Je mens donc je suis
Le mensonge est le propre de l’Homme. Il exagère, atténue, omet ou transgresse la vérité.
En politique, il a toujours été un outil de communication pour rassurer, mobiliser, manipuler ou provoquer, se démarquer pour exister.
Le mensonge en politique est la pelle à farine du boulanger, conçue pour manipuler facilement sans garantir la qualité de l’ingrédient.
Mais aujourd’hui, certains politiques manient à nouveau le mensonge avec un aplomb particulièrement remarquable, voire maladif.
Ce qui semble relativement récent c’est d’abord la prolifération dans le discours politique du mensonge que le Professeur LACAN appelle « psychotique ». Le mensonge est ici une composante du délire de son auteur qui tient à son mensonge comme à quelque chose qui est lui-même.
Trahir son mensonge c’est renier sa personne. Le menteur devient mythomane car il finit par croire ce qu’il dit, renforçant ainsi sa force de persuasion et sa fantasmagorie en faisant parler les fantômes en public ; il s’agit souvent du « peuple » qu’il imagine.
Ce qui était une vérité inébranlable et établie peut donner lieu à doutes et à réflexion.
Ce qui caractérise ensuite certains discours politiques contemporains c’est la transformation du mensonge psychotique en doctrine et/ou en idéologie de conquête du pouvoir ou de maintien aux affaires, parfois même avec le concours de la force.
L’assaut du Capitole des États-Unis, en janvier 2021, pour le moins attisé par le Président battu, en est un exemple significatif.
La pseudo lutte contre le nazisme menée par le Président russe en est un autre. Poutine a réussi à ancrer l’idée d’une Ukraine nazie chez les Russes, comme il l’avait fait pour justifier l’annexion de la Crimée.
Ça ne manque pas d’aplomb lorsqu’on connaît les massacres « oradouriens » commis par des militaires russes en territoire ukrainien et les déportations de populations des oblast de l’Est de l’Ukraine vers la Russie.
En France, des élus L.F.I cultivent ces mensonges provocateurs afin de créer le chaos, dans les rues, dans les universités.
Comment peut-on en effet qualifier de « conférence » le rassemblement à l’Université de Lille, prévu par Jean-Luc MÉLENCHON et Rima HASSAN en faveur de la Palestine ! Le leader historique du mouvement et une candidate de la liste L.F.I aux élections européennes présentant, pendant la campagne, une affiche illustrant la disparition de l’État d’Israël. Une nouvelle réunion publique est d’ailleurs prévue par ces politiques à Vénissieux ; nouvelle occasion d’importer le conflit israélo-palestinien dans les banlieues.
L’idéologie du mensonge et du chaos est à l’œuvre. Ce qui reste le plus inadmissible dans cet épisode « cheguevariste » c’est qu’une université ait pu, dans un premier temps, donner son accord à la tenue d’un meeting politique dans ses locaux.
Le rassemblement n’était en effet ni culturel, ni scientifique comme l’a d’ailleurs crié le coordinateur du mouvement, Manuel BOMPARD : « En pleine campagne électorale, la décision d’annuler un événement public auquel doivent participer des membres de l’opposition politique est un précédent extrêmement grave pour notre démocratie ».
Évidemment dans une logique d’idéologie du mensonge, l’opposant est lui-même qualifié de menteur ; Jean-Luc MELENCHON, concernant les attaques sur ses propos, a déclaré à ROUBAIX le 17 avril 2024 : « Ils savent qu’ils mentent ».
Là encore, l’outrance et le mensonge son promus au rang de programme électoral ; les opposants de L.F.I sont des « cafards », l’interdiction de réunion est « un abus de pouvoir de république bananière » et le Président de l’université est comparé au criminel de guerre nazi Adolf Eichmann ; « banalité du mal » d’Hannah Arendt ou banalité du mensonge psychotique ?
L’extrême droite n’est pas en reste quand Eric ZEMMOUR soutient que le Maréchal Pétain a « sauvé » des juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Cette négation de la vérité historique montre l’art de retourner la charge de la preuve lorsque le président de Reconquête met au défi les historiens de lui apporter « un véritable démenti ».
Deux plus deux n’ont jamais fait quatre, sauf à en apporter la preuve contraire !
Que dire du mensonge de Marion MARECHAL, relayé par les réseaux sociaux et dénonçant l’installation d’un « camp de migrants au Château de Thiverval-Grignon ».
Le Rassemblement National, face, c’est vrai, aux carences de l’État depuis cinquante ans dans ses missions régaliennes, transforme ses slogans alarmistes et provocateurs en programme de gouvernement. Emmanuel MACRON est « l’effaceur de la France ».
Monsieur BARDELLA promet, une fois au pouvoir, de « tout changer ». « Ramener au plus bas l’immigration et l’insécurité ». N’est-ce pas le pseudo-programme de Madame MELONI, au pouvoir en Italie depuis deux ans ?
« Tout changer » comme Donald TRUMP qui entend régler la guerre en Ukraine en 24 heures.
Un mouvement des Gilets Jaunes ? Les élus RN se précipitent sur les ronds-points et sont favorables à une hausse du pouvoir d’achat.
La grogne des agriculteurs ? Les élus RN soutiennent l’agriculture mais en s’opposant à l’Europe qui finance la Politique Agricole Commune, premier poste de dépenses de l’UE, la France étant le premier pays bénéficiaire avec 9,5 milliards d’euros en 2022.
Du 26 avril au 10 mai 2024, le porte-avions Charles-de-Gaulle, ainsi que l’ensemble de son escorte, dont un sous-marin nucléaire d’attaque, passent sous contrôle opérationnel de l’OTAN.
Cet exercice prend tout son sens depuis le retour de la menace russe en Europe. « Tristesse, Vassalisation affichée » a commenté M. MELENCHON.
« Soumission historique sous MACRON de la France à l’O.T.A.N et donc aux Américains » a renchérit M. PHILIPPOT, ancien Vice-Président du Front National et fondateur du parti Les Patriotes. Pas un mot sur les dirigeants russes menaçant l’Europe.
Ces personnes se sont bien gardées de saluer la prise de commandement d’un contre-amiral français, le 5 avril 2024, pour une durée de trois mois, du groupe maritime permanent de l’O.T.A.N n°2.
Le mensonge est érigé en idéologie, il devient une fin en soi au service des « catch all party » de Otto KIRCHHEIMER.
Ces partis extrémistes clivants sont des partis « attrape tout » qui exacerbent les peurs et suscitent ainsi la violence et la haine, brisant le sentiment national qu’ils se targuent de défendre.
Ce qui caractérisent enfin ces mensonges c’est leur immense facilité de propagation et de nuisance ; pour trois raisons essentielles.
D’abord, GOEBBELS, le ministre de la propagande nazie aurait dit : « un mensonge répété dix mille fois devient vérité ».
Avec les réseaux sociaux, une seule fois suffit et la caisse de résonance fait son œuvre. Ensuite, parce que le terrain, ou le « terreau » est propice. Internet peut être utilisé par des non-initiés et/ou des victimes de l’affaiblissement du niveau scolaire.
Tout cela dans une mondialisation économique et des flux migratoires qui transpercent les Etats-Nations.
Comme ses voisins, la France ressemble à une maison des courants d’air, un petit pré-carré dépourvu de clôtures dans un vaste champ mondial dominé par des vents d’un Sud affamé et meurtri par les tyrannies.
Les pertes d’identité et de repère des citoyens favorisent alors la peur et le sentiment d’abandon. Ce contexte tempétueux fait néanmoins et peu à peu sortir les démocraties occidentales de leur léthargie cinquantenaire.
Enfin, dans notre pays, les trois fonctions régaliennes de l’État, Police, Justice et Armée, ont été trop longtemps mises en sommeil d’une part au profit de dépenses sociales légitimes mais souvent redondantes et mal gérées et d’autre part pour ne pas froisser un électorat soixante huitard selon lequel « Il est interdit d’interdire » ; « La morale à l’école c’est petit-bourgeois » et « Je ne veux pas perdre ma vie à la gagner », actualisé par le « Droit à la paresse » de Madame ROUSSEAU.
Ces vieux révolutionnaires continuent pourtant de combattre un Président de la République et un gouvernement qui ont su faire face à une crise des Gilets Jaunes, une crise sanitaire sans précédent et une crise de pouvoir d’achat essentiellement due à une guerre sur notre continent, inimaginable il y a encore trois ans. Le nombre de policiers a été considérablement augmenté, une réforme d’ampleur de la Justice est mise en œuvre avec des moyens budgétaires jamais atteints et le budget des armées est passé de 32,5 milliards d’euros en 2017 à 43,9 milliards d’euros en 2023.
On ne règle pas en sept ans cinquante années de sommeil profond et réanimer la France coûte très cher au budget de l’État.
Mais finalement, des dépenses sociales incontrôlées, des dépenses sécuritaires négligées, des citoyens perdus, devenant la clientèle privilégiée de populistes, de nationalistes toujours plus mensongers et provocateurs pour exister, cela devrait nous rappeler une histoire tragique des années 30…
Heureusement, pour la plupart des spécialistes, l’Histoire ne se répète pas !
Est-ce une raison pour bon nombre de nos concitoyens de se plaindre d’aise dans une démocratie sociale encore en paix ?
La nature a horreur du vide, il faut donc le combler avec autorité et détermination et les menteurs perdront leur fonds de commerce.
Avec espoir et liberté
COLTOM
28 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON