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Accueil du site > Tribune Libre > Information, Réalité fondamentale de l’Univers… (...)

Information, Réalité fondamentale de l’Univers… ?

L’information fait partie de notre quotidien, elle en est même l’élément central. Rien n’est possible sans la récolte, le traitement et la transmission d’information, quels qu’en soient les moyens. Et pourtant aucune des grandes théories de la physique, mécanique quantique ou relativité, ne définissent la notion d’information – ni même ne proposent de manière de la mesurer. En outre l’information a une caractéristique particulière qui est la contrafactualité : un message est sans information si un message alternatif n’est pas possible. On doit toujours pouvoir poser la question "Et si… "

L’information est habituellement considérée comme une abstraction, dont la transposition dans le monde réel reste approximative. Pourtant il existe de nombreux indices indiquant que l’information est en elle-même un quantifié physique fondamentale, obéissant à des lois précises. Au 19ème siècle Ludwig Boltzmann développait la physique statistique, qui permet par exemple d’interpréter les notions de chaleur et d’entropie comme l’ensemble des distributions possibles d’atomes composant un niveau d’énergie donné, Dans les années 1970, Jacob Bekenstein et Stephen Hawking découvraient une correspondance entre l’entropie d’un trou noir et sa surface, d’où l’idée que l’information doit correspondre à une quantité exacte.

La préservation de l’information est un postulat fondamental de la physique quantique, lié à la notion de fonction d’onde – une définition statistique de la matière réversible dans le temps – et qui impose que l’information soit toujours conservée sans quoi la réversibilité devient impossible. Et comme je le présentais dans ce récent article "De la réalité de la fonction d’onde", il semblerait (le conditionnel reste de rigueur) que cette fonction d’onde ne soit pas une modélisation simplificatrice d’une réalité sous-jacente, mais bien la réalité elle-même – validant de ce fait la nécessaire conservation de l’information. Ce qui ne va pas sans créer d’autres problèmes, j’en ai proposé une illustration dans cet article « L’Univers et le paradoxe des trous noirs » que je vous invite à parcourir si le sujet vous intéresse !

Dans le domaine computationnel on se réfère à l’information de la même manière que les lois de la thermodynamique se réfèrent à l’énergie, sans définir le support physique sous-jacent. Mais ces lois computationnelles sont liées aux lois de la physique : elles sont par exemple différentes entre le modèle de l’ordinateur classique et l’ordinateur quantique. Et donc, si les lois computationnelles sont des lois physiques, il doit en être de même pour les lois de l’information. Mais qu’elles peuvent être ces lois ? Comment rendre physique ce qui n’est a priori qu’une abstraction ?

Pour les physiciens David Deutch et Chiara Marletto, on y arrive en démontrant que toutes les lois de la physique peuvent s’exprimer sous la forme de catégorisation de tâches – de transformations physiques – selon qu’elles sont possible ou non, et pourquoi. Autrement dit, tout phénomène physique repose sur des lois qui ne sont, fondamentalement, « que » des listes de conditions, aussi appelé « constructeur ». Un phénomène est possible dès lors qu’il existe un « constructeur », quelque chose qui peut causer le phénomène et en garder la mémoire pour une exécution ultérieure. C’est ce que l’on nomme la théorie Constructeur ou Constructor Theory.

Dans cette théorie, les déclarations contrafactuelles sont les éléments fondamentaux du réel et leurs usages, tel la copie, sont exprimés sous forme de tâches. Donc dans ce modèle les propriétés associées à l’information apparaissent sous la forme de lois physiques. Et les constructeurs sont des éléments du réel, comme le dit par exemple cet article de InternetActu « Vers une physique de l’information » : « Un constructeur est un dispositif capable, si on lui donne un input A, de produire un résultat B, et surtout, une fois cette transformation effectuée, de recommencer la même tâche. Une machine à vapeur est un tel constructeur, mais on en trouve aussi dans la nature, comme les ribosomes au cœur de la cellule, ou plus généralement, les catalyseurs dans le domaine de la chimie. Il existe plusieurs sortes de constructeurs. Certains sont capables de changer la nature de leur travail en fonction d’instructions fournies par l’extérieur : ce sont des constructeurs programmables. C’est le cas par exemple des ribosomes. D’autres constructeurs ont la capacité de copier les caractéristiques du système d’entrée : ce sont des médias d’information. ».

Une implication fondamentale de cette vision du monde est que la notion de connaissance peut s’exprimer de manière objective, en tant qu’information à même d’agir sous la forme d’un constructeur. Comme, par exemple, un système d’automate contrôlant une usine. Il est, dans la vision traditionnelle de la chose, impossible de décrire dans ce cas la notion de connaissance : on ne peut décrire que ce qui se passe et ce qui ne se passe pas dans l’usine. Du point de vue de la théorie du constructeur, il faut raisonner en termes de ce qui est possible. Et pour toute tâche possible, l’explication de pourquoi elle est possible est une description de comment la connaissance pourrait être créée et appliquée à la création d’un constructeur pour cette tâche.

boi_cover_largeAu-delà de la prise de tête qu’implique le déchiffrement d’une telle théorie, son aspect le plus fondamental d’un point de vue philosophique est le déplacement de « l’être conscient » depuis la périphérie de la physique, où il n’est qu’un observateur de ce qui se passe avec ou sans lui, au centre de la réalité : la détermination de ce qui est possible passe par la connaissance et donc une forme d’intelligence. Et selon David Deutsch lui-même, dans son ouvrage « The beginning of Infinity » :

L’histoire de la manière dont se produit une transformation est celle de la connaissance qui pourrait être générée et appliquée pour la provoquer. Une partie de cette histoire, dans la plupart des cas, est celle de la façon dont les gens (les êtres intelligents) créent cette connaissance et de la raison pour laquelle ils choisissent d’appliquer celle-ci d’une certaine manière, tout en rejetant ou modifiant d’autres approches (donc la connaissance morale est déterminante). Par conséquent, du point de vue de la théorie du constructeur, la physique devient presque entièrement la théorie des effets que la connaissance (…) peut exercer sur le monde physique, via les gens. "

Cette position très anthropocentrique invite d’autres questions, que j’essaierai de présenter dans un prochain billet : la capacité de connaissance est-elle nécessairement une propriété émergente de la conscience ? Et concernant la conscience elle-même, est-elle une propriété émergente de la complexité, ou une caractéristique intrinsèque à toutes choses de l’Univers ? A un extrême, les constructeurs seraient définis par des « êtres » complexes, conscients et intelligents et donc il faudrait se poser la question de l’origine du premier constructeur ayant permis l’avènement de ces « êtres ». A l’autre extrême, les constructeurs pourraient survenir n’importe où et n’importe quand dans le champ universel de la conscience, et du point de vue de la Nature les termes « conscience » et « information » seraient peut-être de parfaits synonymes.

 

Sources :

http://www.newscientist.com/article/mg22229700.200-reconstructing-physics-the-universe-is-information.html?full=true#.VOW5G_mG-iA

http://www.internetactu.net/2014/06/13/vers-une-physique-de-linformation/

http://monindependancefinanciere.com/lenciclopedie/seccion-l/la-theorie-de-constructeur.php


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12 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue JL 19 février 2015 20:43

    Les auteurs sont nominés aux Oscar des théories créationnistes et Intelligent Design ?


    • lsga lsga 20 février 2015 17:05

      et oui, on a bien affaire à une théorie réactionnaire, qui pu l’hégélianisme à plein nez, un truc idéologique, un truc d’extrême droite, un truc de nazi. 

       
      Les théories métaphysiques ont toujours quelque chose de politique. 
      Or, la théorie de David Deutch n’est pas une théorie physique susceptible d’être soumise à l’expérimentation, mais une théorie purement métaphysique, qui décrit et interprète d’une certaine manière la physique quantique, qui l’exprime d’une manière anthropomorphique, et qui ensuite cherche à se faire passer pour une théorie physique. 
       
      De la charlatanerie pure et dure. Les pigeons étant les physiciens qui ne comprennent rien à la théorie de la calculabilité, et à la différence entre langage et méta-langage. 

    • Le p’tit Charles 20 février 2015 07:59

      Et pourtant aucune des grandes théories de la physique, mécanique quantique ou relativité, ne définissent la notion d’information...Parce que fondée sur des hypothèses uniquement il me semble...(dans l’absolu)...La connaissance c’est un concept variable selon les individus..et ne pas oublier que nous ne pouvons voir que ce qui à disparu depuis des milliards d’années...En fait nous ne voyons rien.. !


      • Hervé Hum Hervé Hum 20 février 2015 11:21

        Cher auteur, comme je l’écris à qui veut l’entendre, mais y a personne pour l’instant, la conscience se définit comme « le sens de l’action en conséquence de la connaissance ».

        Si vous décryptez correctement cette définition, vous aurez toutes les réponses à vos question posés dans votre article !

        Dans cette définition, la connaissance doit se comprendre comme « la mémoire de la chose observée », tandis que l’intelligence se comprend comme « la capacité d’action en conséquence de la connaissance ».

        Enfin, vous noterez que cette définition décrit une relation de causalité entre le sens de l’action et la connaissance. Mais vous aurez peut être aussi noté que le sens de l’action contient le choix entre deux sens opposés ou bien une position neutre complexifiant considérablement la relation de causalité.

        Mais tout ceci n’est que la présentation, reste maintenant à développer et si vous le faites correctement, vous y trouverez toutes les réponses à vos questions et au delà !

        En appliquant cette définition à notre conscience humaine, on note qu’il y a un décalage entre la connaissance et la conscience, voulu pour certains, subit par d’autres et refusé par tous les autres.
        Ainsi, notre capacité d’action ou intelligence est d’un niveau supérieur au sens que nous attachons à cette action et qui se traduit par l’apparence d’une perte de sens alors qu’il s’agit d’un déni de prise de conscience, afin d’éviter l’élévation de la conscience. En d’autres termes, cela signifie simplement que notre capacité d’action a évolué en conséquence de la connaissance, mais pas la conscience, car le sens de notre action est resté figé à un niveau inférieur de connaissance. Un déni de conscience dû à ses conséquences propres quand à notre organisation sociale, politique économique, mais aussi quand à notre conscience de l’Univers dans lequel on vit avec en toile de fond, la question de l’existence de Dieu.


        • Vincent Verschoore Vincent Verschoore 20 février 2015 11:30

          @Hervé Hum
          Je ne pense pas partager votre définition de la conscience. A mon avis la conscience est intrinsèque et permet l’acquisition de connaissance, mais elle n’a pas de fléchage moral. Je ne vois absolument pas à quoi pourrait correspondre un « déni de conscience » par exemple - dans son appréciation physique, même si je peux le comprendre dans son sens moralisateur mais ce sens-là n’est pas du tout l’objet de mon interrogation. 


        • Hervé Hum Hervé Hum 20 février 2015 13:59

          @Vincent Verschoore

          La définition que je donne ici de la conscience est une relation physique et non pas morale, cette dernière en découle, mais n’est pas initiatrice de la conscience. Je donne un exemple qui effectivement sous entend la morale, mais ne fait pas appel à elle directement. Je parle de sens en relation avec la connaissance acquise par l’humain et de ses conséquences physique, non d’une connaissance basé sur la révélation , croyance d’un Dieu créateur.

          En fait, vous avez lu trop vite la définition et mon commentaire, car si elle dit très explicitement que c’est la connaissance qui permet l’acquisition de la conscience, la difficulté d’entendement est que la réciproque est aussi vrai. En fait, sans cette réciprocité, aucune connaissance ni conscience n’est possible. Bref, il y a symétrie dynamique entre conscience et connaissance (mémoire de la chose observé). Reste à définir les conditions d’existence de cette symétrie et dans quelles conditions elle est rompu ou brisé.

          Je vous invite donc à réfléchir un peu plus sur la définition que je donne, car elle donne par déduction la réponse, à condition de pouvoir suivre son processus !


        • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 20 février 2015 16:46

          J’ai bien défini ce qu’est « L’INFORMATION » en 2001 dans la « RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET ÉPISTÉMOLOGISTE », les revues scientifiques et les journaux n’avaient pas publié mais personne ne peut donner une meilleure définition de ce qu’est « L’INFORMATION » ni maintenant ni dans un milliard d’années.


          • lsga lsga 20 février 2015 16:51

            Aucune référence à la définition d’information par Shanon et Weaver ? Elle est pourtant très claire, et très bien formalisée. N’importe qui prétendant parler d’information devrait commencer par là.

             
            Tout le paragraphe sur le computationnel est complètement faux. Peu importe le support physique, une machine de Turing reste une machine de Turing ; une machine de turing quantique est est une machine de turing, et une machine de Turing Quantique est un peu moins universelle qu’une machine de Turing (de la même manière que le concept de « triangle rectangle isocèle » a une extension moins forte que le concept de « triangle rectangle » ). L’absence de maîtrise des théories de la calculabilité chez les physiciens est inquiétante, quand on voir les conneries que raconte Hawking sur l’intelligence artificielle, c’est affligeant....
             
            Pour rappel, rien n’empêche de faire l’équivalent d’un Intel QuadCore avec des portes ouvertes/fermées basées sur de l’eau qui coule... Ce serait certes une machine gigantesque et très lente... 
             
