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Accueil du site > Tribune Libre > L’ABC de la dialectique matérialiste

L’ABC de la dialectique matérialiste

En 1939, Trotsky publie un long article intitulé « L'opposition petite-bourgeoise dans le Socialist Workers Party ». Il mène une polémique contre une tendance du SWP qui est la section américaine de la IVème internationale. Le SWP est aussi le plus important parti de l’internationale. Il compte, à lui seul, environ la moitié des effectifs de l’internationale. Les trotskystes ont en effet été massacrés au cours des années précédentes en particulier par le nazisme en Allemagne et par la grande terreur en Russie. Je rappelle que pendant cinq mois, entre 1937 et 1938, Staline et ses hommes de main ont massacrés en moyenne 1500 personnes par jour et en ont déportés 1600 autres. De multiples assassinats en Europe ont aussi atteint les collaborateurs directs de Trotsky et notamment son fils ainé, Léon Sédov. Trotsky mène ici son dernier combat pour redresser l’orientation du SWP. Il sera à son tour assassiné l’année suivante.

L’article est consultable dans son intégralité en suivant le lien sur « marxist.org ». Je ne publie ici, qu’un cours extrait où Trotsky revient sur les fondements de la méthode d’analyse des marxistes : le matérialisme et la dialectique. J’ai ajouté des sous-titres pour faire ressortir le plan de l’exposé.

-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-

La dialectique n'est ni une fiction ni une mystique mais la science des formes de notre pensée, quand cette pensée ne se limite pas aux soucis de la vie quotidienne mais tente d'appréhender des processus plus durables et plus complexes. La dialectique est à la logique formelle ce que, disons, les mathématiques supérieures sont aux mathématiques élémentaires.

Logique formelle versus dialectique

Je vais tenter ici de cerner, sous la forme la plus dense possible, l'essentiel de la question. Dans la logique aristotélicienne le syllogisme simple part de A = A. Cette vérité est acceptée comme un axiome pour quantité d'actions pratiques humaines et pour des généralisations élémentaires. En réalité A n'est pas égal à A. C'est facile à démontrer ne fut-ce qu'en regardant ces deux lettres à la loupe : elles diffèrent sensiblement. Mais, dira-t-on, il ne s'agit pas de la grandeur et de la forme des lettres, c'est seulement le symbole de deux grandeurs égales, par exemple une livre de sucre. L'objection ne vaut rien : en réalité une livre de sucre n'est jamais égale à une livre de sucre : des balances plus précises décèlent toujours une différence. On objectera : pourtant une livre de sucre est égale à elle-même. C'est faux : tous les corps changent constamment de dimension de poids de couleurs etc., et ne sont jamais égaux à eux-mêmes. Le sophiste répliquera alors qu'une livre de sucre est égale à elle-même "à un instant donné". Sans même parler de la valeur pratique très douteuse d'un tel "axiome", il ne résiste pas non plus à la critique théorique. Comment en effet comprendre le mot "instant" ? S'il s'agit d'une infinitésimale fraction de temps, la livre de sucre subira inévitablement des changements pendant cet "instant". Ou bien l'instant n'est-il qu'une pure abstraction mathématique, c'est-à-dire représente un temps nul ? Mais tout ce qui vit existe dans le temps. L'existence n'est qu'un processus d'évolution ininterrompue ; le temps est donc l'élément fondamental de l'existence. Et l'axiome A=A signifie que tout corps est égal a lui même quand il ne change pas, c'est-à-dire quand il n'existe pas.

Au premier abord il peut sembler que ces "subtilités" ne sont d'aucune utilité. En réalité elles ont une importance décisive. L'axiome A=A est d'une part la source de tout notre savoir, de l'autre la source de toutes nos erreurs. On ne peut impunément manier l'axiome A=A que dans des limites déterminées. Quand la transformation qualitative de A est négligeable pour la tâche qui nous intéresse, alors nous pouvons admettre que A=A. C'est le cas par exemple du vendeur et de l'acheteur d'une livre de sucre. Ainsi considérons-nous la température du soleil. Ainsi considérions-nous récemment le pouvoir d'achat du dollar. Mais les changements quantitatifs, au-delà d'une certaine limite, deviennent qualitatifs. La livre de sucre arrosée d'eau ou d'essence cesse d'être une livre de sucre. Le dollar, sous l'action d'un président, cesse d'être un dollar. Dans tous les domaines de la connaissance, y compris la sociologie, une des tâches les plus importantes consiste à saisir à temps l'instant critique où la quantité se change en qualité.

Tout ouvrier sait qu'il est impossible de faire des objets absolument identiques. Pour l'usinage des cônes de roulement à bille on admet un certain écart inévitable, mais qui doit rester dans certaines limites (c'est ce qu'on appelle la tolérance). Tant que l'on se tient dans les limites de la tolérance, les cônes sont considérés comme égaux (A=A). Si on les franchit, la quantité se transforme en qualité ; autrement dit le cône ne vaut rien ou est inutilisable.

Notre pensée scientifique n'est qu'une partie de notre activité pratique générale, y compris technique. Pour les concepts aussi il y a des "tolérances", établies non par la logique formelle, pour qui A=A, mais par la logique issue de l'axiome selon lequel tout change. Le "bon sens" se caractérise par le fait qu'il franchit systématiquement les normes de tolérance établies par la dialectique.

La pensée vulgaire opère avec des concepts tels que capitalisme, morale, liberté, Etat ouvrier, etc., qu'elle considère comme des abstractions immuables, jugeant que le capitalisme est le capitalisme, la morale la morale, etc. La pensée dialectique examine les choses et les phénomènes dans leur perpétuel changement et de plus, suivant les conditions matérielles de ces changements, elle détermine le point critique au-delà duquel A cesse d'être A, l'Etat ouvrier cesse d'être un Etat ouvrier.

Le vice fondamental de la pensée vulgaire consiste à se satisfaire de l'empreinte figée d'une réalité qui, elle, est en perpétuel mouvement. La pensée dialectique précise, corrige, concrétise constamment les concepts et leur confère une richesse et une souplesse, j'allais presque dire une saveur, qui les rapprochent jusqu'à un certain point des phénomènes vivants. Non pas le capitalisme en général, mais un capitalisme donné, à un stade déterminé de son développement. Non pas l'Etat ouvrier en général, mais tel Etat ouvrier, dans un pays arriéré encerclé par l'impérialisme etc.

 

Les limites de la dialectique d’Hegel

La pensée dialectique est à la pensée vulgaire ce que le cinéma est à la photographie. Le cinéma ne rejette pas la photo, mais en combine une série selon les lois du mouvement. La dialectique ne rejette pas le syllogisme, mais enseigne à combiner les syllogismes de façon à rapprocher notre connaissance de la réalité toujours changeante. Dans sa Logique, Hegel établit une série de lois : le changement de la quantité en qualité, le développement à travers les contradictions, le conflit de la forme et du contenu, l'interruption de la continuité, le passage du possible an nécessaire, etc., qui sont aussi importantes pour la pensée théorique que le simple syllogisme pour des tâches plus élémentaires.

Hegel a écrit avant Darwin et Marx. Grâce à l'impulsion puissante donnée à la pensée par la révolution française, Hegel a anticipé en philosophie le mouvement général de la science. Mais précisément parce qu'il s'agissait d'une géniale anticipation, elle a pris chez Hegel un caractère idéaliste. Hegel opérait avec des ombres idéologiques, comme si elles étaient la réalité suprême Marx a montré que le mouvement des ombres idéologiques ne fait que refléter le mouvement des corps matériels.

 

La dialectique des marxistes

Nous qualifions notre dialectique de matérialiste, parce que ses racines ne sont ni dans les cieux (ni dans les profondeurs de notre "libre esprit"), mais dans la réalité-objective, dans la nature. La conscience est née de l'inconscient, la psychologie de la physiologie, le monde organique de l'inorganique, le système solaire de la nébuleuse. A tous les degrés de cette échelle du développement, les changements quantitatifs sont devenus qualitatifs. Notre pensée, y compris dialectique, n'est qu'une des manifestations de la matière changeante. Il n'y a place, dans cette mécanique ni pour Dieu, ni pour le diable, ni pour l'âme immortelle, ni pour les normes éternelles du droit et de la morale. La dialectique de la pensée, procédant de la dialectique de la nature, a par conséquence un caractère entièrement matérialiste.

Le darwinisme, qui expliquait l'origine des espèces par la transformation de changements quantitatifs en changements qualitatifs, a signifié le triomphe de la dialectique à l'échelle de toute la nature organique. Un autre grand triomphe fut la découverte de la table de poids atomiques des éléments chimiques, puis celle de la transformation des éléments les uns dans les autres.

