Faut-il supprimer le prix Nobel de la paix ?
À plusieurs reprises ce prix fait figure d’essai non transformé. Je rebondis ici sur le commentaire posté sous mon précédent billet, Nobel de la Paix : Trump ou Black Lives Matter ? Le commentateur suggérait que « … ce prix devrait être supprimé car il ne pourra jamais faire consensus ».
Arme politique
Son argument : « Avec cette notion de Paix, on entre dans un domaine subjectif où les opinions divergent et s’opposent », alors que « … le domaine scientifique est le seul qui puisse faire l’unanimité ».
En effet ce Nobel a suscité des polémiques, en particulier dans les attributions récentes. Et de manière générale, selon Wikipedia :
« Contrairement aux autres prix, rétrospectifs, valorisant l’œuvre d’une vie en sciences ou en littérature, le Nobel de la paix a souvent distingué une action particulière sans que celle-ci soit forcément soumise à l’épreuve du temps : celle d’une personne ou d’une structure qui a résolu un conflit international et élaboré un consensus pacifique. De fait, plusieurs récompenses ont été attribuées sans prendre en compte le passé du lauréat ou sa politique et ses actes intermédiaires souvent en contradiction avec la définition du prix ».
Les candidat proposés doivent remplir les critères suivants : être « la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix ».
Un comité élu par le parlement norvégien examine les candidatures, trie et délibère. Puis il choisit entre celles qui ont passé le premier tri. L’élection dépend donc étroitement des personnes qui composent ce comité, donc des orientations politiques des parlementaires.
Dictature
L’intention politique est d’ailleurs souvent assumée. Le prix est une arme contre certains régimes. On pense à la politicienne birmane Aung San Suu Kyi, lauréate en 1991 (image 2).
Bien qu’elle ait pu par la suite accéder aux responsabilités politiques, on ne peut dire que le Myanmar soit devenu meilleur pour ses habitants.
L’icône de la paix n’a pas dénoncé les exactions massives contre la minorité musulmane. Elle a bien tenté de résister aux militaires mais sans succès. Elle est même suspectée de chauvinisme bouddhiste, et son parti n’a présenté aucun candidat musulman aux dernières élections.
De plus les Rohyngas ont aussi une armée et attaquent des positions militaires. On est en phase de guérilla, pas d génocide.
Elle n’a pas réussi à créer un élan populaire qui lui aurait permis, peut-être, de modifier la Constitution pour en écarter l’armée. Malgré son immense popularité elle n’a pas su créer de contre-pouvoir.
Elle a été d’abord une figure romantique de la femme seule contre l’oppression. En occident on se contente souvent de cette image romantique. Mais ni elle ni nous n’avions d’idée ni de projet pour transformer l’essai.
Et l’essai n’a pas été transformé. C’est même un échec cuisant : l’armée vient de rétablir sa dictature et l’icône est à nouveau en prison.
Imposture
Autre prix, celui de Liu Xiaobo en 2010 (image 3). L’activiste chinois est connu pour sa critique du régime et de l’oppression, ce qui l’a conduit en prison. La Chine a trouvé un système politique durable et contrôlable : la dictature d’État.
Liu Xiaobo était donc un opposant, un résistant. Mieux : un dissident, ce qui en langue occidentale veut dire : quelqu’un de très bien. Ici, quand on résiste ou s’oppose, on est vite nommé complotiste. Par les temps qui courent, il est pourtant important de résister.
Au final il est mort en prison dans l’indifférence générale de l’Occident, dont les dirigeants n’ont pas vraiment insisté pour obtenir sa libération. Quant au gouvernement chinois il s’en bat les couilles, comme dirait Coluche.
Essai non transformé.
Il y a eu le prix scandaleux décerné à Barak Obama en début de son mandat (2009). Narcissique et charismatique, le Barak, soit. Mais qu’avait-il fait pour la paix ? Rien.
Ou si peu : dans son discours du Caire il appelait à refonder les relations avec les musulmans. Depuis elles n’ont cessé de se dégrader, à cause notamment de Daesh. Obama a donc lancé une guerre américaine de plus en Syrie.
D’ailleurs l’imposture de ce prix révèle un paradoxe. SelonWikipedia : « … au cours des années 2000, le prix a été décerné à un ex-président, un ex-vice-président et un président en exercice des États-Unis (Jimmy Carter, Al Gore et Barack Obama après à peine neuf mois de présidence), alors que ce pays a un fort engagement militaire hors de ses frontières ».
Très Gore
Il y a eu le prix décerné à Al Gore (image 4) et au Giec. Qu’ont-ils fait pour la paix ? Rien. Mais il fallait mettre en avant le lobby réchauffiste. Tant pis si Al Gore a dit d’énormes conneries et des alertes anxiogènes non vérifiées, comme entre autres sa prédiction sur la fonte totale de la banquise arctique en 2013. Cela n’a pas eu lieu et ne semble pas prêt de se produire. L’ensemble de ses fake news été démontré et sanctionné :
« … un arrêt rendu par la Haute Cour de Londres demandait que la diffusion dans les écoles du documentaire Une vérité qui dérange soit précédée d'un avertissement précisant qu’il s’agissait de l’opinion d’une personnalité politique, et non pas d’un relevé de connaissances scientifiques ».
Il y a eu celui d’Abiy Ahmed, premier ministre éthiopien. « Il est lauréat du prix Nobel de la paix 2019, en particulier pour ses actions ayant conduit à la résolution du conflit entre l'Éthiopie et l’Érythrée ». Il a contribué à l’apaisement temporaire du pays et à sa reforestation. Mais son action a été de courte durée : le conflit inter-ethnique a repris en 2020, faisant des centaines de morts.
Essai non transformé.
Celui décerné à l’Union Européenne, qui pourtant a attisé les tensions avec la Russie par l’Otan et l’Ukraine interposées.
Celui de Malala, l’adolescente courageuse qui voulait étudier malgré l’interdiction faite par les talibans, a-t-il fait inscrire plus de filles dans les écoles ? Non.
Supprimer ou réattribuer
Il n’y a guère que le prix 2020, dans les récentes attributions, qui s’inscrive dans une vue à long terme : celui du PAM, le Programme alimentaire mondial (image 5).
Le prix Nobel de la paix est trop politique dans de nombreux cas, et n’apporte rien de plus qu’une notoriété à un ou deux acteurs ponctuels dont l’action n’est le plus souvent suivie d’aucun changement à long terme. Le prix récompense donc des actions souvent ponctuelles, souvent bonnes, mais avec si peu de suites que c’en est dérisoire.
Il permet de se donner bonne conscience pour quelques heures, tout en démontrant l’impuissance à long terme à faire plier les régimes qui ne nous plaisent pas.
2021 pourrait bien réitérer un prix hautement politique, puisque sont proposés les Black lives Matter, soit un groupe soutenant les pillages et les destructions et jusqu’au meurtre et au pogrom anti-blanc, en pleine rue, pendant les émeutes de 2020.
On cite également Alexeï Navalny, dont la grande action pour la paix semble surtout d’être un opposant à Vladimir Poutine. Et Greta Thunberg, l’écolo dépressive et haineuse.
Trop politique et sans effet réel sur la paix dans le monde, ne pouvant faire d’unanimité, ce prix devrait simplement être supprimé.
On pourrait aussi le réaménager en une subvention pour soutenir dans la durée des actions pour la paix selon la définition mentionnée au deuxième paragraphe, avec accompagnement de l’action des lauréats.
En l’état actuel, le prix Nobel de la paix n’a plus de valeur morale à mes yeux.
Lire aussi : Nobel de la Paix : Trump ou Black Lives Matter ?
Black Lives Matter à l'oeuvre. Regardez la jeune femme blanche au premier plan, dès 0'26'' :
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