Imagine-t-on le général De Gaulle mis en examen ?
Imagine-t-on le général De Gaulle mis en examen ?
Poser la question, c’est y répondre !
Bien qu’il faille tout de même rappeler que le Général fut déchu de sa nationalité et condamné à mort par contumace pour haute trahison par ce qui faisait à l’époque office de légalité sur le territoire national, le régime de Vichy ( verdict du tribunal militaire de Clermont-Ferrand le 2 août 1940 ).
Ce préambule relativise un peu la portée du questionnement de François Fillon.
Néanmoins par cette forme percutante de laconisme oratoire Fillon attendait non seulement de ses partisans des applaudissements d’adhésion mais il envoyait aussi à l’opinion un message qui ne pouvait manquer de susciter l’adhésion du plus grand nombre « Bon Dieu mais c’est bien sûr » !
Comparaison n’est certes pas raison et la mise en examen ne préjuge en rien de la culpabilité bien que dans le cas de la personne visée l’accumulation des procédures qui lui collent ou ont collé aux basques eût plutôt tendance à enraciner l’intime conviction des dénigreurs.
La séquence est de bonne guerre ( bien qu’on pût aussi la voir sous l’angle de la petitesse ) car elle concerne un spécialiste des coups tordus, dissimulateur par nature, traître par appétit des honneurs, un caméléon de la politique qui adapte son discours à son auditoire, ce qui témoigne de tout ce que l’on veut mais surtout de la grande élasticité de ses convictions : xénophobe avec les xénophobes, contre la loi Taubira avec les intégristes catholiques, contre l’Europe avec les eurosceptiques en France et fanatiquement pro-européen à Bruxelles ou Berlin…
Bref un esprit faux que fuit le bon sens, qui se grise de son cabotinage et qui a disposé de cinq longues années pour appliquer les belles théories dont il prétend être le dépositaire.
Sa seule constante ( outre l’obéissance aveugle à l’oligarchie mondialisée mais il est là en bonne et nombreuse compagnie) aura été de dilapider l’héritage du Général De Gaulle avec un atlantisme servile qu’il n’aura jamais caché et qu’il aura finalement réussi à mener à bien avec la réintégration de la France au commandement intégré de l’Otan.
Cependant au-delà de l’effet oratoire toujours bienvenu sur les estrades, le parallèle établi par Fillon me paraît à la réflexion saugrenu, un peu comme de comparer un vermisseau à un aigle.
C’est en tout cas faire beaucoup d’honneur au petit.
De Gaulle a outrepassé les règles de la discipline militaire mais ses motivations étaient nobles et témoignaient d’une grande élévation de pensée dans son rapport mystique avec la terre de ses aïeux violée par l’envahisseur nazi et l’histoire lui a donné raison.
Celui que visait la perfidie fillonesque n’est mu que par l’ambition personnelle et une haute opinion de soi que rien ne justifie dans son profil de vil intrigant, coléreux ostentatoire, grossier, cupide et plat et le peuple lui a donné tort en 2012.
Telle malheureusement est l’époque qui voit les valeurs morales avilies à l’aune de la petitesse des personnages qui prétendent les incarner.
Et voilà aussi pourquoi comme l’a dit La Fontaine « souvent la perfidie retourne sur son auteur « , et soude autour de Sarkozy des fidèles accoutumés aux scandales, qui n’ont plus qu’un rapport très éloigné avec l’éthique et qui voient de l’astuce là où il y a outrageante transgression de la légalité ( un fatras d’arguties juridiques comme dit le président déchu avec un cynisme qui chez tout autre que lui serait rafraîchissant).
Aussi bien les déguisements sont légion dont s’affublent fort à propos mais aussi souvent hors de propos un grand nombre de ces personnalités qui ambitionnent le droit de diriger la nation qui n’est plus vu comme un devoir de servir mais comme un privilège de se servir.
A ce petit jeu ils ont chacun à leur manière l’instinct de la démagogie, le sens des mouvements de l’opinion et surtout les moyens de les alimenter car le problème le plus facile à dénoncer n’est-il pas encore celui que l’on a contribué à créer ?
Et l’internationale ploutocrate ne se prive pas d’exploiter leurs talents de bateleurs.
De Gaulle s’est au moins trompé sur un point : en fondant la Ve république, il croyait mettre la France à l’abri des jeux partisans en apportant la stabilité aux institutions, il a surtout favorisé l’immobilisme et les jeux du cirque et il l’a précipitée dans la surenchère boutiquière…
Le grand enjeu des présidentielles consiste aujourd’hui à remplacer le personnel mais sans toucher à des institutions qui sont à bout de souffle sinon hélas à bout de course.
Si l’on fait abstraction de Mélenchon ( quelqu’un qui a le trait juste propre à réveiller la fibre populaire et est dès lors très logiquement mis sous l’éteignoir médiatique ) qui ne pourrait accéder au pouvoir que par la conjonction miraculeuse d’un sursaut populaire allié à des événements tellement insolites dans le cadre actuel qu’ils en deviennent improbables, tous les autres candidats quels qu’ils soient seront discriminés sur l’échelle invisible des valeurs à reculons en quelque sorte du meilleur choix vers le moins pire.
Ce fut déjà le cas en 2012 avec Ramollo victorieux par rejet technique de Zinzin, il est à craindre ( ou à espérer c’est selon ) que 2017 ne fera pas exception à une règle qui tend à devenir générale.
On assiste en fait à une américanisation de la société – donc à une dépolitisation croissante – où les supporteurs de tel ou tel sont mus par le même instinct grégaire que l’on retrouve autour des terrains de foot ou dans d’autres manifestations de chauvinisme exacerbé.
Les superstructures sont américanisées ( mondialisées comme on dit ) dans tous les domaines pour le meilleur et le pire, il n’ y en a aucune, pas même la culture ( je ne parle pas uniquement de l’industrie du divertissement ) qui échappe au rouleau compresseur : il suffit de se promener en rue pour constater que l’exception culturelle n’échappe pas à la marchandisation.
Qu’importe dans ce contexte que ce que dit le candidat est vide de sens si cela caresse dans le sens du poil la multitude mise en condition ;
qu’importe ce que le postulant a fait ou raté dans une vie antérieure !
La primaire de Droite (dès lors que c’est très vraisemblablement dans cette arène que va se recruter celui qui est appelé à devenir le futur président de la république ) propose un bel exemple de la pétrification de la classe politique.
Les Français sont las mais continuent de leur repasser les plats avec une belle inconséquence.
On voit en pole position un ancien président remercié sans gloire et sans remords par le peuple de France, deux anciens premiers ministres, un énarque repenti portant beau et présentant bien mais plus saute-ruisseau que démiurge, un fourbe de tragi-comédie, la candidate féminine alibi ( on a échappé à la harengère déguisée en mère courage )…
Bienvenue donc à une de « ces larves crépusculaires qui hantent les ruines « ( Victor Hugo )
24 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON