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Accueil du site > Tribune Libre > Honduras, Niger : de l’Etat de droit à l’état sauvage (...)

Honduras, Niger : de l’Etat de droit à l’état sauvage ?

En sciences politiques, comme dans l’action des Etats, les vieilles recettes servent toujours les ambitions les plus démesurées. Ainsi, dans le tiers-monde, on découvre des présidents aux pratiques, soit qui relèvent de la simple sauvagerie, soit de l’ignorance. Le Honduras, le Niger, interpellent plus d’une personne, surtout la communauté internationale.

La Sauce occidentale

Un président qui vous permet de contrôler à votre guise les ressources minières de son pays, préférant consacrer les bénéfices à ses mentors occidentaux, au lieu de développer une politique sociale en faveur des masses populaires. Assaisonnez-le d’une bonne pincée d’armes de destructions massives et faites monter au moyen d’une bonne logistique (celle dont vos « assistances techniques » ont les « secrets techniques »). Vous avez un héraut des guerres de Trente.

Vous pouvez servir ce repas exotique aux populations, mais sans oublier toutefois une note tropicale, pour le coup d’œil, et quelques slogans simples, mais que vous aurez pris soin de rédiger en anglais, espagnol, arabe ou français pour que l’opinion publique internationale y adhère sans difficulté. Vous obtiendrez un beau résultat qui, vu de l’extérieur comme de l’intérieur du pays visé, aura toutes les apparences d’une véritable révolution (le tour de main, c’est de faire passer une position minoritaire pour majoritaire par un activisme acharné vice versa). Un leadership, cuisiné de l’Occident, qui accouche d’une République bananière. Ce sont ces recettes révolutionnaires qu’on a servies aux africains, arabes, sud américains... Car, inutile de perdre votre temps de vous occuper des Constitutions, dans ces restaurants, parce qu’elles sont des cartes de menus, à faire ou à défaire aux goûts de vos lubies du moment.

Quand le repas est trop épicé

Il n’y a rien de plus banal que votre menu soit trop épicé au goût de votre client occidental. Si tel est le cas, sans perdre de temps, il vous le fera savoir : prenons des exemples parlants de part et d’autres, ainsi comprendrons-nous facilement la composition des sauces dans lesquelles nous sommes mangés. En effet, le rituel a été maintes fois briefer avec ou contre nous... Pour exemples, Dans l’ex Zaïre, un leader comme Mobutu qui a eu le soutien des puissances occidentales, pour trôner de main de maître , et leur offrir les richesses de minières de son pays ; est tombé face à une opposition qui avait le soutien des Etats-Unis et de l’Union européenne, en 1997 ; la « révolution du Nzeé », au Liban, en 2009 ; la « révolution du cèdre », en somme, la consécration de le famille Hariri et dans un passé proche, en 2008, le « SOPI », au Sénégal, une sorte de continuum de la droite française incarnée par Wade , en disent long sur la manière dont sont cuisinés les gouvernements dans le tiers-monde.

Toutes ces « révolutions » se sont déroulées suivant le même schéma, très exactement suivant la même recette. Elles ont été le fait d’oppositions très minoritaires, mais financièrement et logistiquement assistées par l’étranger, par le gouvernement des Etats-Unis dans le bloc Ouest, Cuba, la Chine, l’ex URSS, dans le bloc Est en l’occurrence, les cas de l’UNITA en Angola, la SWAPO en Namibie, en sont les démonstrations patentes de cette gastronomie. Et elles ont toutes permis de se débarrasser de dirigeants opposés à leurs influences communes : Nkrumah, Hamani Diori, Um Nyobe, etc. Lesquels, ont depuis été remplacés par des leaders plus « pragmatiques ».

Au Niger même, c’est une recette assez semblable que les Etats-Unis avaient mise en œuvre, en 1973 déjà, pour chasser du pouvoir le président Diori, qui voulut leur tenir tête, par un certain Seyni Kountché, c’est ce qui s’est passé en Egypte après avoir renversé l’impitoyable dictature de l’ami des Américains et des Britanniques, en l’occurrence, Nasser, qui avait nationalisé les ressources hydrauliques. Alors, quoi de plus normal que les autorités honduriennes s’inquiètent de ce qui se passe aujourd’hui dans leur pays ? Quoi d’étonnant, avec l’expérience du passé, à ce qu’elles déploient les forces de l’ordre pour ramener le calme dans les rues de la capitale, à la limite de déclarer l’état de siège, où un individu veut tripatouiller la Constitution ? Ou bien qu’elles se défient des diplomates étrangers en poste sur le territoire ? En particulier des pays d’Amérique centrale et des européens ?

Et, d’ailleurs, qu’aurait fait le président Sarkozy, si, à la veille de son élection, les militants chiraquiens, déçus du prochain départ de leur leader, s’étaient rués dans les rues de Paris en hurlant à la suspension de la Constitution et en réclamant à cor et à cri l’annulation de sa candidature, arborant des pancartes « Chirac pour l’éternité » , brisant les vitrines des magasins et incendiant les automobiles garées sur la Seine ?

Et qu’aurait donc fait George W. Bush, le soir de l’élection de 2001, si ses opposants démocrates avaient manifesté contre les irrégularités et proclamé leur candidat, Al Gore, vainqueur du scrutin ? Car, dans le cas de cette élection-là, il y en a eu, des fraudes, dignes d’une république bananière...

Rien d’anormal à ce que l’armée aux Honduras prenne les mesures utiles pour se protéger de son président qui, soutenu par les puissances occidentales et une presse internationale univoque, essaie depuis plusieurs jours de renverser le cours de l’histoire, et pourtant, il n’a pas eu envie d’entrer dans l’histoire en s’amusant avec le pacte social qui unit les peuples : la Constitution. Rien d’anormal que le peuple nigérien brave les facéties de Mamadou Tandja, qui s’amuse avec un dogme sacré : la Constitution. Qu’il en soit ainsi, pour tous ceux qui n’auront pas compris que : « Les fonctions publiques sont essentiellement temporaires ; elles ne peuvent être considérées comme des distinctions ni comme des récompenses, mais comme des devoirs. » Article 30 Déclaration des droits et citoyens de 1793.

Souvenons-nous encore, de ce que dit cette déclaration, citée ci-dessus, dans son Article 35 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

Aimé Mathurin Moussy


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5 réactions à cet article    


  • wesson wesson 7 juillet 2009 10:09

    Bonjour l’auteur,

    Dommage que votre article pourtant plein de bonne volonté soit raté. Vous tentez un parallèle entre la situation de M. Tandja, qui s’accroche à son pouvoir, et M. Zelaya du Honduras, déposé par les militaires.
    En dehors de l’indifférence médiatique totale de ces 2 cas flagrants de violation des règles démocratiques, les situations sont totalement différente.

    Dans le cas de M. Tandja, il a décidé tout seul de modifier la constitution afin de rester au pouvoir.

    Dans le cas de M. Zelaya, il souhaitait demander à son peuple si il souhaitait revenir sur la règle du mandat unique - et il souhaitait le faire à l’occasion des prochaines élections, ce qui en cas de victoire du oui ne lui permettait toutefois pas de se représenter lui-même.

    Pour résumer, le cas nigérien est un cas flagrant d’autocratie, le cas Hondurien est un cas flagrant de Golpe. En tout état de cause les deux n’étant absolument pas comparables.


    • jules simon 7 juillet 2009 16:37

      Non WESSON

      Le parrallele se justifie bien car dans les 2 cas il s’agit de consulter le peuple par refrendum sur un projet de modification de la constitution.

      M TANDJA n’a pas decide seul de modifier la constitution, il a refuse de prendre en compte l’avis de la Cour Constitutionnelle qui se prononcait contre l’organisation d’un referendum.
      http://www.afrik.com/article17063.html
      De meme au Honduras le Parlement et la Cour Supreme se sont opposes au projet de referendum.


    • realchange 4 août 2009 22:01

      On ne peut sérieusement s’interdire de comparer les situations du Honduras et du Niger. Sur quelle base cette comparaison ne serait-elle pas possible ?

      En revanche, accepter cette comparaison ne signifie pas consacrer l’identité des deux situations.

      Pour ma part, je pense qu’on devrait interdire toute modification constitutionnelle pouvant profiter au gouvernement en place dans un pays donné. Les effets des modifications constitutionnelles concernant par exemple l’éligibilité ou la ré-éligibilité au plus hautes fonctions de l’Etat devraient de facto écarter les candidats en charge de ces fonctions au moment de leur vote.

      Cela limiterait déjà cette tentation d’instrumentaliser les règles à son profit.

      Lire éventuellement ma tribune à la rubrique internationale : « Coup d’Etat démocratique au Niger...Quand le viol s’applique aux règles de gouvernement »

      Realchange

       


    • Bleu Montréal 7 juillet 2009 16:55

      Tout à fait d’accord avec Wesson.

      L’auteur de l’article ne connait rien sur la situation au Honduras.

      Jules Simon quant à lui, essaie de justifier l’injustifiable. c’est à dire les méthodes fascistes et dictatoriales propres au coup d’État au Honduras perpétré par l’armée, l’Église et l’oligarchie hondurienne, le tout orchestré par Otto Reich, Robert Carmona ou encore Negroponte (CIA). Jules Simon, quelle constitution permet d’arrêter un président par la force, le sortir de son pays et l’empêcher de revenir ? Réfléchissez un peu.


      • jules simon 7 juillet 2009 17:11

        Bleu Montreal

        Reflechissez aussi ou plutot relisez mon commentaire car vous n’avez rien compris a ce que j’ai ecrit !
        Je ne me prononce pas sur le bien fonde ou non du coup d’etat mene au Honduras ni sur les methodes de ce coup d’etat.

        Je precise simplement a WESSON que au NIGER comme au HONDURAS le projet initial du president etait de consulter le peulple par referendum sur un projet de modification de la constitution et que l’auteur ne se tropmpe pas en mettant les 2 situations en parallele.

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