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Accueil du site > Tribune Libre > Faut-il vraiment résorber le chômage ?

Faut-il vraiment résorber le chômage ?

Les pays de l’OCDE, comme la France, sont touchés par un chômage massif doublé d’une paupérisation croissante d’une partie de la population. La crise de 2008 n’a fait qu’aggraver ce phénomène. Est-il possible de remédier à cette situation ? Peut-être que oui, ou que non. Autre question, faut-il corriger la situation ? Oui mais alors il faut trouver des arguments de justice et de morale. A l’opposé, on pourrait se faire l’avocat du diable et convenir que le chômage et la pauvreté est une sécrétion naturelle du système économique moderne et que, en regardant la situation planétaire, on constate que deux ou trois milliards d’humains vivent dans des conditions de pauvreté, de misère, sans les moyens de confort moderne dont disposent les gens de l’OCDE. A ce compte là, et au nom de l’universalité du genre humain, on peut très bien admettre que solutionner le chômage n’est pas une priorité du moment qu’un sans emploi de l’OCDE vit avec dix fois plus de moyens qu’un pauvre du Tiers monde.

Si donc on veut se soucier du chômage, il est indispensable d’adopter un sentiment national. Qu’on ne confondra pas avec le nationalisme de grand papa. Le sentiment national consiste à se soucier de son prochain du moment qu’il nous est proche en occupant notre territoire, et souvent, en partageant une nationalité. Le sentiment national inclut les citoyens alors que le nationalisme tend à exclure l’étranger tout en conférant un sentiment de supériorité à sa Nation. Bref, si l’on veut tenter de résoudre le problème des inégalités et du chômage, il faut un minimum de sentiment patriotique dirigé non pas envers la nation dans son abstraction mais vers le concret du compatriote. Rien ne nous oblige à être patriote, excepté notre conscience. Rien n’impose d’être solidaire. Le citoyen doit respecter la loi et c’est tout. Ce sont des banalités que je viens d’écrire mais elles ont le mérite d’attirer l’attention sur un constat essentiel. Pour résoudre le chômage, il faut le vouloir et si la France, comme d’autres pays, est dans cet état social, c’est par manque de volonté, ou de solution économique techniquement disponible.

Postulat : quand on a une solution, on voit souvent apparaître une volonté liée à la mise en application de cette solution. Exemple, le plan pandémie, ou alors la taxe carbone. A l’inverse, quand il n’y a pas de volonté, on ne cherche pas la solution alors qu’elle pourrait être disponible. Ce pourrait être le cas du chômage... ou de l’Université...

Pour être clair, vouloir supprimer le chômage présuppose la possibilité de le faire, en établissant les moyens à mettre en œuvre, les effets, les conséquences, les avantages pour les travailleurs, le prix à payer car il faudra des moyens pas seulement industriels mais aussi financiers, enfin, il faudra compter avec l’efficacité du système. Il est hors de question d’envisager une solution bureaucratique à la Soviets. Deuxièmement, vouloir supprimer le chômage repose sur deux ressorts, l’un moral et l’autre rationnel. Le ressort moral, c’est la volonté de solidarité, le souci de l’autre, c’est désirer le bien pour autrui. Ce sentiment, même s’il a la forme patriotique, semble avoir disparu. Les gens en général ont beaucoup trop de souci pour se préoccuper des autres. Et puis ceux qui sont pas ou peu touchés par le chômage ne sont pas prêts à faire œuvre de solidarité et le cas échéant, donner de leur poche. Les problèmes moraux sont solubles dans le local et le concret. Un grand-père saura faire le choix entre changer sa voiture ou bien payer un loyer pour que son petit fils étudie là où il décide de se former. A l’échelle sociale, les choix moraux sont bien plus délicats. Pour beaucoup de concitoyens, le RMI a été jugé utile non pas pour le peu de bien accordé aux démunis mais pour éviter de voir le nombre de SDF augmenter. Il reste alors le deuxième ressort, le choix rationnel. Il est simple. Cela consiste à vouloir supprimer (réduire) le chômage parce qu’en faisant le calcul, il en résulte un mieux être collectif, autrement dit un avantage pour tous ou à défaut, pour une majorité. Pour cela il faudrait convaincre les gens qu’ils ont intérêt à ce que la société réduise le nombre de sans emploi car chacun en tirera un bénéfice, ne serait-ce qu’indirect. Nul besoin d’être sorti de l’X pour se douter qu’un chômage massif risque d’affecter tous les citoyens, soit que leur proches soient affectés, soient qu’ils soient touchés, avec une inquiétude généralisée, une grogne sociale, une anomie diffuse, une perte de confiance, une incivilité, et des coûts assez importants pour traiter les phénomènes collatéraux liés au sous emploi d’un pays. 

Le problème est posé, il est soumis aux citoyens. Cela dit, on peut comprendre que les Français aient des préoccupations autrement plus importantes, comme savoir si Mitterrand doit démissionner ou si Jean S. a l’âge pour diriger un gros établissement public.
 

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11 réactions à cet article    


  • Bulgroz 15 octobre 2009 10:43

    L’Insee a mis en ligne une base de données donnant par commune, la population, le sexe, l’age, l’activité, les infos étant données par immigrés ou non.

    Le guide d’utilisation qui va avec cette base date du 1 Octobre 2009.

    http://www.recensement.insee.fr/basesTableauxDetaillesTheme.action?idTheme=9

    La base de données est relativement riche et complexe à manipuler (faites vous éventuellement aider par Lahoud).

    En Seine Saint Denis, la population immigrée est de 26,5%, 14,5% de ces immigrés sont au chômage, contre 5,8% pour les « Français ».

    En Vendée, le % d’immigrés est de 1,7%, 10,3% des immigrés sont au chômage contre 3,7% pour les « Français ».

    Au niveau national, le taux d’immigrés est de 8,13%, 10,8% sont au chômage contre 4,8% contre pour l’ensemble des Français.


    • sophie 15 octobre 2009 11:46

      En Seine Saint Denis, la population immigrée est de 26,5%, 14,5% de ces immigrés sont au chômage, contre 5,8% pour les « Français ».

      En Vendée, le % d’immigrés est de 1,7%, 10,3% des immigrés sont au chômage contre 3,7% pour les « Français ».
      Un grand merci à Bulgroz de bien mettre en évidence la discrimination à l’embauche


    • foufouille foufouille 15 octobre 2009 11:45

      @ bernard

      cherche NAIRU


      • Lennybarr 15 octobre 2009 13:11

        La baisse du chômage, comme l’augmentation des salaires, s’accompagne mécaniquement d’une hausse de inflation et par conséquent, d’une perte de valeur du capital.
        Les détenteurs / défenseurs du capital, au premier rang desquels les banques centrales, n’ont strictement aucun intérêt à voir le chômage se résorber ou à accroitre la valeur horaire du travail.
        Le point NAIRU est probablement l’indice le plus surveillé par les banques centrales, demandez à un économiste de vous en parlez... il est probable qu’il le fasse avec une certaine gêne, rien d’étonnant smiley


        • Triodus Triodus 15 octobre 2009 13:24

          Tiens, c’est comme le cholesterol ! Il y aurait le « bon » et le « mauvais » ?


          • sleeping-zombie 15 octobre 2009 16:34

            Salutations,

            Avant de résoudre le problème du chômage, ce serait bien de l’énoncer...
            Quel est-il ? le fait de ne pas avoir de travail ou le fait de vivre en situation précaire et/ou sous le seuil de pauvreté ?

            Pour ce qui est de ne pas avoir de travail, c’est pas vraiment un soucis. Apparemment, le travail, moins on en a, mieux on se porte. On n’aurait jamais inventé les week-end, vacances et retraites si travailler était une bénédiction.
            D’un point de vu moral ? les chômeur ne produisent pas et mangent tous les jours (ou presque) ?
             bah... les rentiers aussi... et j’imagine que si on fait le tour de toutes les professions existantes, on doit bien en trouver un petit paquet qui n’ont plus aucune raison d’être ou qui sont sur-payées par rapport au service rendu... (ca sert a quoi un notaire a l’époque où tous les documents officiels peuvent (ou devraient) être disponible sur Internet ?)

            Pour ce qui est de la précarité... Avoir un travail n’en protège pas toujours. Hélas.

            Et puis, il faut bien se rendre à l’évidence : a force d’optimiser nos processus de production (technologie et organisation), on a fini par rendre le travail marginal.
            Suffit de voir la progression.. au moyen-age tout le monde bossait, sauf 5% de privilégiés.
            Puis on a inventé pèle-mêle l’age minimum pour travailler (bye les gosses), et la retraite (bye les vieux), la durée maximum hebdomadaire (qu’on a réduite, et encore réduite), les congés payés.
             Et la guerre qui casse tout, alors faut tout reconstruire.. mais ca dure pas.
            Depuis 1945, le même mouvement de disparition du travail s’opère, mais on a créé aucun réel statu (ni amélioré les status existant). On a bien essayé « étudiant pour tout le monde » (pour commencer a bosser a 25 ans plutot que 14.. euh non 16), mais c’est précaire. on a aussi inventé « chomeur », mais là encore, plus par idéologie que par nécessité économique, on a empêché de mot de rimer avec « confort ».

            Bref, tout ça pour dire : faut savoir ce qu’on veut avant de chercher les moyens...
            Et en ce sens, je plussoie fortement l’auteur...


            • Frabri 15 octobre 2009 19:37

              Depuis une quarantaine d’années que le « monde du chomage » se développe il y en a qui croient encore au plein emploi ? ? ?

              Voir le documentaire de Gilles Balbastre « le chomage a une histoire » : de1967 a 2001

              http://lbsjs.free.fr/Balbastre/Balbastre_chomage.htm


              • Internaute Internaute 15 octobre 2009 20:19

                C’est un peu bizarre de parler du chômage et de son traitement sur un plan purement philosophique en oscillant entre la charité et le nationalisme.

                Il me semble que l’économie politique et le progrès technique sont plutôt les facteurs déterminants. Le progrès technique augmente la productivité des travailleurs ce qui diminue leur nombre. On est bien obligé d’y faire face. Dans ce contexte l’idée de passer au 35 heures n’était pas idiote sauf qu’elle ne pouvait s’appliquer que dans un périmètre relativement clos et par branches, ce qui est contraire au dogme égalitariste du PS.

                L’économie politique a fait le choix depuis 1974 de mettre les travailleurs du monde entier en concurrence déloyale. Le chemin inverse est tout à fait possible. Il suffit de protéger nos marchés avec des barrières douanières (les US viennent de taxer à 30% les pneus chinois sans qu’on crie au scandale). Pour faire simple, 10 millions de travailleurs en plus en Chine c’est 10 millions de travailleurs en moins en Europe. Avec un déficit commercial de 50 milliards chaque année, qu’on arrête de nous dire que sans le commerce mondial on serait foutu. C’est exactement l’inverse que montrent les chiffres. Parler de cela c’est bousculer un dogme, le plus féroce tabou de l’UMPS.

                Aujourd’hui le traitement du chômage se fait à coup de dettes et le mur sera bientôt atteint. Il faut au contraire disséminer l’industrie sur le territoire dans des petites unités qui sont taillées pour le marché national. C’est toute une politique industrielle qu’il faut ré-inventer. Sans vouloir me répéter on doit aussi pouvoir gagner sa vie en France en y fabriquant des balais et des casseroles. Il n’est pas question de vouloir inonder le marché mondial de balais mais déjà d’achalander notre marché national créerait toute une série d’emplois et permettrait de balayer devant notre porte.


                • Internaute Internaute 16 octobre 2009 12:04

                  Dépêche de l’AOF aujourd’hui.
                  « (AOF) - D’après les premières estimations d’Eurostat pour le mois d’août 2009, la zone euro a enregistré un déficit du commerce extérieur de 4 milliards d’euros avec le reste du monde,...En août 2009 par rapport à juillet 2009, les exportations corrigées des variations saisonnières ont diminué de 5,8% et les importations de 1,3%. »

                  C’est génial, continuons, on est sur la bonne voie.


                • fhefhe fhefhe 16 octobre 2009 06:53

                  Le G20 ....devait changer la donne du monde de la Finance....
                  Si les primes annoncées pour les Traders aux Etats-Unis sont avérées....c’est
                  — 1 — Que Tout va bien au sein des 20 (27 ?) pays les plus riches du Monde.
                   ou
                  — 2 — Que l’augmentation du chômage et la « Pôpérisation » de bons nombre de salariès de ces 20 (27 ? ) pays les plus riches du Monde....est bein Réelle.

                  Donc , que dans les 2 cas le chômage est « Nécessaire » pour le « Bien Etre » des 0,001% des habitants de ces 20 (27 ?) pays... !!!!!

                  Bientôt....Noél....et l’homme en rouge avec sa barbe blanche...fait le plein dans les plus grandes usines de fabrications de jouets.
                  Nombreux sont les enfants de parents chômeurs....qui pourront avoir des jouets ...fabriqués par des enfants....qui NE SONT PAS au chômage.


                  • PtitLudo PtitLudo 16 octobre 2009 10:30

                    Le chômage (et plus généralement la paupérisation d’une grande partie de la population mondiale) est le moteur du capitalisme,donc tant que ce système existera, la réponse est bien évidemment non (du point de vue des dirigeants bien sûr).

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