Gros orage à Orléans, 40° en Sibérie : un emballement ?
Des nouvelles fraîche de la météo – enfin fraîches, façon de parler. La Sibérie sue à grosses gouttes, Orléans se noie. Le maire de cette ville déclare désormais ne plus utiliser le mot réchauffement mais plutôt celui d’emballement pour qualifier la phase actuelle de la météo.
Inquiétant
Il en est tout énervé ce maire, Serge Grouard. La ville dont il a la charge administrative vient de subir un gros orage, avec rideaux de pluie, grêle et rues inondées. 15,8 mm de pluie en 33 minutes. Un emballement climatique, dit-il.
Orléans a connu de très grandes inondations par débordement de la Loire. Les repères de crues sont nombreux : 143 dans l’ensemble de l’agglomération (exemple ici). Lors des trois très grandes inondations de 1846, 1856 et 1866, les habitants ont dû penser que le climat se déréglait !
Depuis cette époque le nombre d’habitants a été multiplié par environ 10. Le bétonnage et l’imperméabilisation des sols a suivi et l’eau n’a plus d’évacuation naturelle. Orléans subit ce que de nombreuses villes subissent à cause d’un urbanisme inadapté aux épisodes intenses : le ruissellement.
Sur France Info sauf erreur, le climatologue Pascal Yiou répondait à une journaliste dont je n’ai par retenu le nom. Elle le harcelait. Elle voulait à tout prix que ces orages ne soient dûs qu’au réchauffement. Le climatologue répondait que non, cela a toujours existé, il n’y a pas plus d’orage ni plus forts. Tout au plus apportent-ils un peu plus d’eau, et encore, pas tous. Je n’ai pas retrouvé de vidéo de ce show climatiste, de cette séquence étonnante et inquiétante.
À noter : les orages exceptionnels ont déjà noyé du pays un peu plus à l’ouest, comme en septembre 1929 en Bretagne – 246 mm d’eau en un jour à St-Malo ! – et en juillet 1973.
1788
« Des cataractes des quartiers élevés tombèrent vers la partie basse de la ville qui fut bientôt submergée. Les grandes rues Saint-Guillaume, Charbonnerie, Houvenague, paraissaient de véritables torrents […] »
À 100 km d’Orléans, à Mamers dans la Sarthe (au nord du Mans), on se souviendra longtemps du 7 juin 1904 (image 2). Selon les archives du site spécialisé Keraunos :
« L’orage diluvien du 7 juin 1904 à Mamers dans la Sarthe.
Le 7 juin 1904, un orage durable frappe la ville de Mamers (Sarthe) et les communes environnantes. La rivière Dive, qui entre rapidement en crue, se transforme en un torrent furieux qui inonde la basse ville de plusieurs mètres d'épaisseur d'eau et de boue. Le bilan est lourd : 21 morts au total et des dégâts matériels considérables. »
Mais pas d’emballement. Sur la même route du sud-ouest que les orages de ce dimanche (image 3 Keraunos), les orages du 13 juillet 1788 ont été eux aussi remarquables :
« Le 13 juillet 1788, un épisode orageux particulièrement sévère balaie en matinée toutes les régions qui s’étirent du Poitou-Charentes jusqu’à l'Ile-de-France et au Nord - Pas de Calais. Le long de cet axe, les orages sont destructeurs : fortes rafales de vent et violentes chutes de grêle provoquent des dévastations parmi les plus graves du XVIIIème siècle en France. »
Sibérie
Revenons en 2023. À Orléans, un gros orage (phénomène météorologique) est donc devenu un emballement climatique. Pourtant ce n’est qu’un phénomène météorologique, et en aucun cas de climat global qui s’emballerait. De tels orages ont déjà existé. Mais la surenchère des mots rend visible. Un maire qui se donne ainsi une image de justicier-réprobateur a-t-il plus de chances d’être réélu ?
La Sibérie maintenant : l’idée première est que c’est une région particulièrement froide. Annoncer +40° fait choc. Et pourtant l’été sibérien est très chaud en certaines parties du territoire.
Les principaux records affichent entre 35° et 38°, comme à Zdvinsk le 7 juin dernier. Le sud de la Sibérie peut être étouffant en été, comme le montre l’image 1 sur les températures des 7 juin depuis 1980. Les 30° ont déjà été plusieurs fois dépassés. La tendance générale des 40 dernières années ne montre pas de réchauffement particulier. De même pour la ville de Kupino pour le mois de juin (image 4).
L’image 6, capture d’écran du site Ventusky.com, montre que cette chaleur vient des déserts et d’Asie centrale. Ainsi vont les masses d’air. En Europe de l’ouest nous recevons les masses d’air sahariennes, depuis surtout que les vents de sud sont devenus dominants.
Certaines régions du globe connaissent une hausse sensible des températures. Peut-on, comme on le fait aujourd’hui, accuser le réchauffement de chaque incident météorologique ? Je ne le crois pas. Cette amplification n’est ni honnête ni réaliste.
Les forts coups de vent et tempêtes étaient plus fréquents aux 17e et 18e siècles. Le 20e siècle a en réalité été plutôt épargné jusqu’aux années 1960 (image 5, Garnier & Bousquet). Avions-nous oublié ce passé météorologique tumultueux ? N’y a-t-il pas actuellement, en partie, comme un retour cyclique ?
En tous les cas je trouve que la surmédiatisation du sujet dans un registres très négatif est de plus en plus étouffante, oppressante.
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