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Accueil du site > Tribune Libre > Fonds d’investissement et entreprises innovantes

Fonds d’investissement et entreprises innovantes

PME innovantes et technologiques : Certains fonds d’investissements développent des pratiques abusives et non éthiques nuisant fortement aux entrepreneurs et aux business angels mais aussi au développement sain de ce secteur de l’économie.

Le respect plus que nécessaire à construire entre fonds d’investissements et entrepreneurs/business angels dans la création/développement d’entreprises innovantes : Un choix politico-économique et sociétal

Il apparaît clairement, à travers la campagne présidentielle, qu’un des leviers de croissance et de création d’emplois est la création d’entreprises innovantes. Etant un professionnel de ce secteur, entrepreneur-dirigeant de société de biotechnologies, il me semble important d’identifier certains freins et dysfonctionnements dans ce secteur, peu connus du grand public, mais qui font des ravages au près des entrepreneurs dans ce secteur, à savoir le rapport de force entre certains fonds d’investissements en capital-risque qui entrent au capital de ces sociétés et les entrepreneurs mais aussi busines angels qui ont pris tous les risques à la base.

Il est effectivement important de favoriser l’arrivée au début de l’entreprise de business angels au capital (je parle ici de personnes qui investissent de 10 à 30k€, ce qui est très utile à toutes ces start-up lords de leur amorçage), comme il est très important de favoriser la vocation d’entrepreneurs.

Mais il est plus qu’impératif de rappeler que le rapport de force/négociation entre gros investisseurs en capital-risque (actionnaires majoritaires) et entrepreneurs/business angels (actionnaires minoritaires) est totalement injuste et ne respecte aucune règle. Ce genre de société innovante, basée sur la recherche, a bien souvent comme modèle économique de découvrir et développer des produits pendant plusieurs années avant de les vendre, créant ainsi des pertes pendant plusieurs années, ce qui est prévu dans le business plan de l’entreprise et inévitable dans ce genre de business, alors que le nombre d’emplois augmentent et que la valeur de l’entreprise augmente. L’entreprise doit donc faire appel aux fonds d’investissements en capital-risque pour financer son développement (ce secteur est beaucoup plus dur que celui du LBO en terme de coups tordus, il est temps que cela évolue et change).

Ces fonds d’investissements en capital-risque, présents au capital de la grande majorité des start-up capables de devenir des leaders de demain, peuvent parfois se comporter de manière très peu éthique et sans aucun respect pour les entrepreneurs et business angels.

Certains fonds bien connus sur la place usent et abusent des lois et leurs lacunes notamment pour la défense des actionnaires minoritaires, de leur réseau jusque dans les palais de justice, de moyens de pression et de peur inimaginables pour vous spolier vos biens et prendre la totalité du capital de la société pour zéro euro parfois et lésant tous les petits et les entrepreneurs qui pendant quelques années ont pris tous les risques pour développer une nouvelle vision et de nouveaux produits. Certains capitaux-risqueurs abusent du fameux « coup d’accordéon », réduction du capital à zéro et exproprient purement tous les actionnaires minoritaires avant de réaugmenter le capital à nouveau et de prendre 100% du contrôle. Ceci est une lacune de la loi dans ce secteur des sociétés innovantes, qui notamment dans la santé, font généralement des pertes les premières années, comme prévues dans les contrats d’investissements lorsque les capitaux-risqueurs entrent au capital.

Il faut savoir que dans le secteur des biotechnologies, même si les gens n’osent pas parler car craignent les gros investisseurs en capital-risque, une grande majorité de jeunes entrepreneurs ont peur de créer leur entreprise, ont peur de se lancer dans ce genre d’entreprises et de tout perdre après quelques années. Cela doit évoluer et les lois avec, notamment dans le but de rétablir un RESPECT essentiel au bon équilibre et au développement de ce secteur des entreprises innovantes.

