Haro sur l’Eglise (2/2)
Suite promise à ce premier volet.
La Semaine Sainte et sa conclusion avec la principale fête des Chrétiens, Pâques, sont derrière nous. Dans la somptuosité des grandes cathédrales, dans la modestie des petites églises de village qui ont encore la chance voir passer de temps à autre un officiant, dans la misère des camps où se réfugient, en 2009, des milliers de chrétiens en terre hostile, dans les cachettes chinoises, sous les menaces islamistes en Egypte et dans une grande partie du monde arabe (cf cette source unique d’informations), les catholiques ont réentendu le récit tragique de la mise à mort de Jésus et du mystère de sa résurrection. Autant de textes qui sont totalement étrangers à une bonne partie de l’humanité et qui, pour bon nombre de mes concitoyens de la France sécularisée, ne sont même plus des références culturelles partagées. Au-delà des polémiques sur lesquelles ce deuxième volet de ma contribution va revenir, je suis frappé, d’année en année, de la terrible actualité du drame de la mort de Jésus. Cette foule manipulée qui crie haro sur Jésus et réclame sa mort au lâche dirigeant romain Ponce Pilate, sommé d’accorder sa grâce annuelle à un bandit plutôt qu’à cet empêcheur de penser en rond qu’était Jésus, c’est la même qui déverse sa haine et son inculture sur internet en insultant tout autant l’intelligence, le bon goût, la culture que les milliers de catholiques qui font confiance à Benoît XVI pour conduire la barque de l’Eglise pendant ces drôles d’années que nous vivons. Ces clercs qui, autour de Caïphe, déchirent leurs vêtements en écoutant Jésus qui leur expose doucement son message, ce sont les « intellectuels » et les politiques infichus de gérer les affaires de la Cité mais soucieux du très saint conformisme, ce petit confort qui sied aux médiocres. Saint Pierre, qui nie connaître Jésus de peur d’être associé à son martyr, c’est nous tous avec notre vilaine graisse de lâcheté. Judas qui se pend, c’est la victoire du nihilisme et l’illustration de l’impasse d’une vie sans espérance.
Venons-en donc à ce que la grande presse aura retenu du souffle de l’Eglise, vécu intensément par des millions de Chrétiens :
- la levée des excommunications frappant les quatre évêques consacrés par Mgr. Lefebvre en 1988 pour perpétuer la fraternité Saint-Pie X. L’excommunication, châtiment jugé anachronique et dérisoire dans l’affaire suivante de la pauvre fillette brésilienne, est jugée ici comme un sanction définitive, juste et belle… Sa levée pour quatre hommes devient une affaire internationale, commentée par des centaines de petits messieurs qui n’ont aucune idée de ce qu’est le droit canonique, qui ne reconnaissent pas la communion, qui se moquent de l’autorité du pape comme de leur premier slip et qui, accessoirement, ignorent à peu près tout de l’histoire de Mgr. Lefebvre, archevêque de Dakar, figure du concile de Vatican II et fondateur d’un courant minoritaire mais symptomatique de l’histoire contemporaine de l’Eglise. Tout a cependant été dit sur cette affaire, non pas tant dans la presse aride dont nous devons nous contenter en France, mais sur les blogs et autres forums qu’internet permet encore de tenir. Un commentaire personnel : l’unité de l’Eglise est la mission principale du pape. Cette unité ne peut se faire que sur la vérité et le respect de la primauté de l’évêque de Rome (tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise). Il faut donc être bien ignorant et hermétique au message du Christ pour ne voir dans ce premier pas que Benoït XVI a fait pour réintégrer progressivement les 500 prêtres et 150.000 fidèles de la fraternité Saint-Pie X qu’un virage « à droite » du Vatican. Une bonne fois pour toutes, considérons que l’Eglise n’est ni à droite, ni à gauche. Elle est au centre de la nouvelle Alliance que Jésus est venu proposer au monde. L’offense faite aux Juifs par Mgr. Williamson, l’un des quatre évêques schismatiques, est aussi grave qu’elle n’a rien à voir avec la décision du pape. Le délit d’opinion n’existe pas dans l’Eglise sans que cela signifie, évidemment, que les propos de cet homme soient admissibles ;
- l’excommunication de la grand-mère des petits jumeaux avortés au Brésil et de ses acolytes médicaux. L’une des choses très frappantes de cette tragédie est que personne ne s’est interrogé sur la responsabilité de cette femme qui a laissé son compagnon abuser de la fille de son premier ou précédent lit. J’ai du mal à penser qu’une mère peut ignorer que son partenaire la trompe avec sa fille de neuf ans. Je crois plutôt à la terrible lâcheté d’une femme qui, pour retenir son bonhomme, ferme les yeux sur l’horreur. Plutôt que de retranscrire ce que j’ai appris de cette abominable affaire, je préfère vous livrer cette enquête (par anticipation, je préviens certains de mes lecteurs que leur mépris de ma source m’est totalement indifférent). Les adultes, malheureusement, manipulent des cas particuliers pour servir leurs desseins et le Brésil de Lula, comme la France de Giscard, connait de fortes pressions pour la légalisation de l’avortement, au prix de la vérité ;
- les propos du pape dans l’avion le menant en Afrique, non pour un show sarkozyen de quelques heures mais pour un voyage pastoral en profondeur. La remise en cause du tout-latex a pâmé d’horreur tous les magnifiques héros du Sidaction et, à titre expiatoire, tous nos plus éminents journalistes ont fait repentance par procuration pour ce terrible blasphème. Non contente de tronquer sans vergogne les propos du pape, la doxa médiatique me semble pêcher par un lamentable culturalisme qui, schématiquement, veut que les Africains ne soient pas capables d’intégrer un message un peu élaboré qui ne limite pas leur réaction face à l’épidémie du SIDA à de simples geste mécaniques. Et les pincipaux intéressés, en Afrique, ne s’y trompent pas. Au-delà des fondements scientifiques de la contestation de l’efficacité des parachutages de capotes en Afrique, le pape et l’Eglise n’ont aucune leçon à recevoir de qui que ce soit en matière d’assistance aux victimes du SIDA. La majorité des dispensaires et des organisations qui gèrent l’épidémie au quotidien, en Afrique, sont catholiques.
Voilà ma réaction de catholique plus attristé qu’indigné face au déchaînement de haine qui touche aujourd’hui ma religion. Merci de vous abstenir des poncifs habituels sur l’Eglise (le moyen-âge obscurantiste et l’inquisition, le pauvre Galilée, la Saint-Barthélémy, les curés pédophiles). D’avance, je reconnais les erreurs des hommes d’Eglise mais j’invite chacun à se documenter tranquillement sur chaque sujet pour éviter la caricature ou l’imposture historique.
Je ne me fais guère de soucis pour le pape, qui suivra son chemin et sa mission quoi qu’il en soit. Je me fais plus de mauvais sang pour les individus de la meute hurlante, qui s’infligent en agressant l’Eglise, des blessures à leur propre humanité.
Et j’invite mes lecteurs à s’investir dans un vrai combat, qui en vaut la peine et qui ne saurait attendre davantage.
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