A ces transformations (des espèces, des éléments, etc.) est étroitement liée la question de la classification, également importante dans les sciences naturelles et dans les sciences sociales. Le système de Linné (18e siècle), reposant sur l'immutabilité des espèces, se limitait à l'art de décrire et de classer les plantes selon leur aspect extérieur. La période infantile de la botanique est analogue à celle de la logique car les formes de notre pensée se développent, comme tout ce qui est vivant. Ce n'est qu'en rejetant délibérément l'idée de l'immutabilité des espèces, et par l'étude de l'histoire de l'évolution des plantes et de leur conformation, qu'on a pu jeter les bases d'une classification réellement scientifique.

Marx, qui à la différence de Darwin était un dialecticien conscient, a trouvé les bases d'une classification scientifique des sociétés humaines dans le développement des forces productives et la structure des rapports de propriété, qui constituent l'anatomie de la société. Le marxisme a substitué la classification matérialiste dialectique à la classification vulgaire, descriptive des sociétés et des Etats, qui, aujourd'hui encore, fleurit dans les chaires universitaires. Ce n'est qu'en utilisant la méthode de Marx qu'on peut définir correctement le concept d'Etat ouvrier et le moment de sa ruine.

Dans tout cela, nous le voyons, il n'y a rien de "métaphysique" ou de "scolastique" comme l'affirment les ignorants satisfaits d'eux-mêmes. La logique dialectique exprime les lois du mouvement de la pensée scientifique contemporaine. Au contraire, la lutte contre la dialectique matérialiste reflète un lointain passé, le conservatisme de la petite bourgeoisie, l'arrogance des mandarins universitaires et... un soupçon d'espoir en l'au-delà.

 

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39 réactions à cet article    


  • Yann Esteveny 2 décembre 2022 10:01

    Message à tous,

    L’excellent film « La dialectique peut-elle casser des briques ? » (1973) de René Viénet est disponible en version colorisée :

    https://www.youtube.com/watch?v=6y9Xdf6qa0Y


    • mursili mursili 2 décembre 2022 18:58

      @Yann Esteveny

      Pas l’introduction la plus sérieuse au situationnisme et à la pensée de Debord ou Vaneigem mais tout de même très savoureux.
      Entre autres leçons on peut en retenir que « l’on ne combat pas l’aliénation par des moyens aliénés » ou encore que « l’arme de la critique n’est rien sans la critique par les armes ».


    • Yann Esteveny 2 décembre 2022 20:02

      Message à avatar mursili,

      Le film aide surtout à supporter la lecture de cet article. En mode « dialectique matérialiste » qui relève comme nous l’apprend l’auteur des mathématiques supérieures, A est égal à A est faux selon David Bronstein.

      Voici une question ouverte à tous les lecteurs afin de vérifier s’ils ont compris la dialectique matérialiste : Combien font 2+2 ? Vous avez 4 heures (attention je n’aide pas !). Je m’engage à donner la solution après.

      Respectueusement


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 2 décembre 2022 20:27

      @Yann Esteveny

      Au cas où vous ne l’auriez pas compris la dialectique est un dépassement de la logique formelle ce n’en est pas la négation. La dialectique ne rejette certainement pas les mathématiques... D’autant plus que les mathématiques, par principe, ne s’intéressent qu’à des abstractions et nullement à la réalité. Elles ont par contre des domaines d’application bien réels. Certaines théories mathématiques permettent de faire de multiples déductions à partir de quelques axiomes sans que cela ne présente réellement d’intérêt dans les domaines où elles étaient censées être utiles. C’est le cas par exemple pour la « théorie du langage » qui a produit des développements intéressants pour la compilation (les langages de programmation) mais nullement pour le traitement automatique des langues. D’autres théories, comme la théorie des graphes, sont fructueuses tant sur le plan purement théorique que par leurs applications pratiques.

      « La dialectique ne rejette pas le syllogisme, mais enseigne à combiner... »



    • mursili mursili 2 décembre 2022 20:32

      @Yann Esteveny

      Fastoche ! la réponse est 4 qui n’est pas égal à 4.

      Bien à vous.


    • Yann Esteveny 3 décembre 2022 10:02

      Message à avatar mursil,

      2+2 fera ce que la dialectique matérialiste décidera ce que cela fait.

      Pas sûr qu’avec ces mathématiques il soit possible de bâtir quoi que ce soit.

      Respectueusement


    • Epsilone 2 décembre 2022 11:49

      Bravo pour l’enfumage.


      • SilentArrow 2 décembre 2022 12:29

        @Jean Dugenêt

        La « dialectique », c’est bon pour les sciences molles, blablabla et blablabla.

        En physique, on n’en a pas besoin.


        • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 2 décembre 2022 14:05

          @SilentArrow
          Mouais. Les « sciences molles » c’est quand même la sociologie, l’Histoire, l’économie etc. Et c’est aussi ces sciences qui doivent analyser l’usage qui est fait des « progrès » dans les sciences « exactes » ou supposées telles. 


        • SilentArrow 2 décembre 2022 14:52

          @Opposition contrôlée

          Bon, ben si les sciences molles trouvent que la dialectique est l’outil idoine pour analyser l’usage qui est fait des sciences par les pouvoirs politiques et financiers, qu’elles utilisent cet outil !
          Tout ce que je dis, c’est que la physique ne l’utilise pas.


        • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 2 décembre 2022 19:04

          @SilentArrow

          "La « dialectique », c’est bon pour les sciences molles, blablabla et blablabla.

          En physique, on n’en a pas besoin."

          Rien n’est moins certain que d’affirmer que les physiciens n’utilisent pas la dialectique. Souvent ils le font sans le savoir tel monsieur Jourdain qui faisait de la prose.

          La dialectique est dans la nature.

          L’eau est-elle un liquide ?

          Chauffons de l’eau à 50° à 70° à 90°. Que nous dit la logique formelle si ce n’est que nous avons un liquide de plus en plus chaud et qu’il faut s’attendre à avoir un liquide à 120° à 150°. Nous savons que c’est faux. A 100° la quantité se change brutalement en qualité. Nous n’avons plus un liquide mais un gaz. Et, dans l’autre sens l’eau deviendra un solide à 0°.

          Ce n’est qu’un exemple.


        • SilentArrow 3 décembre 2022 09:15

          @Jean Dugenêt
           

          Souvent ils le font sans le savoir tel monsieur Jourdain qui faisait de la prose.

          Ce ne sont pas les physiciens qui font de la dialectique sans le savoir, ce sont certains sciences molliens qui découvrent tardivement qu’un changement quantitatif peut produire un changement qualitatif, qui en restent la bouche bée et qui trouvent urgent de donner un nom à cette « découverte ».

        • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 3 décembre 2022 10:15

          @SilentArrow
           
           ’’un changement quantitatif peut produire un changement qualitatif,’’
          >
           cf. La théorie des catastrophes, de René Thom.
           


        • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 3 décembre 2022 11:15

          @SilentArrow

          « ce n’est pas la logique qui prévoit le résultat d’une expérience. »

          Vous êtes sur la bonne voie. Est-il possible de prévoir le résultat d’une expérience ? Si oui, comment ?

          « Pas besoin d’une logique prolétarienne. »
          Qui a parlé de logique prolétarienne ?
          Qui a dit que la logique n’était pas intacte dans l’exemple que j’ai pris ? Je répète que la dialectique est un dépassement de la logique formelle.
          Je connais suffisamment la physique pour savoir qu’il y a des explications purement formelles aux changements d’état de la matière. Mais, mon exemple, au niveau sommaire de connaissance montre la supériorité de la dialectique.

          Il vous reste un argument.

          « C’est un exemple stupide. »
          Cela c’est une insulte ! Vous ne connaissez que cela.

          « Il ne s’agit pas d’inventer une logique nouvelle pour expliquer la réalité ».
          Hegel (1770-1831). La dialectique n’est pas vraiment une « logique nouvelle ».


        • SilentArrow 3 décembre 2022 12:38

          @Jean Dugenêt
           

          Est-il possible de prévoir le résultat d’une expérience ? Si oui, comment ?

          On peut calculer le résultat prévu par la théorie. Si le résultat est différent de la prédiction théorique, alors il faut vérifier s’il n’y a pas d’erreurs expérimentales. S’il n’y en a pas, alors il faut revoir la théorie.
          Voilà la démarche en quelques mots.
          Personne ne parle de dialectique.


        • SilentArrow 3 décembre 2022 13:29

          @Francis, agnotologue

          J’avais lu un livre sur le sujet fin 1981. Un théorie mathématique élégante qui a des applications en physique et dans bien d’autres domaines. Mais je dois avouer que je n’ai pas approfondi depuis.


        • Tolzan Tolzan 3 décembre 2022 14:44

          @SilentArrow

          Je suis entièrement d’accord avec vous.

          Il est clair que Jean Dugenet ne comprend rien à la pensée et la démarche scientifique qui ont façonné le monde moderne... Il s’invente des questions stériles totalement inutiles en physique et d’une façon générale dans les sciences expérimentales. D’ailleurs, ce qui caractérise les sciences, c’est que les grandes théories sont le résultat d’un accord universel entre des de millions de scientifiques répartis sur toute la planète, en Chine, Japon, USA, Allemagne. Les sciences exactes sont de ce point de vue universelles et tout le monde hérite de la théorie de Newton.... par comparaison, quel chaos dans les sciences molles...



        • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 3 décembre 2022 16:33

          @Francis, agnotologue
          Je ne connais pas bien cet auteur mais il me semble en effet qu’il manie la dialectique ou, au moins l’un de ses aspects : le changement de la quantité en qualité. Dans mon exemple, le passage de l’état liquide à l’état gazeux est effectivement catastrophique. Il n’y a rien de doux, progressif dans ces changements d’état de la matière. Il en est ainsi dans bien d’autres domaines.


        • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 3 décembre 2022 16:51

          @SilentArrow

          « Personne ne parle de dialectique. »

          Personne n’est obligé de parler de dialectique en toute circonstance et à propos de n’importe quoi. Il faut être conscient des limites propres à chaque démarche. En physique, la démarche classique de modélisation de phénomènes avec des théories ne vise pas à décrire une réalité. Elle donne des outils permettant d’expliquer certaines manifestations et de faire des calculs... En physique vous avez souvent, par exemple, une juxtaposition de deux modèles (deux théories) : modèle corpusculaire et modèle ondulatoire. Personne ne doit dire, par exemple, que la lumière est faite de photons ou que la lumière est faite d’ondes. Comment pourrait-elle être les deux à la fois ? Nous avons deux théories et nous choisissons l’une ou l’autre pour expliquer certaines manifestations de la lumière. Il n’y a effectivement nullement besoin de dialectique pour cela.


        • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 3 décembre 2022 18:34

          @Jean Dugenêt
           
           sauf erreur, c’est la base de la théorie des quantas ; et je dirai, l’ADN de l’univers.


        • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 3 décembre 2022 18:35

          @Jean Dugenêt
           
           ’’Nous avons deux théories et nous choisissons l’une ou l’autre pour expliquer certaines manifestations de la lumière.’’
          >
           Non, ce n’est pas l’observateur qui décide.


        • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 3 décembre 2022 19:28

          @Francis, agnotologue

           « Non, ce n’est pas l’observateur qui décide ».


          Effectivement, il ne peut prendre que celle qui répond à son problème.


        • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 3 décembre 2022 19:47

          @Tolzan

          "Il est clair que Jean Dugenet ne comprend rien à la pensée et la démarche scientifique qui ont façonné le monde moderne... Il s’invente des questions stériles totalement inutiles en physique et d’une façon générale dans les sciences expérimentales.« 

          Là au moins, il n’y a aucunement besoin de manier la dialectique. Quelle belle assurance ! Vous voulez me critiquer voire même m’insulter mais vous me flattez. Vous me prêtez des qualités que je n’ai pas. Ce n’est pas moi qui aie la primeur d’avoir poser ces questions. Un livre d’Engels s’intitule »La dialectique de la nature« . C’est sans doute à lui que s’adressent vos critiques à moins que ce soit à ceux qui sont d’accord avec sa démarche.

          N’allez surtout pas vous renseigner vous pourriez perdre votre belle assurance.

          Vous avez écrit :  »ne comprend rien à la pensée et la démarche scientifique qui ont façonné le monde moderne...

          ". Savez vous que parmi ceux qui d’après vous seraient des imbéciles qui ne comprennent rien à la démarche scientifique se trouvent Gérard Bloch, Laurent Schwartz, Michel Broué, Jean Van Heijenoort... et tant d’autres illustres mathématiciens et physiciens qui savent manier la dialectique.

          Vous vous prenez pour qui ? Le Dieu de la physique !

          Vous feriez bien de réfléchir avant d’écrire n’importe quoi avec tant de prétention.


        • pacifico 2 décembre 2022 16:01

          Sauf à assimiler abusivement les uns aux autres , je vois pas ce que les prolétaires auraient à gagner dans une opération proNETarienne.

          • rien à voir avec l’histoire du prolétariat et de ses organisations
          • rien à voir avec la démocratie et les droits et devoirs des citoyens

          Dire ce qu’on peut estimer de votre conception et mise en pratique de la dialectique est hors du champ d’un lexique respectueux mais s’inscrit tout au contraire dans celui de la Moquerie


          • mursili mursili 2 décembre 2022 18:13

            C’est bien de penser le devenir mais curieusement les trotskistes passent pour extrêmement dogmatiques et figés dans leur discours (par exemple le style rétro Agitprop d’une Arlette Laguiller)., comme si le temps s’était arrêté pour eux aux années 30 et qu’ils n’avait jamais mis à jour leur logiciel depuis ces temps héroïques. 


            • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 2 décembre 2022 19:09

              @mursili
              « les trotskistes passent pour extrêmement ... »
              Il n’est nullement intéressant de savoir pour quoi ou pour qui ils passent. Il faut savoir ce que sont les trotskystes. Il faut savoir qui sont les trotskystes sans se fier aux étiquettes...


            • mursili mursili 2 décembre 2022 20:28

              @Jean Dugenêt

              Vous avez raison, j’ai tendance à être pusillanime dans mes formulations. Je redirai donc : « les trotskistes sont extrêmement dogmatiques ».
              Il n’est cependant pas inutile de se demander comment ils sont perçus par les non-initiés. Je suppose qu’ils se posent eux-mêmes de temps en temps la question.


            • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 2 décembre 2022 20:49

              @mursili

              Les trotskystes sont des marxistes et des léninistes. Ils considèrent que ce sont des termes parfaitement synonymes. Lénine à compléter le marxisme et Trotsky a complété le léninisme.

              Ce qui caractérise le marxisme (le trotskysme) c’est :

              1. Le fait d’être révolutionnaire. Cela signifie qu’ils estiment que la classe ouvrière est objectivement révolutionnaire même sans que les marxistes aient à intervenir. Pour se défendre et assurer leur survie les ouvriers sont inexorablement amenés à engager des mouvements révolutionnaires mais, pour que ceux-ci soient victorieux, il leur faut une direction révolutionnaire mondiale.
              2. Les marxistes ont donc une stratégie : la construction d’une internationale révolutionnaire. Ils sont internationalistes puisqu’ils sont solidaires de tous les exploités du monde quelles que soient leur nationalité, leur origine ethnique... Mais, plus que cela, ils sont internationalistes au sens fort. Ils veulent construire un parti révolutionnaire mondial qui exprime consciemment la lutte de tous les ouvriers pour se défendre et mener à bien la révolution socialiste.
              3. Les marxistes ont pour cela besoin d’être pleinement conscients de la réalité de la lutte des classes. Ils cherchent la vérité et la disent en toutes circonstances. Pour cela, ils ont besoin d’une méthode d’analyse efficace : le matérialiste et la dialectique. Cette méthode d’analyse leur a permis de constater que la lutte des classes est le moteur de l’histoire. Il reste à préciser en toute circonstance comment cette réalité se décline.
              Aujourd’hui, typiquement les marxistes veulent défendre à la fois les ouvriers russes et les ouvriers ukrainiens. Ils veulent donc construire une internationale qui regroupera, avec la même politique, des ouvriers des deux pays et de tous les autres pays.

            • mursili mursili 3 décembre 2022 10:51

              @Jean Dugenêt

              Et concrètement, appliqué à la France d’aujourd’hui, cela donne quoi ?
              Il n’y aura bientôt plus d’ouvriers dans ce pays. Tout juste des livreurs de pizzas, et quelques influenceurs. 


            • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 3 décembre 2022 11:23

              @mursili

              « Et concrètement, appliqué à la France d’aujourd’hui, cela donne quoi ? »

              Cela donne ce que vous voyez : le mouvement des gilets jaunes qui fait trembler les milliardaires l’espace d’une nuit. Les syndicats avec leurs contradictions : des dirigeants qui sont en fait au bottes des patrons mais doivent en même temps tenter de satisfaire une base. Là, il faut manier la dialectique. Il faut comprendre ce qu’il y a de contradictoire et en perpétuel mouvement. Des potentialités énormes pour regrouper une avant-garde mais bien des difficultés pour y parvenir. La nécessité pour les exploiteurs d’imposer une dixième réforme des retraites avec la garantie que les dirigeants du mouvement ouvrier les aideront mais sans la certitude qu’ils y parviendront...


            • mursili mursili 3 décembre 2022 12:47

              @Jean Dugenêt

              En effet. Tatiana Ventôse vient de publier une vidéo dans laquelle elle explique l’évolution du capitalisme mondial depuis Bretton Woods. C’est une excellent travail d ’élucidation et d’éducation populaire. Qu’en pensez-vous ? Manie-t-elle bien la dialectique ?
              https://www.youtube.com/watch?v=5UFTF5xwF7s&t=2054s


            • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 3 décembre 2022 16:39

              @mursili
              Désolé de ne pas creuser la question. Ce que dit Tatania Ventôse semble tenir la route mais dans le peu de ce que j’ai écouté je ne l’ai pas entendue manier particulièrement la dialectique.


            • mursili mursili 3 décembre 2022 20:19

              @Jean Dugenêt

              Merci de votre réponse. 


            • Tzecoatl Tzecoatl 3 décembre 2022 08:34

              Et comment, un matérialiste trotskyste explique que la nature nous parle, à l’instar d’un Lucien Séguy, agroécologue qui expliquait que pour savoir ce dont a besoin ses plantes, il leur demandait ?

              Certains disent que les arbres n’ont pas de cerveau. Et si les vibrations de leurs branches et feuilles faisaient d’elle comme un cerveau spirituel ?

              Car, en vibrant, dissipant son microbiote, il serait ainsi capable de communiquer.

              Le matérialisme est réduit à la fonction utilisatrice, corpusculaire de la physique quantique.

              Si la vision économique de Trotsky n’était pas si mauvaise, le fait que le cadre marxiste du XIXème soit un peu éculé en terme de connaissances, ne doit pas obscurcir la fécondité par le réductionnisme, ici matérialiste. Une approche holiste me semble plus pertinente, plus pérenne, et moins fragile car plus résistante à des subjectivités parasites.


              • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 3 décembre 2022 09:23

                @Tzecoatl
                 
                 ’’Et si les vibrations de leurs branches et feuilles faisaient d’elle comme un cerveau spirituel ?’’
                 
                « Cette jolie idée de Saint-Pol-Roux que les arbres échangent des oiseaux comme des paroles. » Jules Renard



              • Zaouder 10 décembre 2022 02:33

                On suppose que A est un nombre. Qu’est-ce qu’un nombre ? Le caractère dénombrable de la matière. Si A est un nombre réel alors dans l’ensemble des nombres réels, A est unique. On note cela A=A. 

                Un exemple concret : Jean Dugenêt appartient à l’espèce humaine, son ADN est unique parmi les 8 milliards d’êtres humains sur terre. On note Jean Dugenêt ne peut être que lui-même et personne d’autre. 

                La dialectique s’occupe de l’évolution des choses, les changements qu’un objet subit au cours du temps. Un A de 60 ans dégradé n’est plus comme un A jeune de 20 ans.


                • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 10 décembre 2022 11:38

                  @M’bafo Pian

                  Bonjour,

                  Trotsky dit à propos du syllogisme A=A :

                  "Mais, dira-t-on, il ne s’agit pas de la grandeur et de la forme des lettres, c’est seulement le symbole de deux grandeurs égales, par exemple une livre de sucre. L’objection ne vaut rien : en réalité une livre de sucre n’est jamais égale à une livre de sucre"

                  Avec la dialectique nous nous intéressons à la réalité et non pas aux symboles. Peu nous importe qu’un nombre soit égal à lui-même. Comme vous le dites "La dialectique s’occupe de l’évolution des choses, les changements qu’un objet subit au cours du temps. Un A de 60 ans dégradé n’est plus comme un A jeune de 20 ans."

                  En effet un individu est unique mais il n’est jamais égal à lui-même car il évolue sans arrêt.

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