Je connais ce cas de près. J’ai créé une société de biotechnologies développant de nouveaux anticancéreux en 2002 après mon doctorat en oncologie, un troisième cycle en stratégie/finance à HEC et un poste de consultant en stratégie. Je suis un entrepreneur de la trentaine. La société émane et valorise des travaux issus de tous les grands instituts publics français (inserm, cea, cnrs, institut pasteur). Cette société s’est bien développée et se porte très bien aujourd’hui en terme R&D et nombre de salariés (plus de 30). Un grand fond d’investissement en capital-risque français est entré au capital en 2005 et est devenu actionnaire majoritaire ne laissant aucune limite de seuil à 33% (ils attendent des mois pour que la société n’ait plus de trésorerie et peuvent alors imposer des conditions drastiques, tous les entrepreneurs connaissent cela dans ce secteur), a viré ses fondateurs/entrepreneurs après 6 mois (c’est le risque à accepter dans ce secteur parfois, je ne fais aucunement dans l’angélisme et connais les règles du secteur), cette société a continué à se développer plus que correctement. En 2007, ce même fond vient de décider de faire ce fameux coup d’accordéon, en réduisant le capital à zéro, avant de recapitaliser la société juste après prenant 100% du capital. Ainsi, les entrepreneurs-dirigeants initiaux, et une quinzaine de business angels se voient purement et simplement expropriés de leurs titres. Ceci est une démarche malheureusement trop courante dans ce secteur et tue l’esprit d’entreprise et la venue de business angels dans ce secteur. Par ailleurs, la loi sur la réduction du capital social à zéro doit être révisée pour ce type de sociétés innovantes, qui structurellement, génère des pertes les premières années (qui sont prévues dans les business plans lorsque les capitaux-risqueurs entrent au capital et qui sont suivies chaque mois lors du conseil d’administration et validées par les représentants des fonds qui souvent contrôlent ce même conseil) alors que parallèlement la société crée de la valeur pour l’actionnaire.

Je me suis permis de mentionner mon expérience personnelle car elle représente le cas d’école typique d’une société de 5 ans désormais qui s’est développée plus que correctement, embauche plus d’une trentaine de salariés et a pu le faire car elle a su utiliser les aides publiques bien adaptées aujourd’hui. Et pour autant les entrepreneurs et la quinzaine de business angels ont tout perdu, du fait d’une utilisation abusive d’une loi non adaptée aux entreprises de ce secteur et d’un manquement à l’ »éthique » de ces actionnaires majoritaires (capitaux-risqueurs) vis-à-vis des actionnaires minoritaires. Il y a une véritable omerta dans ce secteur depuis 10 ans car les entrepreneurs craignent les fonds. Il est temps qu’un juste équilibre soit trouvé entre les différents acteurs dans ce secteur et que les actionnaires minoritaires qui ont pris les risques initiaux pendant des années soient protégés. Cela créé un frein énorme au sein de cette communauté d’entrepreneurs. Trop de cas comme celui-ci sont connus et personne n’ose en parler. Il est temps que cela change et j’espère que les candidats à l’élection présidentielle sauront prendre à sa juste mesure l’impact de telles pratiques dans le secteur de la création d’entreprises innovantes issues de la recherche publique pour que ce secteur puisse correctement se développer et qu’un minimum d’équilibre entre gros investisseurs et entrepreneurs/business angels soit respecté.

Soucieux de faire en sorte que ce secteur se développe de manière saine, éthique et respectueuse entre tous les acteurs qui y contribuent (fonds d’investissements, entrepreneurs, pouvoirs publics, salariés et business angels), je fais appel aux différents représentants de ces types d’acteurs pour me contacter afin de faire valoir ce droit au respect et faire avancer ce problème essentiel)

PS : Je tiens à préciser une fois encore que tous les fonds d’investissements ne se comportent pas ainsi, mais que certains souvent très performants, eux, se comportent bien souvent de la sorte. Les rapports de force doivent alors continuer à évoluer car le climat entrepreneurial est défavorable dans ce secteur et nuit à son épanouissement/compétitivité.


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15 réactions à cet article    


  • Frédéric Mahé Frédéric Mahé 28 février 2007 14:33

    « Il apparaît clairement, à travers la campagne présidentielle, qu’un des leviers de croissance et de création d’emplois est la création d’entreprises innovantes. Etant un professionnel de ce secteur, entrepreneur-dirigeant de société de biotechnologies, il me semble important d’identifier certains freins et dysfonctionnements dans ce secteur, peu connus du grand public, mais qui font des ravages au près des entrepreneurs dans ce secteur, à savoir le rapport de force entre certains fonds d’investissements en capital-risque qui entrent au capital de ces sociétés et les entrepreneurs mais aussi busines angels qui ont pris tous les risques à la base. »

    Vous écrivez en pure langue de bois entrepreuneriale, on n’y comprend rien. Le fond de votre article est intéressant, mais on dirait qu’il a été écrit par Thierry Breton. Vous pourriez nous le faire en français courant ?


