Il y a 60 ans, Fernand Iveton
Le 11 février 1957, il y a 60 ans jour pour jour, un homme était guillotiné : Fernand Iveton.
Né le 12 juin 1926 au Clos-Salembier (Alger) ce français d’Algérie, anti-colonialiste est le seul Européen guillotiné de la Guerre d’Algérie.
Ouvrier tourneur, Fernand Iveton est délégué syndical CGT à l’usine de gaz du Hamma à Alger et membre des Combattants de la libération, l’organisation militaire du Parti communiste algérien (PCA), un parti interdit. Il avait rejoint le FLN en 1956.
Le 14 novembre 1956 à 14 h il dépose une bombe à l’intérieur de son casier de vestiaire de l’usine à gaz du Hamma où il travaille. L’objectif était un sabotage purement matériel et Iveton a exprimé à deux reprises lors de son procès son souci de ne tuer personne. Il avait demandé que la bombe soit réglée pour exploser longtemps après le départ des ouvriers, en fonction de quoi l’heure prévue de la détonation était 19 h 30.
Repéré par un contre-maître de l’usine, Iveton est arrêté à 16 h 20. La bombe est désamorcée par les militaires. Pas de dégâts, pas de victimes.
Du mercredi 14 novembre au samedi 17 novembre 1956 Fernand Iveton est torturé au Commissariat central d’Alger. Le 24 novembre 1956 il est condamné à mort par le Tribunal militaire d’Alger à l’issue d’une journée d’audience.
Son recours en grâce a été refusé le 10 février 1957 par le président de la République, René Coty, avec l’accord du garde des Sceaux de l’époque, ce triste et sinistre individu qu'était François Mitterrand, ancien collaborateur et décoré de la francisque par Philippe Pétain, et du Président du conseil, le socialiste Guy Mollet, tristement célèbre pour d’autres faits de répression.
Fernand Iveton est guillotiné le 11 février 1957, dans la cour de la prison de Barberousse, à Alger par le bourreau d’Alger, Maurice Meyssonnier. Avec lui, deux autres terroristes militants du FLN, Mohamed Lakhnèche et Mohamed Ouennouri, subissent le même sort.
Il est le seul Européen parmi les 198 prisonniers politiques guillotinés de la Guerre d’Algérie.
Me Albert Smadja, son avocat commis d’office, témoin de la décapitation, rapporte qu’avant de mourir Fernand Iveton déclara : « La vie d’un homme, la mienne, compte peu. Ce qui compte, c’est l’Algérie, son avenir. Et l’Algérie sera libre demain. Je suis persuadé que l’amitié entre Français et Algériens se ressoudera. »
Le 13 février 1957, deux jours après l’exécution, Me Smadja, son avocat, est lui-même arrêté et interné sans jugement au camp de Lodi(aujourd’hui Drâa Esmar) avec 130 Européens, dont quatorze avocats ayant défendu des membres du FLN. Il y restera deux ans.
Fernand Iveton est enterré auprès de sa mère au cimetière européen de Bologhine (anciennement Saint-Eugène) en Algérie. Sa veuve Hélène décédée en mai 1998, a emporté avec elle les lettres et les photos de Fernand dans sa tombe à Annet-sur-Marne auprès de son fils Jean-Claude, que Fernand avait adopté.
Une rue porte son nom à El Madania (anciennement le Clos-Salembier) sur les hauteurs d’Alger où il est né et où il a vécu.
Reposez en paix, Monsieur Fernand, vous vous êtes battu pour libérer votre pays de naissance, comme toute personne respectueuse du doit du sol et du droit à l’autodétermination ... Respect !
PS : texte inspiré du site „nadorculture”
23 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON