Kadhafi et ses mercenaires sud-africains
L'incroyable fin de Mouammar Kadhafi commence à révéler ses secrets. Un à un, les détails commencent à filtrer, ceux que nous avons attendu avant de les décortiquer pour vous . Nous avions déjà vu, au travers des extraits de son supplice sortis des téléphones portables de ses bourreaux, que quelque chose clochait dans cette fin violente et dérisoire. Aujourd'hui, nous sommes capables d'affirmer que cette fin, dûment programmée par certains, ne s'est pas passée totalement comme prévu au départ. Tout au contraire même : les faits aujourd'hui connus démontrent qu'une opération d'extraction du pays, très certainement négociée avec le CNT en personne, ou une frange partisane de ce même CNT (*), restée fidèle au dictateur et à son départ incognito du pays, était prévue, et que l'intervention inopportune de l'Otan et d'un drone Reaper américain de passage y a mis fin de façon inattendue. Les responsables des rebelles, ont été alors confrontés à un scénario qui n'était pas vraiment prévu au programme, et ont dû dans la précipitation se résoudre à se débarrasser de leur encombrant colis, à moins que ceux qui désiraient le voir disparaître ont incité ceux qui l'avaient capturé à le faire, en le laissant lyncher. Derrière cet incroyable scénario, il y a les manigances de sociétés de mercenaires qui se sont retrouvées prises au piège avec celui qu'elles étaient chargées de protéger. Des mercenaires venus du pays de Nelson Mandela, ce qui, pour certains peut représenter une deuxième surprise de taille...
Parmi les premiers mercenaires recrutés par Kadhafi, certains venaient des pays du Maghreb voisins, et ils ont été utilisés en priorités comme annexes de police, réprimant à coups de bâton, au tout début de l'insurrection du pays. Certains en effet ont servi dans les rangs des troupes envoyées par Kadhafi pour terrorriser les populations, comme ici ceux qui portaient un casque jaune de chantier, pour les distinguer des autres lors des reprises en main de quartier : ils ont été filmés à l'œuvre et ça en dit long sur ce que pensait le dictateur de sa propre population. Kadhafi, rappelons-le, dès le début des émeutes, n'avait pas hésité une seconde à faire tirer sur son propre peuple, contrairement à l'idée d'un grand homme à l'esprit ouvert que véhiculent toujours des gens comme Meyssan, qui continue à l'appeler avec déférence "Guide", comme le protocole imposé par le dictateur l'imposait. (affligeant !) "Slate Afrique" l'avait décrit par le détail :"casques jaunes, armés jusqu’aux dents, les « escadrons de la mort » forment l’armée étrangère parallèle de Kadhafi qui sème la terreur parmi les rangs des manifestants. Depuis le début des manifestations, ils sont des milliers à avoir atterri à Tripoli, le plus souvent en provenance du Tchad, de l’Ouganda, du Niger, de la Mauritanie, du Nigeria." Nous sommes alors au tout début des émeutes et pas encore dans la révolution à laquelle nous avons assisté après.
Puis vinrent les Touaregs, nous expliquent dès le mois de mars Africa Presse et Afrik TV : "depuis quelques semaines, un étrange défilé de 4X4 aurait lieu au Sahara. Selon des sources présentes sur place, quelque 800 jeunes touaregs nigériens et maliens auraient fait route vers la Libye pour combattre auprès du colonel Kadhafi. ‘Ils partiraient en petit groupe avec une arme, quatre chargeurs et 400 euros en poche, sans que personne ne vienne les contrôler’, explique Ibrahim Diallo, un journaliste nigérien d’Afrik.tv, habitant dans la région d’Agadez, au Niger. Ces jeunes, attirés par l’argent, seraient des anciens combattants des rebellions de 2006 et 2008, recrutés par des touaregs nigériens installés en Libye et Aghaly Ag Alambo, ancien chef rebelle du Mouvement nigérien pour la justice (Mnj). ‘Il y a beaucoup de chômage dans le nord. La population est isolée, le tourisme est en berne. Pour survivre, les jeunes n’ont pas d’autres choix que de travailler pour l’Aqmi ou de s’engager comme mercenaires’, observe Abdoulahi Attayoub, le président du site internet touarègue Temoust. En septembre dernier, les Touaregs avaient été accusés de complicité avec les membres d’Al-Qaïda. Ils étaient soupçonnés d’avoir enlevé puis livré des otages occidentaux contre d’importantes sommes d’argent".
Des mercenaires en fait venus d'un peu partout, au départ, attirés par l'argent que leur offrait le tyran : "d’autres témoins en attestent, puisque parmi les mercenaires capturés lors de libération de la ville d’Az-Zaouiyah le 24 février, il y avait des « Européens venant d’Italie et d’Europe de l’Est ». Sous couvert d'anonymat, un ancien mercenaire a révélé à l’Agence de presse italienne (Ansa) qu'« il y a au moins 4 ou 5 italiens dans les rangs des mercenaires de Kadhafi » L’hebdomadaire Nuova Società ajoute que les premiers Européens à avoir servi Kadhafi étaient des Bosniaques et des Serbes —familièrement appelés les « chiens de guerre »— qui venaient « former les forces armées locales, ou faisaient office de gardes du corps, par exemple avec l’ancien dictateur du Zaïre Mobutu. La plupart du temps, ces mercenaires étaient d’anciens militaires ou policiers, ou dans le cas serbe ils faisaient partie des anciens Bérets Rouges [détachement spécial de Slobodan Milosevic, ndlr] ». Ces derniers ayant été mêlés en 2003 au meurtre du premier ministre Zoran Djindjic le 12 mars 2003 à Belgrade. Des gens de la trempe de Sasa Turcinovic, de Predrag Cankovic et de Bojan Bakula, retrouvés raides morts en... Bolivie ; où ils étaient devenus les gardes du corps des dirigeants de cartels de drogue, liés au Klan Zemun, avec leur société "Combat Team Security Solution", qui lorgnait fort sur une organisation de type fascisante. Tant qu'à faire dans le mercenaire... autant prendre parmi les pires.
Recrutés et payés... au "score", quoi que ce ne soit pas sûr : "les mercenaires africains ont été soumis à de nombreuses rumeurs non vérifiées. Concernant leur rémunération, certaines sources suggèrent que Kadhafi leur versait des États-Unis 1000 dollars pour chaque manifestant tué, alors que d'autres portaient ce chiffre à quelque chose entre 10,000 et 12,000 dollars. D'autres, cependant, qui prétendent avoir assisté à des enrôlements au Mali, disent les tueurs à gages recevaient un plus modeste 1 000 dollars par semaine". Recrutés au départ par l'un des fils Kadhafi, Kamis. "Khamis Kadhafi, l'un des enfants du leader libyen, est accusé d'être l'un des recruteurs de mercenaires sub-sahariens pour tirer sur les manifestants libyens. La chaîne satellitaire à capitaux saoudiens, Al-Arabiya, a rapporté que certains des mercenaires capturés avaient avoué que Khamis les avaient embauchés. Khamis est le commandant de la 32e brigade, considérée comme contenant les soldats les mieux formés de Libye". Annoncé tout d'abord mort au combat le 5 août à Zliten, lors d'un bombardement de l'Otan, Khamis l'aurait été à Tarhouna le 29 seulement. Sa dernière image ayant fait œuvre de propagande : annoncé la veille comme étant mort, il s'était rendu dans un hôpital pour visiter des blessés, pour moquer les médias. Le 1er septembre, on montrait les vestiges de ce qui semblait avoir été son véhicule, un Land Cruiser Toyota blindé, détruit... par un tir d'Hélicoptère Apache (et donc anglais celui-là). Complètement carbonisé. La préfiguration de l'attaque du convoi de son père un mois et demi après.
Parmi eux également, et fort prisés, des snipers déjà formés, ayant déjà servi dans des conflits précédents, qui provoqueront des ravages en combats de rue : postés sur les toits, ils descendaient les manifestants un par un : Kadhafi n'a rien à envier à Bachar El Assad, les deux tenaient leur pays de la même façon, c'est une évidence aujourd'hui. Le Guardian évoquait déjà en début d'année leurs ravages : "Saddam, un étudiant universitaire de 21 ans de Bayda, a affirmé que des mercenaires avaient tué 150 personnes en deux jours. "La police a ouvert le feu sur nous", at-il dit. « Mon ami Khaled a été le premier martyr à tomber et sept autres sont morts avec lui. « Le lendemain, nous avons été choqués de voir des mercenaires originaires du Tchad, de Tunisie, du Maroc parlant français, nous attaquer ... Nous avons capturé quelques-uns de ces mercenaires et ils ont dit qu'ils avaient reçu des ordres de Kadhafi pour éliminer les manifestants." Puis vinrent en masse les noirs, recrutés par Moatassim Kadhafi, dont c'était visiblement l'activité principale, ce dont il ne se cachait guère. Des Tchadiens, des Nigériens, des Guinéens, rectrutés cette fois comme piétaille inexpérimentée pour grossir artificiellement les rangs d'une armée qui commençait déjà à faire défection. Kadhafi clamait que le peuple était derrière lui, mais personne ne voulait déjà plus se battre en son nom. Des défections réprimées dans le sang ; on retrouvera plus tard dans des casernes des lots complets de cadavres en uniforme ayant refusé d"aller tirer sur la foule. Les militaires de haut rang plus chanceux préférant soit se réfugier à l'étranger, soit rejoindre directement le CNT. Quant aux noirs recrutés par Kadhafi, il seront l'objet d'une chasse à l'homme de type "forcément" raciste sur le fond qui desservira tous leurs homologues venus chercher du travail en Libye, tout le monde a pu s'en apercevoir ces derniers temps. Des ukrainiens et des russes subissant la même chose pour leur couleur de peau... blanche. Ayant été au premier rang des exactions, ils ont provoqué dans la population ces réflexes classiques de haine de l'autre. Doit-on pour autant parler de "chasse au noir" seulement ? Pas nécessairement, car d'autres ont eu droit également à cette vindicte.
Des Africains, mais pas venus d'Afrique Centrale ou du Maghreb uniquement. À Durban, un journaliste avait flairé lui aussi que dans son propre pays, certains "habitués" que nous connaissont bien ici (hélas !) allaient reprendre du service."Dans le conflit actuel en Libye, la question sera si les mercenaires sud-africains va laisser passer une telle opportunité lucrative. C'est très douteux. Le gouvernement kenyan a indiqué que son pays est utilisé comme transit ou une escale pour les mercenaires en Libye. Il existe une rumeur floue à Durban (ville portuaire d'Afrique du Sud,), comme quoi environ cinq mille fusils ont été exportés vers le Kenya. Il est indiqué par certaines personnes que ces fusils sont destinés à des mercenaires en Libye. Et que des personnes clés dans la sécurité privée ou de « mercenaires » orchestrant l'ensemble du processus d'organisation d'armes et de personnel au Mozambique." Il y a eu bien deux sortes de mercenaires en Libye : des "affamés", fort peu spécialisés, et les "nantis", ces mercenaires professionnels sur-entraînés payés 10 fois sinon 100 fois plus cher : Kadhafi, avec son matelas de dollars engrangé pendant plus de 40 ans, s'est offert une armée complète, avec ses hommes de troupe, sa piétaille, et ses cadres. Les uns noirs, les autres... blancs.
Le journal anglais Guardian avait en effet été un des premiers à le constater également, dès le 22 mars dernier : "certains rapports suggèrent que des mercenaires blancs ont également été repérés se battant au nom de Kadhafi. Des Sud-Africains blancs, qui ont quitté l'armée nationale après la fin de l'apartheid racial et qui ont été très en demandé pour leur expertise dans différentes zones de guerre, y compris en Afghanistan et en Irak, mais il n'existe actuellement aucune preuve que se sont joints au conflit en Libye" (en photo, ici en Irak). Sur le Worldblog de NBC, on se posait aussi à la même date le même problème. Un nom revenant déjà, celui des successeurs d'Executive Outcomes de sinistre mémoire, engagés pour la plupart aujourd'hui chez Saracen International, et installés depuis en... Somalie. Avec à leur tête Lafras Luitingh, un ancien officier du South Africa’s Civil Cooperation Bureau, qui n'était autre qu' une division "spéciale" des services secrets d'Afrique du Sud, du temps de l'apartheid. Aujourd'hui, Luitingh est proche d'Erik Prince, de Blackwater, et reconverti dans l'anti-piraterie s'activant dans la Corne de l'Afrique. Les mêmes mêlés au trafic de Tantale de Viktor Bout, qui les a beaucoup véhiculés ! "Les experts suggèrent que Kadhafi a beaucoup d'options dans la région" ajoutait alors le Guardian. "Il a toujours eu un réseau de soldats qualifiés de partout en Afrique occidentale", a déclaré Adam Roberts, auteur du "The Wonga Coup", l'histoire d'une tentative manquée par Simon Mann et d'autres mercenaires pour renverser le président de la Guinée équatoriale en 2004. « Il y a beaucoup d'Africains, en particulier de l'Afrique occidentale ou du Soudan, qui se rendent en Libye parce qu'elle est riche." Des mercenaires plutôt bien équipés, Kadhafi ayant reçu de Belgique tout un lot d'Herstal FS2000, qui, lorsqu'ils seront découverts, produiront une certaine incrédulité... chez les rebelles, tant cette arme est surprenante par sa forme et parait futuriste. Des internautes, sur Agoravox, s'en étaient inquiétés, et j'avais dû leur préciser ce que ça représentait. Aujourd'hui, on s'aperçoit que le fameux Browning en or qui a fait couler tant d'encre a lui aussi été fabriqué... en Belgique ! Portant l'inscritpion « made in Belgium » et le numéro de série : 511MP51396 ! On annonce que la firme belge a fourni "trente armes de luxe". J'ai comme d'avis que les pistolets en or de Kadhafi vont bientôt se retrouver à 30 exemplaires sur e-Bay !
Des mercenaires qui ont aussi laissé quelques traces embarrassantes, comme ces papiers retrouvés en pleine rue par un journaliste canadien, et révélés hier par le premier site d'infos sud-africain, News 24. "Un des documents (...), est une facture d'une entreprise de sécurité qui se fait appeler Alfa Services et qui porte une adresse postale à Pretoria. Il n'y a aucune trace enregistrée d'une telle entreprise en Afrique du Sud, et il est possible que ce soit un faux nom. Daté du 29 juin de cette année, le document énonce les détails d'un contrat de 12 mois pour "six spécialistes d'une équipe de formation" et de deux « spécialistes d'une équipe de soutien" pour un coût de 5,4 millions de dollars. Media24 a établi que le document porte l'adresse postale enregistrée des Parcs nationaux d'Afrique du Sud (SANParks) à Pretoria. Le porte-parole de SANParks, Wanda Mkutshulwa, a décrit le document comme "inquiétant" (...) Un autre document, en arabe et en anglais, est le schéma d'une « force d'intervention rapide" composée de 73 Sud-Africains et de 63 Libyens sous le commandement du groupe de Sud-Africains. Il énumère les équipes et le matériel qui seraient utilisés, y compris 127 fusils d'assaut AK-47,12 mitrailleuses PKM (la célèbre "Poulemiot Kalachnikova"), une douzaine de lanceurs, de roquettes RPG-7, 12 fusils de sniper, des mortiers de 60 mm, des pistolets et des sacs médicaux. Selon le document aux équipes seraient affectés 35 Land Cruisers et lanceurs de deux tonnes. Un caméraman libyen accompagnera le groupe avec une interprète". Les 35 Land Cruisers fournis pourraient très bien avoir fait partie des deux convois de la famille Kadhafi, dont celui qui a réussi à filer en Algérie avec la seconde femme du leader.
Le second papier découvert fortuitement n'est guère plus réjouissant : c'est une proposition d'achat de matériel chinois, fourni par trois firmes, Norinco, CPMIC et China XinXing Import & Export Corp, qui désiraient faire parvenir à tout prix la marchandise via un pays tiers, à savoir l’Algérie et l’Afrique du Sud... "Signée par un colonel à la retraite libyen, Ahmed Mohammed Ubaidah, la note recommande "que nous saisissons cette possibilité d'obtenir ce que nous avons besoin afin de défendre nos pays, la révolution, et supprimer toutes les bandes criminelles et les rebelles " indiquait Ubaidah. Malgré l'embargo décidé, certains ont bien continué à vendre des armes à Kadhafi, et ce, durant le conflit.
Voilà pour leur équipement, mais aujourd'hui on en sait un peu plus sur ces deux groupes d'Africains du Sud venus "extraire" la famille de Kadhafi des endroits où elle se cachait. Des mercenaires recrutés en Afrique du Sud même par les envoyés de Moatassim Kadhafi : "selon certaines sources, les entretiens pour recruter les deux équipes ont été menées à Sandton et à Cape Town par une société de recrutement international, mais sans connaissance de l'existence du recruteur exact. Les mercenaires sud-africains ont apparemment été payés 15 000 dollars chacun. Les entrevues pour les opérations d'extraction ont été réalisées le 17 août à l'Hôtel Balalaika Sandton par Sarah Penfold, qui opère à partir du Kenya pour une société mercenaire britannique. Le journal New Age a vu des copies d'un courriel envoyé à un ancien SA des Forces spéciales, l'invitant à une entrevue. Le premier groupe de mercenaires a quitté l'Afrique du Sud deux jours après les entretiens, volant de l'aéroport d'O.R.Tambo à Dubaï. De là, ils ont volé en Tunisie, qui partage des frontières avec l'Algérie et la Libye, où ils ont été déposés avec des armes à feu. Ils ont ensuite voyagé par la route en Libye. La femme de Kadhafi, Safiya, sa fille, Aïcha, et ses fils, Hannibal et Mohammed, accompagnées de leurs enfants, ont été escortés par eux en Algérie". Une fuite qui avait été préparée à l'avance, par de larges envois massifs d''argent en Afrique du Sud, des envois qui étaient venus aux oreilles d'Abdel Monem al-Houni, responsable des insurgés, envoyé comme représentant à la Ligue Arabe.
Sur la photo des putchistes de 1969 : De gauche à droite, debout : Hawwadi, al-Mghariaf, Qadhafi, Jalloud, Hamza, al-Hmaidi, Najm and al-Houni, à trois en bas de gauche à droite : al-Gherwi, al-Kharroubi et al-Mhaishi - Aboubaker Younis n'est pas présent)
Pourquoi donc en effet avoir maintenu un délai aussi long pour l'assaut final ? Qui pouvait avoir intérêt, au sein même du CNT à laisser fuir Kadhafi ? A lire ces tergiversations, un autre scénario très intriguant se profile clairement : et si le CNT avait de lui-même en effet tout fait pour offrir au dictateur le temps de quitter le pays, en lui accordant d'abord de laisser passer sa femme, sa fille et d'autres membres de la famille ? Rappelons qu'à l'époque on avait parlé de négociations en cours entre les deux partis. Au quel cas la fuite avait été... permise et "autorisée" par le CNT, et se serait alors l'Otan, les USA et la France qui auraient joué un mauvais tour aux rebelles en bombardant au dernier moment le convoi qui avait quitté Sirte, un convoi persuadé de jouir de la même immunité que le premier qui avait réussi à exfiltrer la première partie en Algérie ? Volà qui chamboule pas mal d'idées reçues, et qui rejoint l'analyse du Canard Enchaîné (**) du mercredi 26 octobre, pour qui le leader libyen aurait été avant tout victime des français et des USA qui le souhaitaient davantage mort que les libyens eux-mêmes ! Les membres du CNT sont en effet tous d'anciens apparatchiks du pouvoir, il faudrait voir à ne pas l'oublier, et on peut supposer qu'ils avaient gardé des liens étroits avec le dictateur. Car si Kadhafi devait négocier quelque chose, c'était bien avec eux en priorité et non avec l'Otan !
Négocier, pour fuit en Algérie, un pays bel et bien choisi au départ comme "zone de transit" par Kadhafi : "selon les documents révélés par Asharq Al‑Awsat, l’ambassadeur libyen à Riyad a été au cœur du dispositif mis en place par Kadhafi pour recruter des mercenaires africains. Dans l’une de ses correspondances adressées au bureau du dictateur déchu, ce diplomate demande à Moussa Koussa, ministre libyen des Affaires étrangères de l’époque, "d’intervenir auprès de l’Algérie et du Niger pour accorder des visas aux personnes en route pour la Libye et de trouver des responsablesembres pour les accueillir". Réponse de Tripoli : « le chef de bureau à Alger a été chargé de s’occuper de ce dossier », selon la même source. Quelques jours plus tard, le ministère libyen des Affaires étrangères envoyait une correspondance à l’ambassadeur libyen à Riyad : « à nos frères à Riyad, votre télex 200 du 22 mars. Vous pouvez utiliser l’Algérie ou le Niger ». Le document ne précise pas si l’Algérie a donné son accord pour le transit de mercenaires mauritaniens ou maliens". C'est à ce genre de document que l'on mesure tout ce qu'implique la guerre en Libye au point de vue diplomatie. L'Algérie et l'Afrique du Sud, dans ce cas, ont joué un rôle très trouble. Moussa Koussa, qui est passé lui aussi dans les rangs du CNT était parfaitement et obligatoirement au courant des projets de fuite en algérie du clan Kadhafi. Or, un premier convoi a réussi à le faire. Mais pas le second !
Car dans ce surprenant scénario, un télescopage étrange se produit entre notre responsable d'avant-hier sur son idée de recourir à une ambulance aérienne, pour Kadhafi, et ce que nous raconte ce jour un autre personnage, un homme à qui on avait bel et bien demandé de préparer un avion de ce type, juste après que la capture de Kadhafi ne se soit produite : "L'ancien commissaire de police George Fivaz a déclaré à New Age hier que son entreprise de sécurité, Fivaz et Associés, a été contactée à Londres le week-end par des gens de toute urgence à la recherche d'une ambulance aérienne pour évacuer environ 50 blessés et des gravement brûlés des victimes de la guerre de Libye. Fivaz a déclaré que son entreprise ne fournit pas ce type de service et qu'il croyait qu'il y avait, en tout cas, pas d'ambulance aérienne de cette taille disponibles en Afrique du Sud. Mark Young, le porte-parole du Criticare à Londres, a déclaré que sa compagnie avaient été contractée pour des opérations en Libye, mais il n'avait pas connaissance de Sud-Africains qui avaient besoin d'évacuation. Il a dit que Criticare était à la recherche d'un ambulance aérienne de bonne taille et avait dit qu'il pourrait en trouver une en Afrique du Sud. "Nous avons contacté Saafair, mais on nous a dit de leur avion avait été contracté par l'ONU," dit Young. Il y avait bien une ambulance aérienne avec la capacité de 10 à 20 patients disponible en Autriche, mais il y avait des problèmes avec l'assurance parce qu'elle devait voler dans les zones de guerre. « Nous devons évacuer cinq à 10 victimes blessées et gravement brûlées un jour prochain ou dans les deux prochains mois de la Libye dans le cadre de notre contrat », dit Young. Parmi les victimes figuraient des Libyens, les forces de l'Otan et d'autres victimes du monde entier, a-t-il dit." En fait, en Afrique du Sud, la Croix Rouge possède ce type d'avion mais aussi Netcare 911, qui possède un Cessna 550 Citation (ZS-EDA), disponible 24h sur 24, un service longue distance relancé le 1er septembre dernier, mais bien trop petit pour le cas cité. Un appareil installé... à Lanseria.
Des hommes gravement brûlés, à savoir les membres accompagnant le convoi de Kadhafi intercepté...et volatilisé au Hellfire. Cherchait-on alors à rapatrier d'autres dignitaires blessés ou des mercenaires sud-africains ? L'attaque a eu lieu le jeudi 20, et le samedi 22 on cherchait une ambulance aérienne de taille conséquente pour embarquer qui, sinon les victimes du raid de l'Otan ? Le média sud-africain déjà cité le confirme ce 27 octobre : "le week-end il a été signalé que certains Sud Africains ont été tués pendant l'attaque sur le convoi dans ce qui a été la tentative de Kadhafi de s'échapper. D'autres ont été blessés et restent bloqués en Libye". Tout se confirme donc ! Une confirmation redoublée par les dire de deux survivants de l'attaque : Huneish Nasr , le chauffeur personnel de Kadhafi, et Mansour Dhao, déjà interviewé par le New-York Times. Kadhafi, selon eux, a été fort surpris par l'attaque de l'Otan : à croire qu'on lui avait assuré une échappée de tout repos ! Qui avait bien pu lui assurer de s'en sortir aussi facilement, sinon ses anciens amis aujourd'hui au pouvoir ? Sa colonne comportait au bas mot 35 véhicules et certains parlent de 70 : espérait-il de la sorte ne pas être repéré ? La seconde échappée, comme la première, assurée par des "professionnels" sud-africains !
Depuis, on a appris en tout cas que la thèse que j'avais émise de la surveillance du téléphone Thuraya était bien à l'origine de la décision d'attaquer le convoi : ce jour même (27 octobre donc), dans un court communiqué émanant de Saif El Ilslam, le fils de Kadhafi toujours en fuite qui lui servait jusqu'ici de relation publique auprès des médias, une petite phrase est apparue pour le confirmer : "c'est l'interception de conversations par téléphone satellite Thuraya qui aurait permis aux nouvelles autorités libyennes de retrouver sa trace dans la région désertique de Ghat." Un aveu qui démontre que si le 25 octobre on savait le faire pour le fils, on devait déjà savoir le faire un peu avant le 20 pour le père : le CNT savait où se cachait Kadhafi, averti par ceux qui étaient capables de déchiffrer les conversations satellitaires : à savoir les services secrets allemands en priorité, qui ont expliqué depuis savoir l'emplacement de la villa où s'était réfugié Kadhafi, ce que j'ai déjà expliqué ici en détail. Un fils qui en serait réduit aujourd'hui à demander lui-même d'être incarcéré par la CPI tant il craint visiblement d'être lui aussi éliminé physiquement, comme son père et son frère ont pu l'être. En somme, il demande aujourd'hui à être protégé... en prison : une première inattendue pour la CPI ! Personnellement, j'ai comme d'avis qu'il n'arrivera pas entier à La Haye, mais bon...
