Hydrogène énergie du futur
Depuis 2010, sur le complexe pétrochimique de Marghera, situé près de Venise, au bord de la lagune, fonctionne un équipement de production d'énergie verte parmi les plus innovants du moment : une centrale électrique à hydrogène, la première au monde à l'échelle industrielle.
Elle fonctionne avec de l'hydrogène pur comme combustible et est alimentée via un pipeline de quatre kilomètres, reliant la centrale aux industries pétrochimiques avoisinantes, fortes productrices d'hydrogène aujourd'hui inutilisé. Pas moins de 6 000 tonnes d'hydrogène par an sont disponibles à Fusina. La combustion de l'hydrogène a l'avantage d'avoir pour sous-produit de la vapeur d'eau et non du CO2 comme les centrales thermiques traditionnelles.
En collaboration avec General Electric, qui fournit à la turbine et la chambre de combustion, les ingénieurs optimisent le système d'injection d'air, afin de minimiser la formation de monoxyde et de dioxyde d'azote. Le but est d'atteindre le « zéro émission ». General Electric est déjà très engagé dans la gazéification du charbon - dont une des résultantes est une forte production d'hydrogène. Il utilise d’ailleurs la gazéification dans une centrale thermique au charbon, voisine du port de Marghera, afin d'accroître encore les ressources disponibles en hydrogène.
La centrale est dimensionnée pour afficher une puissance de 12 MW. A cette production primaire, s'ajoutent 4 MW issus de l'utilisation de la vapeur d'eau, qui est conduite vers la centrale à charbon, afin d'alimenter partiellement la turbine. Au total, la centrale générée une puissance de 16 MW et produit environ 60 millions de KWh chaque année, ce qui est suffisant pour satisfaire les besoins de 20 000 familles. Cela représente un rendement global flatteur de 43 %, à comparer aux 30 à 45 % de rendement d'une centrale à charbon. Mais surtout, l'installation épargne le rejet dans l'atmosphère de l'équivalent de 17 000 tonnes de CO2
Au final, la réalisation de la première centrale à hydrogène au monde a couté environ 50 millions d'euros.
La production d'hydrogène s'obtient le plus souvent par un procédé d'extraction chimique d'hydrocarbures fossiles (c’est en quelque sorte les rejets des raffineries). Le dihydrogène peut également être extrait de l'eau via la production biologique par des algues, ou par électrolyse. Pour ce principe, une alimentation en énergie électrique renouvelable, comme l'hydroélectricité, l'éolien, ou le solaire photovoltaïque permet théoriquement de produire l'hydrogène sans pollution ou presque. Ce qui a été peu fait car en général, l'électricité consommée reste plus précieuse que le dihydrogène produit. L'électrolyse présente cependant des avantages croissant à mesure que la population humaine et la pollution augmentent, et que des ressources non renouvelables (composés de carbone) se réduisent.
La production d'hydrogène s'obtient aussi par réduction chimique, ou plus intéressant encore par la chaleur. Quand l'énergie est disponible sous forme de très haute température (centrale nucléaire ou moindrement concentration solaire thermique), il est possible de produire de l’hydrogène par électrolyse à haute température (HTE). Contrairement à l'électrolyse à basse température, la HTE convertit plus d'énergie-chaleur initiale en énergie chimique (le dihydrogène), pouvant en augmenter l'efficacité d'environ 50 %. Le procédé HTE est plus souvent évoqué par la Recherche pour la chaleur nucléaire existante, car l'investissement solaire correspond à des coûts d'investissement élevé. La France avec ses fours solaires a une longueur d’avance en recherche et développement sur ce procédé. Il faut cependant mettre un bémol sur l’hydrogène produit dans les réacteurs à très haute température (High Temperature Gas Cooled Reactor, HTGR) qui à cause de la réduction du prix du pétrole est moins compétitif que, le « vaporeformage ». Mais il faut garder à l’esprit qu’un réacteur nucléaire pouvant à la fois produire de l'électricité et de l'hydrogène pourrait aussi mieux moduler sa production. Par exemple, la centrale nucléaire pourrait produire de l'électricité le jour et de l'hydrogène la nuit, pour mieux s'adapter aux variations quotidienne de la demande.
La découverte et le développement de méthodes moins coûteuses de production d'hydrogène en masse permettrait d'accélérer la mise en place d'une « économie hydrogène ».
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