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Accueil du site > Tribune Libre > L’ADN, la France, la gauche et les impensés

L’ADN, la France, la gauche et les impensés

« Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve. » Merci à M. Mariani de nous donner une chance de vérifier cet adage hölderlinien et de nous ressaisir. En effet, le vote solennel du 23 octobre n’y fera rien, seul le Conseil constitutionnel peut sauver les meubles en supprimant cet amendement « ADN ». Je ne veux pas revenir longuement sur le débat direct, tout a été dit et redit à propos du droit du sol, du droit familial, de la protection de la vie privée et des libertés individuelles ; mais aussi sur la suspicion jetée sur les immigrés ; et encore sur la banalisation de l’utilisation de la génétique jusque-là strictement confinée à la médecine et à la justice ; et enfin sur l’illusionnisme d’une mesure si « édulcorée » qu’elle ne sert plus à rien, en admettant qu’elle ait eu une utilité au départ. Tout cela fait de cet amendement quelque chose de parfaitement absurde, néfaste, et stupéfiant. Tant d’acharnement pour imposer un « détail » ! Ne reste plus que le symbole (mais un symbole qui occulte le reste de la loi, dont la tentative, avortée fort heureusement en CMP, de durcir les conditions du droit d’asile).

Il faut dire que l’équipe en place est multirécidiviste sur ces terrains : ne sont pas oubliés les 4 lois en 4 ans sur l’immigration (celle-ci n’est toujours pas votée qu’une cinquième est annoncée, ce sujet devant visiblement rester sous les projecteurs), n’est pas oubliée la volonté de détecter les délinquants en bas-âge, n’est pas oubliée la prétendue prédisposition génétique à la pédophilie et au suicide, n’est pas oublié l’hallucinant discours de Dakar (l’homme africain n’est pas entré dans l’Histoire), n’est pas oubliée la grand-guignolesque communication du ministère Hortefeux sur les chiffres « à faire » en matière d’expulsion, ne sont pas oubliées les déclarations du candidat Sarkozy innocentant la France de la solution finale, n’est pas oubliée l’absence d’inauguration officielle de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration... Oh ! Je sais, il s’agit de bousculer les tabous, d’en finir avec la pensée unique, et se placer du côté du peuple, pas de parler de principes de philosophes, ceux qui feraient réfléchir avant de fournir une centrale nucléaire à un dictateur dont les hobbies semblent être le terrorisme et la torture.

A ce stade de la lecture, le sarkozyste aura reconnu l’intellectuel (de bas étage) et ses questions de principe, il pourra donc fuir la suite, car lui parle « bon sens », « pragmatisme » et « sondages » tels ceux réalisés par OpinionWay montrant que 56 % des Français sont favorables à cet amendement. Arrêtons-nous un instant sur ce sondage. La question posée était : « êtes-vous favorable ou opposé au fait de faire passer un test génétique pour s’assurer de la filiation des enfants et lutter contre la fraude dans le cadre du regroupement familial. » Et pourquoi pas : « êtes-vous favorable ou opposé au rétablissement de la peine de mort pour lutter contre le terrible fléau qui menace vos enfants qu’est la pédophilie ? » Bref, un sondage parfaitement biaisé par la question posée, mais seuls quelques chercheurs en sciences sociales seront là pour ne pas être écoutés sur la question. Peu importe, M. Hortefeux en conclut qu’il est du côté du peuple contre les intellectuels. Vous avez dit populisme ?

Je voudrais désormais en venir au cœur de mon sujet : ce que dit ce débat sur la France, et surtout ce qu’il dit sur la gauche.

