HELP

C'est le dernier volet de la série « Petit procès de l'insignifiance ».
Et c'est bien de cette insignifiance dont il me faut sortir.
Vous pardonnerez, j'espère, mon désarroi qui rendra probablement ce texte confus, brouillon. Et que ceux qui n'ont pas lu les autres chapitres passent leur chemin, ceci ne pourra rien leur dire !
Le procès en Appel a eu lieu le 25 octobre et je n'ai pas le courage d'en faire une description ; cependant, en sortant, je n'étais pas pessimiste. Le dossier de la partie adverse était vide, le mien plein des résultats de l'expertise, de témoignages et de la plaidoirie de mon avocat qui avait le mérite d'être claire, concise, sans emphase aucune.
Le délibéré était rendu le 6 décembre, mais que je n'étais pas contrainte d'y être, je n'y suis pas allée. Il faut dire que depuis le début de cette histoire, j'ai beaucoup de mal à bouger ; je me fais penser à Segourney Weaver dans « Le silence des agneaux » ( ne me demandez pas pourquoi je vois Segourney Weaver dans ce film, dans le rôle de la psy profileuse qui est devenue paranoïaque, mais je la vois !), le cinoche en moins : je ne sors pas à quatre pattes de chez moi en lançant des regards effrayés alentour. Mais il y a de ça !
Comme si ce procès allait marquer ma libération, je me suis lancée dans les travaux de ma maison, entamés à cette époque ; j'aurais dû le comprendre plus tôt, je n'y ai trouvé que des retards, des embûches, des impossibles ! Dans la semaine qui a précédé le 6 décembre, j'étais particulièrement à côté de la plaque, incapable d'aligner deux idées ou de me concentrer sur quoi que ce soit.
Heureusement qu'il y a les chevaux !!
Le 6 décembre, après une nuit gris claire, j'ai attendu, un appel, un mail de mon avocat ; rien. Je trouvais qu'il exagérait, merde enfin, il aurait pu prendre trois minutes pour me tenir informée. Le week-end fut comme un sursis où tout allait de mal en pis. J'ai envoyé un mail le lundi à midi, et je sentais que les carottes étaient cuites, comme je n'avais rien le soir, je me suis demandée si j'aurais le courage de tenter un appel téléphonique le lendemain !
Courageuse comme pas deux, je me suis lancée ; je n'ai pas été déçue.
La technologie a bien des mystères, ou les avocats savent bien mentir, le mail envoyé le 6 ne m'est jamais parvenu ! Bizarre, bizarre.
J'ai donc écopé d'une amende de 1000 euros pour violation de domicile ( je le rappelle, pour avoir mis un pied dans sa cour pour pousser le caillou qui gênait la pose de ma clôture), 2500 euros de dommages et intérêts pour la pauvrette que j'ai tant fait souffrir, plus 1000 euros pour ses frais d'avocat. Ajoutons à cela les 1500 euros d'avocat pour ma pomme et les 500 euros approximatifs pour frais divers, déplacements, courriers, consultation d'avocat au début de l'affaire, téléphone ( avant internet !!), j'arrive à la somme reçue en une année grâce à ma maigre retraite !
J'ai toujours eu une messe de retard dans cette affaire : j'avais préparé des photos, engrangé des témoignages pour prouver que je n'avais rien cassé ! Mince alors, en arrivant au tribunal, j'ai appris, sans qu'on me le dise vraiment, mais en écoutant, qu'il y avait prescription sur ces affreux méfaits. On n'en parlera donc pas. Restait la violation de domicile, c'est à dire un pied dans une cour sans témoin !!
Pas de panique louloutte, il y a plus malheureux que toi !
C'est un accident de la vie, me disent qui n'en ont jamais eu de ce genre
Prends le dessus, on ne peut se défaire que ce qu'on a au préalable habité, jusqu'au bout la douleur, jusqu'au bout la colère...
Je suis faite comme un rat ( c'est sûrement pour cela que j'ai tant de compassion pour tous ces animaux piégés et torturés, pour toutes les injustices, la phobie des barreaux, des prisons même dorées,etc), je ne peux même rien espérer d'un procès au civil, forte de mon bon droit et de sa mauvaise foi, puisque je suis condamnée en appel : cinq guignols sur l'estrade d'un tribunal scellent votre destin, c'est plus fort, croyez-moi, que les paroles d'Évangiles !) ; je peux aller en cassation, il y a des anomalies dans tout ce processus, mais c'est long, c'est cher et cela fera perdurer la lancinante douleur qui n'en présente pas moins, de temps à autres, des pics aigus d'une violence insoutenable.
Mon avocat, ce brave homme, me propose d'entreprendre une conciliation : je marchande le fait que je ne demande pas qu'elle refasse ses clôtures ( qu'elle a posées chez moi) contre l'annulation des dommages !! Sûr qu'elle acceptera : elle en a pour cent euros à tout casser de refaire faire ses clôtures aux limites, un samedi après-midi et un dimanche par un arabe au black ! Comme elle a fait faire tous ces travaux jusque là. Frais d'avocat payés plus 2500 euros, je n'hésiterais pas non plus à m'alléger de cent ou cent cinquante euros !! hihi !!
Je ne sais pas vous, mais moi je ne tenterai pas cette flagellation.
Je prévoyais au contraire de me tromper de zéros dans mes chèques, et faire au Trésor Public un chèque de 100 000 euros, et à elle de 3 500 000 euros ; histoire de faire durer le plaisir.
