Femme, si tu appelles, tu morfles !

Et c’est une ronde infernale qui résonne, toujours grandissante, sans réelle volonté de nos gouvernants d’y remédier.
Malgré des polémiques à la petite semaine sur celui ou celle qui serait à l’origine de cette idée lumineuse d’un téléphone portable pour les femmes victimes.
A charge pour elles d’appuyer sur un bouton qui alerterait de suite les autorités.
Je peux parfaitement vous décrire la scène pour l’avoir vécue.
Le conjoint violent est derrière la porte de votre domicile avec une arme, et il défonce consciencieusement cette mince cloison qui fait barrage entre vous et lui.
Il a une arme à la main.
Vous n’avez que le temps de crier aux enfants de s’enfermer dans la chambre du fond, tandis que vous composez le 17.
Jour de chance ?
Un policier répond immédiatement, et puis comme votre adresse est celle d’un foyer d’hébergement pour Femmes "en difficulté" parce que vous êtes déjà partie de chez vous, il diligente effectivement tout de suite une équipe d’intervention.
Mais les coups et les hurlements redoublent de l’autre côté de la porte.
Et elle finit par céder. Les gonds ont sauté.
Vous êtes en plein milieu du couloir de l’appartement.
Pas un voisin pour intervenir, tous terrés chez eux, bien que certains aient appelé la police.
Tétanisée, vous êtes.
Déconnectée par la terreur, le souffle coupé, suspendue au-dessus de vous-même, avec un seul mot comme leitmotiv en votre for intérieur : " les enfants, les enfants, les enfants..."
- "Moi, plutôt que les enfants..."
Vous n’avez plus ni bras, ni jambe, ni poids.
Vous ne sentez plus rien, n’entendez plus rien.
Celui qui tient votre vie entre ses mains, une arme braquée en votre direction vous fait face.
Il hurle. Du moins, vous le supposez.
Il ressemble à un poisson dans un bocal. Vous voyez ses lèvres se tordre en d’affreux rictus, mais vous n’entendez rien.
Vous ne bougez pas, vous ne le pouvez pas, votre vie est comme arrêtée.
Et puis, des sirènes déchirent les limbes dans lesquelles vous vous êtes réfugiée.
Votre cerveau en mode pause, entre les insultes et la vision monstrueuse de la gueule menaçante des deux canons de fusil pointés sur vous, reprend vie.
Malgré les immenses trous noirs inquiétants qui vous toisent et d’où viendrait l’étincelle de mort.
Cavalcade dans les escaliers.
Vous ne savez pas comment. Celui qui était là, il y a un instant a fait volte face et dévale les escaliers quatre à quatre tandis que des cris fusent à l’extérieur.
La Police est là, il l’a entendue.
D’un seul coup votre corps reprend ses droits.
Il tremble et frissonne. Vous avez chaud et froid.
Vous hurlez, courez jusqu’à la porte de la chambre, appelez les enfants.
Vous ne voyez rien dans le noir, ils ont débranché la lumière.
Une petite voix s’élève sous le lit, tout au fond près du mur.
- " Maman, maman, on est là...tu vas bien ? "
- " Où est votre soeur ? "
- " On ne sait pas..."
Des cris de nouveau, un prénom hurlé à vous en étouffer.
- " Maman, je suis là, dans la salle de bain..."
Tapie au fond de la baignoire, dans le noir le plus complet, vous découvrez votre fille.
Alors en plein milieu de la nuit, vous réunissez vos quelques vêtements pour changer d’appartement , aidés des surveillants du foyer.
Rapidement, baissant la tête sous l’oeil torve des voisins qui ne cessaient de le dire que ce n’était pas une bonne idée d’avoir ainsi des appartements "d’urgence" côtoyant ceux des "vrais locataires"....
- " Voyez ce qu’il arrive..."
Pendant des mois, à la tombée de la nuit, vous ne ferez plus de bruit dès le coucher du soleil.
Ni télé, ni radio, les fenêtres occultées par des draps ne laissant pas filtrer la lumière pour rassurer les enfants qui chuchotent plutôt que de parler et ne peuvent vivre normalement avec cette épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes et de la vôtre.
- " Est-ce qu’il reviendra Maman ?".....
Un téléphone portable...
Qui compose automatiquement un numéro d’appel en appuyant sur une touche.
Et puis quoi ?
A l’autre bout du fil une voix qui vous demandera de confirmer que vous avez bien appelé ?
S’il n’y a pas auparavant un répondeur vous demandant de patienter comme c’est très souvent le cas en composant le 3919, accessible, lui, jusqu’à 22 h seulement...
Engueulez-vous donc tranquillement sur la paternité ou la maternité de cette fausse bonne idée.
Continuez à jouer les hypocrites en faisant mine de vous préoccuper du sort des femmes victimes avec vos 20 portables à titre expérimental.
Pendant ce temps-là, elles continuent à payer le prix fort !
Pendant ce temps-là aussi, on trouvera assez d’argent pour tripler le nombre des vidéos-surveillance . Il y aura aussi un Monsieur drogue, ben tiens, des Messieurs fisc traquant les dealers dans les cités qui vivraient grand train...
Les femmes ? Elles peuvent toujours crever.
C’est vrai qu’elles font si peu de bruit...
Meaux, fin de semaine dernière, un mari violent asperge avec de l’essence celle qui l’a quitté quelques mois auparavant, craque une allumette et s’enfuit.
Elle est aujourd’hui dans le coma.
Une parmi tant d’autres :
En France à l’heure actuelle ce sont :
- 2 000 000 de femmes victimes de violence chaque année,
- 155 qui ont perdu la vie sous les coups de leurs compagnons en 2008,
- 1 600 000 femmes victimes de harcèlement sexuel,
- 150 000 viols perpétrés à leur encontre, 1 femme violée toutes les trois minutes et demie ( chiffres 2007-2008)
- 30 000 femmes ou jeunes femmes victimes potentielles de l’excision,
- 70 000 jeunes filles victimes potentielles de mariages forcés.
- 15 à 30 000 femmes prostituées,
- Femmes SDF, nombre en constante progression, plus 20% en deux années : âge moyen de survie dans la rue : 41 ans contre 57 pour un homme. Agressées et violées dès les premiers soirs
- Femmes étrangères discriminées subissant la double peine ; victimes de violences conjugales ayant quitté le domicile conjugal ; EXPULSEES ! Les maris ? Rien !, Veuves, même punition.
A ces violences, il faut rajouter les Violences sociales :
- Salaires en moyenne inférieur de 27% à ceux des hommes,
- Retraites inférieures de 600 euros à celles des hommes,
- 85% des emplois précaires, temps partiels imposés sont tenus par des femmes,
- 80 % des travailleurs pauvres sont des femmes,
- Travail du dimanche, de nuit...
Attaques sur les Droits des Femmes :
- Accès aux soins de santé de plus en plus difficile,
- Contraception,
- Remise en cause du droit à l’avortement,
- De plus en plus de refus de prise en charge de mineures, femmes sans-papiers,
- Délais d’attente important, quota d’IVG...
Depuis 2007, l’Espagne s’est dotée d’une loi qui prend en compte tous les aspects des violences faites aux femmes, même sur l’égalité, et nous ?
Voilà plus de deux années qu’une loi-cadre est à l’étude par une commission d’évaluation à l’ Assemblée Nationale.
Maintenant , il faut qu’elle soit appliquée, partout en France et tout de suite :
- Comparution immédiate devant un tribunal du conjoint violent dès le premier acte de violence.
- Eloignement systématique de l’agresseur du domicile conjugal et mesure contraignante à son égard,
- Aucune médiation pénale,
- Interdiction pour l’agresseur de prendre contact avec la victime,
- Suspension d’autorisation de port d’arme pour celui-ci
- Suspension de son autorité parentale,
- Suivi psychologique et sociale des femmes victimes et de leurs enfants.
- Ordonnance de protection destinée à prévenir les mariages forcés et les mutilations sexuelles
- formation des équipes de police...
Pour consulter cette loi-cadre, cliquez ICI .
Vous pouvez également demander à l’Assemblée nationale le rapport d’information n°1799 tome I et II pour consulter tous les débats, auditions des nombreux intervenants : Associations, collectifs, professionnels de santé, justice... qui ont été entendus en deux années.
J’aimerai ne pas vous dire : -" A l’année prochaine..."
Je crains malheureusement que le 25 novembre ne soit en passe de devenir une autre journée comme le 08 mars.
1 jour pour y penser, 364 autres pour morfler .
Pour deux millions d’entre nous !
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