Humanisme & Transhumanisme
L’humanisme tente de parachever les qualités naturelles de l'Homme pour le rendre digne du nom qu’il porte. Le transhumanisme prône l'usage des sciences et des techniques pour augmenter les capacités physiques des êtres humains et créer des supra-humanoïdes intelligents. Mais l’un n’est pas la continuation de l’autre.
Il peut être postulé sans trop de risques que les lignées pré-humaines se comportaient à peu de choses près comme les singes actuels les plus évolués. L’invention d’outils est probablement aussi vieille que les hominidés. Des pierres utilisées pour casser des noix figurèrent parmi les premières inventions, certains singes le font encore. Les humains tailleront ensuite les pierres pour en faire des pointes de projectiles ; ils ne s’arrêteront pas là : ils inventeront au fil des millénaires la roue, la charrue, le verre, l’imprimerie, la lunette astronomique, la machine à vapeur, l’automobile, la pile électrique, les mitrailleuses, la dynamite, les cellules photoélectriques, les avions, la pénicilline, la radioactivité… L’inventivité des Hommes ne paraissait pas connaître de limite. Très peu de ces découvertes furent faites par un groupe institutionnel, elles émanèrent la plupart du temps d’Hommes assez peu aptes à se mêler au quotidien qui les entourait. La Chimie et la Physique furent les principaux champs qui permirent ces innovations. Même déformé par les innombrables sollicitations de la consommation, l’Homme est peu ou prou resté le même que celui des temps anciens en particulier en ce qui concerne son mode de reproduction.
La reproduction sexuée possède l’avantage considérable d’obtenir des êtres uniques, elle permet d’engendrer des gens quelque peu différents qui ne s’accommodent pas de ce qui existe déjà. La reproduction sexuée implique des différences de comportement considérables (qui peuvent s’amenuiser) entre les mâles portés constamment à accorder leurs faveurs à des femelles censées répondre à leurs souhaits. Celles-ci ne pouvant pas accueillir tous les hommages possibles, une ‘sélection naturelle’ s’impose. Les ‘inventeurs’ sont plus obsédés par leur art que par les autres sollicitations, ce qui ne les place pas au-dessus des autres, mais à côté. Les ‘inventeurs’ échappent ainsi en partie à la sélection dite naturelle. Ils essaient de s’étonner eux-mêmes en faisant de nouvelles molécules, de nouveaux concepts, de nouveaux spectacles… L’humanisme a permis de conserver une teinture morale à des Hommes ensevelis sous les techniques qui tendaient à les rendre complètement rationnels.
D’autres types de reproduction peuvent conduire à des ossatures de société bien différentes..
Le dragon de Komodo présente une reproduction sexuée et asexuée. C’est un monstre qui peut avaler des proies de la taille d'une chèvre. Pendant la saison des amours sexués, les mâles se battent pour la conquête d'un territoire et s’accaparer des femelles. Si les perdants sont tués lors des luttes, ils sont mangés par les plus forts. Le dragon de Komodo peut se reproduire également par parthénogenèse indépendamment donc de toute sexualité. Le gamète femelle non fécondé se multiplie, et engendre un individu ne contenant le patrimoine génétique que de la seule mère. Une femelle peut ainsi vivre seule tout en assurant sa descendance, elle ne donne toutefois la vie qu’à de futurs mâles avec lesquels elle s'accouple.
Les Sciences du vivant permettent d’aller plus loin vers une reproduction asexuée.
La procréation médicalement assistée, qui représente environ une naissance sur trente en France, permet de faciliter la rencontre entre un spermatozoïde et une ovule grâce à des outils techniques. L’intégrité du patrimoine génétique des parents est conservé, cependant les ‘meilleurs’ spermatozoïdes peuvent être sélectionnés en s’aidant d’un microscope à fort grossissement avant l’introduction de celui-ci dans l’ovule.
La modification du génome humain a été décrite en 2018. Deux filles (surnommées Lulu et Nana), dont le père était séropositif au virus du Sida, naissent après qu’une modification génétique permettant de résister à ce virus a été effectuée. Le sperme et les ovocytes du couple-parent ont été tout d’abord prélevés avant de procéder à une fécondation in vitro. La modification du génome des embryons à l'aide du ciseau moléculaire CRISPR-Cas a ensuite été effectuée. Ce ‘ciseau moléculaire’ permet de couper, copier, coller des fragments ADN pour en faire un nouveau doté de nouvelles propriétés. Non seulement, la modification génétique d’un être humain est devenue possible mais il est raisonnable de rêver pouvoir synthétiser des chimères aux propriétés supranormales.
L’information génétique portée par l’ADN est constituée d’environ 25 000 gènes. Un génome humain complètement synthétique est à la portée des laboratoires actuels, il est devenu accessible de modifier radicalement l’espèce humaine. Les possibilités semblent en effet illimitées. Des expérimentations ont accru les capacités intellectuelles de souris en modifiant leur ADN en additionnant des tronçons de chromosomes humains. Les rongeurs modifiés ont des cerveaux plus volumineux et sont plus aptes à réaliser des tâches complexes que leurs parents. Il est possible aussi de délabrer sélectivement un génome en lui ajoutant des segments délétères. Des scientifiques ont engendré des singes dont les gènes avaient été modifiés afin de provoquer des pathologies humaines telles que la schizophrénie. En agissant sur un récepteur permettant de moduler la transcription de certains gènes, d’autres chercheurs ont pu observer une augmentation de la masse musculaire de souris. Les hommes de laboratoire peuvent engendrer à peu près n’importe quel organisme ayant des propriétés ciblées s’ils en ont les moyens financiers. La reproduction en éprouvette pour mettre au jour une multitude d’êtres génétiquement identiques n’est qu’une question de savoir faire, pas de savoir. Elle rendrait caduque toute l’organisation sociale connue depuis l’apparition de l’Homme sur terre : le hasard est éliminé du vivant.
La mort de la mort est l’antienne des tenants du transhumanisme. Les trouvailles de la biologie moléculaire et de la génétique permettent d’entrevoir une forme plus ou moins achevée d’immortalité. Elle s’accompagnera d’une structure sociale basée sur l’optimisation chimique des performances. Les plus puissants auront inévitablement accès aux ‘meilleurs’ laboratoires pour ce faire. La sélection n’aura plus rien de naturelle, les laborantins sauront, selon eux, mieux que la Nature sélectionner les meilleurs et les reproduire.
L’humanisme c’est tout au contraire la reconnaissance de l’éphémère, c’est l’acceptation de la mort, inéluctable, puissant ressort pour faire des œuvres pensées comme immortelles. Les Hommes sont engendrés par hasard et c’est grâce à cela qu’ils n’ont pas à être égaux.
La Chimie, la Biologie, une grande partie des autres Sciences, se font maintenant quasi-exclusivement en Asie, et plus particulièrement en Chine. Les réglementations, les interdits, les limitations sont elles édictées dans les pays occidentaux. Les uns légifèrent, les autres travaillent, innovent, proposent de nouveaux produits. À terme, ce qui est interdit chez les uns sera inévitablement importé plus ou moins légalement chez les autres…
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