Histoire de masques, pour bien comprendre
Alors j’explique…
Au commencement était le MASQUE CHIRURGICAL, mis par le chirurgien pour ne pas postillonner dans la bidoche !
La plupart du temps ce masque se nouait derrière la tête avec quatre fils, pour tenir, même sur les chirurgiens qui ont des oreilles molles. Mais certains tenaient avec des élastiques en boucle passant derrière les oreilles.
Tout ça est toujours vrai.
Initialement ces masques dits chirurgicaux étaient constitués d’un pli de tissus ou de textile non tissé (MASQUES à 1 PLI), sans surface étanche, mais utile contre les pollens, les poussières, les postillons et diverses gouttelettes. En revanche, si tu éternues comme une bombe A, ça sort sur les côtés !
Puis sont apparus des MASQUES A 3 PLIS, de meilleure qualité permettant de diminuer (un peu) les risques si un bout d’artère se mettait à arroser le pif de l’opérateur (avec une épaisseur étanche devant, puis une surface de filtration à 90% pour particules de 5 microns, puis une épaisseur de confort anti-humidité au niveau de la bouche). Donc c’est mieux, mais si tu éternues comme une bombe H, ça fuit presque pareil !
Ces masques ont commencé à se répandre dans la population, surtout asiatique (en cas de rhume, pour aller au cinéma…), et chez les soignants (surtout asiatiques aussi, mais pas que). En Asie, en Chine en particulier, tout soignant doit avoir un masque sur le nez, même s’il est aide-soignant et tient juste le pied pour faire un plâtre. Ou pour une simple épilation ! C’est la règle.
Pour faire le ménage, pour préparer des produits injectables, changer les draps dans la chambre et fréquenter des patients sympas, ils utilisaient les 1 plis. Mais, depuis le Covid, ils ne les utilisent que quand ils n’ont pas mieux. Et eux, en général, ils ont mieux…
Ces deux types de masques se sont répartis dans la population et en France on a gardé par coutume le nom de masque chirurgical, pour les deux. Grave erreur ! Mais bon…
Les asiatiques savent faire la part des choses entre les masques simples pour les citoyens et les 3 plis pour les soignants. Mais nous non ! Parce qu’on n’a pas l’habitude de les porter en tant que citoyen (et parfois même certains les « déconseillent ») et parce qu’on les dénomme tous « masques chirurgicaux ». Et aussi parce que, vu qu’on n’en a pas assez, on se dit que quel que soit le masque c’est mieux que rien (et ça c’est vrai !).
Donc certains chefs de service, disant parfois que les masques chinois sont de mauvaise qualité, devraient un peu se former avant, pour savoir faire la part des choses entre masques 1 pli et masques 3 plis. L’utilisation n’est pas la même. S’ils mettent leur linge dans le lave-vaisselle ça ne va pas le faire non plus !…
Les masques haut de gamme
Puis les occidentaux ont décidé de faire des masques de qualité supérieure pour les soignants (entre autres).
En Europe ils ont développé la NORME FFP2 (EN149:2009) et aux États-Unis la NORME N95.
A noter, le toubib qui se base sur ça pour dire « on m’a filé des masques périmés en 2009 » n’a rien compris ! Même les masques fabriqués hier soir ont 2009 écrit dessus parce que c’est l’année de la norme !
Ces masques sont bien plus étanches sur les côtés et filtrent beaucoup mieux les bactéries et certains virus, tant dans le pourcentage de filtration que dans le diamètre de ce qui est filtré.
Leurs performances sont presque équivalentes. Le FFP2 filtre à 94% et le N95 filtre à 95%. Mais le FFP2 filtre officiellement des particules de 0,1 micron (avec au maxi 8% de fuites vers l’intérieur) et le N95 des particules de 0,3 microns.
Le N95 est homologué par les directives CDC, NIOSH et la norme FDA pour se protéger contre le coronavirus.
Dans les deux cas ça marche très bien. Le facteur discriminant étant plus la forme par rapport au visage de chacun (selon les visages, le confort et les fuites sont différents).
Ces masques filtrent évidemment beaucoup mieux que n’importe quel masque chirurgical et doivent être mis sur le nez des soignants pouvant être amenés à prendre en charge des Covid (du moins si on en a en stock ! des masques, pas des Covid…).
Pour info, les médecins et para-médicaux contaminés à Wuhan furent ceux qui avaient des masques chirurgicaux, y compris 3 plis, comme à leur habitude. Ceux qui sont venus en renfort après, avec leurs équivalents FFP2 et des tenues étanches n’ont pas été contaminés.
Et les MASQUES FFP3 ?
Ils ne sont pas notés dans la catégorie « réservé à l’usage médical ». Tout simplement parce que leurs performances sont supérieures ! Ils filtrent plus serré encore et encaissent des poussières toxiques, etc… Ils supportent au maxi 2% de fuites vers l’intérieur.
Ils peuvent fonctionner également pour l’industrie, ce que les « réservés à l’usage médical » ne font pas. Il faut savoir lire en creux, aussi, les recommandations.
