Immigration : les points d’incompréhension
Certains affirment que les étrangers profitent des subventions, et d’autres qu’ils prennent notre travail. Beaucoup croient donc qu’il est facile pour eux de prétendre à l’un ou à l’autre au même titre qu’un Français, ce qui est faux. Tout d’abord il faut savoir que pour trouver un travail en France, il est impossible de ne pas posséder un titre de séjour valide, autorisant son titulaire à travailler ; ce titre étant un calvaire à obtenir, le mariage étant pratiquement le seul moyen sûr d’y parvenir (nous reviendrons plus tard sur le problème du mariage blanc). Autrement, le travail au noir peut aider, si on excepte les droits au logement, aux crédits et autres sésames offerts par un travail légal (sans compter la sécu et la retraite).
Les subventions accordées par l’Etat comme le RMI et la CAF ne le sont également qu’après l’obtention d’un titre de séjour pour la CAF, de cinq ans pour le RMI. Pour les autres, seule la triche peut marcher, mais j’ai du mal à croire à un chiffre conséquent.
On sait aujourd’hui que plus de huit millions de personnes vivent avec moins de 800 euros par mois, ce qui est concrètement difficile ; et il n’y a pas huit millions d’étrangers.
Le RMI vaut moins que 800 euros, et ne peut en aucun cas être considéré comme projet de vie. Les bénéficiaires de cette aide ne le sont que faute de trouver un emploi, ou bien à vouloir délibérément vivre misérablement.
Il va y avoir des élections d’ici peu, et le problème de l’immigration est plus sensible que jamais, et se résume à une question : peut-on accueillir tous ceux qui voudraient venir ?
N’est plus envisagée la question du racisme, malgré qu’elle soit primordiale en matière d’intégration et de ce qu’on nomme l’identité nationale. Nous essaierons de répondre à la première question tout d’abord, bien que selon moi les deux questions n’en sont en réalité qu’une seule.
A priori le bon sens voudrait qu’on y réponde « non », de la même manière qu’on ne pourrait faire face à une recrudescence de naissances multipliées par dix... Il n’y a pas la place pour des arrivées massives d’êtres humains, il n’y a rien de sorcier là-dedans.
Cependant, il est illusoire de penser que les étrangers veulent venir en France, ou dans un autre pays, par choix délibéré. Il y a peu de Marocains aux Etats-Unis parce qu’ils en sont loin, et il y a peu de Mexicains en France pour les mêmes raisons. Un Mexicain en France est un touriste, aux Etats-Unis c’est un immigré. Les étrangers quittent leur pays non par goût mais par nécessité. Ils vont dans un pays plus riche et au plus près, uniquement pour vivre mieux, ou vivre tout court, ce qui ne me semble pas condamnable. Notre pays se targue d’être le pays des droits de l’Homme, et s’en vante effrontément à l’extérieur. Sa devise est censée refléter son identité, et son système social est envié par beaucoup. Les étrangers quittant leur pays, faute de pouvoir venir en France, tenteraient inévitablement leur chance ailleurs. Et si par hasard toute l’Europe leur fermait les portes, c’est la mort qui les attendrait, à plus ou moins court terme. Les populations dites riches, qui prétendent d’une part reconnaître la responsabilité quant à la pauvreté créée dans les pays émigrés (colonisation, guerres, dépendance financière et énergétique), nient d’autre part être responsables de l’accroissement de leur misère. Le paradoxe le plus flagrant consiste dans la volonté affichée de voir ces pays se développer, tout en refusant concrètement d’accueillir ceux pour qui le besoin est tel qu’ils doivent quitter leur propre pays. D’autant qu’il faut considérer que la plupart des humanistes, se déclarant en faveur d’un règlement du problème dans le pays d’origine, sont les mêmes que ceux qui refusent de « payer des impôts pour engraisser des fainéants profiteurs ». Tout en continuant inconsciemment, par leur comportement économique, à appauvrir encore les déjà pauvres.
Mais tout cela est sans doute trop compliqué, et peut-être que prendre le problème à l’envers permettrait d’y voir plus clair.
Admettons que la France refuse les étrangers. Reste le problème de l’Europe, car certains pays comme la Lettonie et la Pologne en font partie, bien que leurs membres soient considérés comme des étrangers lorsqu’ils émigrent dans des pays comme la France ou l’Angleterre.
Mais prenons l’exemple des Africains. Interdits d’entrer en Europe, que se passe-t-il pour eux ? Soit ils meurent chez eux (de faim ou par la violence), soit ils acceptent leur sort et cherchent à travailler chez eux. Les lois du marché sont ainsi faites que les salaires baisseront là-bas, car plus il y a de demandeurs, plus les employeurs sont en mesure d’imposer leurs conditions. La suite logique est l’accroissement du phénomène des délocalisations qui effraie tant nos bons Européens. Car s’il y avait moins d’étrangers en France, les employeurs français se verraient obligés d’augmenter les salaires, et leurs charges déjà lourdes deviendraient rapidement étouffantes. On s’apercevrait bientôt que le nombre des bénéficiaires des subventions comme le RMI ou autres allocations n’aurait pas baissé tant que ça, et rapidement nous assisterions à des délocalisations massives. Le surplus de consommation qu’impliquerait la présence des étrangers chez eux leur permettrait d’embaucher, et à terme ce sont les Français qui s’expatrieraient pour trouver du travail ailleurs. Nous deviendrions alors les étrangers dont on ne veut pas.
Il faut être conscient que les étrangers vivant en France et n’étant pas en règle avec leurs papiers sont contraints, de ce fait, de faire fonctionner un système parallèle que l’on nomme marché noir. Ils ne payent pas d’impôts ni de charges, mais n’ont pas droit non plus ni à la sécurité sociale, ni à la retraite, ni aux congés, ni aux assedics, ni au RMI, ni à la CAF. Malgré cela ils consomment en France, payent un loyer et travaillent, souvent dans des conditions difficiles. On voudrait les renvoyer chez eux parce qu’ils coûteraient cher à la société, alors qu’en réalité ils ne coûtent rien, et travaillent pour moins cher, souvent dans des métiers si rudes que les « bons Français » n’en veulent pas. On veut nous faire croire qu’ils prennent le travail de ces Français alors que personne ne veut les employer. Et puis quelle entreprise peut employer au noir, sans passer par tout l’administratif nécessaire préalablement à l’embauche ?
On nous rabat les oreilles avec la violence dans les banlieues, qui seraient le fruit de quoi d’ailleurs ? de la méchanceté naturelle à une race ? Qu’est-ce à dire ? Ne serait-il pas plus crédible tout simplement de dire que ces personnes s’ennuient dans une misère due à un chômage chronique ? Le problème des banlieues n’est pas un problème de race mais un problème social. Les blancs, comme les noirs et les arabes vivants dans ces cités sont soumis à cette violence car faute de travail, les parents se sont désocialisés et ont fini par démissionner de leur rôle parental. Les enfants vendent de la drogue, se battent et volent car ils n’ont pas d’argent, se sentent rejetés et humiliés.
Que reproche-t-on aux étrangers ? D’être étrangers tout bêtement, et cela est du racisme. Au départ c’est un racisme social, car un noir en costume-cravate est un bon noir, et un arabe habitant le seizième à Paris est un bon arabe. Mais comme il y a plus de noirs et d’arabes en banlieue qu’ailleurs et qu’il y a plus de violence là-bas que dans le seizième, c’est donc que les étrangers sont responsables de cette violence. Le fait qu’il arrive à une famille de vivre à douze dans un studio n’est pas considéré comme une honte pour l’Etat français, mais comme si cet état de fait résultait d’un choix délibéré de vivre les uns sur les autres. Le fait que des arabes égorgent le mouton dans des conditions douteuses au milieu du salon est considéré comme une barbarie volontaire de ces familles. Et le communautarisme ? Les étrangers se regroupent tous ensemble et ne veulent pas s’intégrer, on l’entend dire souvent. Mais croyez-vous franchement que si l’on proposait à la famille nombreuse un 200 m2 dans le marais, ils dormiraient tous quand même dans le salon ? Et que si les arabes avaient un jardin, ou une pièce où égorger dans de bonnes conditions leur mouton, ils s’embêteraient à le faire dans leur salon ? Et pourquoi tous les étrangers sont en banlieue ? Parce que ça coûte moins cher évidemment, pas pour vivre à deux heures de leur travail ! Les Français ont l’habitude de croire, à force de voir à la télé des étrangers agglutinés les uns sur les autres dans leur pays, que c’est un choix de vie culturellement ancré en eux. Ils n’ont pas compris que s’ils sont les uns sur les autres, c’est par nécessité. Et c’est sans doute pour cette raison qu’ils fuient leur pays, pour trouver mieux ailleurs.
Nous critiquons également leurs dirigeants qui sont corrompus et méchants avec leur peuple. Mais qui leur vend leurs armes ? De qui reçoivent ils leurs dessous de table quand, au lieu de la petite entreprise locale, on vend le contrat à la française ? Où ont été formés la plupart des dictateurs de ces pays ?
Au sujet du mariage blanc, j’ai du mal à croire qu’une personne puisse réellement passer cinq ans de sa vie avec une personne qu’elle n’aime pas. Il est déjà difficile de rester cinq ans avec quelqu’un qu’on aime ! Quand deux Français divorcent après deux ans de mariage, on dit qu’ils se sont mariés trop jeunes. Si un étranger et un Français divorcent après deux ans, on dit que c’était un mariage blanc.
Il est cependant certain qu’un mariage trop jeune peut se produire entre un étranger et un Français, car deux personnes de nationalités différentes qui se rencontrent dans un pays ne peuvent pas légalement prendre le temps de se connaître assez avant de se marier. Quand ils décident de faire un bout de chemin ensemble, il faut se décider avant l’expiration du visa d’un des deux. La solution étant soit d’avoir les moyens de voyager sans cesse d’un pays à l’autre, soit le mariage, seul véritable sésame à l’obtention d’un titre provisoire d’un an renouvelable cinq ans avant de prétendre à la nationalisation.
Puisque nous ne pouvons malheureusement pas accueillir tout le monde, et que nous ne pouvons pas n’accueillir personne, qui devons-nous accueillir ? Il me tarde de connaître les critères qui seront définis, et comment nos dirigeants pourront éviter la question du racisme sans évoquer celle de l’argent.
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