Juifs d’en haut, juifs d’en bas...
Sujet ô combien délicat, l'antisémitisme qui se déploie dans notre pays, a forcément plusieurs causes qui s'agrègent entre elles. Mais avant tout, le terme " Antisémitisme" n'est pas bon, puisqu'il s'applique à l'ensemble des langues sémites. Il faudrait donc employer plutôt le terme "Antijudaïsme".
L'origine de l'antijudaïsme, semble être lié à l'origine même du judaïsme, dés qu'il fût clair pour les juifs comme pour les autres, que le seul fait d'être juif, vous confère une supériorité originelle. Le peuple élu détenait par le "livre", la parole de dieu, de ce dieu unique qui n'allait pas tarder, avec l'avènement du christianisme et de l'islam, à s'imposer dans tous les mondes connus. Les chrétiens et les musulmans, avaient dés leurs créations un sérieux problème d'identité, puisqu'ils s'inspiraient directement du Judaïsme. Commençait alors un long combat en légitimité, qui perdure encore aujourd'hui. L'antijudaïsme commence donc, de la part des chrétiens comme des musulmans, par ce positionnement, cette opposition, à grand renfort de nouveaux prophètes, censés rendre obsolète l'ancien testament. C'est donc la thèse du remplacement, les chrétiens succédant aux juifs, eux même remplacé par les musulmans. Les deux retournant la torah contre leurs inventeurs, par le mythe de l'arrivée du messie... Jésus, puis Mahomet. Les premiers ressentiments contre les juifs sont donc d’ordre purement théologique.
En Europe, le tournant d'un antijudaïsme plus sociétal, s'effectue pour schématiser, dans le courant du moyen-âge, lorsque les premières croisades, une illumination extatique totale de la part des chrétiens d'occident, profitent de ce formidable élan, pour se débarrasser d'abord des juifs, puis des chrétiens d'orient, et évidemment des infidèles. Le combat est donc moins théologique qu'économique, puisqu'il s'agissait de capter de formidables richesses, sous couvert de la défense de la vraie foi. Et le premier à remplir ses caisses, fût évidemment le pape. L'on voit bien que même aujourd'hui, cette pseudo guerre de civilisation menée notamment par les usa, n'ont en réalité que des visées économiques. Il est même étonnant de constater que dans un formidable retournement de l'histoire, et sous l'impulsion d'une manipulation dont les usa sont coutumier, les fondamentalistes chrétiens soutiennent sans vergogne l'état d'Israël...
Dés le début, l'antijudaïsme est également lié au mode de vie, au fonctionnement de la diaspora, puisque qu'il est entendu par tous les juifs, que la "loi de dieu" doit se substituer à toute autre loi. De fait, très vite, les juifs s'organisent partout en communautés fermées, ne font pas de prosélytisme, s'isole du reste du monde. C'est à la fois une force et ce qui fera leur malheur. Une force, puisque qu'ils s'organisent telles les guildes Italiennes, les banquiers Lombards notamment, en réseau international, ce qui facilite les échanges, les transits, la sûreté et la confiance qui en résulte tout naturellement. Cela débouche sur l'organisation du commerce et de la banque dans le monde entier, et tout comme pour les banquiers Italiens, finira par la captation, la confiscation de la part notamment des rois de France, d'une grande partie de leurs actifs. D'où le mythe du juif riche et opulent, forcément suspect d'avoir obtenu cette richesse en volant les nations dans lesquelles ils se trouvent.
Cela fera aussi leur malheur, car tout comme les gens du voyage, vivre différemment à toutes les époques, et en particulier en des temps difficiles, les désigne tout naturellement comme les boucs émissaires idéaux. Le mythe de la richesse, donc du vol de la nation. Un mode de vie qui les rend suspect, mais que font-ils donc dans leur coin ? Un ressentiment d'essence chrétienne, la mort du christ. Tout est donc prétexte à faire des juifs, les ennemies des peuples chrétiens et occidentaux. La Shoa, est le résultat de cette histoire.
Aujourd'hui, en France, l'antijudaïsme des blancs, chrétiens, participe toujours de ces vieux ressentiments, avec, à la différence de cette Amérique protestante, une vraie convergence entre catholiques et musulmans sur ce sujet. L'extrême droite française ne manque jamais de le rappeler et les musulmans qui manifestent parfois avec eux, s'imaginent avoir trouvé un allié dans cette lutte, en occultant par opportunisme idiot, que l'extrême droite est traditionnellement pas seulement contre les juifs, mais aussi raciste.
Le malheur des juifs, en France, en dehors de cette histoire d'un peuple élu, mais maudit...est que ceux qui sont censé les défendre, sont également ceux qui participent de cet antijudaïsme non pas renaissant comme on voudrait nous le faire croire, mais fluctuant, en fonction des intérêts des uns et des autres. Les premiers responsables du maintien d'un antijudaïsme culturel, sont tous ces intellectuels, artistes et autres sommités de la diaspora, qui distribuent les éléments de langage comme des bonbons acides. Cela pourrait avoir des effets bénéfiques, si ce n'était leur propension à délivrer un message dénué d'objectivité, et d'indépendance d'esprit. Ecouter l'un c'est écouter l'autre...qu'il soit de droite, de gauche ou d’ailleurs, ils s'entendent sur tout, et rares sont ceux qui osent tenir un autre discours que le discours ambiant, notamment s'agissant d'une politique israélienne pourtant légèrement fascisante. C'est évidemment contre productif, puisque malgré leurs interventions incessantes sur le sujet de l'antijudaïsme, ce vieux ressentiment perdure. Facile pour les nantis de la diaspora, bien planqués dans les quartiers chics et protégés, de donner la leçon, de délivrer un message de haine, car il s'agit bien in finé, d'alimenter le conflit contre les musulmans et l'immigration venant des pays arabes. Mais que deviennent les petits juifs lambda ? Ceux qui sont au plus près des populations et qui vivent un judaïsme modéré, sans haine, dans la paix, et qui par la faute de ces donneurs de leçons, se retrouvent confrontés à un antijudaïsme quotidien. Et pourtant, tout comme une majorité de musulmans pacifistes qui ne se reconnaissent pas dans les discours extrêmes, on ne les voit pas, ils sont invisibles, inaudibles, et pour tout dire n'intéressent les tenants d'une ligne dure, que dans la mesure où ils sont susceptibles de rejoindre le troupeau de l'intolérance. Moi, petit juif par héritage mais athée. Qui s'est, de par ma tronche, plus souvent fait traiter de sale arabe que de sale juif. Qui n'est ni raciste, ni xénophobe, ni communautariste. Je ne me reconnais pas en ces juifs de la haute, qui tentent constamment de me persuader que je suis en danger et que l'ennemi ici, comme en Israël, porte le nom de certains de mes amis proches, qui eux même, ne se reconnaissent pas dans certains discours délivrés dans leur lieu de culte. Des deux cotés de cette frontière morale, religieuse, culturelle, que l'on fabrique de façon honteuse et inique, il existe des personnalités, des citoyens, des français soucieux du bien être de tous, et qui pourtant ne semblent pas exister. C'est en eux que se porte l'espoir d'une conciliation. Ce sont eux les nouveaux prophètes, porteur d'un message de paix. Il faudrait juste les écouter et cesser de donner la parole à ceux qui sont porteur de haine.
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