Il n’y a pas de défaite, il n’y a qu’une non-victoire
Les militants socialistes ont, sans conteste, battu villes et campagnes pour faire passer le message de la candidate du Parti socialiste. Au lendemain de la primaire, ils n’ont eu aucune hésitation, ils se sont tous rangés derrière Ségolène Royal et ont porté son message sur les marchés, dans la rue, dans les cafés ou dans les meetings organisés par le parti. Or, depuis le 6 mai, des voix se font entendre pour venir accabler ces militants.
Ces hommes et femmes qui n’ont jamais sourcillé pour tracter et coller les affiches qu’on leur imposait sont dénoncés aujourd’hui comme étant les principaux responsables de la défaite de cette présidentielle. Ces gens de gauche, qui ont eu la mauvaise idée de ne pas soutenir la candidate lors des débats pour l’investiture, sont traînés dans la boue parce que certains ne sont pas capables, ou plus probablement ne veulent pas, reconnaître leurs torts et leurs erreurs.
Comment se fait-il que l’éloignement des quelques figures du Parti socialiste, voulu par la candidate et son équipe, soit jugé, à présent, comme un croche-pied fait à Ségolène Royal par ces bannis. Ces éléments, considérés comme ringards, ont accepté dès le début le résultat du vote interne. Ils n’ont jamais sourcillé lorsque les défauts de préparation se sont fait ressentir. Ils n’ont jamais empiété sur le programme ou sur la tenue de la campagne. Mais jamais, pour préserver cette image d’un renouvellement de figures et de méthode, ils n’ont été appelés et ils l’ont accepté.
Pas une réunion n’a été organisée par l’équipe pour les faire rentrer dans cette lutte, pour accepter qu’ils y exposent leurs idées. Bien des groupes de travail ont été virtuellement créés pour faire taire la presse, mais jamais ils ne se sont réunis. Jamais ils n’ont été autorisés à s’exposer.
“La gauche d’abord !”. C’est l’objectif de remporter la victoire qui prévalu le comportement de ceux qu’on nomme injustement les éléphants. Ils se sont rangés comme tous les militants. Ils ont écouté comme tous les socialistes les discours généralement mal préparés et sans cesse en contradiction. Eux aussi avaient un désir d’avenir pour la gauche. Mais jamais, pendant ces six derniers mois, ils n’y ont cru. Aucun militant n’y a jamais cru. Aucun sympathisant n’y a cru.
Cette défaite, car c’est une défaite sévère qui a été infligée au Parti socialiste, est avant toute chose la conséquence d’un projet fade, d’une mission menée dans un but imprécis. Dans ce sens, c’est la conséquence des choix de tous les responsables du Parti socialiste depuis dix ans. Mais c’est également la défaite d’une meneuse, car celle qui prenait en novembre la responsabilité d’une victoire ne peut pas se préserver de l’imputabilité d’une défaite. Mais en aucun cas ça ne peut être la défaite des militants et cela, quels qu’aient été leurs choix en novembre 2006.
Ce n’est pas en choisissant aujourd’hui ses mots avec soin, ce n’est pas en minimisant sa responsabilité dans le résultat du 6 mai que la gauche va se sortir grandie et plus forte. Ce n’est pas en blâmant certains tout en fuyant sa propre autocritique qu’en 2012 le projet socialiste sera plus fort et plus à même d’être accepté par les Français.
C’est aux socialistes, aux militants et aux sympathisants qu’il convient d’indiquer qu’il n’existe qu’un chemin vers la victoire, celui qui passe par une rénovation de fond, une rénovation qui met de côté les représentations et les ambitions personnelles pour envisager un vrai travail sur le contenu et sur l’essence même du Parti socialiste. Le projet et les prochaines victoires naîtront de l’énergie, d’une volonté de changement et non pas d’une vulgaire OPA de quelques-uns sur un parti à reconstruire.
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