            Donc, répétons le : tout calcul est une fonction récursive primitive (une formule lambda), y compris les calculs quantiques. Utiliser les propriétés quantiques de la matière pour effectuer les calculs quantiques plus rapidement ne fait pas des ordinateurs quantique autre chose que de simples machines de turing. CONTRAIREMENT À CE QUE RACONTE DAVID DEUTSH, UN ORDINATEUR QUANTIQUE NE PERMET PAS DE CONSTRUIRE DES ALGORITHME INEXISTANT DANS L’ORDINATEUR CLASSIQUE. CELA A ÉTÉ DÉMONTRÉ. Au contraire, il en fait moins (il n’est pas complet)
             
            Tout le délire de David Deutsh est entièrement fondé sur cette erreur, qui revient à croire que le mathématique dépends du physique, bref, à mélanger les mots et les choses. 
             
            D’un point de vue mathématique, rapidement, de très très loin : ses « constructeurs » ressemblent plus à un élément de métalangage servant à décrire ce qui se passe au niveau quantique, plutôt que des énoncés appartenant à proprement parler à la théorie quantique. D’ailleurs, il commence sa thèse en parlant bien d’une « méta-théorie » et non pas d’un énoncé de physique quantique : « La théorie des constructeurs vise à exprimer les théories scientifiques blablabla.... » : c’est une méta-théorie, du métalangage. Bref, pour le dire très clairement : la théorie de Deutsh n’est pas une théorie physique, mais une théorie méta-physique exprimée de manière formelle. 
             
             
            MIEUX : TOUS LES DÉLIRES RATIONNELS SUR LES DÉMONSTRATIONS DE L’EXISTENCE DE DIEU REPOSE SUR CETTE ERREUR. 
             
            Un bon exemple, c’est la démonstration de l’existence de Dieu par Gödel, qui singe celle de Descartes et de Leibniz, et qui permet de bien mettre en avant qu’il y a confusion entre langage et méta-langage, entre QUANTIFICATEUR EXISTENTIEL et PROPRIÉTÉ. Le fait de traiter l’Existence comme propriété d’un objet au lieu de quantificateur est la base de toutes les tentatives de démonstration de l’existence de Dieu.
             
            Ici, les « créateurs » sont clairement un entité de métalangage, qui devient magiquement un énoncé de langage, pire, un énoncé de la théorie qu’il est censé décrire, et qui au bout du bout, nous parle de l’existence de Dieu.
             
            Bref, quand les physiciens prétendent parler de la nature du calcul, ils s’emmêlent les pédales, et sortes des théories totalement délirantes cachées derrières des formalismes complexes qui cachent des erreurs grossières. 
             
            Franchement ? Vous croyez vraiment que votre ampoule brille car les êtres humains croient dans les lois de l’électricité ? Quelle arrogance... 
             


            • lsga lsga 20 février 2015 17:29

              Ce qui est rigolo, Vincent, c’est que vous même, comme David Deutsch, commencez par expliquer que cette théorie est une méta-théorie, de méta-langage, et donc n’est pas une théorie physique. Ce n’est pas une théorie nous parlant de la réalité physique, mais une théorie nous parlant des théories physiques : 

               
              « toutes les lois de la physique peuvent s’exprimer sous la forme de catégorisation de tâches »
               
              Puis, comme David Deutsch, d’un coup, vous faites croire que les créateurs, au lieu d’être des énoncés portant sur les énoncés de physique quantique, sont directement des énoncés nous parlant de la réalité physique. 
               
              Une erreur à la fois grossière et banale.
               
              Tous les énoncés de la théorie X décrivent la réalité
              Les énoncés de la théorie X peuvent être décrit comme des suites de mots
              Donc toutes les suites de mots décrivent la réalité
               
              Syllogisme, quand tu nous tiens...

              • Vincent Verschoore Vincent Verschoore 21 février 2015 18:56

                @lsga
                Mais du coup vous considérez, je suppose, que la mécanique quantique est également une méta-théorie ?


              • lsga lsga 26 février 2015 15:51

                @Vincent Verschoore
                non du tout. La physique quantique parle de la réalité physique. Les « atomes » (au sens mathématique) de ces énoncés sont des objets de la réalité. Les « atomes » des énoncés de la théorie de deutsh sont des énoncés de physique quantique. 


              • JC_Lavau JC_Lavau 23 février 2015 22:36

                Cet article, ainsi que l’ouvrage externe qui l’a inspiré, est une cascade de gourandes graves, et il n’y a rien de sauvable là dedans.
                Franchement, il est bon à mettre au cabinet.

                Relire quand même William Ross Ashby : http://pespmc1.vub.ac.be/ASHBBOOK.html
                Son théorème de la variété requise a sonné le glas du fantasme panoptique, ce qui a quelque importance pour les physiciens.

                Il est réédité en ligne :
                http://pespmc1.vub.ac.be/books/IntroCyb.pdf

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