La France d’abord, comme chacun sait, pays des droits de l’homme, porteur à lui seul de la pensée universelle, terre d’accueil s’il en est. Je ne peux m’interdire une pointe d’ironie, pourtant tout cela comporte une incontestable part de vérité. Cependant, la même pensée républicaine universaliste est aussi à l’origine de la colonisation (puisque nous sommes porteurs de l’universalisme, il faut l’apprendre aux sauvages). Cependant, comme le rappelle Alain Touraine, la France terre d’accueil a aussi envoyé Hannah Arendt et Walter Benjamin, entre autres, en camps de concentration alors qu’ils fuyaient le nazisme. Sans m’étendre davantage, je veux simplement rappeler que notre histoire est profondément ambivalente (plus encore même que ma présentation ne le suggère, puisque ce sont par exemple aussi des idées européennes qui sont à l’origine des mouvements de décolonisation) et qu’il s’agit d’en faire la critique raisonnable qui permettrait de ne pas se retrouver en position de grand écart entre notre statut autoproclamé de « pays des droits de l’homme » et une perception de plus en plus négative des autres pays du monde, de quelque région qu’ils soient.

Venons-en à la gauche. Je suis face à elle un peu comme le jeune Werther de Goethe est face à la vie : ce ne sont pas ses violents et spectaculaires soubresauts (rejet TCE, CPE, retraites...) qui me font souffrir, mais bien davantage son quotidien de désolation, d’atonie, « cette force dévorante qui est cachée dans toute la nature, qui ne produit rien qui ne détruise ce qui l’environne et ne se détruise soi-même. » Le besoin d’air, de rénovation et de mouvement est plus criant que jamais. Or, voilà qu’un combat typiquement de gauche s’offre à nous : n’est-ce pas là l’occasion de reprendre du poil de la bête, de s’affirmer, de se repenser, de se penser tout court en tant que gauche européenne du XXIe siècle ? Je le pense, et voit trois chantiers susceptibles d’être ouverts à la suite de la mobilisation contre l’amendement ADN :

1/ éviter les Charybde et Scylla que sont l’universalisme abstrait et le communautarisme ;

2/ proclamer une politique d’immigration de gauche ;

3/ repenser (enfin) l’idée de progrès.

C’est d’abord le problème de la laïcité. La République laïque « assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. » Cet universalisme abstrait est directement hérité des Lumières. Le problème, c’est que dans la réalité, les distinctions sont monnaie courante. La France est par exemple le pays détenteur du record de temps écoulé entre le suffrage dit universel et le droit de vote accordé aux femmes. Est-il besoin de mentionner les multiples discriminations que subissent les personnes de couleur ou dont le nom ne sonne pas comme il faudrait ? En bref, la belle volonté de ne pas discriminer conduit la République a être aveuglée et/ou désarmée face aux discriminations. L’International Crisis Group a ainsi été conduit à conclure au moment des émeutes de banlieue que la République était communautariste quand les émeutiers étaient individualistes : le problème est l’inverse de ce que l’on prétend. Car ce qui est perçu, c’est la menace communautariste, contre laquelle se fige une laïcité néorépublicaine dans une lecture nationaliste, obscurantiste et intégriste de l’histoire de la laïcité française (la France serait le modèle le plus parfait, voire l’unique de la laïcité, alors même qu’il a été historiquement élaboré par inspirations d’expériences étrangères, passées sous silence). Aujourd’hui, les enjeux de la laïcité ne sont plus les mêmes qu’au XXe siècle : l’individu cherche à s’émanciper des institutions qui étaient celles qui menaient l’émancipation laïque (école, médecine). Comment une pensée de gauche pourrait-elle faire l’économie d’une réflexion complexe sur la nécessaire lutte contre les discriminations et la restructuration de liens sociaux ? Comment rester sourd à la proposition de l’ECRI (une commission du Conseil de l’Europe) invitant à bannir le profilage racial ET à collecter des données ethniques dans le but de lutter contre les discriminations ? Il faut en tout cas trouver des solutions instaurant des gardes-fous puissants contre les dérives fascisantes et racistes tout en permettant de penser la diversité sociale. Ce n’est pas le lieu d’aller plus loin, je me contenterai de renvoyer à : Baubérot, L’Intégrisme républicain contre la laïcité ; Macé, Les Imaginaires médiatiques ; Weil, La République et sa diversité ; par exemple.

