HSBC... imite Wachovia, et ses clients criminels !
Aux USA, il n'y a pas que les "relations inappropriées" (traduisez par besoin irrépressible de pipe, avouée par l'intéressé) qui sont susceptibles de se terminer par un accord financier. Le même jour ou DSK finissait par lâcher son paquet (financier), une banque anglaise de renom (c'est la troisième au monde !) et sa filiale américaine signait un accord avec le gouvernement US dont le contenu n'était pas sans rappeler le précédent de la banque Wachovia, à ce jour le plus gros scandale financier aux USA, Madoff compris. Pour la deuxième fois donc, des liens étroits entre les cartels de drogues mexicains, eux-mêmes alimentés par les colombiens, et des organismes bancaires américains ayant pignon sur rue était prouvé. S'il y a bien quelque chose de pourri en ce bas monde, ce sont bien les banques, qui d'un côté demandent à des pays entiers de se saigner pour se montrer vertueux, obligeant leurs habitants à vivre dans les affres de la récession, et de l'autre ces mêmes banques qui lavent tranquillement l'argent sale des dealers, où prêtent même à Victor Bout de quoi acheter deux quadriréacteurs pour acheminer cette drogue par dizaine de tonnes en Afrique sahélienne, où se joue aujourd'hui une autre paire de manches ; celle du contrôle de la remontée de la cocaïne vers l'Europe. Monde pourri par l'argent, monde pourri par la drogue !

Revenons si vous le voulez bien 7 ans en arrière, sur un tarmac au Mexique. Le 10 avril 2006 au coucher du soleil, un DC-9 immatriculé N900SA se pose à Ciudad del Carmen, dans le golfe du Mexique, dans l'état du Campeche, en provenance de départ de St. Petersburg en Floride. L'avion était alors sur le vol retour, il revenait aux USA, en passant par Caracas : il avait décollé la veille du Simón Bolívar International Airport, au pays d'Hugo Chavez, donc. L'arrêt de l'appareil au Mexique n'était pas prévu : l'avion s'était posé en raison de problèmes hydrauliques survenus sur le train d'atterrissage.
L'avion est bizarrement peint, arborant des couleurs et un logo imitant les organismes officieux américains : un aigle doré au milieun et autour un sigle "skyway aircraft, protection of america's skies". Tout a été fait semble-t-il pour le faire passer extérieurement pour un appareil officiel américain. A bord, les policiers découvrent pas moins de 128 valises noires, sagement rangées en cabine (et même pas en soute !) contenant au total plus de 5 tonnes de cocaïne. L'appareil présente un drôle de pédigrée : il a été successivement avion de la TWA, sous le numéro N1061T, revendu à Tracinda Investment (N241TC) qui l'a lui-même revendu au chanteur de Country soft Kenny Rogers (il était alors devenu le N9KR), qui l'a cèdé à Southmark Corporation (où il arborera le N89SM), cette dernière le revendant à une équipe de Football américain, celle des Seattle Seahawks (N40SH), puis a deux firmes américaines successives, "Aircraft 45775 Inc", et "HW Aviation".
Un fonds d'investissement, partie prenante de HW Aviation, le duPont Investment Fund 57289, décide de l'échanger contre 28 000 000 de ses actions avec la firme Skyway Aircraft Inc, société que tout le monde cite alors comme étant un des paravents pratiques de la CIA.Il est inscrit sous le noms de "Royal Sons Motor Yacht Sales ", en Floride, qui possède un hangar où a été vu à plusieurs reprises roder Mohamed Atta. C'est en effet juste à côté du hangar d'Huffman Aviation, à Venice. L'avion revole depuis, il a été repeint à neuf en 2007 et porte depuis le N°XC-LJZ. Aux côtés du DC-9, un Falcon immatriculé XB-IYK l'attendait, visiblement alerté des problèmes à bord. Son pilote, Fernando Joaquín Poot Pérez travaille pour la Comisión Nacional del Agua nationale mexicaine.
Sur le tarmac de Ciudad del Carmen, en ce 10 avril, il y a un joli mic-mac de présent : un avion bourré de drogue "surveillé" par un autre appareil... gouvernemental. D'autant plus que l'un des deux pilotes du DC-9, Carmelo Vicente Vázquez Guerra, réussit à s'échapper... des témoins l'ayant vu tranquillement quitter ce jour-là l'aéroport alors que ses collègues trafiquants étaient arrêtés par la police mexicaine...
Le pilote (en photo à gauche) qui a réussi à s'échapper.... récidivera deux ans plus tard (en s'échappant à nouveau, à croire qu'il est l'homme invisible !!), de l'autre côté de l'Atlantique, comme je vous l'avais expliqué ici : "le 12 juillet 2008, un avion immatriculé N351SE , un Gulfstream G1159B de 1969, censé apporter des médicaments destinés aux militaires du pays se pose lui aussi en catastrophe en Guinée Bissau, en prétextant lui aussi un incident technique. Il y a bien une méthode d’accès qui a été mise au point, quel que soit l’avion ou le pays.
L’avion est aussitôt entouré de militaires, et deux pilotes et un mécanicien sont à bord. : Carmelo Vásquez Guerra, Carlos Luis Justiniano Núñez et Daniel Aguedelo Acevedo. L’avion appartient à LB Aviation Inc, installé à Yorklin, dans le Delaware, un village perdu de 300 habitants entre Hockessin et Greenville, la patrie de DuPont. A bord, plus de 600 kilos de cocaïne. La DEA et Interpol sont prévenus mais n’arrivent que cinq jours plus tard (un fâcheux hasard ?) : la drogue a alors disparu ! La police avait été empêchée durant tout ce temps de monter à bord, une interdiction menée par les militaires locaux. "Les agents de la douane avaient été empêchés d’accéder à bord de l’appareil et à la cargaison transportée et cela avait augmenté les suspicions à propos des produits transportés", précisait le procureur général du pays, Amine Michel Saad.." On notera à nouveau duPont citée dans l'affaire. Et le rôle du même pilote, et de son escapade, décidément un pilote... intouchable Peu de temps après, le même scénario se reproduisait encore, au dessus du Mexique cette fois, à part que cette fois l'avion est plus petit, (c'est le Gulfstream N987SA) mais transportait toujours des sacs noirs... et qu'il s'écrasait au lieu de se poser, visiblement poursuivi par plusieurs.. hélicoptères de l'antidrogue mexicaine qui le forceront à épuiser ses réservoirs à défaut de pouvoir l'intercepter. A bord, on trouvera 4 tonnes de coke, sagement rangés dans des sacs... de l'armée américaine.
Dès l'arrivée imprévue du DC-9, on avait cherché à remonter la filière des trafiquants. Pour finir par trouver au bout... des banquiers, ayant pignon sur rue : "les soldats mexicains qui l’attendaient trouvent à son bord 5,7 tonnes de cocaïne – il y en a, à l’époque, pour 100 millions de dollars. Mais la reconstitution des circonstances de l’achat de l’appareil par le cartel de Sinaola va déboucher sur une découverte bien plus importante. Au terme d’une enquête de vingt-deux mois menée par la Drug Enforcement Agency [agence américaine chargée de faire appliquer la loi sur les stupéfiants], l’Internal Revenue Service [le fisc américain] et d’autres agences fédérales, il apparaît que les trafiquants ont payé l’avion avec de l’argent blanchi par l’une des plus grosses banques américaines, Wachovia – qui sera rachetée en 2008 par le groupe Wells Fargo. Les enquêteurs mettent au jour des versements de plusieurs milliards de dollars, sous forme de virements, de chèques de voyage et de liquidités sur des comptes de Wachovia par des casas de cambio (CDC), des bureaux de change mexicains. Fait extrêmement significatif, le début de ces opérations remonte à 2004, période où s’est amorcée à la frontière américano-mexicaine l’escalade de la violence qui a engendré les actuelles guerres de la drogue". Et cela, la banque Wachovia ne pouvait l'ignorer.
Changement de continent. Au Mali, c'était un Boeing parti du Panama qu'on avait retrouvé calciné en plein désert, il aurait transporté plus de 6 tonnes de coke. Un autre appareil avait suivi quelques semaines après, preuve d'un intense trafic jouant sur des quantités considérables de cocaïne ; "l'avion s'envolera dans la matinée du 26 janvier sans qu'aucun officiel malien ne fouille l'avion. Cette seconde affaire de cocaïne intervient deux mois après l'abandon d'un avion-cargo en plein désert dans la région de Kidal "pouvait-on lire sous la plulme de Mounir Boudjem dans "Liberté". Quel était donc ce second appareil, une enquête menée au Vénézuela et en Colombie en avait donné une petite idée en novembre 2010 :
- L'Organisation Valencia-Arbelaez, démantelée par des agents d'infiltration américains après avoir acheté un avion 2 millions de dollars afin de faire fonctionner des vols mensuels entre le Venezuela et la Guinée. Le groupe a revendiqué d'avoir six avions déjà prêts à voler.
- Un groupe basé en Colombie et au Libéria, arrêté après qu'un de ses avions ait été saisi en mai avec deux tonnes de cocaïne alors qu'il s'apprêtait à quitter le Venezuela. Les procureurs disent que le groupe a l'intention de faire voler les livraisons deux fois par mois. Un de accusés prétend gérer cinq autres avions faisant des trajets similaires.
- Trois hommes de Sierra Leone, ont été accusés de reconnaissance sur les pistes d'atterrissage et d'organiser un vol de quatre tonnes de cocaïne en provenance d'Amérique du Sud en mars dernier". Historiquement cela rappelait surtout la grande période d'Escobar, ces tonnages effarants : "à certains égards, il s'agit d'un retour aux années 1970 et 80, lorsque les pilotes volaient librement de drogue entre la Colombie et les aires de rassemblement près de la frontière américaine, a déclaré Decker. À l'époque, des barons de la drogue comme Amado Carrillo, surnommé The Lord of the Skies, envoyait des jets avec jusqu'à 15 tonnes de cocaïne de la Colombie au nord du Mexique". Ces avions étant alors... des Caravelle françaises (pour la moitié maximum de la charge évoquée)...
L'enquête plus poussée finissant par remonter jusqu'aux investisseurs dans les appareils de transport :
"- Francisco Gonzalez Uribe (ici à droite), un trafiquant colombien qui devrait être condamné ce mois-ci. Il a été pris alors qu'il tentait d'acheter des avions gros porteurs dont un DC-8.
- Walid Makled-Garcia, (à gauche) qui selon les procureurs contrôle les pistes d'atterrissage au Venezuela utilisées pour effectuer des vols de drogues Les procureurs disent que Makled-Garcia était derrière une des plus grandes expéditions avion de drogue ces dernières années : un DC-9 qui a atterri à Mexico en 2006 avec plus de 12.300 livres de cocaïne à bord.
Les trafiquants sont capables de faire voler de façon inaperçue de gros avions à travers l'océan parce que la plupart de l'Atlantique est hors de la portée du radar, a déclaré Scott Decker, professeur de criminologie à l'Arizona State University, qui étudie les méthodes de contrebande. Même les avions de ligne commerciaux qui traversent l'océan doivent mettre à jour périodiquement les contrôleurs aériens sur leurs positions parce qu'ils n'apparaissent pas sur l'écran radar."
Un des appareils souhaités pour faire la traversée bourré de drogue avait été tracé... comme étant une commande de Victor Bout, sous le nom de sa société écran Samar, acceptée chez une banque américaine nommée Wachovia, comme j'avais pu déjà vous le dire ici : "le DC-8 de Francisco Gonzalez Uribe étant celui qu'on retrouvera dans le dossier de Victor Bout, qui devait en acheter deux, grâce à une banque : Wachovia. "La plus récente mise en accusation alléguée était que M. Bout et son partenaire syro-américain Richard Ammar Chichakli avaient demandé environ 1,7 millions de dollars à des banques aux États-Unis pour acheter deux avions Boeing en Amérique".
"L'acte d'accusation allègue que les transferts d'argent pour Samar ont été faits à partir de comptes bancaires situés à Chypre et liés à Bout à travers une entité appelée Holdings Limited Wartrex et "une banque à New York", ainsi que des fonds venant du Kazakhstan sur des comptes à Salt Lake City Utah pour Aviation Company en Floride. Les accusations de fraude listent 6 virements spécifiques en 2007 allant de 52.000 à 339,977 dollars". Samar Air, au Tajikistan, est installé à l'aéroport de Khudzhand... rue Lénine et possède comme avion des B-727, Il-76, An-12 et des AN-26. y est aussi installé JSC Atlant-Soyuz Airlines, société qui a créé un Joint Venture avec Evergreen International Airlines ... la société qui détient l'ex-base de la CIA, la Marana, en Arizona, haut lieu des maquillages d'avions. Dans l'acte d'accusation on cite en revanche la société Ilex Ventures, "que Viktor Bout possède" dit le procureur, et c'est cette firme qui aurait versé 252 000 dollars d'un compte russe le 30 juillet 2007 pour acheter un des deux Boeing, plus 244 200 le 1er août et le 13 août 204 000 dollars supplémentaires, le tout versé à "une banque de New-York" qui n'est évidement pas nommée. Or ces liens ne dataient pas d'hier : un rapport de sécurité de l'ONU l'indiquait déjà. "Le Groupe a obtenu des documents sur l’Antonov 12 immatriculé 9Q-CGQ,
révélant que le 11 novembre 2004, l’appareil a été assuré à la fois au nom de la Great Lakes Business Company (à l’adresse P. O. Box 315, Goma) et Ilex Ventures Ltd (à l’adresse Cassandra Center, bureaux 201 et 202, 2e étage, 29 Theklas Lyssioti Street, P.O. Box 58184, 371 Limassol, Chypre)". Les avions de Great Lakes sillonnant sans relâche alors l'Afrique pour transporter du Coltan ou des diamants.... Bout avait alors créé plusieurs lignes dont Great Lakes Business Company, avec Compagnie Aerienne des Grands Lacs ; Bukavu Aviation Transport, et Business Air Services. Toutes visées en 2005 par une interdiction de vol... de l'ONU, interdiction visant Richard Ammar Chichakli, l'alter-ego américain de Viktor Bout. Evidemment, lors du procès éclair de Bout... rien ne sera dit à propos de Wachovia...
"Et au milieu de tout ça, les avions caméléons de Viktor Bout, ou de son remplaçant lorsqu'il est emprisonné. Non, Viktor Bout n'a jamais agi seul. Des gouvernements et des banques l'ont aidé. Sans oublier le FSB et la CIA qui se l'ont visiblement partagé... avec des points cruciaux, comme Tempa Bay, en Florice l'aéroport-clé où toute la drogue passait et passe encore. Le même où l'on trouvait Huffman Aviation et un certain Atta. Tout est lié ! Une partie, en fait d'une, vieille histoire : celle du financement caché de la CIA. Car au final le bilan est là : WallStreet et la banque ont bien lavé cet argent sale. "À une époque de grandes faillites bancaires, l'argent n'a pas d'odeur, et les banquiers semblent le croire. Les honnêtes citoyens, qui luttent à la même époque contre les difficultés économiques, se demandent pourquoi les produits de la criminalité se sont transformés en véritable goûts ostentatoire immobiliers, en voitures, en bateaux et en avions - n'ont pas été saisis. " C'est simple : sans l'apport des revenus de la drogue, certains établissements auraient fermé : "fin 2009, le chef du bureau de l'ONU, Antonio Maria Costa, a déclaré à la presse que la plupart des prêts interbancaires à court-terme, les prêts de banques entre elles, étaient soutenus par l'argent de la drogue. Comme les marchés financiers ont gelé en 2007 et 2008, les banques se tournèrent vers les cartels de la drogue contre de l'argent. Sans cette argent de la drogue, de nombreuses grandes banques pourraient ne pas avoir survécues". L'économie américaine est soutenue par la production industrielle d'armes et le trafic de drogues, les deux choses qui génèrent les plus hauts profits le plus rapidement. Dans ce schéma, Viktor Bout n'aura servi que de vecteur : tous le savaient, tous l'ont utilisé, et certains, aujourd'hui voudraient le faire taire. ll en a trop à raconter."
Chez la banque américaine, qui avait été au préalable déjà soupçonnée de blanchiment, le couperet n'allait pas tarder à tomber : "plus choquant et plus important, la banque a été sanctionnée pour avoir omis de mettre en place [du 1er mai 2004 au 31 mai 2007] des mesures antiblanchiment appropriées pour des transferts totalisant 378,4 milliards de dollars (une somme équivalante au tiers du PIB mexicain), effectués sur des comptes en dollars à partir de prétendues casas de cambio avec lesquelles la banque travaillait. “Le mépris flagrant de Wachovia à l’égard de nos réglementations bancaires a quasiment donné carte blanche aux cartels internationaux de la cocaïne pour financer leurs opérations”, a déclaré Jeffrey Sloman, le procureur fédéral. Pourtant, le total des pénalités ne représente même pas 2 % des 12,3 milliards de dollars de bénéfices réalisés par la banque en 2009. Cette affaire illustre le rôle du secteur bancaire légal dans le blanchiment de centaines milliards de dollars issus du meurtrier trafic de la drogue, au Mexique et ailleurs – un secteur bancaire que les contribuables ont été contraints de renflouer [après la crise financière de 2008]. Concluait l'article. Les mêmes éternels pigeons des banquiers...



Les aveux circonstanciés des trafiquants effectués, Wachovia se voit infliger une amende gigantesque "des procédures criminelles sont ouvertes contre la banque – sans viser personne en particulier –, mais l’affaire ne passe jamais en jugement. En mars 2010, Wachovia règle par une transaction “à l’amiable” la plus grosse action jamais intentée dans le cadre de la loi américaine sur le secret bancaire : la banque verse 110 millions de dollars aux autorités fédérales, devant le tribunal du district de Miami, pour avoir hébergé des transactions liées au trafic de stupéfiants, et une amende de 50 millions de dollars pour n’avoir pas contrôlé l’argent utilisé pour financer le transport de 22 tonnes de cocaïne". En juillet dernier, un autre dossier bancaire embarrassant est révélé par une enquête américaine grâce à une remarquable enquête menée par une obscure sous-commission du Sénat américain dirigée par l'inusable CarlLevin : le rapport accusait nettement cette fois la banque anglaise HSBC et ses transferts de fonds d'origine suspecte évadés du Mexique, d'Iran, des îles Caïman, d'Arabie saoudite et même de Syrie. Affolée, la direction de la banque provisionnait aussitôt plus de 1,5 milliard de dollars dans l'attente du verdict des autorités judiciaires américaines. Une fois le cas de Wachovia réglé, c'était donc au tour d'HSBC de voir ses comptes scrutés par les "fédéraux" US, et le bilan final vient donc juste de tomber. Il dépasse largement le redressement infligé à Wachovia : "C’est bien connu, les records sont faits pour être battus. En se voyant infliger une amende de 1,92 milliard de dollars (1,47 milliard d’euros), pour mettre fin aux poursuites dont elle fait l’objet aux Etats-Unis, concernant des accusations de blanchiment d’argent sale, HSBC a placé la barre très haut, mardi 11 décembre" citait la presse. En fait l'amende est gigantesque, mais la banque aussi, qui n'y verra qu'une péripétie, car ce qu'elle craignait c'était... la fermeture et la disparition. Rappelons ici la signification du sigle : HSBC, pour Hongkong and Shanghai Banking Corporation, fondée en 1865 et installée en 1991 à Londres. En 2000, elle avait racheté le Crédit Commercial de France... et il est vite paru impensable de mettre la troisième banque mondiale par terre sans effets collatéraux chez ses collègues...
En réalité, ce genre de monument bancaire ne peut tout bonnement pas disparaître du jour au lendemain... car sinon tout le système suivrait : en gros, elle subiste car elle est "trop grosse pour tomber", comme on dit dans les milieux avisés : car ce n’est pas un petit écart de gestion qu’on reproche à HSBC. On parle bien de 7 milliards de dollars provenant probablement de l’argent des cartels mexicains de la drogue, qui ont transité sur des comptes de HSBC aux Etats-Unis. On parle bien de 16 milliards de dollars de transactions secrètes avec l’Iran. On parle bien de 470 milliards au total, qui auraient « échappé » à la vigilance de la banque britannique. Au regard des montants en jeu, l’amende record donne déjà moins le vertige. C’est à peine 8% de son bénéfice de 2012. La banque britannique ne s’est pas fait prier pour accepter l’accord proposé par les autorités américaines. Car finalement, ce n’est pas cher payé. La fameuse « amende record » était le scénario le plus clément envisagé par la justice. Il a aussi été question de réduire le périmètre d’activité de HSBC, voir carrément lui interdire son métier de banquier. Qu’est-ce qui a retenu le bras de la justice ? Le fameux « too big to fail » (trop gros pour tomber). Une sanction trop lourde aurait fait peser des risques sur l’ensemble du système financier. Ce qui en dit long sur l’impasse dans laquelle nous nous trouvons en matière de régulation. Il faut frapper, mais pas trop pour ne pas déstabiliser le système. C’est sans doute ce qui a conduit également à trouver un arrangement avec Standard Chartered et ING, qui se sont aussi fait prendre les doigts dans le pot de confiture" concluait, plutôt amer le Monde. Et ce sont les mêmes, qui jugent les Etats, via leurs agences de notation... où les termes probité et responsabilité ne donnent aucun "A" supplémentaire...
Le problème étant que c'est un éternel recommencement comme l'indique Michel Koutouzis dans son remarquable ouvrage "Crimes, trafics et réseaux" dont on ne peut que recommader la lecture. C'est un éternel retour en effet auquel on assiste : "en 1997 éclatait le scandale Salinas-City Bank l'institution financière conseillait le frère du président mexicain sur les meilleurs mécanismes pour blanchir de l'argent issu du trafic de cocaïne et des pots-de-vin. Deux années plus tard, le Sénat américain, considérant que les frais de justice dépasseraient les sommes délictueuses (des centaines de millions de dollars) qu'on espérait saisir, décida de passer un accord avec la City Bank et de cesser les poursuites. Cette dernière sera généreusement secourue lors de la crise financière de 2008. Ce qui n'empêchera pas le géant financier, en 2011, d'être de nouveau impliqué, via sa succursale indienne, dans un scandale de blanchiment de fonds issus de pots-de-vin et s'élevant à plusieurs dizaines de millions de dollars.
De la Banque du Panama à la BCCI, de la Banque de Monaco à la JP Morgan Chase, de la Banque de New York à la City Bank, de la Lehman Brothers au Crédit lyonnais, de la Royal Bank of Scotland à la Merrill Lynch (la liste est bien plus longue) pas une seule institution financière qui n'ait été impliquée dans des « histoires » de blanchiment d'argent issu de trafics illégitimes, de caisses noires des services secrets, d'opérations frauduleuses ou de pots de vin. A chaque fois, le même scénario se reproduit : après chaque « affaire », le monde de la finance déclare « que des mesures ont été prises pour que dans le futur cela devienne impossible ». Or, il n'y a pratiquement aucune différence entre les mécanismes mis en place par Franklin Jurado, opérant pour le compte du patron du cartel de Cali (1985-1990) et ceux d'llen Stanford opérant avec l'argent des cartels depuis les îles de Barbuda et de Antigua, quinze ans plus tard".
Et ça ne s'arrête décidément jamais en effet, avec le scandale de plus du Libor à l'horizon, celui d'une évasion fiscale dans une succursale suisse et le rebond vers le gouvernement avec Lord Green, ministre du Commerce et de l’Investissement qui a aussi été le directeur d'HSBC de 2003 à 2006, et son PDG jusqu'en 2010... avant de prendre le poste ministériel dans le gouvernement de David Cameron. En pleine période des magouilles avec les trafiquants colombiens ! L'homme avait pourtant été averti par David Bagley, responsable conformité chez HSBC, des malversations en cours, ce dernier ayant juste après démissionné de son poste, à l'annonce du rapport américain. Ce que Levin n'avait manqué de fustiger : "les excuses et les engagements visant à améliorer sont également les bienvenus. Cependant, la responsabilité de sa conduite passée est essentielle et c'est ce qui manque ici," a dit M. Levin ajoutant que la charte de la banque pourrait être à risque si elle ne fait pas mieux." En attendant le prochain scandale bancaire ou le prochain membre de cartel se mettant à table ? Ou un politicien ? "Selon un acte d'accusation de 2004 de l'US Government Racketeer Influenced and Corrupt Organisations Act (RICO) , le cartel del Norte del Vallea exporté pour plus de 1,2 millions de livres - plus de 500 tonnes - de cocaïne d'une valeur de plus de 10 milliards de dollars de la Colombie au Mexique et finalement aux États-Unis pour la revente. Mais l'organisation, selon un haut fonctionnaire de la Police nationale de Colombie, qui a parlé à un journaliste colombien, n'a pas été poursuivi entre Août 2002 et Août 2010, au cours des deux mandats d'Uribe..."
Alvaro Uribe, et ses amis de Fort Benning : "il est également apparu que sept officiers de l'armée colombienne, qui ont collaboré avec le cartel del Norte del Valle, étaient soit des élèves ou des instructeurs à Western Hemisphere Institute for Security Cooperation, " anciennement the School of the Americas à Fort Benning, en Géorgie : "Le colonel Alvaro Quijano qui a dirigé une unité de contre-insurrection particulière dans l'Ouest de la Colombie - un bastion du cartel - a donné des cours sur les opérations de maintien de la paix et de maintien en puissance démocratique à l'école de 2003 à 2004 $. Quijano et d'autres soldats ont été arrêtés le 9 août et sont accusés d'avoir aidé à entraîner le bras armé du cartel." Retour à la même case que celle du Mali, avec le déjà célèbre Amadou Haya Sanogo , lui aussi ancien pensionnaire de la School of the Americas... bizarre comment on retrouve d'un continent à l'autre les mêmes individus, les mêmes comportements, les mêmes politiciens corrompus, les mêmes militaires formés au même endroit, les mêmes dealers... et les mêmes banquiers....
14 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON