Ingrid Betancourt, parmi les plus dignes
Le déferlement médiatique pour la libération d’Ingrid Betancourt a été et est hallucinant. C’est à se poser des questions sur la valeur humaine. Cette surmédiatisation est choquant à beaucoup plus d’un titre. Elle m’a passablement écoeuré. Juste un comparatif. On a appris dans le même temps, l’assassinat après torture de deux jeunes Français à Londres, torturés et tués à coups de couteau. Ils avaient un peu plus de 20 ans. Permettez d’avoir une pensée pour eux et leur famille, et leurs amis, une pensée qui vaut celle pour la libération d’Ingrid Betancourt. Si une vie n’a pas de prix quand elle est prise isolément, elle en a dans le comparatif et dans le nombre. Pour les média une vie peut valoir un million de fois plus que d’autres, elles aussi volées, volées à des êtres de chair et de sang, volées à des êtres qui eux aussi ont des familes, des proches.
Le premier jour de la libération d’Ingrid Betancourt, on a eu le droit à une cérénade du genre : tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Notamment pas de vagues politiques jusqu’à ce que Ségolène Royal du lointain de la belle province en décide autrement. Il serait bon de rappeler quelques faits que d’autres ont relevés. En effet il y avait deux voies : celle de la négociation et celle de la force, de l’intervention. De ces deux voies il y avait des défenseurs virulents jetant l’anathème les uns sur les autres. Ce que l’on peut constater c’est que la négociation a abouti à la libération du terroriste des Farc, déclaré espèce de ministre de leurs affaires étrangères et numéro haut placé. Ce terroriste, dont la libération a été appuyée à l’époque pour la France n’a abouti qu’à sa fuite à Cuba. L’autre voie on en connaît le résultat. Tout débat poussé est bien inutile car personne ne peut dire autre chose que ce qui a eu lieu et personne ne peut prétendre savoir ce qu’aurait donné l’autre voie si celle de la force avait échoué et si le temps avait ét plus long.
Dans cette situation il est évident que le gouvernement d’Uribe, vraisemblament aidé par la CIA a permis la libération de 12 otages, dont Ingrid Betancourt. Il est utile de revenir sur certains points :
- Ingrid Betancourt n’était pas la seule otage libérée. Et parmi les autres otages huit ont vécu le double calvaire : 12 ans. Double calvaire et peut-être plus de risques car ils étaient militaires ;
- Ingrid Betancourt de ce fait n’est pas plus une héroïne que les autres otages. Elle n’a pas eu plus de courage, pas plus de ténacité que ceux qui ont tenu le double de temps ;
- Ingrid Betancout n’est française que de mariage et non pour être née sur notre sol, où y avoir eu des parents français ;
- Ce n’est pas Uribe qui a annoncé la libération des otages mais le ministère qui a réussi cette opération. Ce point est majeur car à l’inverse de notre Guide qui annonce tout et surtout ce pour quoi il n’est pas celui qui a réussi, pour ramener à lui les lauriers qu’il ne mérite pas. Opération médiatique qui aurait réussi puisque 56 % des Français pesent que Sazrkozy a eu un rôle important dans cette libération. Ainsi Uribe, lui, a-t-il laissé à ceux qui le méritaient en premier la joie et la fierté d’annoncer cette libération ;
- Nicolas Sarkozy n’a pas été tenu au courant de cette opération, il n’a même pas été averti de la libération d’Ingrid Betancourt, mais les enfants en premier. Ce n’est donc pas par son canal que cette information est arrivée ;
- les Américains n’ont pas fait le foin que l’on a fait en France alors qu’ils avaient trois otages. Ils n’ont pas envoyé l’Air Force One pour récupérer les otages. Or trois otages, ce sont trois vies, trois héros aussi si on considère qu’Ingrid Betancourt est une héroïne, ce sont trois familles et de nombreux amis qui ont attendu et espéré dans l’angoisse de chaque jour et pas moins que la famille Betancourt ;
- la famille Betancourt a à longueur de temps, longueur d’interviewes, agoni le gouvernement Uribe d’injures, l’ont traité d’assassin, notament son mari et sa soeur lors de la mort du numéro deux des Farc disant que ce geste était la fin programmée d’Ingrid Betancourt. On a vu le résultat ;
- la conférence de presse des enfants Betancourt le soir à l’Elysée est ahurisssante. Sarkozy n’est en rien responsable de cette libération. Faire une conférence de presse derrière un pupitre avec le drapeau français et le drapeau européen est particulièrement déplacé et choquant. Si la famille devait s’exprimer cela devait se faire soit chez elle, soit à la limite devant la photo de leur mère à la mairie de Paris, soit avec le comité de libération mais en aucun cas de façon officielle à l’Elysée. C’est complètement disproportionné et malsain ;
