Jean-Luc Mélenchon renvoyé devant le tribunal correctionnel pour diffamation publique envers un journaliste
Le leader de la France Insoumise devra retourner devant la justice. Ayant qualifié sur son blog, Paulo Paranagua, un ancien journaliste du journal Le Monde, d’« assassin repenti » en 2016, Jean Luc Mélenchon sera jugé pour diffamation publique.
Des rapports orageux avec les médias
Jean-Luc Mélenchon n’en a pas fini avec ses démêlés judiciaires et les multiples conflits qui l’opposent à la presse. Déjà en octobre 2010, le leader de la France Insoumise avait qualifié un journaliste interviewant Xavier Mathieu, délégué CGT Continental AG à Clairoix, de « salaud » et de « larbin ». Il déplorait le fait que l’on demande au syndicaliste de désavouer des faits de dégradation dans la sous-préfecture de Compiègne sans tenir compte de la violence sociale subie par les ouvriers licenciés.
En 2012, pendant la campagne présidentielle et après une série de boycotts de l’émission dans les meetings du candidat, c’est au tour des journalistes du Petit Journal d’être traités de « fachos », d’ « animateurs et pas des journalistes qui font dans la provocation ».
Deux ans plus tard, Jean-Luc Mélenchon demande aux militants du Front de gauche de surveiller les journalistes. Il suggère même que ceux-ci soient filmés, en particulier ceux de Libération et du Monde. Il déclarera en 2018 sur son blog : « la haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine ».
Cette dernière sortie est vivement dénoncée par Reporters sans frontières, qui dans son classement annuel pour la liberté de la presse, parle de « dénigrement systématique de la profession par certains leaders politiques ».
En novembre 2016, Mélenchon, toujours sur son blog personnel et dans un billet titré « L’ère du peuple » fait des révélations sur Paulo Paranagua, ancien journaliste de la rubrique International du Monde : « Dans les années 1970/1980, il était en effet chef de la « fraction rouge » de la prétendue armée révolutionnaire du peuple en Argentine. Il s'agit d'un groupe de provocateurs qui se targuait d'avoir mené plus de trente actions d'exécutions dans la rue et divers enlèvements et séquestrations », écrivait-il.
Il poursuit en affirmant que le journaliste avait des relations avec les services secrets américains : « Comme l'intéressé a une activité publique intense dans les réseaux des putschistes et réactionnaires latinos et de leurs amis nord-américains, je m'y suis intéressé de près. D'assez près pour mieux comprendre les causes de la mort de toutes les personnes qui l'ont approché sur place et les raisons de son incroyable survie dans de tels événements. Cette « muse de la CIA » influence-t-elle Besse Desmoulières ? »
Ces affirmations sont jugées outrancières. Le journaliste retraité porte plainte, mais se heurte à une immunité parlementaire brandie, qui permet à l’accusé d’esquiver la confrontation pendant deux ans.
Le leader de la France Insoumise s’est finalement rendu en juillet 2019, chez la juge Carine Rosso, engageant sa mise en examen. Il s’est excusé d’avoir « abusé » de son immunité, prétextant un malentendu : « Je suis désolé de tout ça, c'est un malentendu. J'avais compris qu'il s'agissait d'une contrainte par corps (…) J'en suis désolé, car nous aurions pu tous gagner du temps. »
« C'est un adversaire politique »
Jean-Luc Mélenchon sera finalement jugé devant le tribunal correctionnel à Paris pour diffamation publique à l'encontre de Paulo Paranagua, ex journaliste de Le monde, selon une ordonnance consultée mercredi 2 octobre par l'AFP.
L’homme de médias avait aussi attaqué M. Mélenchon pour l'absence à l'époque de mentions légales sur le site melenchon.fr, arguant que cela l'avait empêché d’engager la procédure au civil. Le 10 juillet 2019, le député avait été condamné à cet effet, au versement d’un euro symbolique de dommages et intérêts ainsi que 2000 euros au titre des frais de justice à Paulo Paranagua.
Cité dans le Point, l’élu a relativisé les faits : « M. Paranagua n'est pas un ennemi personnel, je ne le connais pas. C'est un adversaire politique ».
Il a précisé qu'il « polémiquait » sur son blog avec des journalistes du Monde, Paulo Paranagua n'étant pas le sujet principal de son « intervention ».
De son côté contacté par Le Point, l’avocat de Paulo Paranagua s’est dit satisfait : « Je me réjouis de pouvoir bientôt exposer au tribunal le caractère outrancier d'accusations infondées à l'encontre d'un journaliste dont le seul tort aura été de publier dans Le Monde des articles exposant les dérives autoritaires de Fidel Castro et Hugo Chavez, dont Jean-Luc Mélenchon demeure l'indéfectible thuriféraire ».
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