    • davidbechard 28 février 2007 15:31

      Cher Frédéric,

      je vous remercie de votre intérêt porté à cet article. Je comprends d’ailleurs bien que le ton puisse paraitre un peu langue de bois. Pour être plus clair et je le préfère, je tente de faire part des divergences qui existent entre toutes les incitations à créer des entreprises dans le domaine de l’innovation, de promouvoir la vocation d’entrepreneurs, d’investisseurs comme particuliers (business angels) et qu’au final les fonds d’investissements qui entrent au capital de ces boites pour financer leur développement (ce sont souvent des boites développant des nouvelles technologies ou des médicaments innovants donc pas rentables lors des premières années), donc les fonds de capital-risque usent et abusent des dévoiements des lois non adaptées à ces boites de l’innovation pour en prendre totalement le controle en expropriant les actionnaires minoritaires que sont souvent devenus les entrepreneurs/dirigeants et les petits investisseurs du début qui ont pris les risques. En clair, même dans ce secteur moderne, l’éthique peut ne pas exister et les abus sont nombreux au profit des grands fonds d’investissements et aux dépens des jeunes entrepreneurs. Juste pour faire état de ces situtations dont personne n’ose parler de peur de se faire « griller » au près des financiers. Cela doit cesser, le droit doit s’adapter à ces nouvelles problématiques économiques. Le secteur n’est pas si rose que ce que racontent les politiques et des règles doivent être instaurées pour éviter les abus.

      Si vous êtes encore intéressé par le sujet après ce billet, je vous invite à lire un article plus clair mais plus concis sur ce fameux « coup d’accordéon », très significatif, que je vais soumettre dans les heures à venir.

      Cordialement,

      David


      • cdel (---.---.242.253) 28 février 2007 18:28

        N’y aurait-il pas moyen de se proteger de ces Krisqueurs-prédateurs avec des clauses restrictives reliant le créateur de l’entreprise qui est en général l’auteur du brevet, et l’entreprise, s’il en perd le contrôle ; vidant ainsi l’entreprise de son contenu exploitable par le prédateur, donc le dissuadant d’avance ?


        • davidbechard 28 février 2007 19:45

          Cher cdel,

          Votre idée est très intéressante et je constate que vous comprenez les enjeux dans ce secteur. Malheureusement, les fondateurs ne sont pas toujours les inventeurs des brevets exploités, et même quand ils le sont (ce qui est mon cas pour une partie), les propriétaires des brevets ne sont pas les inventeurs mais les instituts publics de recherche, qui eux voient leur brevets (licences) continuer à etre développés.

          Par ailleurs, au fur et à mesure que la société se développe, elle acquière d’autres licences au près de tiers (publics ou privés) n’ayant aucun lien avec sa direction ou les fondateurs.

          Je crois qu’il est nécessaire d’adapter le droit aux problématiques nouvelles des sociétés innovantes. Les pouvoirs publics reconnaissent les particularités de ces entreprises puisqu’ils ont créé le statut « jeune entreprise innovante » permettant des allègements de charges ou de crédit impôts pour aider ces boites les premières années de développement. Le droit doit aussi prendre en compte ces nouveaux problèmes car certains actionnaires majoritaires que sont certains fonds peuvent utiliser de manière abusive et dévoyée des lois non adaptées pour exproprier les minoritaires. J’espère que, grace au soutien d’associations du secteur des PME innovantes, le votre également, nous pourrons faire avancer ce problème. La loi de la jungle doit cesser. Les westerns aussi.

          Cordialement


          • cdel (---.---.242.253) 1er mars 2007 09:28

            J’ai réagi à votre article parce que je suis juste en amont de ce problème, d’une part sans moyens financiers à la hauteur de mon projet industriel malgré son intérêt disons général si ce n’est Bien public, d’autre part parce que je n’ai pas l’intention de me faire bouffer le nez par qui que ce soit. Qui sont les juristes travaillant sur ces questions de protection juridiques et financières des créateurs (privé - universitaires - pouvoirs publics) ? Merci de votre réponse. Salutations.


          • davidbechard 1er mars 2007 12:03

            Votre projet et votre réponse est très représentative d’un des problèmes de la création d’entreprises innovantes.

            Les projets et futurs produits services sont très intéressants mais nécessitent de forts besoins en financement donc de lever des fonds (car nous n’avons pas tous, la grande majorité d’ailleurs, d’argent à investir en quantité souvent jeunes entrepreneurs dans ce secteur)... et bien souvent au près de fonds de capital-risque, ce qui vous laisse quasiment aucune chance de « ne pas vous faire bouffer le nez ou bouffer tout court » car ils partiquent le métier depuis 10-30 ans, ont des moyens financiers et autres énormes, connaissent par coeur les failles des lois, pour vous imposer ce qu’ils veulent et vous mettre une pression abusive pour les négociations suivantes.

            Bien sur que les lois s’adaptent, mais cela se fait lentement, soit via le parlement (mais là encore les fonds ont un pouvoir de lobbying très très nettement supérieur), mm si les pouvoirs publics sont attentifs, sinon beaucoup d’associations d’entrepreneurs (croissance plus, comité richelieu, centrale santé, club alpha..) et de business angels (france angels notamment) militent pour faire entendre leurs voix. Au final, la loi avance aussi du fait de la jurisprudence, mais là c malheureusement encore un particulier avec des avocats très chers trop chers pour un particulier qui décide de se défendre et d’essayer de faire avancer les choses.

            Concernant votre projet, je vous propose 4 solutions :
            - Revoir votre modèle économique pour être profitable bcp plus rapidement (facile à dire mais bcp de produits/technos ne le permettent pas) puis développer vos propres produits
            - lever des fonds au près de capitalistes moins violents et prédateurs que certains fonds, des chefs d’entreprises qui ont très bien réussi peuvent peut-être vous aider
            - vous appuyer sur les aides publiques car elles sont très bien faites, d’ailleurs l’Etat se trouve très peu rémunéré pour ce qu’il fait alros qu’il prend tous les risques à la base (à méditer en fait)
            - réfléchir à deux fois avant de créer votre boite innovante, car beaucoup restent sur le carreau et c’est un secteur très dur... je connais des dizaines d’entrepreneurs dans le secteur, personne n’envie leur vie une minute je pense... En même temps, quand on a le virus, c’est pas simple de ne pas y retourner, mais autrement.

            Si je peux vous aider, vous pouvez me contacter via mon mel perso.

            Cordialement

            David


            • nathou (---.---.213.5) 1er mars 2007 13:33

              Quel est l’impact des investissements sur les entreprises ???

              j’ai pas bien compris.


              • davidbechard 1er mars 2007 13:52

                Bonour Nathou,

                Je vais essayer de répondre à votre question mais elle est large. L’impact des investissements sur les entreprises ??

                En fait, les PME innovantes par définition entrent dans des phases de R&D et développement plus ou moins longues et couteuse avant de générer du chiffre d’affaires, mais la valorisation de l’entreprise augmente car elle se développe. Donc, les boites ont besoin de fonds pour financier ses phases de développements.

                Les fonds de captial-risque entrent alors au capital des boites en amenant du cash et prennent souvent le contrôle direct ou indirect de la boite. Vosu comprenez bien que dans ce business, à part s’appeler Rotschild, ce qui est rare chez les entrepreneurs de ce secteur, il faut aller lever de l’argent au près de ces fonds. Mais ces fonds ont le total pouvoir de négociation par rapport aux entrepreneurs et imposent leurs conditions. Quand vous tombez en plus sur les pires du secteur, ils peuvent donc, en plus de vous virer très très facilement et sans rien (ni chomage d’ailleurs, normal vous ne pouvez pas cotiser), vous exproprier de vos titres ou actions, simplement, car vous etes devenus des minoritaires, via une action assez simple qui s’appelle le coup d’accordéon : Un concept juridique non adapté à ce secteur puisqu’une boite peut être en très bonne forme et ne faire que des pertes pendant quelques années. C’est le paradoxe, comptablement certaines PME innovantes à très fort potentiel font des pertes alors que leur valeur augmente fortement. Alors les fonds de capital risque peu scrupuleux aux moyens financiers très importants abusent des lois non adaptées au secteur et exproprient les minoritaires pour prendre 100% du capital.

                Les entrepreneurs qui ont créé et développé les boites, les business angels, les salariés qui ont des actions voire les fonds publics d’amorçage peuvent donc se retrouver totalement spoliés.

                J’espère avoir été plus clair. Je me tiens à votre disposition pour d’autres infos.

                David


              • MARTINEZ 1er mars 2007 15:44

                Il fut un temps non loin de nous, un peu plus de 5 ans, où le rapport de force entre les entrepreneurs et les sociétés de capital risque était plutôt à l’avantage des premiers.

                La forme la plus spectaculaire était ces fameuses soirées ou journées où quelques créateurs présentaient leur projet en étant quasiment assurés d’avoir plusieurs propositions de financement pourvu que le business eu un rapport avec l’économie d’internet.

                Depuis le balancier ne s’est pas rééquilibré mais a réalisé un 360° au profit des organismes de financement en haut de bilan. Ce faisant ces opérations de rencontre entre entrepreneurs et VC existent encore mais nettement moins et surtout avec beaucoup moins de frénésie.

                Ce rapport de force inversé résulte du fait que dans la chaîne du financement de la création d’entreprises le parent pauvre est sans conteste le financement des dépenses de faisabilité technologique et commerciale.

                Cette étape est cruciale puisque l’entrepreneur cherche des fonds pour finaliser son produit, pour concevoir le prototype voire déposer un brevet.... et ce 1 à 2 ans avant de lancer véritablement la phase de commercialisation et de production (dans le secteur de la santé, du médicament cela peut dépasser les 7 années avant d’être en mesure de commercialiser la solution.

                Cette phase d’amorçage très risquée est peu appréciée par les sociétés de capital investissement qui préfèrent financer des entreprises « matures » (capital développement) ou des opérations de transmission (capital transmission).

                Ce faisant combien y -a- t’il véritablement de projets financés en phase d’amorçage ? 20,30,40,... moins de 60 probablement. Rapportée au nombre d’entrepreneurs en quête de financement, 500, 800 probablement plus de 1 000, la probabilité de réussite est faible.

                Concernant la phase de lancement commercial et de production (phase de capital risque), elle aussi est délaissée. Malgré les chiffres annoncés, 780 millions d’euros investis en France l’année derrière, se cache une autre réalité :

                - beaucoup de financements dans cette phase ne concernent pas de nouvelles entreprises mais des re-financements. C’est-à-dire des sociétés qui ont déjà été financées et qui bénéficient d’un second tour de table.

                - la phase de capital risque à la française est particulière puisqu’elle ne correspond que peu avec la définition qui en est donnée généralement.

                En effet la plupart des sociétés de capital risque, contrairement à ce que l’on pourrait espérer, demande à ce que l’entreprise dispose déjà d’un volant de chiffre d’affaires, avec une réponse classique : « nous ne sommes pas là pour permettre à l’entreprised’évangéliser le marché, revenez nous voir lorsque vous aurez fait la preuve qu’il existe une clientèle ».

                - les FCPI sont également dans cette démarche avec une difficulté supplémentaire : en dessous d’un besoin financier inférieur à 500 000 euros, pour la plupart, vous ne les intéressez pas.

                Ce qui, vous en conviendrez, limite fortement le nombre d’entreprises potentiellement éligibles.

                Donc il y a véritablement un problème qui ne peut trouver sa solution que dans une politique destinée à augmenter l’offre de financement :

                - En stimulant le nombre de business angels : là encore les dispositifs fiscaux sont compliqués, peu lisibles et surtout peu incitatifs car la plupart des mesures sont plafonnées.

                Le dispositif Madelin est loin d’avoir révolutionné le financement de la création d’entreprises. Sinon comment expliquer que la France dispose de 10 fois moins de business angels que la Grande Bretagne, comment expliquer qu’un pays comme le Japon où il n’existait quasiment pas de business angels en 1 an a réussi à en comptabiliser plus de 3000 et ce n’est qu’un début.

                Mais au Japon un particulier qui investit dans une entreprise peut déduire la moitié du montant investi de ses impôts qu’il devra payer au titre de ses plus-values. En France un couple marié pourra déduire au maximum 40 000 euros....

                - En stimulant les sociétés de capital investissement.

                La création de la structure France investissement, qui doit apporter des sources de financements supplémentaires aux sociétés de capital investissement, pourrait constituer une opportunité.

                Sauf qu’il convient de se rapporter à une étude récente de la Caisse des dépôt et Consignation sur le comportement des sociétés de capital investissement.

                Plusieurs indications :

                - les sociétés de capital investissement n’ont pas de difficultés pour mobiliser des fonds auprès de leurs souscripteurs. Ceci confirme l’interrogation que l’on peut avoir sur l’intérêt de créer la structure de financement « France Investissement » qui va probablement apporter 2 milliard d’euros à des organismes qui en ont peu besoin.

                - les sorties (revente des actions achetées lors de l’entrée au capital) sont réalisées dans de bonnes conditions : les plus values constatées au premier semestre 2006 sont supérieures de 25% à celles affichées sur la même période en 2005.

                - l’étude constate également qu’il existe un goulot d’étranglement entre les flux d’entrées (les sommes collectées) et les flux de sorties (les investissements).

                Ce faisant le financement des entreprises en phase de création ou de développement pour les PME n’est pas limité par un manque d’argent.

                Ce n’est pas un problème d’offre de financement mais plutôt un problème de distribution, d’allocation des fonds.

                Ainsi créer une nouvelle structure de financement peut être justifiée si elle comble un manque dans la chaîne du financement de la création d’entreprises. C’est à dire le financement de :

                - la phase d’amorçage (validation de la technologie, dépôt de brevet, prototype...),
                - la phase de capital risque (lancement industriel et commercial du produit)

                Or rien n’indique aujourd’hui que France Investissement va investir en priorité sur ces deux axes.

                Effectivement le rapport de force est du côté des sociétés de capital risque. Accompagnement,entre autre, au sein de la pépinière d’entreprises de Narbonne, des créateurs d’entreprises dans leurs négociations avec des capitaux risqueurs ont collabore à un véritable parcours du combattant qui mobilise beaucoup d’énergie et du temps :

                - élaboration du business plan,
                - conception des slides de présentation,
                - identifications des structures,
                - coaching de préparation des entretiens,
                - négociation de la valorisation et du pacte d’actionnaire....

                « Le coup d’accordéon » s’il n’est pas érigé comme un outil de sauvegarde de l’entreprise mais plutôt comme un instrument permettant d’obtenir dans des délais très rapide une dilution totale des fondateurs pose problème.

                Mais également il peut être salutaire pour une entreprise de changer la totalité de l’équipe. Car la création d’une entreprise pérenne suppose que l’équipe puisse passer d’une casquette à une autre car il va falloir maîtriser plusieurs métiers dont celui :

                - d’inventeur (identifier un concept, un produit nouveau),
                - de concepteur de l’innovation (élaboration du cahier des charges fonctionnelles puis techniques, élaboration d’une maquette puis d’un prototype...),
                - de producteur (comment produire ou vendre mon innovation en respectant les délais, la qualité, la maîtrise des coûts),
                - de commercial,
                - de gestionnaire administratif et financier,
                - de stratège (quand lancer le second produit, lancer une diversification ?, être une société de brevets, un bureau d’études, une entreprise intégrée...)

                Difficile d’être bon dans tous ces domaines, en conséquence quelquefois il peut être sain de changer l’équipe.

                Pour ces problématiques de financement des entreprises je peux vous conseiller humblement ce blog : www.capitalsocial.fr

                Au plaisir de lire la suite sur le « coup d’accordéon »


                • le comptable (---.---.209.191) 6 mars 2007 20:51

                  A propros des FCPI, le dispositif fiscal incitatif est inopérant, puisque les frais d’entrée et de gestion prohibitifs des FCPI « mangent » plus que la réduction d’impôt obtenue. A raison de 5 ou 6% de frais par an sur 5 ans, cela va très vite.

                  Ce ne sont pas les société innovantes qui bénéficient du dispositif fiscal, mais des financiers parasites, qui viennent se greffer sur les projets de développement. Au vu et au su de tous.


                • Laurent (---.---.13.252) 16 mars 2007 18:11

                  En réponse à ’Le comptable’, je voudrais apporter 2 précisions :
                  - on trouve beaucoup de FCPI avec des frais de gestion à moins de 4% TTC
                  - ces frais de gestion pouvant paraître élevés s’effacent très vite avec les plus-values réalisées par une bonne partie de ces FCPI


                • Gérard (---.---.20.123) 13 avril 2007 12:23

                  Bonjour, je suis d’accord sur le fait que l’effet de levier des FCPIs est avant tout lié à la réduction d’impots induite. De plus, la possibilité donnée aux gestionnaires de FCPIs d’investir sur les marchés côtés (nouveau marché, sous condition de certains critères innovants de l’entreprise) mène à de nombreux abus et ne participe aucunement au développement de l’innovation. La performance de certains de ces fonds n’est dés lors pas plus liée à la capacité des investisseurs à dénicher des bons projets qu’à l’excés de liquidités sur les marchés financiers. Bref, ils agissent d’avantage comme des fonds alternatifs profitant d’avantages fiscaux que comme des moteurs de l’innovation. Des réformes sont absolument nécessaires pour arrêter de gacher inutilement ces fonds publics. Peu glorieux.


                  • c.leullier 8 décembre 2008 10:43

                    Cher David,

                    Votre témoignage me désole, comme tant d’autres en ce moment. La finance étrangle l’entrepreneuriat par prédation. Au final, c’est notre pays qui se vide de son savoir-faire. J’ai publié il y a quelques jours un article sur Uniross, une jeune société dynamique qui se retrouve sur les genoux malgré une croissance très soutenue, à en faire pâlir d’envie une start-up !

                    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=47569

                    Je vous souhaite beaucoup de courage, et j’espère que le monde de la finance intégrera les concepts d’éthique et de bonne gouvernance avant que la France ne devienne une coquille vide... Bien à vous


                    • Xavier Bellecourt 8 mars 2009 19:33

                      Bonjour, votre témoignage est particulièrement intéressant (pionnier). Je le découvre au moment où le débat rebondit, ici même, et chez Olivier Ezratty : http://www.oezratty.net/wordpress/2009/faut-il-se-mfier-des-fcpi/
                      Bonne continuation


                      • financeperso 18 août 2009 21:05

                        Bonjour,

                        Investisseur fidéle en FCPI depuis 10 ans :
                        Par conviction puisqu’en orientant une partie de mon épargne vers les FCPI je souhaite contribuer à la création des emplois de demain
                        Par interêt fiscal pour bénéficier de la réduction d’impot de 25%
                        Par interêt économique puisque le rendement de ce type de placement devait être interessant.

                        Avec dix ans de recul, car c’est le malheureusement le laps de temps qu’il fallait laisser aux FCPI pour faire leurs preuves et relever les premiers compteurs : le bilan est trés mitigé :

                        1) les pratiques de certains fonds semblent plus que contestable
                        2) le niveau des frais est trés élevé
                        3) les rendements ne sont pas forcément au rendez vous voir des chutes de valeurs de l’ordre de 90%
                        4) les résultats des sociétés de gestion sont d’ailleurs plus qu’éloquant

                        Cependant, je pense qu’il ne faut pas jeter le principe des FCPI aux sorties car ils ont un role à jouer dans le financement des entreprises.

                        Si vous êtes un investisseur de convictions, quelques régles de bases sont à respecter :

                        1) bien choisir la société de gestion
                        2) s’interesser à son investissement
                        3) rechercher les produits avec un niveau de frais raisonnable (à la longue si les sociétés de gestions se rendent compte que c’est un argument commercial elles feront peut être des efforts compte tenu de la concurrence)

                        Je viens de créer un blog sur ce sujet afin d’apporter une aide aux choix des FCPI.
                        J’évoque et je recherche également des voix alternatives d’investissements.
                        Toute contribution sera la bienvenue.

                        http://finance-perso.blogspot.com/














                        4)

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