- lors de cette conférence de presse, le fils Betancourt n’aura aucun mot ni pour Uribe, ni pour le gouvernement colombien, juste pour Sarkozy. Il oublie que ce sont des hommes, des militaires qui au péril de leur vie sont allés chercher sa mère ;
- les journalistes ont complètement occulté les autres otages. Les journalistes se sont intéressés à Sarkozy, à l’aspect politique, et également à l’aspect épique genre anecdote ou film à grand spectacle. Les militaires n’ont que très peu reçu les félicitations ô combien immenses qu’ils méritaient sous conditions que les dernières révélations de la remise d’une rançon de 20 millions de dollars ne soient pas vraies et sans oublier les services secrets israéliens qui auraient formé les services colombiens ;
- on nous fait croire que ce n’est que par la pression de la France que la Colombie aurait tenté cette libération. C’est faire une injure absolue à ce pays. C’est en plus croire que seule cette otage comptait pour eux. Or un détail a échapé à la sagacité du monde mediatico-politique. Ce déail c’est que les otages ont été rassemblés de trois camps différents. Cela a une grande signification : Betancourt, pour eux était un otage parmi d’autres. Réunir les prisonniers de trois camps était peut-être un risque encore plus grand. Un argument, si pour le gouvernement colombien seule Ingrid Betancourt était l’otage symbolique s’il en fut, est qu’ils auraient pu utiliser la ruse qui était pour les trois camps, pour le seul d’Ingrid Betancourt, car en tant qu’otage symbolique, le remplaçant du chef des Farc aurait voulu la voir elle. Argument plus facile à faire avaler dans ce contexte d’otage primordial que de douze otages ;
- Sarkozy envoie l’airbus de la République alors qu’un vol régulier n’aurait en rien retardé la venue de Betancourt en France. Sarkozy est allé recevoir aujourd’hui Ingrid Betancourt comme un chef d’Etat - ce qu’elle n’est pas, et même si ce que je dis fait hurler beaucoup, je trouve cela scandaleux. Il prend la parole en premier, se faltte, rappelle en gonflnat le torse les soignants bulgares, fait son cirque. L’exploitation est à son comble. On mélange tout. Emotion et joie légitimes de la libération avec sa mise en scène, - et il faudrait un coeur de pierre et être d’une absolue médiocrité pour ne pas sentir les larmes venir aux yeux à la joie et la libération que peut représenter cette liberté recouvrée - cette débauche indécente de moyens pour Ingrid Betancourt, sans aucune mesure ;
- la couverture audio de France info est tout simplement ahurissante. Une journée spéciale pour ne rien dire. Tous les quarts d’heure le pasage en boucle des paroles d’Ingrid Betancourt, des réjouissances diverses. Je me demande même si cette façon de faire n’est pas encore plus importante que pour le Tsunami. C’est à proprement parler honteux car cela survalorise une vie de façon stratosphérique en regard d’autres vies. Et d’autres vies qui ont été soumises au mêmes conditions et même pires que celles qu’a subies Ingrid Betancourt. Je parle ici des militaires enlevés six ans avant elle. Tous les autres otages ont disparu. Et on veut faire d’elle le prix Nobel de la paix.
- alors que la France devait faire de l’Europe une démonstration de présence et d’efficacité, l’affaire Betancourt efface, là aussi pour quelques jours, tout. Sarkozy l’européen n’existe plus en tant qu’européen, mais en tant que bateleur de retour d’otage. Non seulement il s’en prend au commissaire du commerce européen et par naissance anglais, mais en plus au lieu de s’occuper d’Europe alors que cette présidence était annoncée comme un événement sans pareil, notre Guide à nous s’en va claironner en province la création d’un nouvel EPR - comme si cela devait être fait ce jour précis, comme sii le pétrole qui va manquer ne datait que d’aujourd’hui et c’est si pressé que l’on ne sait ni ou ni comment on va le faire - et en profite, aors qu’il est maintenant ce chef européen dont il se flattait qu’il serait si fameux, pour se moquer des allemands qui ont mis des verts dans leur gouvernement. Et il garde toute une demi-journée pour faire le cabot qui reçoit Ingrid Betancourt.
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