Hollande n’est pas le candidat que le PS voulait
Dans le train qui le ramenait jeudi de Lille, le président a déclaré que c'est Dominique Strauss Kahn que le PS voulait. Une manière de dire que François Hollande n'est que le remplaçant ou une pâle copie de l'ex patron du FMI. Le problème avec ces petites phrases qui sont une offrande aux journalistes qui suivent le candidat dans ses déplacements, le grain à moudre pour la Une du lendemain, c'est qu'elles sont souvent sorties de leur contexte, et une information partielle et incomplètes.
Essayons d'imaginer la scène comme si nous y étions, Sarkozy entouré par quelques envoyés spéciaux attentifs. Le Président qui n'aime pas perdre son temps, profite d'une petite heure de trajet pour parler de sa campagne électorale et donner son avis sur les autres postulants. Nous ne saurons peut-être jamais si dans cette conversation d'autres sujets importants comme les sanctions envisagées contre le régime sanguinaire de Bachar al-Assad, ou que ferait la France si le faucon israélien lâchait ses bombes sur l'Iran, ont été abordés. Ce n'était certes pas l'endroit pour en discuter, et puis sa réélection est tellement plus importante et c'est d'abord cela qui intéresse les Français.
Mais revenons à DSK ou son fantôme car l'homme providentiel du PS n'est plus que l'ombre de lui-même. S'il venait à disparaître soudainement, parce qu'après tout c'est un être humain et la résistance humaine à des limites, qui serait vraiment surpris, d'ailleurs n'est-il pas déjà mort ? Enfin bref comme aurait dit Pépin qu'on appelait ainsi parce qu'il était petit, dans le fond la petite phrase de Nicolas Sarkozy n'est pas si anodine. Son but est bien sûr de discréditer son principal adversaire aux yeux des électeurs, mais révèle aussi le malaise du président face à un concurrent qu'il n'attendait pas. Pour remplacer le présumé innocent de proxénétisme, Sarkozy aurait préféré Martine Aubry et il ne s'en cache pas. La Maire de Lille était pour lui un adversaire idéal beaucoup plus prévisible que François Hollande à qui il reconnaît du talent. Aubry représente les immondes 35 heures qui d'après Sarkozy ont tué la compétitivité des entreprises et qui avec la retraite à 60 ans sont d'après le Président responsables du décrochage de la France par rapport à l'Allemagne de Merkel. Alors que Hollande est un peu comme un dribbleur insaisissable aux multiples facettes et adepte du petit pont.
En fait Sarkozy n'avait pas peur de DSK, il savait beaucoup de choses sur lui, et Nafissatou Diallo vraie ou fausse violée, ne lui a pas rendu service en éliminant trop tôt de la course à la présidentielle celui que les sondages donnaient vainqueur en 2012. Avec lui les primaires socialistes ne devaient être qu'une formalité, Hollande n'existait pas, Royal non plus, la messe était dite. C'était facile, beaucoup trop facile !
Mais le PS aussi savait beaucoup de choses sur DSK, n'avait-il pas peur de révélations qui auraient pu survenir en pleine campagne. N'a-t-il pas vu le danger tellement il était omnibulé par son envie de pouvoir. Dans la réalité DSK ne faisait pas l'unanimité à Solférino, quant aux électeurs socialistes ils voulaient surtout se débarrasser de Sarkozy à n'importe quel prix. Alors lorsque Sarkozy déclare que le PS voulait DSK, n'était-ce pas surtout lui qui le voulait ?
34 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON