Godrèche et moi
Je vais reprendre ce que Judith Godrèche a dit et que je peux dire. Je vais donc le dire en parlant de moi. Mon dicours en imitation du sien.
Je parle et écris sans cesse pour interpeller le monde de mes concitoyens.
J’aimerais me retrouver devant une foule, comme vous tous ce soir. Vous êtes si nombreux. Mais, dans le fond, j'imagine, qu'il fallait que ça arrive.
Beaucoup d'entre vous m'ont vu grandir, ça marque, dans le fond, que je n'ai rien connu d'autre que la société française. Rien ne me rassure plus. Je parle à tous les hommes qui n'ont pas pu se défendre, mes concitoyens inconnus.
Après tout, moi aussi, je suis une foule. Une foule face à vous. Une foule qui voudrai pouvoir regarder quelqu’un dans les yeux au moins une fois. Depuis quelque temps, la parole se délie, c’est ce qu’on dit. Le pouvoir pourrait-il tanguer, serait-il possible que nous puissions regarder la vérité en face ? Prendre nos responsabilités ? Être les acteurs, les actrices d’un univers qui se remet en question ?
Il y a longtemps que je parle, je parle, mais je ne vous entends pas, ou à peine. Un chuchotement. Un demi-mot. "Ça serait déjà ça ». Je sais que ça fait peur. Perdre sa place dans la société. Perdre son rôle. À dire le vrai, perdre l’estime des autres. Moi aussi, j’ai peur. Ce serait invivable, d’être exclus de tout. Ça ne serait pas drôle.
Pourquoi accepter que les lois qui nous lient soit utilisées comme couverture pour un trafic illicite de prévarications ?
Je suis un fils de prolos et je ne trouve pas le fond de la piscine. Je ne peux pas rebondir, je coule sans cesse devant des milliers de gens à qui je ne peux rien apporter, à qui je ne peux faire de mal et qui n’ont rien à perdre à me laisser sombre. On dit qu’il faut "croire" les victimes. Mais cela s’applique à certaines victimes de certaines catégories seulement.
Il m’a fallu vingt-six ans pour regarder la précision et la violence des coups que m’ont portés psychiatre et magistrats ! Nous pourrions composer ensemble une mélodie faite de vérité et de respect des personnes. Ça ne ferait pas si mal. Juste une égratignure sur la carcasse de ce ministère. Rien, comparé à un coup-de-poing dans le nez.
À un père pris d’assaut comme une institution isolée, assiégé par des magistrats tout-puissants, sous le regard silencieux de toutes et de tous. La justice devrait être faite de notre désir de vérité, de notre besoin d’humanité. Non ?
Alors, pourquoi ? Pourquoi accepter que la justice mente et salisse un homme, parce qu’il est un homme et qu’il ne doit pas s’occuper de ses enfants. Il y a des rôles parentaux, ont dit les juges répétant le psychiatre.
Parce que vous savez que cette solitude, c’est la mienne, mais également celle de milliers dans notre société. Elle est entre vos mains, elle est dans la main de tous les citoyens, elle est dans la main des médecins qui ne font que vérifier que je ne suis pas suicidaire, laissant leur collègue en poste, où il peut abimer d’autres personnes.
Je n’atteins pas le devant de la scène. Je n’atteins pas assez de publication. Je n’atteins pas des citoyennes et citoyens pour dire les faits à ma place, et les objectiver.
À l’aube d’un jour nouveau. Nous pouvons décider que des magistrats qui se passent de la loi, on peut dire « la violent » ne puissent pas faire la pluie et le beau temps au ministère de la justice, ni dans la psychiatrie.
On ne peut pas ignorer la vérité parce qu’il ne s’agit pas d’un proche, ni parce que l’on croit savoir qu’en général, c’est le contraire qui se passe, ce sont les femmes qui souffrent des agissements des hommes. On ne peut pas être à un tel niveau d’impunité, de déni et de privilège comme le sont les magistrats, qui fait que la loi, la morale, les faits, la parole donnée, ma parole leur passe par-dessus la tête.
Ne croyez pas que je vous parle de mon passé, de mon passé qui ne passe pas. Mon passé, c’est aussi le présent de milliers d’hommes qu’on fait taire de toute sorte de façons. Cette façon est simple : la femme dit le vrai, ce que dit l’homme n’a aucune valeur, on peut même lui faire dire le contraire de ce qu’il a dit (impunité totale des juges et de leurs envoyés).
C’est aussi l’avenir de tous ceux qui n’ont pas encore eu la force de devenir leur propre témoin. C’est aussi l’avenir de tous ceux qui n’ont pas rencontrer d’autres témoins désireux de réparer les blessures faites en leur nom (la justice est rendue au nom du peuple français).
Pour un homme, être cru n’est pas loin de l’impossible.
Le monde ne me regarde pas, le monde souhaite que je reste écrasé comme je l’ai été et que je l’accepte. Nous avons, à ce qu’il se dit, la chance d’être dans un pays où il paraît que la liberté existe. Pas pour tout le monde. Il y a des victimes crues et d’autres niées, déniées. On ne choisit pas sa catégorie.
Citoyens, ayons le courage de dire tout haut ce que nous savons tout bas (il n’y a qu’à me lire, et la plupart de mes textes portent à la connaissance les horreurs illégales que les juges ont écrit pour valider leur décision).
17 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON