Guerre en Ukraine : Du danger russe à la folle domination de l’Amérique !
Un mois après le début de la guerre en Ukraine, « la communauté internationale poursuit ses efforts dans l'espoir d'obtenir un cessez-le-feu », nous-dit-on, du côté de l’ONU. On constate que ce conflit a engendré des « Pertes humaines et dégâts considérables », car quoi de plus terrible que la guerre. Pour le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, « cette guerre déclenchée par Vladimir Poutine n'a aucun sens » et sa poursuite « est moralement inacceptable, politiquement indéfendable et militairement insensée ». C’est bien lui, indéniablement, le coupable, mais n’y aurait-il rien à y comprendre ? Si cette guerre est si insensée, signifiant qu’il n’y a aucun levier sur lesquels agir pour l’arrêter, cette demande d’arrêt des hostilités, sur quoi est-elle fondée ? Sur des incantations à opposer au délire des grandeurs supposé du président russe, contre lequel seules les sanctions pourraient avoir un effet, voire l’escalade d’un renforcement de la présence de l’OTAN partout en Europe ? Rembobinons avant « l’opération militaire » du Kremlin, et voyons ce qui était dit des différends entre Russie et Ukraine à propos du risque de guerre.
La responsabilité de l’OTAN américaine dans la guerre, retour sur les faits
Kombini news avec AFP (1), « Vous n’avez rien compris à ce qu’il se passe entre la Russie et l’Ukraine ? On vous explique », publié le 04/02/2022 : « Entre l’Ukraine et la Russie, la tension est palpable, alors que les États-Unis et l’Europe mettent Vladimir Poutine en garde contre toute tentative d’invasion. (…) « Ce que veut Poutine, c’est arrêter l’élargissement de l’Otan, c’est que la Russie retrouve voix au chapitre sur la sécurité européenne", y estime Arnaud Dubien, directeur de l’Observatoire franco-russe à Moscou. Le maître du Kremlin est-il prêt, pour cela, à aller jusqu’à une intervention militaire en Ukraine, dont le souhait d’entrer dans l’Otan constitue une ligne rouge absolue pour Moscou ? "La Russie veut soumettre l’Ukraine une fois pour toutes […], la transformer en zone-tampon, avec une souveraineté limitée, afin de se protéger contre l’élargissement de l’Otan et ce qu’elle perçoit comme des ingérences étrangères", considère Mathieu Boulègue, expert au centre de réflexion britannique Chatham House. » (…) « Les États-Unis devraient répondre à la demande russe de ne pas inclure l’Ukraine dans l’Otan, et Moscou relâcherait ainsi sa pression militaire à la frontière. Cependant, Joe Biden a déjà balayé cette question, et a décidé de déployer 3 000 soldats en Europe de l’Est, prêts à intervenir. »
Voilà bien l’une des causes majeures, parfaitement compréhensible de cette guerre, qui a disparu après son déclenchement des radars, censurée. L’évoquer aujourd’hui serait être considéré comme traître. Seules comptent les conséquences de la guerre et ses horreurs inévitables, insupportables, derrière lesquelles les politiques se retranchent pour justifier l’alignement sur la doxa américaine, avec des médias qui mettent en musique cette commande, l’émotion créée interdisant tout autre raisonnement. Avec le recul, un simple pas de côté de l’OTAN et donc, de l’Amérique qui la commande, aurait peut-être, semble-t-il, pu suffire, en traitant sur un pied d’égalité la Russie, pour éviter ce conflit. Cela valait le coup de le tenter, mais « nada » !
Dans le même article d’alors, on peut lire que « La Chine et la Russie ont publié vendredi une déclaration commune pour dénoncer l’influence américaine et le rôle des alliances militaires occidentales, l’Otan et AUKUS, en Europe comme en Asie, les jugeant déstabilisatrices. Dans ce document, les deux pays se disent "opposés à tout élargissement futur de l’Otan", dénoncent "l’influence négative pour la paix et la stabilité dans la région de la stratégie indo-pacifique des États-Unis" et se disent "préoccupés" par la création en 2020 de l’alliance militaire des États-Unis avec le Royaume-Uni et l’Australie (AUKUS). » Il était donc bien question de la Russie à la Chine, axe qui n’a fait que se renforcer depuis la guerre, de désigner le problème comme étant celui de la volonté d’expansion américaine, face à la montée en puissance de ces pays dans le jeu mondial, sans doute insupportable pour la première puissance économique et militaire. L’axe choisi par Washington, avec Londres et Canberra, dans l’affaire récente des sous-marins français remplacés par des sous-marins nucléaires livrés à l’Australie, s’inscrit dans la même politique agressive américaine contre la Chine. C’est bien dans le sillon de cette politique américaine qu’il faut inscrire l’annexion militaire par l’OTAN de nombreux pays vers l’Est de l’Europe, dont d’ex-Républiques soviétiques, sous couvert de protéger « le monde libre ». Et ce, jusqu’à la volonté d’y intégrer l’Ukraine, avec un président américain qui a maintenu la politique de « la porte ouverte » en sa faveur jusqu’au bout, et un président Zelensky qui s’était engagé à y faire entrer son pays. D’ailleurs, c’est ce point qu’il avance à présent pour dire vouloir dialoguer directement avec Poutine, prétendant accepter de revoir cette position, prouvant qu’il s’agit bien là d’un point crucial. Même si on peut douter de la sincérité du président ukrainien, qui insulte régulièrement le président russe, tout en ne cessant de vouloir engager dans l’escalade l’OTAN, par une intervention directe. On retiendra que le climat de propagande qui entoure toute guerre de tous côtés, et donc aussi du nôtre, rend sourd à la possibilité d’une sortie de crise par la négociation.
La chose commence à être plus grave qu’il n’y paraît, à travers cette volonté de puissance de l’Amérique jamais démentie. Elle est encore mieux révélée à la lumière de la doctrine que Joe Biden brandit, telle la bannière derrière laquelle tous doivent s’aligner tambours battants. Le président américain, lors d’un entretien avec son homologue polonais, a expliqué que Vladimir Poutine « comptait sur une Otan divisée », mais que cette division ne s’est pas produite. Effectivement, en créant les conditions de cette situation par sa politique d’expansion vers l’Est, l’OTAN y comptait bien, tout en jetant encore de l’huile sur le feu en réaffirmant ce samedi 26 mars à Varsovie que l’article 5 du traité de l’Otan, stipulant que l’attaque contre un pays membre est une attaque contre tous, constitue un « devoir sacré » pour les Etats-Unis. On peut difficilement faire preuve de plus d’agressivité, au moment où il devrait être question de mettre quelque chose dans la balance pour négocier l’arrêt de la guerre. Car, en attendant, c’est l’Ukraine et pas l’Amérique qui connait des destructions et des victimes, et l’Europe des conséquences économiques dont les limites sont aujourd’hui inconnues, y compris au risque d’une troisième guerre mondiale.
Dans ces conditions, sur quoi s’appuie donc l’appel au « cessez-le-feu » du Secrétaire général de l’ONU ? Et quelle valeur peut donc avoir cette organisation qui se discrédite chaque jour un peu plus, censée prévenir par son rôle le risque de guerre, hors de tout alignement ?
La France et l’Europe prises au piège de l’OTAN, la paix avec
Notre président, qui avait cru pouvoir parler de « mort cérébrale » de l’OTAN, n’a rien vu venir, avec une UE illusion, alors que la présidente de la Commission européenne, rappelons-le, non élue et donc, qui ne représente rien au regard des peuples et de leur souveraineté encore bafouée ici, s’est empressée de donner des gages d’allégeance à Joe Biden présenté en sauveur. Une UE qui se transforme soudain en vassal de la puissance américaine.
Les propos violents tenus par le président américain Jo Biden ces jours derniers à l'égard de son homologue russe, montrent qu’il piétine allégrement des Européens enclins à privilégier une approche plus diplomatique envers la Russie après l'invasion de l'Ukraine. Pas seulement en raison de leurs intérêts économiques mais d’une toute autre tradition politique. Le traitant de « boucher », il a même imploré « "Pour l'amour de Dieu, cet homme ne peut pas rester au pouvoir", mêlant au passage religion et politique comme les américains savent le faire, loin de notre vision de la démocratie et des libertés en France, du peuple. Les intérêts américains s’inscrivent dans le refus de négocier quoi qu’il en coûte aux autres, pour se remettre au centre du jeu. C’est ainsi qu’il faut comprendre « que la guerre va durer », et cette surenchère.
