Honni soit qui Mali pense !
Les forces armées françaises sont engagées « contre le terrorisme » en Afghanistan depuis 2001. Sarkozy a envoyé l'armée de l'air et des « services » en Libye pour abattre, au sens propre du terme, son ancien ami, Kadhafi. En Cote d'Ivoire, l'armée française est intervenue pour « faire respecter la démocratie ». Ces différentes interventions ont eu des résultats très discutables.
Notamment en Libye. Localement, la situation est loin d'être démocratique et stabilisée mais peut-être faut-il laisser du temps au temps. Surtout la chute du régime a entraîné l'éclatement et la dispersion de forces incontrôlées dont certains se sont relocalisées avec armes et bagages au Sahel.
François Hollande, changement, a promis de retirer les troupes d'Afghanistan : l'opération est en cours. Mais voilà qu'il semble vouloir assumer, continuité ?, le « service-après intervention en Libye » et prépare sa « guerre » pour libérer le Nord du Mali des islamistes. Pour cela, il est difficile de compter sur l'armée malienne balayée en quelques jours par les troupes du MNLA (Mouvement de libération nationale de l'Azawad). Après quoi, le MNLA a proclamé son indépendance, immédiatement condamné par l'Union africaine mais aussi par la France et l'Union européenne.
Comme Sarkozy en Libye, Hollande a obtenu une couverture onusienne et ne semble pas décidé à engager des troupes au sol. Ce sont 3 500 hommes, africains de la Communauté économique de l'Afrique occidentale (CEDEAO) actuellement présidée par Alassane Ouattara qui sont appelées à déloger les islamistes.
Mais la situation sur place est complexe. L’origine de la crise malienne remonte au moins à 1957, lorsque les Touaregs et les Maures de l’Azawad avaient demandé à ne pas faire partie du processus d’indépendance ouest-africain. Ils soulignaient leur incompatibilité avec les sociétés subsahariennes et demandaient à être intégrés au Sahara français devenu depuis algérien. Depuis les indépendances, de multiples rébellions ont donné lieu à autant d'accords sans vraiment résoudre le problème.
Bien entendu, les Touaregs, dispersés sur toute la région, ont une pratique probablement peu respectueuses des frontières héritées du système colonial. Et ce qui se passe dans le nord du Mali ne peut laisser indifférents les pays voisins que sont la Mauritanie à l'ouest, l'Algérie au nord, le Niger à l'ouest.
La France a des intérêts importants dans certains de ces pays et 4 otages, détenus depuis 2010, et menacés d'exécution, tandis que l’Algérie en a 3 après l'exécution récente d'un de ses diplomates détenus.
Sur le terrain, différent mouvements sont alliés et/ou concurrents suivant les moments : le MNLA, mouvement national de libération de l'AZAWAD constitué par des Touaregs, Ansar Eddine mouvement touareg islamiste qui aurait des liens plus ou moins avérés avec Ansa El-Charia, Al Qaida au Maghreb islamique, le Mouvement pour l'unité et le jihad en Afrique de l'ouest (MUJAO) et des narco-trafiquants ou narco-terroristes.....
Face à l'incapacité du Mali de rétablir la situation sur cette partie de territoire, deux types de politiques sont proposées. L’Algérie, suivie de la Mauritanie, du Niger, sans s'opposer absolument à une opération militaire, insiste sur la nécessité d'une négociation, menée à Alger et Ouagadougou, à laquelle, le MNLA et Ansar Eddine auraient répondu favorablement. Pour le MNLA, il faut renforcer et stabiliser le gouvernent malien qui pourrait, avec l'aide du MNLA, reprendre la situation en main et satisfaire ses revendications, avec une garantie internationale.
Pour la France, tout en ménageant l'Algérie, c'est l’intervention militaire qui est mise en avant avec la participation sur le terrain de 3 500 hommes fournis par les États de la CEDEAO.
Plusieurs bataillons du Nigeria, du Niger, du Sénégal, du Burkina Faso se tiennent prêts à intervenir. Les Nations-Unies doivent se charger du soutien financier. La France est disponible pour un soutien logistique. Les États-Unis fourniraient des drones. L’opération militaire vise à déloger les groupes islamistes armés, principalement AQMI, MUJAO et Ansar Dine. Ils contrôlent totalement le nord du Mali depuis la fin juin et imposent la charia à la population.
Chacun veut libérer l'AZAWAD en fonction de ses intérêts particuliers : indépendance de l'Azawad, unité territoriale du Mali, intangibilité des frontières héritées du colonialisme, danger de la contamination islamistes dans des pays qui en souffrent déjà ou qui en sont encore indemnes, sécurité d'accès aux matières premières......
Personne ne pense que l'armée malienne soit capable, seule de mener à bien une telle expédition. Mais si une intervention étrangère peut libérer rapidement les grandes villes, qui peut penser qu'une armée étrangère, fut-elle noire-africaine pourra quitter au bout d'un an le territoire pacifié ? Après avoir rétabli l'autorité du gouvernent malien ? Sans utilisation de cette occupation par les islamistes même vaincus militairement ? Comment sera acceptée la présente engagée de l'ancienne puissance coloniale ?
L'occupation des principaux centres urbains devrait être relativement facile. Faudra-t-il regrouper les populations pour les contrôler ? Avec accentuation de la désertification ? Constitution de camps de réfugiés dans les pays voisins ? Accrochages aux frontières ? Fuite dans les pays voisins ? Montée du rejet des troupes extérieures et dénonciation des interventions étrangères notamment de l'ancien colonisateur...
Bien sûr, le pire n'est pas certain. Mais on trouve toujours l'argent nécessaire pour faire la guerre qui aurait peut-être pu être évitée avec un minimum de développement dont le budget va probablement diminuer en 2013 en France, Une fois de plus, la preuve est donnée que la politique étrangère de l'Union européenne n'existe pas et que c'est l'ancienne puissance coloniale qui mène les choses. Il n'est pas certain que les Africains comprennent très bien le discours de François Hollande le 12 octobre à Dakar disant : "le temps de la Françafrique est révolu".
- Drapeau du Mali
- AZAWAD en tifinagh
- Drapeau de l’AZAWAD (MNLA)
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