Il n’existe pas de société humaine sans prostitution
Il n'existe aucune société humaine sans musique, sans danse, sans prostitution, sans drogue. Prétendre contraindre l'être humains en ces domaines est illusoire. C'est de la morale mal placée, là où il faudrait pourtant une vraie réflexion.
La candeur de Najat Vallaud-Belkacem (NVB), égérie de la croisade contre la prostitution est désarmante.
Pour ceux qui, comme moi, sont nés au XXième siècle, il y a dans sa proposition un air de morale qui fait du bien, qui chasse ce qui est "sale", qui délivre enfin les victimes des "Misérables" de Hugo, qui supprime "ce qui dérange", qui sauve la femme, et punit enfin l'homme pour ses "abjections". Au sens moral, occidental, je dirais musulo-judeo-chrétien, tout cela est vrai. Mais qu'en est-il du réel, qui ne tient nul compte de la morale ?
La première des observation à faire est qu'il n'existe aucune société humaine sans prostitution. C'est un fait. Comme il n'existe d'ailleurs aucune société humaine sans musique, sans danse, sans art de la cuisine ou encore sans éducation des enfants (j'arrête ici la liste). Par suite il serait aussi simple de se "débarrasser" de la prostitution en France qu'il serait facile de se débarrasser de la musique. L'homo sapiens est ainsi construit que pour survivre il lui faut forcément la musique et la prostitution (entre autres), comme l'araignée pour survivre doit pouvoir construire une toile. D'ailleurs, comme le rappelle très justement E. Badinter dans Le Monde (ici) des actes aussi structurants et fondamentaux que le mariage, sont pesés à l'aune de la richesse du conjoint. Un "mariage de raison" n'est-il pas déjà le début de la prostitution ?
Les talibans tentent d'interdire la musique. On voit le mal qu'ils en retirent pour leur cause. Les américains ont essayé d'interdire l'alcool, on voit ce qu'ils en ont obtenu. L'alcool est une drogue, et on ne connaît aucune culture humaine sans drogue, pour allonger la liste. Je ne vois donc mal comment NVB pourrait s'en sortir. Son approche me parait illusoire.
Certes, les dérives de la prostitution doivent être pourchassées et punies. Il faut sanctionner les proxénètes et les réseaux de commercialisation des êtres humains. Là est le devoir de l'Etat, donc de la ministre. Prohiber les droits d'être humains à avoir une relation sexuelle ne doit pas relever de l'Etat. En revanche ce dernier, par l'entremise de NVB, pourrait proposer un véritable statut social aux prostitués. Je mets ici ce terme au masculin car il n'y a pas que la femme qui se prostitue, autre oubli de NVB. L'Etat leur réclame déjà l'impôt, le reste des droits et devoirs sociaux devraient en découler. Ce serait d'ailleurs une garantie contre les proxénètes : toute prostituée non déclarée ne pourrait exercer. Le tri serait vite fait. D'ailleurs, le proxénète, voilà quelque chose qui n'est pas comme la musique ou la prostitution, nombre de cultures n'en ont pas. On peut donc s'en passer. Telle devrait-être plutôt votre cible, Madame la Ministre.
Je suis père de deux filles que j'ai élevé seul, en gros de leurs 5 ans à leurs quasi-majorités. Je remercie donc toutes les prostituées de la région pour avoir aidé à désactiver ceux qui auraient pu s'en prendre à mes filles, car insatisfaits. Si la loi NVB est appliquée, je plains les pères qui seront dans cette situation à l'avenir. Il est bien évident que les pervers n'auront plus aucune possibilité d'être désactivés. Le taux d'agressions sexuelles va forcément bondir. Et tout cela uniquement parce que NVB n'osant pas s'attaquer aux proxénètes, préfère culpabiliser l'être humain pour ses comportements naturels. Il n'y a dans sa démarche rien de féministe, rien d'humaniste, seulement du totalitarisme moral allant à l'encontre des plus profondes conventions humaines.
La prohibition des nécessité humaines ne rapportera rien que crimes et douleurs, comme d'habitude. Protéger (donner des droits et devoirs) les prostitués devrait être le seul souci d'un gouvernement en la matière, et encore plus s'il prétend être de gauche. Osons enfin regarder les choses en face, sans filtre moral. Restez loin des abattoirs, des éboueurs, ou de la prostitution si vous préférez, mais ces activités sont nécessaires à l'humain, au delà de la morale, et depuis plus de 100 000 ans. Et il n'y a pas de sot métier, que vous vous pinciez le nez ou non.
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