L’Amérique à travers Joe Biden ne craint rien ici, imposant aux européens la politique du fait accompli, comme l’Amérique a pu le faire dans chaque conflit, privilégiant le coup de pied dans la fourmilière, l’intransigeance, pour maintenir son leadership dit du « monde libre ». C’est elle, en raison de sa puissance, qui sort en toutes circonstances ses intérêts de la mêlée, et pas en faveur du meilleur des mondes. La chape de plomb médiatique actuelle en faveur de la position américaine d’escalade, fait oublier ce que pourtant l’on sait, ô combien, tel que le titre de l’édition du Figaro du 8 octobre 2019 a pu en rendre compte : « Syrie, Irak, Afghanistan : le fiasco américain », on aurait pu ajouter le « Kossovo ». Le résultat avec l’Afghanistan, pays abandonné à son sort entre dictature religieuse et famine généralisée, avec des Talibans remis en selle par Washington, hors de tout processus de l’ONU ou en lien avec ses alliés, témoigne de cette dure réalité.
On parle d’un discours de Biden qui serait d’une portée « historique » : « Cette bataille ne sera pas gagnée en quelques jours ou mois. Nous devons nous armer pour un long combat devant nous", a-t-il déclaré lors d'un discours au château royal de Varsovie, avant d'assurer aux Ukrainiens : "Nous sommes à vos côtés". Le président américain nous informe ainsi de la ligne en vigueur d’une nouvelle guerre froide et de la fracture voulue entre deux parties du monde qu’elle creuse. Est-ce bien cela que nous devons suivre ?
Le président des Etats-Unis joue rubis sur l'ongle avec le président Zelensky, novice en politique mais comédien et amuseur public sachant se mettre parfaitement en scène. Nationaliste jusqu’au bout des doigts, qui joue avec ses déclarations tapageuses contre les intérêts de l’Europe, mais bien en faveur de ceux d’une Amérique qui y voit un fer de lance en forme de fuite en avant antirusse et au-delà. Une situation qui reflète à merveille les buts du coup d’Etat en Ukraine de 2014 appelé à l’Ouest « Révolution », soutenue par les Etats-Unis et des pays occidentaux aveugles. Et peu importe ainsi qu’elle ait été menée à bien, grâce à des ultranationalistes se réclamant de l’héritage nazi qui pavoisaient place Maïdan, distribuant des exemplaires de « Mein Kampf », qui n'ont pas fini de sévir. A coup sûr, Zelensky et Biden se rejoignent dans une même haine de la Russie.
Le pouvoir et la faiblesse de l’Amérique, face à un nouveau monde peut-être qui vient
Isoler la Russie en y faisant entrer ce pays dans l’OTAN, a été l’un des objectifs principaux d’une Amérique qui a dû de longue date envisager l’option actuelle. Et ce, peu importe les conséquences en termes de déstabilisation, telle que cela se présente aujourd’hui. Si la Russie n’est pas un modèle de liberté, l’Amérique n’est pas non plus si enviable, pays le plus injuste socialement de tous les pays développés tout en étant le plus riche, et en matière de démocratie, peu reluisant, avec un système politique fondé sur une élection d’un président qui n’a aucune chance d’être élu s’il ne possède pas, à tout le moins, des dizaines de millions de dollars. Et un constat, chacune de ses interventions s’est soldée, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, par des désastres. La paix en Ukraine n’a aujourd’hui aucune chance avec l’Amérique.
Certes, on invoque que le président des Etats-Unis peut voir aussi dans cette façon de jouer l’Amérique dans cette guerre, le moyen de se relancer face à une opinion américaine qui commençait à le lâcher. Mais n’est-ce pas aussi face à un monde où les cartes commencent à être rebattues dans un contexte où l’Amérique est largement honnie par les peuples, à l’image des pays qui refusent à l’ONU de s’inscrire dans le sillage des déclarations antirusses. La situation d’ailleurs ne risque-t-elle pas de se retourner contre l’Amérique, qui par cette attitude arrogante et menaçante, montre à ces pays qu’elle entend les dominer sans concession ni respect, les poussant à chercher d’autres alliances ailleurs, voire à l’opposé ? Un président américain qui n’a finalement alors peut-être rien compris, suivi par des dirigeants européens "out" ? C’est là que la chose pourrait devenir alors véritablement historique, espérons pour le meilleur (la paix) et pas pour le pire.
Guylain Chevrier
100 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON