• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Hommes et femmes : l’asymétrie des sexes

Hommes et femmes : l’asymétrie des sexes

Tout nus, hommes et femmes sont visiblement différents. Habillés aussi : pour la majorité des individus la voix est plus grave et la musculature plus volumineuse chez les hommes. La manière de marcher est plus balancée chez les femmes et plus raide chez les hommes : c’est dû à l’anatomie du bassin et l’implantation des fémurs selon le sexe.

Les organes sexuels sont évidemment différents et supposent une approche différenciée de la sexualité, tant sur les plans physique qu’émotionnel et psychologique. Les flux hormonaux et certaines configurations cérébrales, comme le volume de connexion et d’interactions, ne sont pas similaires.

Si dans l’ensemble tout le monde s’accorde sur les différences anatomiques et physiologiques, indéniables, il en est autrement en ce qui concerne l’interprétation de ces différences. Les théories essentialistes affirment que chaque sexe a des caractéristiques comportementales qui lui sont spécifiques. A contrario Simone de Beauvoir lançait cette phrase célèbre : « On ne naît pas femme, on le devient ». Et identiquement pour les hommes. Le féminin et le masculin seraient des représentation culturelles et non biologiques.

Et si la réalité tenait compte de deux voies : biologique ET culturelle ? Peut-on réellement dissocier le sexe physique du sexe psychologique et social ? N’est-il pas plus juste de dire : « On naît ET devient femme, ou homme ? »

On a peut-être un peu vite estimé que la question était résolue. Aujourd’hui se questionner sur l’impact culturel de la biologie peut être perçu comme un retour en arrière scientifique. Or à ce jour aucune démonstration formelle et définitive n’est faite de la dissociation entre biologie et culture. L’anthropologie, science qui étudie l’humain dans son ensemble et inclut l’anatomie et ses représentations culturelles, ne pourrait trouver son compte à l’élimination du fait biologique et de son lien à l’identité sexuée.

Bien qu’indéniables les différenciations entre les sexes ne forment pas des parois étanches ou des barrières infranchissables. Les comportements des femmes et des hommes sont en grande partie communs. La plasticité humaine, cérébrale ou comportementale, contribue à rendre les délimitations poreuses.
Asymétrie3.jpg
Toutefois comment isoler le culturel du support qui l’a créé, qui l’entretient et par lequel il acquiert existence et expression : le corps ? Si la définition des identités sexuelles est une construction culturelle indépendante de la biologie, peut-elle se passer du corps ? Il semble que non. Par exemple, la définition du sexe sur un document d’identité est attestée par le corps. C’est vérifiable. Cela n’est pas contesté par les théoriciens du tout culturel. Ce qui l’est c’est l’idée que la représentation sociale des sexes puisse dépendre de l’identité biologique. Être un mâle fait-il de nous un homme ? Ou une femme pour la femelle ? Les caractéristiques de comportements et les rôles sociaux attribuées à l’homme et à la femme sont-elles oui ou non en relation avec l’identité biologique, et si oui à quel degré ? Il doit bien être possible de trouver un premier consensus sur ce point : le masculin culturel prend racine dans le biologique mâle, et le féminin dans le biologique femelle ; en effet c’est à partir de l’homme que l’on parle de masculin, et de la femme que l’on parle de féminin.

Il y aurait un intérêt à reprendre l’étude des différences hommes-femmes en dehors de tout discours de domination-soumission. Certains groupes culturels nous ont habitués à un discours fini, fermé sur le sujet, et n’analysant plus que la situation des femmes - pas celle des hommes. Or d’une part la supposée domination masculine, universelle, systémique et systématique, intentionnelle, malveillante, ne correspond pas à la plus élémentaire observation du comportement masculin et n’est même pas défendable en terme de survie de l’espèce. L’aspect séduisant et stéréotypé de cette grille de lecture du passé à l’imagerie simpliste, et sa justification opportune dans le cadre d’un combat idéologique hommes-femmes, ne décrit pas l’entièreté ni la complexité du réel. D’autre part la superposition de la théorie de la lutte des classes sur les relations hommes-femmes ne rend pas compte du fait que la domination n’est sont pas le privilège d’un sexe mais se répartit dans les deux sexes.

On ne peut continuer indéfiniment à faire porter aux hommes les causes de la violence, de la guerre, de la souffrance, de la destruction des ressources, sans recréer une différence entre les sexe, une différence de genre qui aboutit, par sa répétition et sa systématisation, à un nouvel essentialisme : les hommes mâles et donc le masculin qui en est l’expression culturelle seraient la cause et les acteurs de la souffrance du monde et les femmes seraient leurs victimes désignées.

Le refus d’un monde stéréotypé, essentialiste, devrait porter en lui-même la déconstruction de ce paradigme de sexes et de l’asymétrie de comportements : l’homme bourreau et la femme victime vus comme une généralité. Mais ce n’est pas le cas : des différences hommes-femmes sont entretenues.

Le concept d’égalité trouve-t-il son compte dans ces différences ?


A suivre.


Moyenne des avis sur cet article :  2.94/5   (35 votes)




Réagissez à l'article

13 réactions à cet article    


  • cathy30 cathy30 15 décembre 2011 10:13

    bonjour homme libre
    Liberté, égalité, fraternité est un concept illuminati.
    Leur but : détruire ce que nous sommes, également notre savoir.
    L’Eglise a persecutée les femmes pour leur savoir sur les plantes ou leur indépendance, la preuve qu’il n’a pas fallu attendre le XXe siècle pour que la femme doivent le devenir selon Beauvoir.
    Depuis 40 ans leur but : gommer les différences des deux sexes pour que nous soyons plus vulnérables et maléables. Divorces à la pelle, conflits dans le travail etc.

     Le concept d’égalité trouve-t-il son compte dans ces différences ? est une bonne question.


    • Mor Aucon Mor Aucon 15 décembre 2011 13:20

      «  Liberté, égalité, fraternité est un concept illuminati.
      Leur but : détruire ce que nous sommes, également notre savoir.
       »

      M’enfin Madame... Pour parfaire le tableau, il ne reste plus qu’à raidir le petit doigt et mettre la petite musique des Envahisseurs.


    • Raymond SAMUEL paconform 15 décembre 2011 11:54

      Bonjour Hommelibre, Très bon texte réaliste et mesuré.
      Attendons la suite.


      • hommelibre hommelibre 15 décembre 2011 12:10

        Elle est en attente, en modération.


      • Mor Aucon Mor Aucon 15 décembre 2011 13:14

        Vous dites : « Et si la réalité tenait compte de deux voies : biologique ET culturelle ? Peut-on réellement dissocier le sexe physique du sexe psychologique et social ? N’est-il pas plus juste de dire : « On naît ET devient femme, ou homme ? »

        Cela apparaît maintenant, comme une évidence pour la science et aussi pour pour les moins dogmatiques d’entre les essentialistes et les existentialistes. J’attends la suite de l’article avec un peu d’inquiétude, j’avoue. La manipulation des découvertes récentes des neurosciences est à l’ordre du jour. On verra bien.

        J’avais déjà conseillé la lecture de The Blank Slate de S. Pinker, sur un autre sujet, concernant les trois grandes théories de la nature humaine qui s’affrontent depuis très longtemps : empirisme ( table rase ), romantisme ( le noble sauvage ) et dualisme ( le fantôme dans la machine ). Il manque une grande théorie de la nature humaine qui permette d’y inclure les récentes découvertes des neurosciences et de la psychologie cognitive.


        • floyd floyd 15 décembre 2011 13:17

          Comme souvent dans l’histoire on passe d’un extrême à l’autre. Dans le passé, on considérait la femme comme un être inférieur, juste bonne à assurer la descendance et totalement conditionné par sa biologie. Après, certaines féministes radicales, ont considéré l’homme et la femme étaient totalement identiques et que seul un conditionnement culturel pouvait expliquer des comportements différents. Evidemment ces deux visions sont dogmatiques et réductrices.

          Comme vous le dites le culturel ET le biologique ont leur mot à dire. Je conseille à ceux qui s’intéressent à cette question de lire le livre de Jean-Paul Mialet : « Sex aequo, le quiproquo des sexes ». Voici la quatrième de couverture :

          « A partir de son expérience de psychiatre, Jean-Paul Mialet s’insurge contre l’esprit unisexe qui voudrait à tout prix rendre les hommes et les femmes identiques, et faire de la différence des sexes l’effet d’un conditionnement. Explorant d’abord de façon très précise la façon dont les uns et les autres vivent leur corps depuis leur petite enfance, il démontre comment leurs différences anatomiques déterminent des déclencheurs du désir très différents. Le sexe de l’homme est offert à la vue : dès sa petite enfance, il le rencontre avec sa main, rapidement il apprend qu’il peut en tirer à la fois pouvoir et plaisir ; le sexe de la femme est enfoui dans son corps, elle ne peut l’appréhender que par le détour d’une construction représentative. Aussi, alors que le décolleté est pour l’homme un signal qui déclenche le désir aussi sûrement et aussi simplement que le réflexe pavlovien, la femme cherche elle une histoire qui donne sens à sa chair, une histoire où elle se sent aimée et désirée car c’est par l’intermédiaire de ce qu’elle inspire qu’elle ressent son sexe. A nier cette différence, on alimente la discorde au lieu d’aider les uns et les autres à la respecter et même à l’aimer car, si les désirs les opposent, et c’est l’objet de la seconde partie du livre, les besoins affectifs les réunissent. »

          • philouie 15 décembre 2011 13:18

            Salam,

            quelques remarques rapides.

            Les chinois ont faits une analyse profonde de la dualité féminin/masculin à travers les notions de Yin et de Yang. le masculin serait porteur d’attribut typique tel que la force, l’actif, l’extérieur. le feminin serait porteur d’attribut tel que la douceur, la passivité, la réceptivité etc. ce partage entre Yin et Yang irrigue entièrement l’humanité. un exemple, celui de l’epée, représentation phalique, attribut de l’homme guerrier qui part au combat. le contre exemple celui de la coupe, symbole de la matrice, de la féminitén de la receptivité et donc de la mère maternelle en son accueillant foyer.

            D’autre part, les psychologues, jung en particulier et d’autres à sa suite, nous ont montrés que chaque homme et chaque femme porte en lui une part de masculin et une part de féminin, à parts inégales.
            Pour Jung, l’homme accomplit est androgyne, c’est à dire que la maturation de l’homme passe par la découverte, acceptation, de sa part féminine. Les chinois diraient qu’il faut équilibrer le Yin et le Yang : l’excès de Yang nuit au Yin : ainsi de l’excès de la force jaillit la violence, comme de l’excès de la douceur nait la faiblesse. la douceur doit tempérer la force, il faut trouver le repos dans le mouvement etc...

            Notons enfin que lors de l’acte sexuel les polarités s’inverses, le sexe mâle vient à l’intéreur du sexe féminin qui est alors l’extérieur du sexe mâle.

            le plaisir nait, peut-être, de cette inversion des polarités.


            • jak2pad 16 décembre 2011 02:06

              salam

              une remarque rapide, une seule :

              un petit tas de banalités

              chacun fait ce qu’il peut, pas vrai ?


            • Spip Spip 15 décembre 2011 13:39

              Que ce soit à propos des sexes ou de n’importe quel autre sujet, le problème est toujours dans cette posture mentale au départ : opposer l’inné à l’acquis.

              Il est bien évident que les deux s’interpénètrent, mais voilà, ça ne fait pas l’affaire de ceux que j’appellerais les « croyants ». Il est plus facile de créer une chapelle dédiée à l’un ou à l’autre que de se colleter à des notions telles que complexité, interactions, etc. Combien de fois ne voit-on pas utilisé le terme « je crois » à la place de « je pense » ? Si les mots ont un sens...

              Tant qu’on ne sortira pas de là, il sera inutile, voire anti-scientifique, de tenir des discours un tant soit peu valables.


              • Ruut Ruut 15 décembre 2011 17:15

                Notre société officiellement Patriarcale et réellement Matriarcale est des plus perturbante.


                • nenecologue nenecologue 15 décembre 2011 20:27

                  culturellement :

                  Pendant 20 ans la mère , quand son fils se plaint lui répète : soit un homme et tais toi !

                  Sa belle mère a fait la même chose avec son enfant. 

                  Maintenant elle se plaint que son homme n’exprime pas ses sentiments. Pourtant elle recommence le même schéma avec son fils ...

                  • ddacoudre ddacoudre 15 décembre 2011 23:21

                    bonjour hommelibre.

                    un bon article, sur une question qui fait toujours débat, il n’y a pas d’égalité mais complémentarité, les définitions d’homme et femme en dehors des caractéristiques biologiques sont culturelle et facteur de notre compréhension et nos adaptations à l’environnement à l’un et de l’autre, accessible à leur biologie.
                    pour résumer un homme pourra être une bonne mère, mais il ne pourra jamais allaiter

                    j’avais essayé de résumer cette distinction que nous faisons entre le culturel et l’inné.c’est un peu trop long pour le copier
                    cordialement


                    • floyd floyd 16 décembre 2011 09:07

                      ddacoudre :

                      Il ne faut pas confondre égalité et différence. Personne, à part peut-être certains machos primitifs, ne réfute que les hommes et les femmes sont égaux, car aucun n’est supérieur à l’autre. Par contre il est évident qu’il y a des différences.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON







Palmarès