France : Quand l’assistance s’est transformée en assistanat
Depuis que nous consacrons 1/3 de notre PIB au social (un quasi-titre champion du monde en la matière) nous devrions nous demander si ces tombereaux d'aides et de soutiens sont encore utiles, efficaces et même s'ils ne jouent pas le rôle inverse de ce pour quoi ils avaient été pensés et créés au XIXe siècle.
En prétendant ne faire que des gagnants (grâce au social) notre pays pourrait ne faire que des perdants (économiques)
« Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j'apprends », Nelson Mandela
"Ouvrir une école, c'est fermer une prison", Victor Hugo, 1875
Tout le monde (ou presque) connaît cette citation fameuse (et certainement justifiée il y a 150 ans) d'une école qui à la fois libére les individus (de la misère, des pesanteurs sociales, de l'ignorance) tout en offrant à chacun une chance d'avoir une vie meilleure, un horizon intellectuel moins limité, une capacité de se libérer des pesanteurs familiales ou religieuses.
Las, aujourd'hui, malgré notre gigantesque système d'éducation public, un entrelacs d'aides, de subventions et d'allocations la population française est largement sous éduquée, à la traîne des grands pays développés (on n'ose plus écrire "industrialisés"). Arrivés à notre niveau d'inefficience, d'impuissance, de déréliction sociale, économique et culturelle les citoyens sont en droit de se demander si le monceau d'aides sociales distribuées à guichets ouverts est encore d'une quelconque efficacité et mérite de creuser toujours plus notre endettement (car désormais notre social est largement payé à crédit, sur le dos des générations suivantes).
L'autonomie, la dépendance et l'éducation
Le but de tout système éducatif libre est en principe la quête de l'autonomisation des individus :
- Du jeune face à sa famille dont il doit nécessairement un jour s'éloigner (et ne pas demeurer un Tanguy à la charge des autres),
- Du salarié qui face à son patron doit pouvoir développer ses capacités à changer, prendre le large (démission ou rupture conventionnelle) ou négocier de meilleures conditions de travail ou de rémunération,
- Du locataire de HLM qui doit pouvoir (un jour) quitter son logement aidé pour accéder au marché de la location ou plus naturellement encore à la propriété,
- Du bénéficiaire du RSA (ou de la CMU) qui doit pouvoir s’assumer, reprendre une activité, gagner sa vie sans avoir besoin durant des décennies de béquilles économiques et sociales.
L’assistanat est anti-pédagogique
La pédagogie consiste, outre à répéter de nombreuses fois les mêmes choses, mais aussi à apprendre de ses maîtres (ou profs, ou familles) tout comme de la vie et de ses expériences (bonnes comme mauvaises).
Notre pays prétend désormais, en tout lieu, à tout âge comme à tout moment de la vie, nous protéger contre tous les maux du monde :
- Contre la maladie ou présenté comme telle (la Covid entre autres)
- Contre la pauvreté (la pauvreté serait en France un état stable, une malédiction dont les pauvres ne pourraient s’extraire par leur travail mais que par les allocations)
- Contre les arnaques (se faire arnaquer n’est certes pas agréable mais c’est une expérience qui enrichit et peut servir pour l’avenir)
- Contre la mondialisation (c'est à dire contre la concurrence qui serait néfaste pour notre développement)
- Contre le manque d’éducation (l’éducation ne serait plus du ressort des familles, dévalorisées et décrédibilisées par l’école)
- Contre le mal logement (il faudrait couvrir la France de HLM, avoir 100 % des Français logés en HLM pour résoudre le supposé problème de logement en France… alors que 3 millions de logements (hors résidences secondaires) sont vides
- Contre le manque de chauffage (contre la « précarité » énergétique notre pays invente des chèques énergie et des subventions aux opérateurs alors que des hausses régulières permettraient à chacun de se mettre progressivement à niveau, en douceur)
Notre pays enfouit ses habitants dans l'assistanat, la dépendance et les récriminations incessantes
Aider les Français ad vitam aeternam n’est pas leur rendre service
Toutes notre accumulation d’aides et d’allocations (qui pouvaient être justifiées quand elles furent inventées il y a des décennies) poussent nos compatriotes dans la dépendance de l’Etat, dans la rancœur sociale (le voisin est toujours mieux servi), dans la fatalité et le pessimisme (on ne s’en sortira pas car on ne peut plus toucher à rien sans provoquer une révolution ou un effondrement).
Aucune aide ne devrait être définitive, mieux encore elles pourraient être disponibles mais sur un temps courts, avec une date d'échéance (comme un prêt bancaire).
Une illustration avec les logements HLM (autrefois HBM)
Si après-guerre (principalement) il était légitime de construire des HLM pour loger les travailleurs pauvres (ou venant d’ailleurs, y compris de province) et leurs familles, à l’instar du reste des politiques sociales en France les HLM sont devenus à la fois une rente (pour leurs bénéficiaires mais aussi pour les offices de HLM et leurs salariés), une charge croissante (comment entretenir, chauffer des millions de logements construits à la va vite dans les années soixante et jamais imaginé pour durer un siècle ou plus ?), une atteinte à la qualité de la vie des citadins (personne ne veut d'un groupe de HLM près de chez soi, les locataires ne prennent souvent pas soin de leur bien commun et face à des bailleurs publics supposés riches, paient de plus en plus mal leur loyer).
Une solution simple pourrait être envisagée pour les logements HLM : le loyer progressif
Pour contraindre les locataires de HLM à ne pas y prendre racine, à tenter leur chance et leur vie hors des aides sociales et libérer des logements pour ceux qui en ont réellement besoin (les travailleurs pauvres venant de province ou de l’étranger) il suffirait d’appliquer un barème très simple aux locataires (connu de chaque nouveau locataire dès avant son entrée dans les lieux)
- Un loyer très bas au démarrage de la location
- Un loyer qui en 5 ans rejoindrait le prix des loyers du secteur libre du quartier
Le locataire aurait le choix de payer au vrai prix son loyer au bout de 5 années ou de quitter volontairement son logement pour progresser dans la société. Ainsi la mobilité sociale (et résidentielle) ne serait pas un vain mot et la pauvreté non pas un état permanent mais une période transitoire dont les plus agiles et entreprenants pourraient sortir au plus vite.
Bien évidemment il pourrait en être de même pour toutes les situations sociales aidées depuis la fonction publique (avec la fin du fonctionnariat à vie), le salariat (un contrat unique de 5 années qui pourrait être rompu sans indemnités ni formalités durant les 2 première années)
Notre pays souffre d’immobilisme (social, professionnel, éducatif) et les rentes sont partout (pas seulement pour les retraités). En démantelant ces illusoires protections (nécessaires autrefois) nous pourrions redevenir un peuple ingénieux, courageux, innovant et entreprenant, loin des aides et assistances sociales qui nous enferment et nous infantilisent.
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