de substitution entre emplois jeunes et emplois seniors est le plus élevé, signe que les emplois sont les même depuis 30 ans ce qui est une hérésie économique.
Alors laissons mourir l’industrie à faible valeur ajoutée, laissons Molex s’en aller et investissons massivement dans la recherche et développement, dans l’éducation, prenons enfin le chemin que nos voisins on pris depuis 30 ans. Cela ne signifie pas tuer l’industrie mais la renouveler, cela signifie créer d’autres emplois que les emplois Jospin, à très faible valeur ajoutée et qui n’apportent rien à l’économie. Mais pour cela il faut un minimum de courage et de volonté politique.
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