Mais je suis sur les nerfs, plus tard je serai un mollusque, abrutie, une moins que rien qui avait eu l'audace de penser qu'elle pouvait faire ce qu'elle avait à faire chez elle !
Je divague, je déraille, et je hais la terre entière pour ne pas me haïr assez fort pour en mourir ; car enfin, je suis bien une piche, une sorcière comme elle me l'a redit mille fois, une pauvre fille, qui vit seule, c'est louche et c'est normal vue la méchanceté dont j'ai fait preuve à son égard, car enfin, rendez-vous compte : elle ne voulait pas que je repousse mes clôtures aux limites légales, et je l'ai fait quand même ; faut-il être vicieux.
Ici même, et ailleurs, ne m'a-t-on pas déjà dit que quelque chose ne tournait pas rond chez moi pour les accumuler comme ça ?
C'est sûrement vrai car si je n'avais pas déraillé, pour vivre, si j'étais restée l'épouse dévouée d'un chirurgien dentiste qui, depuis, en a accumulé des trésors, si je n'avais pas quitté ma carrière universitaire, hein, si j'avais supporté les migraines, l'arthrose cervicale, les dépressions, comme tout le monde, je n'en serais pas là ! À compter mes sous, car, pour ces gens-là, 6500 euros, c'est une dragée qui passe mal, sans plus.
Et puis, la croiser un de ces quatre matins, surprendre son sourire narquois, son dédain de victoire, comme le chasseur qui rentre fier au bercail avec sa proie sous son pied ou pendue par les pattes au bâton porté par ses sbires, la tête ballante ; que c'est beau, à condition de n'être pas la biche accrochée là.
Tous ceux qui pensent que nous vivons dans un pays de liberté ont, à coup sûr, jamais vécu cela ; et cela, pour moi, c'est le bas de l'échelle, mais ça donne une idée. Combien d'années de tôle pour les innocents qui n'avaient pas l'heur de plaire, qu'ils fussent libres, trop libres, ou blacks ou tordus ou blessés.
Souvenez-vous de l'avant dernier article de Zeter : ces morts solitaires qui pourrissent tout seuls sans qu'on s'en inquiète. Un des commentaires, fort juste, disait ( de mémoire , très approximatif) : j'ai fait des sourires, j'ai essayé de prendre contact avec ma voisine, mais elle était fermée ; tant pis si elle crève toute seule !
Eh oui ! Vient le moment où c'est trop tard, trop de souffrance qui ne voit se pointer que des egos compatissants, avec toute la distance de l'incompréhension et du manque d'authenticité, ne peut que rendre seul davantage.
Et tous les vrais faux amis, ici et ailleurs, qui déclarent, forts de leur bon sens, qu'au fond, on ne mérite que ce qu'on a, et que si on a que des merdes, c'est sans doute qu'on s'est trompé quelque part.
Oui !! Oui on s'est trompé, les enfants gâtés, je l'ai écrit, qui pensaient bêtement être dans un pays libre et qui se sont payé le luxe de vouloir être soi, plus moraux que la société n'est morale, plus intègres que la société n'est intègre, plus serviables, plus discrets, plus arrangeants !! Ah !!
Et que la société écrase ; c'est normal, on s'adapte ou on meurt.
Il faut un peu d'hypocrisie, un peu de vanité, un peu d'avidité, un peu se faire valoir, un peu de roman dans le merdier de sa vie, un peu de secret et, beaucoup d'assouplissements et de compromissions pour passer les épreuves du savoir-vivre ensemble !
Un métier, un statut, une stature, point trop ne faut d'honnêteté car on admire les démerdards. Un peu de laxisme sur le vocabulaire... les amis, comme sur facebook ; nous n'en sommes plus à Montaigne que diable ! Un peu de brillantine sur le poil le matin...
Pardon, je m'égare, et je jure de m'égarer toujours ; plus prête du tout aux simagrées conventionnelles, cela fait si longtemps que je n'ai rien à vendre ni rien non plus à acheter !
HELP !
Est-ce un titre ! Il est venu ; je n'ai besoin de rien, car rien ne changera jamais : si ce n'est moi, ce sera un autre et vous aurez beau faire, ce genre de victimes fait un peu froid dans le dos ; des parias, des intouchables, des pauvres types, des pauvres filles ; il y a forcément un lézard !
Mais si mon cœur tient, je vous ferai l'acte deux des « solitudes ». Mon ton, mon parti pris de ton a laissé entendre - et au fond, c'est sûrement vrai puisqu'on le dit- que j'étais à côté de ma vie. Je dis toujours que je suis à côté de vos pompes ; mais bien dans les miennes, ce qui pourtant n'a rien à voir avec « être bien dans ses baskets » ; comme quoi tout est compliqué. J'en connais d'autres, des solitudes, et qui n'ont pas la même histoire. Je vous les dirai.
Car la vie c'est se mouler à l'ensemble, même si c'est une torture ; d'ailleurs tout le monde est torturé ; il faut voir les cancers, les crises cardiaques, les allergies, les migraines, les Alzheimer et compagnie ; mais, mais, mais, des gens bien intégrés qu'aucun juge jamais n'a méjugé.
C'est le prix à payer, de la notoriété ou, plus humblement, de l'intégration. Certains y parviennent facilement tant ils sont bien moulés dans le bon moule ; mais combien d'autres somatisent ?
Tant, qu'ils font la richesse du pays !
J'aurais eu envie d'être positive, j'aurais eu envie de vous raconter que la juge avait bien compris de quoi il retournait, et dans mes rêves les plus fous que je savais rêves, je la voyais punie, elle, mouchée de sa morgue !
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