Bref, les FFP3 peuvent très bien faire office de FFP2, mais sont étouffants, inconfortables et pas nécessaires en pratique (même s’il font mieux en théorie). Leur équivalent américain est le N99, lui aussi un peu plus laxe dans ses normes que le FFP3.
Et les masques KN95 chinois ?
Les chinois ont souvent calqué leurs normes sur celles des américains. Ils se sont donc mis à fabriquer des N95 chinois, nommés KN95. Ce sont les mêmes et ils marchent aussi bien.
En théorie le virus faisant entre 0,06 et 0,2 micron, il pourrait passer à travers un N95 et moins à travers un FFP2. Personne ne le sait mais cela doit être dit.
Mais aucun virus n’a des ailes ! Ils sont véhiculés dans des gouttelettes souvent supérieures à 5 microns, voire de gros postillons d'1 mm (d’où l’idée de mettre des masques chirurgicaux aux soignants), et vraisemblablement jamais inférieures à 1 micron (mais là le masque chirurgical marche pas plus qu’un string en dentelles). Par comparaison, le brouillard l’hiver est constitué de gouttelettes de 1 à 10 microns.
De plus, les gouttelettes sont mucoïdes donc collantes et se prennent dans les fibres filtrantes des KN95 et FFP2. Donc en réalité on s’en fout ! Les Chinois ont sauvé Wuhan avec des mesures barrières fortes et des KN95, c’est une norme basée sur l’expérience qui vaut toutes les autres.
Mais les chinois ont fait mieux. Ils ont dit d’abord que tout FFP2 ou équivalent doit être recouvert d’un masque chirurgical (idéalement 3 plis) pour faire des manœuvres d’intubation et de réanimation dangereuse. C’est une attitude médicale à adopter en France également et à faire connaître.
Puis ils ont créé des masques dits de protection avec une norme chinoise (écrite en chinois !) basée sur le KN95 avec une surface étanche supplémentaire devant pour protéger les soignants.
Du coup, ils ont rétrogradé dans leur classement administratif le KN95 vers la case « grand-public ». Haut de gamme, mais grand-public ! Et réservent leurs nouveaux masques au monde médical. Tandis que le N95 américain, lui, le même, conserve son statut de haut de gamme médical !
Et ça, je le comprends, ça peut perturber un douanier ! Il y a 1 mois, le KN95 était médical et maintenant le même, tout aussi efficace ne l’est plus (!), du moins en Chine car aux USA il l’est toujours (mais comme les USA ne nous envoient pas d’aide, ce n’est pas un problème !).
Donc la Chine pour rassurer tout le monde a homologué des KN95 médicaux faits par des entreprises validées, et n’exporte plus ses KN95 non médicaux (vraisemblablement aussi bien, mais pas faits dans des usines validées !) sauf s’il est stipulé sur le carton qu’ils ne sont pas médicaux !!!
Là, forcément, le douanier français pète les plombs !...
Il y a des burn-out douaniers qui pourraient être intégrés dans les « pathologies dues au coronavirus » !
Il peut donc y avoir des disparités sur les masques simples qui, quelles qu’elles soient, seront toujours au moins aussi bien que des masques bricolés dans les chaussettes à mémé. Certains ont des barrettes métalliques pour le nez qui ne tiennent pas bien. Il y a des disparités…
Pour les FFP2 ET KN95, les moyens mis en œuvre pour les fabriquer font que la qualité est plus homogène. En revanche, comme pour les robes et les pantalons, certains sont très confortables et d’autres moins, en fonction des morphologies. Ce ne sont pas des défauts à proprement parler.
Un truc à savoir : les masques avec une valve protègent très bien leur porteur et plus longtemps, car ça permet d'éliminer la vapeur d'eau. Mais la valve n'est pas autant filtrante vers l'extérieur (quand elle l'est). Donc, si vous êtes infecté, votre masque à valve protège un peu moins bien les autres en filtration vers l'extérieur qu'un FFP2 sans valve.
C'est la raison pour laquelle, si en France on dit masque chirurgical sur le nez du patient et FFP2 sur celui du soignant, en Chine certains médecins proposent de coller un FFP2 sur tout patient qui a l'air infecté et excrétant. Mais sans valve.
Et les masques home-made ?
C’est mieux que rien. Mais quasiment aucun d’entre eux ne dépasse la performance d’un simple masque chirurgical 1 pli. Aucun ne dépasse la performance d’un masque chirurgical 3 plis. Et tous les FFP2, N95, KN95… évidemment font beaucoup mieux.
Mais faute de mieux, et si tout le monde en met (impératif), les « home-made » peuvent avoir un intérêt collectif.
Voilà, voilà, voilà...
Ce texte est librement inspiré de Christian Huet avec son autorisation
Ressources
Les différents types de masques
Masque de protection coronavirus : différence entre masques de type II, FFP2, FFP3
Ce qu’il faut savoir sur les masques / respirateurs N95
Comparison of FFP2, KN95, and N95 and Other Filtering Facepiece Respirator Classes
Appareils de protection respiratoire et risques biologiques
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