Il y a...
Mes élèves utilisent sans arrêt l'expression : "il y a " et je fais donc la guerre à cette pénurie de vocabulaire et d'expressivité, à ce mépris de la langue, à ce refus de rechercher des mots adaptés : l'expression revient invariablement sous leur stylo...et à leur esprit et ce, aussi bien à l'écrit qu'à l'oral.
Pour combattre cette pauvreté dans le vocabulaire, je m'acharne à leur donner des synonymes, des équivalents pour une même phrase : il faut à tout prix éviter "il y a "...et surtout en éviter la répétition 5 ou 6 fois dans une même page...
Mais le combat n'est pas gagné car l'expression revient inlassablement, une sorte d'habitude, de réflexe auquel les élèves ont des difficultés à échapper...Le réflexe ! C'est bien là le problème ! Souvent, il a remplacé la réflexion, la recherche attentive d'un vocabulaire choisi et approprié.
Souvent, il s'impose dans nos sociétés où les images nous envahissent, défilent à toute allure, où la lecture n'est plus à la mode.
Comment s'étonner, dès lors, de la pauvreté, de l'indigence même du vocabulaire chez de nombreux élèves ? Il suffit de voir les élèves travailler en classe lors d' un devoir : certains ignorent l'usage du brouillon qui permet, justement, de corriger les fautes, d'affiner la pensée, de la structurer...
Certains ne maîtrisant pas le vocabulaire sont voués au néologisme ou plutôt au barbarisme : "noircitude, inconfortatabilité", j'en passe et des meilleures...Si le langage s'appauvrit, la pensée risque de s'appauvrir aussi, le langage permettant d'exprimer les idées, de les partager...
Je sais que mon combat sera long et difficile : dès le début de l'année, j'ai voulu montrer aux élèves l'importance de la lecture, du mot juste, de l'expression bien adaptée.
Mais je rencontre encore bien des résistances face à la lecture, j'ai bien des difficultés à concurrencer le portable, les médias...Lire une centaine de pages relève de l'exploit de la part de certains élèves, si bien que l'expression en pâtit et l'absence d'expressivité perdure...
L'expression "il y a " répétée n'est qu'un exemple, ce qu'il faut surtout redouter, c'est la phrase bancale, mal construite, incompréhensible... Et là, le travail est plus ardu, la lutte plus que jamais indispensable et difficile.
Quand s'ajoute à la misère du vocabulaire, celle de la syntaxe et de la grammaire, il faut mettre les bouchées doubles, il faut, sans cesse, veiller à donner des conseils, engager la lutte contre le réflexe, montrer tout l'intérêt d'une page bien écrite, avec des mots choisis.
Il faut souligner le plaisir de l'écriture, le bonheur de se faire comprendre, de communiquer ses idées, ses sentiments...Heureusement, la littérature offre de nombreux exemples de pages bien écrites, outils précieux que l'on peut analyser en détails...
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/article-il-y-a-115442042.html
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