Intelligence artificielle : réalités ou fantasmes ?
Il ne se passe pas une journée sans que nos politiques via les médias ne nous assènent des discours sur l’IA (Intelligence Artificielle) tandis qu’ autour de ces discours planent de nombreux mystères et fantasmes. Nombreux sont ceux qui prédisent, dans un futur très proche, une omniprésence de l’IA à tous les niveaux plaçant l’homme dans une posture de spectateur impuissant. Cependant la réalité est toute autre car il existe une grande confusion à propos des technologies de l’IA. Si nous prenons pour exemple les « Chatbots » actuellement très en vogue, ces derniers sont associés pleinement à l’IA. Cela est vrai mais les technologies employées dans ce cas sont de type IA faible. Ainsi faut-il savoir qu’il existe deux types d’IA : l'IA faible et l'IA forte.
Plusieurs questions nous viennent alors à l’esprit : Comment l'intelligence devient-elle un phénomène incontournable ? Comment le terme d'Intelligence artificielle a-t-il subi une importante transformation sémantique ? Et surtout à quel stade l'intelligence artificielle est-elle rendue dans son processus de développement ?
Comment vraiment définir l'intelligence artificielle ?
Qu'est-ce que l'IA ? Le terme « intelligence artificielle » a été introduit en 1955 par deux jeunes gens de 28 ans, John McCarthy et Marvin Minsky, lors de la rédaction d’un projet d’école d’été qu’ils soumirent à la Fondation Rockefeller. L'intelligence artificielle est un ensemble de théories et d'algorithmes ayant pour but de simuler les capacités cognitives humaines. Au-delà de ces capacités cognitives, le second objectif est que l'IA soit capable de passer de la perception à la décision. En somme, le point le plus fondamental est la notion de simulation. Par cette idée, une machine est non seulement capable d’exercer un choix ou de répondre à tous les sujets, mais elle peut également réaliser une opération de manière autonome. Cependant, ne nous y trompons pas, même si les algorithmes apprenants peuvent être très performants, ils ne sont pas équivalents à la nature de l’intelligence cérébrale qui, elle, est multidimensionnelle.
Tous les vrais experts de l’IA admettent que celle-ci se répartit entre IA faible et une IA forte. La première repose sur une analyse statistique et une corrélation et la seconde n’est encore qu’à l’état de pure science-fiction considérant qu’une machine possèderait les mêmes capacités cognitives que l'homme.
Existe-t-il une technologie composée d’intelligence artificielle ?
Ainsi que nous l’avons précisé auparavant il existe deux niveaux d’IA, le premier étant l’IA faible. Ce dernier à l'inverse de l’homme ne possède ni conscience, ni émotions. Ses fonctions consistent seulement à reconnaître des formes telles que des visages et divers objets à l’aide de technologies d’intelligence artificielle, y compris l’apprentissage en profondeur.
Toutefois, si cette technique se révèle impressionnante celle-ci n'est pas aussi fiable que l’on pourrait le penser. Prenons pour exemple une photo de chat, on pourra savoir qu’il s’agit d’un chat, et cette technique de reconnaissance pourra analyser les pupilles de l'animal. Cependant, si nous prenons une photo du même animal et que nous remplaçons ses yeux par ceux d'un chien, la reconnaissance ne se fera pas. A l’inverse, l'homme reconnaîtra le tout et ne s'attachera pas à ce point de détail technique. Cela tient au fait que ces programmes fonctionnent très différemment du cerveau humain car, il est bon de le rappeler, un neurone artificiel n’a rien de commun avec un neurone humain. L'IA faible que nous trouvons dans de nombreuses nouvelles technologies telles que les chatbots ou les objets connectés n’échappent pas à ce constat. La machine ne fait qu’un simple lien entre une suite de pixels et une chaine de caractères. Cette forme d'intelligence artificielle dite faible, n’est en mesure d’utiliser qu’un nombre très limité des capacités cognitives de l’homme.
En ce qui concerne l'IA forte, il faut reconnaître que nous sommes aujourd'hui dans un monde de pure science-fiction. L'imaginaire collectif autour de l'intelligence artificielle en est l'archétype principal. On se croit parfois revenu dans l’univers des frères Wachowski avec leur film Matrix. Les réalisateurs ont ainsi voulu nous montrer, dans une libre interprétation de l’Allégorie de la caverne de Platon, ceux qui vivent dans le programme informatique sensible de la matrice et qui n’ont jamais vu le monde réel et ceux qui ont été “déconnectés” de la matrice et qui vivent dans le monde réel.
Aujourd’hui, aucun objet ou technologie n'est capable de ressentir des émotions ou de prendre des décisions seul. L’ambiguïté du terme intelligence artificielle provient du fait qu’elle désigne une discipline scientifique fondée sur les neurosciences et les mathématiques ayant pour but de simuler des facultés cognitives humaines à l’aide d’algorithmes. Certains y voient une nouvelle forme d’intelligence équivalente à l’intelligence humaine capable d’être consciente d’elle-même. Cette idée est souvent partagée par le commun des mortels. Selon de récentes statistiques, 25% des personnes sauraient ce qu'est l'intelligence artificielle et suivant les spécialistes de l'IA, seulement 1 à 2% des personnes connaîtraient vraiment son fonctionnement.
En résumé, il y a l'intelligence artificielle, mais pas celle que le grand public connaît. Il existe une IA faible, composée de scripts, de programmes et d’œuvres humaines. Cette IA faible est déjà utilisée dans certains objets comme les voitures autonomes, Internet, les objets connectés ...
A quel niveau se situe réellement le processus de développement de l'intelligence artificielle ?
Où en sommes-nous avec l'intelligence artificielle pure et dure ? Aujourd'hui, même si de puissants développeurs peuvent apporter plus d'informations aux machines, nous risquons aussi de passer rapidement de l'intelligence artificielle à la stupidité artificielle. Une machine n'est en aucune manière capable d'apprendre et de distinguer les parties d’un tout et la question des lois éthiques est soulevée. Les capacités cognitives des machines sont trop faibles et nous ne sommes pas près de voir des machines aussi intelligentes que l'homme.
Le constat actuel est que la recherche en intelligence artificielle n'est pas en mesure d'atteindre un tel niveau. En outre, la communauté scientifique reconnaît qu'elle ne comprend pas le fonctionnement de certaines technologies telles que l'apprentissage en profondeur. En effet, son parcours de pensées n’est pas encore décrypté malgré des résultats assez fiables.
Actuellement, nous ne pouvons mettre en place que certaines techniques avec simulation de quelques capacités cognitives. L'IA forte est encore loin du niveau où l'on pourra prétendre que l'ordinateur « comprend » à proprement parler. Yoshua Bengio, chercheur canadien spécialiste en intelligence artificielle, et pionnier de l'apprentissage profond, souligne que percevoir et créer des concepts, ce n'est pas vraiment comprendre, et il affirme qu'il manque encore quelque chose de fondamental pour franchir ce pas. Ce quelque chose de fondamental ne serait-il pas la conscience ? Ou bien encore un secret inaccessible au plus profond du cerveau humain dont nous sommes très loin de connaître l’intégralité de son fonctionnement malgré les considérables recherches entreprises dans le cadre des neurosciences depuis quelques années ?
De ce fait, aujourd'hui, l'IA, telle que décrite dans la science-fiction ou comme beaucoup le pensent, reste un mythe. Ce mythe et ses nombreux fantasmes sont mis en avant par n’importe quels premiers venus « branchés » déclarant haut et fort qu’ils produisent et exploitent de l’IA. Ces derniers entretiennent aujourd'hui la confusion entre IA faible et forte, appuyant ainsi les discours répandus par les promoteurs du transhumanisme tel que Raymond C. Kurzweil, dont le rêve serait de déléguer l’intelligence humaine à des machines tout en profitant d’un contexte favorable de déficit de l’intelligence humaine comme le démontrent les travaux publiés lundi 11 juin 2018 dans la revue américaine PNAS qui témoigne d’une baisse du quotient intellectuel chez les générations nées après 1975. Les auteurs ont estimé que l'explication la plus plausible était un environnement culturel moins favorable pour les jeunes générations. En conséquence, agissons en sorte que cet environnement culturel s’améliore au fil du temps afin que nos cerveaux pourvus de cent milliards de neurones puissent conserver leur pleine intégrité et faire sortir de la caverne ceux qui refusent les choses telles qu’elles nous sont imposées.
40 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON