Journée Internationale contre la Peine de Mort
Le 10 Octobre marque la Journée Internationale contre la Peine de Mort qui soulève toujours de nombreuses questions : La peine de mort est-elle dissuasive ? Est-elle économique ? Est-elle morale ? Les réactions sont toujours extrêmement contrastées, dépendant du "camp", pour ou contre, auquel les protagonistes appartiennent. Un point sur lequel la plupart d’entre eux, semble pourtant ne plus faire débat : La peine de mort n’est pas acceptable dès lors qu’elle conduit à l’exécution d’innocents.
Dans ce contexte, l’appel à l’aide d’Anthony Mungin (condamné à mort aux USA depuis 15 ans) à la communauté internationale, est là pour nous rappeler la terrible responsabilité que nous pourrions tous porter. L’injustice faite à l’un serait-elle une injustice faite à tous ?

Bonjour à tous,
Mon nom est Anthony Mungin, je suis noir, américain, j’ai 42 ans et j’ai été condamné à mort en Floride (USA) le 23 février 1993, pour un meurtre que je n’ai pas commis.
Étant donné les circonstances, et les occasions extrêmement rares que j’ai de pouvoir m’exprimer, j’exprime par avance mon humble et sincère gratitude à toux ceux qui prendront le temps de bien vouloir m’écouter. Merci beaucoup.
Le monde, comme les individus que nous sommes, se forme selon un certain nombre de croyances, de pensées et d’actions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Nous avons tous des opinions personnelles sur la politique, la religion et la justice. N’importe qui peut adopter ou rejeter une opinion, qu’elle soit intelligente ou stupide, séduisante ou contentieuse. Une opinion n’a pas de valeur jusqu’à ce qu’elle soit prouvée juste ou qu’elle soit expliquée.
Je suis personnellement un être humain imparfait qui, au cours de ma vie, a pris de mauvaises décisions, et me suis associé à de mauvaises personnes. Je n’essaierai jamais de me dépeindre comme un ange. Dans mon passé, quand j’étais jeune, j’ai été impliqué dans des activités criminelles dont j’ai honte, que je regrette totalement, et à l’égard desquelles j’éprouve du remords. J’ai eu tort et je n’ai jamais dénié, ni tenté d’éviter les conséquences de mes actions. Cette partie éphémère de mon histoire est tout à fait acceptable pour la Société. Mais lorsque je crie au plus profond de mon coeur que j’ai été condamné à mort pour un meurtre que je n’ai pas commis, la plupart des gens ont une tendance naturelle à ne pas me croire, à montrer une oreille sourde, ou à se montrer aveugles à l’injustice. Sans doute parce que le système judiciaire américain a implanté, à travers une utilisation biaisée des media, une certaine image de la vérité dans le coeur et l’esprit de beaucoup de gens. Pourtant, ce système judiciaire s’est montré imparfait du fait de ses officiers de police souvent corrompus, du manqué d’éthique dans la conduite de certains procureurs, de juges racistes, de détectives malhonnêtes et d’avocats commis d’office incompétents. Tout ceux-là font partie pourtant d’un système qui s’obstine à utiliser et maintenir la peine capitale.
Depuis 1993, j’ai combattu avec beaucoup de zèle pour rester en vie assez longtemps afin de pouvoir prouver mon innocence. Mon parcours a été un mélange, d’effroyables maux de tête, de bénédictions miséricordieuses, de déceptions et d’accomplissements sporadiques. Un mauvais voyage que j’ai dû endurer sans aucun soutien de mon père, de ma mère, ou de ma famille.
Mes cris pour obtenir justice ont été ignorés jusqu’à ce que je commence à prouver ce que je disais, en fournissant la preuve que mon avocat à mon procès m’avait menti, m’avait caché d’importants documents et éléments de preuves. Des preuves montrant que le seul témoin à charge dans mon affaire avait menti sur son passé criminel, changé de version et d’avis sur mon identification deux ans et demi après le meurtre commis. Il a omis de m’informer que ce témoin à charge était un drogué, un alcoolique, qu’il était sujet à une procédure de justice, et qu’il était en fait représenté par le même bureau d’avocats commis d’office que moi (au moment du procès).
Rien de tout ceci ne fut dit au jury qui m’a condamné. Personne n’a investigué mon cas avant mon procès et personne n’a parlé aux témoins qui devaient pouvoir me fournir un alibi, que ce soit avant ou pendant le procès.
Cependant, récemment, j’ai réussi à mettre en évidence de nouvelles preuves. Le seul vrai témoin de mon affaire a été trouvé. Ce témoin, sans passé criminel et citoyen respectable, a donné un affidavit qui détruit tout le témoignage du témoin à charge présenté au procès, et réfute le rapport de police.
Je ne « suggère » pas que je suis innocent : JE SUIS INNOCENT !
Mes plus grands obstacles ont été d’éviter des avocats incompétents, qui acceptent avec avidité des cas de peine capitale pour l’argent qui leur sera payé. Ils se fichent totalement de savoir si je vis ou si je suis exécuté. J’ai dû beaucoup prier et travailler dur, nuit et jour, pour trouver les moyens d’engager un avocat compétent que je pouvais me permettre, et un détective privé. J’ai des documents légaux pour prouver tout ce que je dis. Je ne dis rien que je ne puisse prouver. J’ai juste besoin de l’aide de ceux qui voudront bien me donner une opportunité de prouver la vérité.
J’ai les ressources intérieures pour pouvoir faire face aux circonstances les plus désespérées sans perdre de vue mon objectif. Je ne suis pas découragé par les défaites, au contraire, j’y puise davantage de forces.
J’ai vu des condamnés à mort abandonner leur vie avec un soupir de résignation. D’autres combattent un petit peu et puis perdent espoir. D’autres enfin, dont je fais partie, n’abandonnent jamais. Je me bats et me bats et me bats ! Je me bats, qu’importe le coût de la bataille, les pertes que je subis, l’improbabilité du succès. Je ne pense pas que cela soit une question de courage. Chez moi, c’est quelque chose de constitutionnel : une impossibilité de laisser partir la vie à laquelle j’ai droit.
Respectueusement
Anthony Mungin 288322
Union Correctional Institution P5118S
7819 NW 228th street
Raiford, Florida 32026-4450 USA
www.save-anthony.com
[email protected]
NDLR : on peut trouver un résumé de l’affaire d’Anthony Mungin sur abolition.fr
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