Le journal News 24 revenant à nouveau le 27 octobre sur ceux qui auraient permis à Saif El Islam de fuir : et on retrouve à ses côtés des sud-africains, encore et toujours ! Avec une info plutôt inquiétante à la clé : "des avions sont prêts à l'aéroport de Lanseria, ainsi qu'à Sharjah, dans les Émirats Arabes Unis, pour aller aider les Sud-Africains, et sans doute aussi Al-Islam, à s'extraire hors de la Libye, quand il deviendra possible de le faire, selon les informations obtenus par Beeld (à savoir News24)". Faire atterrir des avions de grande taille en plein désert, ça ne pose aucun problème à ces mercenaires : leur "charter" habituel, notre ami Viktor Bout, et ses actuels successeurs, à fait ça toute sa vie... et ce serait sans difficultés : l'Otan peut-il assurer la protection aérienne jusqu'à la frontière nigérienne ? La réponse est...non : ses chasseurs n'ont pas "l'allonge" nécessaire. Personnellement, j'ai assez décrit ici ce qui se passait à Lanseria : ça m'a valu le retrait de deux épisodes où je citais un marchand d'armes connu basé à cet endroit, dont le nom avait été cité lors du conflit en Côte d'Ivoire, pays dans lequel il avait prêté son avion personnel à qui vous savez. Je vous laisse fureter pour retrouver son nom... Un Boeing 727 tout blanc photographié en 2004 à Malte, en partance pour Tripoi devrait vous aider à le faire. Un fort bel avion... immaculé ! Un "envoyé du gouvernement libyen en visite à Malte", avait-on même écrit à son atterrissage, je ne saurais dire mieux ! A noter que Kadhafi n'a pas été le seul à utiliser des mercenaires étrangers : le CNT aussi, comme cet argentin retrouvé par une télévision hispanique, qui déclare être parmi les combattants pour "défendre la liberté". D'où sort-il, à qui obéit-il exactement, le reportage ne le dit pas, hélas. Selon le Guadian, Al-Jazeera avait montré d'autres "conseillers" des rebelles : selon elle des militaires anglais, six d'entre eux filmés ici à Misrata, qui avaient plutôt le look de mercenaires encore une fois : filmés juste au moment de l'arrivée de Jacob Zuma, qui tentait alors un cessez-le-feu. En mars dernier, six autres SAS britanniques, largués en parachute à haute altitude, avaient été arrêtés par les rebelles qui ignoraient qui ils étaient.
Des sud-africains recrutés par Kadhafi pour le sortir du pays : on peut légitimement penser que les services secrets du pays aient été au courant. Qu'en pense Nelson Mandela en personne, imagine-t-on aussitôt ? Pas grand chose à vrai dire : dès 1986, il avait été reçu en grande pompe par le leader libyen, et était même revenu le décorer neuf années plus tard, en saluant le grand leader qu'il était à ses yeux... avec Castro, Kadhafi en aura berné plus d'un... Y compris celui qui était allé jusqu'à lui dérouler un tapis rouge dans l'enceinte même de la cour de l'Elysée. "Le 29 Octobre 1997, président sud-africain Nelson Mandela est arrivé en Libye pour attribuer le colonel Mouammar Kadhafi de la Médaille Bonne-Espérance. La médaille, également reliée à l'Ordre de Bonne Espérance, est le plus grand honneur que l'Afrique du Sud puisse décerner à un citoyen d'un autre pays. Elle sera donnée un an plus tard au président américain Bill Clinton. À l'époque, le colonel Kadhafi était un paria dans la communauté internationale. La Libye a été sous les sanctions des Nations Unies (ONU) depuis 1992 pour son refus de remettre les deux suspects inculpés dans l'attentat du vol Pan Am 103 au-dessus de Lockerbie, en Ecosse, qui a tué 270 personnes. ''Ceux qui disent que je devrais pas être ici sont sans morale,''a déclaré Mandela. ''Cet homme nous a aidé à un moment où nous étions tout seuls, quand ceux qui disent qu'on ne doit pas venir ici aidaient l'ennemi'' (Mandela critiquant l'opposition des Etats-Unis en 1997). Lorsque le tour de Kadhafi est de parler au micro, il a dit "'Nous sommes confrontés à une tentative de domination d'un pouvoir. Toutes les propositions internationales servent à cette fin le mal. L'Assemblée générale [des Nations Unies] devrait avoir la primauté au Conseil de Sécurité'' (Mekay, 1997). À première vue, il est curieux que deux hommes aussi dissemblables prononçaient cette position morale similaire. Les raisons sont intégrés dans deux décennies de rapports de force internationaux qui ont façonné plusieurs différentes perceptions globales de la justice sociale, de la rétribution morale, des justifications morales, et la forme du futur ordre mondial." Selon Lyn Boyd Judson, cette médaille représentait un "grand espoir"...pour le monde entier. Dans le même texte, on expliquait surtout que Mandela était intervenu pour demander la libération de l'auteur de l'attentat car lui-même avait été emprisonné longtemps et que selon lui c'était une épreuve très pénible. Le 12 septembre 2003, les sanctions contre la Libye était levées. Kadhafi avait accepté d'endosser la responsabilité de l'attentat de Lockerbie et avait payé 2,7 milliards de dollars de compensation (il tentera après de revenir sur ce paiement).
Rappelons qu'avant qu'il ne disparaisse, l'un des rares à avoir joué les bons offices avec Kadhafi était Jacob Zuma, l'actuel président de l'Afrique du Sud. En avril dernier, ils s'étaient rencontrés à Tripoli. Un cliché les montrant plutôt fort amis. Ils pouvaient : Zuma, alors accusé de viol dans son pays, avait fort apprécié l'aide de 2 millions de dollars que lui avait accordé Kadhafi pour assurer sa ruineuse défense (comme quoi ce genre d'histoire arrive aussi à des gens devenus présidents !). Kadhafi avait aussi largement approvisionné le groupe islamiste sud-africain Pagad, qui est a aussi la particularité d'être antisémite. Le rôle de l'Afrique du Sud (et des pays africains au sein du Conseil National Africain) reste donc plus qu'ambigu : le pays avait voté la résolution 1973 à l'ONU sur la protection des civils, avant de se raviser dès les premiers bombardements de l'Otan, dont on sait aussi aujourd'hui que comme ceux visant Saddam Hussein, ils étaient en priorité destinés à éliminer physiquement le leader libyen. Ce que l'Otan avait bien entendu toujours nié. On bombardait certes son palais, mais ce n'était pas lui que l'on visait, paraît-il(?). Exactement comme les tirs de Garlasco sur les bâtiments où résidait Saddam Hussein ! Les premiers tirs ayant été les mêmes : ceux de trois sous-marins US et de l'envoi de leur volée de Tomahawks (124 avaient été tirés, soit pour 186 millions de dollars de dépensés en une seule journée). Pour les soldats de fortune, l'ONU avait pourtant demandé en 2010, par la voix de son envoyé Jose L. Gomez del Prado, au gouvernement de Zuma de mettre de l'ordre chez lui dans ses sociétés de mercenaires : visiblement, il n'avait pas été écouté : malgré la signature en 2007 d'un texte l'y engageant, de son prédécesseur Thabo Mbeki, rien n'a été fait pour mettre fin à leur activité, qui avait pignon sur sur rue à Pomfret. Or on le sait, aujourd'hui : dans la fin lamentable du tyran Kadhafi, ils auront joué un rôle primordial. En 2004, Eeben Barlow, l'ancien commandant du "fameux" Buffalo Battalion 32, et le créateur d'Exectutive Outcomes, avait résumé à la presse son "métier" : "nous vendons le business pour survivre" avait-il déclaré. Cette fois-ci, ça n'a pas marché semble-t-il. L'homme parcourt aujourd'hui le monde pour faire des conférences sur "la privatisation de la guerre". En connaissance de cause, c'est le moins qu'on puisse dire, mais pas toujours avec la réussite souhaitée...
(*) Le CNT, en ce qui concerne le décès de Kadhafi est toujours dans le déni total. Voici ce 'il affirmait encore au 26 octobre selon Libération : "Aucun révolutionnaire n'a tiré sur Mouammar Kadhafi après son arrestation", selon les premiers éléments d'enquête, a assuré mercredi devant le Conseil de sécurité de l'ONU Ibrahim Dabbashi, ambassadeur adjoint de la Libye auprès de l'organisation (...) Devant le Conseil de sécurité de l'ONU, M. Dabbashi a réaffirmé que "selon les premiers éléments d'enquête et les informations que nous avons, Kadhafi a été blessé lors d'échanges de tirs entre ses partisans et des révolutionnaires". Quand il a été arrêté, "il saignait de l'abdomen et de la tête et il est décédé à son arrivée à l'hôpital de Misrata", a-t-il ajouté. "Vous savez tous à quel point les Libyens vivaient dans l'horreur à cause des actes terribles que Kadhafi a commis contre notre peuple. Pourtant, si nous apprenons quelque écart dans le respect des droits de Kadhafi ou de tout autre, les auteurs de tels actes seront punis", a poursuivi M. Dabbashi. Arrivé à ce stade, on ne peut en conclure qu'à un gouvernement de menteurs invétérés : toutes les images et photos sur l'événement démontrent le contraire de ce qui est officiellement prononcé. Un document de la BBC montre aujourd'hui celui qui aurait tué Kadhafi, célébrant son éxécution : or, à l'évidence, c'en est encore un autre que ceux vus jusqu'ici ou présentés eux-mêmes comme tels. En tout cas, celui-ci indique bien l'oreille comme endroit de l'impact... le pistolet semblant bien être un Makarov (félicitations Perseus !)
(**) L'article du 26 octobre du Canard Enchaîné, en France, résume parfaitement ce que j'ai pu jusqu'ici expliquer de la disparition de Kadhafi,selon lui programmée par les USA et la France :
Obama et Sarkozy ne voulaient pas qu’il s’en sorte vivant. De crainte qu’il ne parle trop lors de son procès devant la Cour pénale internationale.
Mercredi, 19 octobre en fin d’après-midi, un colonel du Pentagone téléphone à l’un de ses correspondants au sein du service secret français. Chargé du dossier « Kadhafi », l’une des priorités actuelles des généraux de l’équipe Obama, l’Américain annonce que le chef libyen, suivi à la trace par des drones Predator US, est pris au piège dans un quartier de Syrte et qu’il est désormais impossible de le « manquer ». Puis il ajoute que laisser ce type en vie le transformerait en « véritable bombe atomique ». Son interlocuteur comprend ainsi que la maison Blanche a rendu son verdict, et qu’il faut éviter de fournir à Kadhafi la tribune internationale que représenterait son éventuel procès.Depuis quelques jours d’ailleurs, des commandos des forces spéciales américaines et françaises participaient ensemble à cette chasse au Kadhafi. À Paris, au Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), à la Direction du renseignement militaire (DRM) et au service action de la DGSE, plusieurs officiers évaluaient à une cinquantaine de membres du COS (Commandement des opérations spéciales) les militaires présents à Syrte. Leur mission : porter assistance aux unités du CNT qui investissaient la ville, quartier par quartier, et, selon le jargon maison utilisé par un officier du CPCO, « ´´traiter´´ le guide libyen et les membres de sa famille ». Une formule codée en cours à la DGSE : « livrer le colis à Renard », et agir en sorte que Kadhafi n’échappe pas à ses poursuivants (une unité du CNT baptisé « Renard ? ».
Hypocrisie internationale.
À l’Élysée, on savait depuis la mi-octobre que Kadhafi et l’un de ses fils s’étaient réfugié à Syrte, avec gardes corps et mercenaires. Et Sarko avait chargé le général Benoit Puga, son chef d’état-major particulier, de superviser la chasse à l’ancien dictateur. Ce qu’il a fait en relation avec la « Cuve », le bunker souterrain où des officiers du CPCO sont en contact permanent avec tous les militaires engagés à l’étranger et les services barbouzards. À la DGSE comme à la DRM on ne se gêne pas d’ailleurs pour évoquer l’ « élimination physique »du chef libyen, à la différence des formules bien plus convenables employées par l’Élysée, s’il faut en croire un conseiller du Président. « La peine de mort n’était pas prévue dans les résolutions de l’ONU qui ont permis à l’OTAN d’intervenir, ironise un diplomate français. Mais il ne faut pas jouer les hypocrites. À plusieurs reprises, des avions français et britanniques avaient déjà tenté de liquider Kadhafi en bombardant certains de ses repaires, à Tripoli ou en détruisant notamment un de ses bureaux. » Et le même de signaler que, lors d’un procès devant la Cours pénale internationale, « ce nouvel ami de l’Occident aurait pu rappeler ses excellentes relations avec la CIA ou les services français, l’aide qu’il apportait aux amis africains de la France, et les contrats qu’il offrait aux uns et aux autres. Voire plus grave, sait-on jamais ? ».
Le 20 octobre à 8h 30 du matin, l’objectif allait être atteint. Trois avions de l’OTAN s’approchent de Syrte. Rien à voir avec une mission de reconnaissance effectuée par hasard : une colonne de 75 véhicules fuit la ville à vive allure. Un drone américain Predator tire des roquettes. Un mirage F1CR français de reconnaissance suit un Mirage 200-D qui large deux bombesGBU-12 de 225 kilos guidées au laser. Bilan : 21 véhicules détruit et Kadhafi seulement blessé.
Soupirs de satisfaction.
Des forces spéciales françaises sont alors présentes sur les lieux. L’histoire ne dit pas à quelle distance de ce qui va survenir, et que raconte avec abondance de détails un officier des services militaires de renseignements : « Il est capturé vivant par des combattants surexcités. La foule scande ῞Allah Akbarˮà pleine poumons, le menace de ses armes et se met à le tabasser pendant que d’autres combattants qui peinent à prendre le dessus, crient de le maintenir en vie ».On connait la suite, quelques images de ce lynchage suivi d’une exécution par balles sont apparues sur les écrans de télévision et dans la presse écrite. Mais la disparition de Kadhafi n’est pas la fin de l’histoire car, en croire une analyse barbouzarde, « la Libye est entrée dans un no man’s land politique, une zone de turbulences imprévisibles. » Voilà qui devrait inquiéter ceux qui, dans plusieurs capitales occidentales et arabes, ont poussé des soupirs de satisfaction que Kadhafi ne serait jamais la vedette d’un procès international.
Claude Angeli
Un texte à mettre en parallèle avec celui-ci à propos d'un très proche de Kadhafi qui aurait assez tôt joué double jeu :
"Le 18 novembre, Maghreb Confidential écrivait, « Les allées et venues de Nouri Mesmari ont suscité beaucoup de curiosité ces dernières semaines. Le chef du protocole de Mouammar Kadhafi qui semblait être le frère siamois du dirigeant libyen, s’était rendu en France fin octobre, en passant par la Tunisie. Officiellement, Mesmari, qui souffre d’une maladie chronique, était venu à Paris pour subir une intervention chirurgicale. Sa femme et sa fille lui avaient en effet rendu visite et résider un temps à l’Hôtel Concorde Lafayette de Paris. Il a été perdu de vue depuis. Mesmari qui voudrait prendre sa retraite est l’un des plus proches confidents de Kadhafi et connaît parfaitement tous ses secrets." Le 28 novembre 2010, Mesmari changeait de camp. En février dernier, c'est "le fils de Kadhafi, Moatassim, a passé une semaine à Paris en tentant en vain de convaincre Mesmari de revenir en Libye : « Moatassim Kadhafi, a quitté Paris bredouille le 5 février. Le fils de Mouammar Kadhafi qui séjournait depuis fin janvier à l’hôtel de luxe Bristol, n’a pas réussi à persuader Nouri Mesmarai de rentrer au pays". Que faisait exactement Moatassim Kadhafi au Bristol, voilà qui est aussi intéressant... passer aussi rapidement du pretigieux Bristol à une exécution sommaire, voilà qui devrait faire réfléchir pas mal de monde... non ?
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