C’est ensuite la question de l’immigration. Les sociétés européennes sont confrontées à un problème démographique fort clair : le vieillissement de la population. Face à cela, deux solutions. La droite caresse le rêve que la natalité remonte, et veut se protéger de l’immigration. La gauche doit prendre acte de ce mouvement sociétal et revendiquer clairement que l’Europe a un besoin vital d’immigration, faute de quoi nos sociétés sont destinées à être de plus en plus exsangues, sclérosées, égoïstes, tendues et distendues. Oui, il faut le dire et le répéter, ce n’est pas de faire du chiffre d’expulsions que l’on a besoin, mais au contraire de faire venir du monde, d’être assez attractifs pour cela (et d’éviter par la même occasion que les plus hauts diplômés quittent le navire). Il s’agit donc de donner une toute autre image de l’accueil des étrangers, plutôt que d’estimer perpétuellement qu’ils sont la source de tous les maux. Il s’agit aussi de résoudre le problème de l’intégration dans une société (une dissociété) qui tend vers la désintégration. Voilà le défi majeur : parce qu’elle renonce à prendre cette question en charge, la gauche est démunie pour défendre une politique d’immigration, elle passera inévitablement pour laxiste, utopique, généreuse, mais dupe, bienfaitrice alors que, vous savez, on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Là encore, laissons les vieux schémas de l’époque industrielle, des Trente Glorieuses, et adoptons une grille de lecture plus moderne. Des pistes : Héran, Le Temps des immigrés ; Touraine, Penser autrement ; Cohen, Trois leçons sur la société post-industrielle.

C’est enfin repenser l’idée de progrès. Peut-être la question la plus fondamentale et la plus difficile pour la gauche. Longtemps, elle a été porteuse du progrès, et puis le XXe siècle nous a appris que le progrès n’était pas automatique, que le temps des certitudes était dépassé, que la plus grande barbarie pouvait naître des idées progressistes. Il y a, de fait, une peur du progrès, et le sens de l’Histoire se fait largement moins certain. Peur du réchauffement climatique, des OGM, du nucléaire, etc. Du coup, c’est la droite qui tente de récupérer ce thème. N’est-ce significatif ? La génétique arrive dans le débat par la droite, et la gauche s’y oppose farouchement. Il faut éviter de tomber dans le piège. C’est le progrès, la science, la génétique des populations qui a permis de mettre définitivement à la poubelle les théories raciales : ne faisons pas de la génétique, de l’ADN, des gros mots parce qu’on voudrait les utiliser à des fins que nous refusons catégoriquement. Il faut réinvestir le terrain du progrès, en accepter et en penser l’ambivalence, faire ce que la droite ne fera pas, investir dans la recherche massivement, faire le pari de l’avenir : n’est-ce pas le point de départ de la constitution d’un projet de société novateur, enthousiasmant et réaliste, digne d’une prudente confiance, qui fait si cruellement défaut à la gauche actuellement ?

«  Il faut résister. [...] L’avenir n’est plus la fulgurante marche en avant, ou, plutôt, c’est à la fulgurante marche en avant des menaces d’asservissement et de destruction qu’il faut résister aussi. [...] C’est dans Nuit et Brouillard qu’il nous faut jouer » (Edgar Morin, Pour entrer dans le XXIe siècle).


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3 réactions à cet article    


  • Martin sur AgoraVox Martin sur AgoraVox 18 octobre 2007 19:54

    À l’intention des lecteurs qui éventuellement découvrent la question de l’immigration massive en provenance d’autres continents je souhaitent apporter des éclairages réalistes sur ce sujet.

    Et je vais préciser combien sont faux les prétextes démographiques et économiques qui sont utilisés pour obliger la population européenne à se plier aux dictats et à accueillir sans protester les flux d’immigration non-européenne qui est destiné à la remplacer.

    La productivité s’améliore en permanence, mais en même temps on nous dit que la durée de travail ne peut qu’augmenter et que immigration depuis l’Afrique et l’Asie est parait-il indispensable.

    L’article suivant explique où est la tromperie : « Mondialisme, meilleure productivité, durée de travail accrue : à qui cela profite ? ». Lien :

    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=24555

    Cet article sur le mondialisme décrit à qui profitent l’augmentation de la durée de travail et l’immigration massive des non-Européens.

    Mais la vérité que l’Europe n’a pas un besoin vital d’immigration.

    L’immigration non-européenne entre dans le cadre global des actions répondant aux préceptes de l’idéologie mondialiste. Ces actions apparaissent sous la forme d’un processus qu’on a dénommé mondialisation.

    La mondialisation a bien entendu aussi été imposée aux Européens de cette façon, par les politiques se réunissant dans des instances européennes et prenant des décisions sous la dictée des lobbies notamment économiques et financiers qui pour défendre leurs intérêts prêchent la croissance économiques perpétuelle.

    Ces lobbies, ou groupes de pression en faveur des flux de plus en plus massifs d’immigration non-européenne, sont essentiellement de deux sortes.

    Il y a d’abord les groupes de pression organisés au sein d’institutions internationales, telles que l’ONU, qui poussent à installer la masse croissante des Africains sur le continent européen. Du point de vue de ces dignitaires des institutions internationales, l’organisation des flux migratoires toujours plus forts d’Afrique vers l’Europe, est la solution idéale pour résoudre l’incapacité des Africains de se prendre eux-mêmes en charge, et notamment est d’après eux la solution idéale pour résoudre les problèmes africains induits par l’incapacité des Africains de brider leur natalité, laquelle est devenue la cause principale de leur pauvreté.

    Par exemple, la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales, de l’Organisation des Nations Unies, a publié un rapport intitulé « Migration de remplacement : est-ce une solution pour les populations en déclin et vieillissantes ? ». À cette question l’Organisation des Nations Unies répond par un OUI. En voici le résumé en français :

    http://www.un.org/esa/population/publications/migration/pressfr.htm

    Ce rapport prétend qu’il n’y a qu’une seule solution au déclin démographique des Européens autochtones : l’immigration massive en provenance d’autres continents. L’ONU précise que dans un pays où le taux de fertilité est dans la moyenne européenne, il faut chaque année 6 000 immigrés par million d’habitants. Pour le continent européen entier, avec 720 millions d’habitants, les dirigeants de l’ONU veulent donc que chaque année 4 320 000 immigrés non-européens viennent remplacer les Européens autochtones en voie de disparition. En cent ans, jusqu’en 2100, cela voudrait dire que plusieurs centaines de millions immigrés non-européens seront venus en Europe.

    Il y a aussi les lobbies qui représentent les très gros intérêts économiques privés, qui ont intérêt à maintenir un haut niveau d’activité économique en Europe afin de continuer à s’assure un haut niveau de profits et pour cela veulent une forte immigration non-européenne. Dans le but d’accroître encore la richesse de quelques cercles restreints, les lobbies ont poussé les dirigeants européens à mettre en place une politique d’immigration, qui permettra d’importer 13,5 millions de nouveaux immigrés par an en Europe. Ce sont les objectifs chiffrés que l’ONU à fixés à l’Union européenne. La « carte bleue » permettra de régulariser le très fort flux d’immigration non-européenne qui est programmé dans les prochaines décennies.

    Sur ce thème lire l’article publié sur AgoraVox : « L’Union européenne et sa « carte bleue » pour faciliter l’immigration non-européenne ». Lien :

    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=29926

    Vous pouvez y lire la description des faits incontestables. Les liens fournis dans l’article permettent de vérifier les chiffres qui sont avancés concernant l’ampleur des flux d’immigration non-européenne, qui est une immigration de remplacement (comme le précisent les textes de l’ONU), qui est certes une immigration en provenance pas uniquement d’Afrique, mais qui est ces dernières années devenue très majoritairement un flux massif et en augmentation en provenance d’Afrique (du nord et sub-saharienne).

    Dans leurs décisions, les politiques tiennent-ils compte de l’opinion de la majorité des citoyens ? La mise en place des flux de remplacement de la population européenne a-t-elle été décidée d’après la volonté de la majorité des citoyens européens qui souhaitent exprimer leur opinion sur cette question qui est certainement fondamentale pour leur avenir et pour l’avenir de leurs descendants ? Les politiques au pouvoir sont-ils démocrates ?

    Les Européens peuvent organiser leur société de manière à perdurer malgré la réduction de la population au lieu de disparaître par le remplacement. La course à la croissance économique perpétuelle ne doit pas être acceptée comme le but suprême de nos existences.

    La course à la croissance économique perpétuelle ne doit pas conduire à l’extinction des Européens autochtones.


    • Sébastien Marie Zarathustra 19 octobre 2007 00:22

      Ce commentaire a l’avantage d’être argumenté. Evidemment, si on a lu mon article, on sait que je ne partage pas la vision des choses y présentées. Je ne vais donc pas me répéter, ni développer ce que je n’ai pas voulu développer en renvoyant à des ouvrages.

      Je voudrais simplement faire quelques remarques. Je trouve tout d’abord curieuse la prétention de se démarquer de l’idéologie, de présenter ses observations comme lucides et de s’auto-proclamer réaliste. C’est déjà un biais qui me pose problème. Quelqu’un a dit « il faut être fou pour se croire réaliste ». Il est bien évident que l’objectivité n’est pas humaine, l’irréfutabilité n’est pas scientifique etc. A ceci s’ajoute ce que j’appelle des jugements à l’emporte-pièce (« c’est anti-démocratique ») teintés de théories du complot (tout est lié pour profiter aux mêmes qui tirent toutes les ficelles contre le peuple). A ce niveau, la contradiction avec les déclarations d’intention est flagrante.

      Enfin, la question « A qui profite le crime ? » Est-ce une question intéressante ? Je n’en suis pas sûr. Et cela parce que je serais bien embarrassé si on me demandait de trouver quelque chose qui profite aux plus faibles contre les plus forts. Ca profite toujours aux plus forts, quand ça monte, ça monte plus vite et plus haut pour eux, quand ça descend, ça descend moins vite et moins bas pour eux. C’est comme ça, parce que leur position dominante leur donne accès à l’information, à des réseaux, à des sécurités que ne peuvent avoir les plus mal lotis. Aussi, il suffit d’être contre un phénomène, de poser la question « A qui ça profite ? » et c’est réglé, ce sera « anti-démocratique ». C’est peut-être du « bon sens » mais j’estime qu’on doit essayer de voir plus loin que le bout de son bon sens, celui qui nous ferait dire que le soleil fait la taille d’un CD.

      Et je rajoute encore une remarque sur la mondialisation, attribuée à je ne sais quels lobbys influents, manipulateurs et profiteurs. La mondialisation est un processus mis en route il y a des siècles pour ne pas dire des millénaires, que personne n’a décidé, et qui évolue sans que personne n’y comprenne rien (« Nous ne savons pas ce qui se passe, mais c’est cela qui se passe » disait Ortega y Gasset). Personne en 1960 ne savait que la mondialisation aurait la tête qu’elle allait avoir en 1980 ; personne en 1980 ne savait ce qu’il en serait aujourd’hui ; personne aujourd’hui ne sait ce qu’il en sera dans 20 ans. Simplement, ceux qui sont bien placés au départ auront plus de chances de tirer profit des évolutions. Il est donc facile de dire : « ils » tirent les ficelles à nos dépens, il faut s’opposer à eux et à leur idéologie. Ce faisant, on ne comprend rien à la situation et rien ne bouge, le patrons patronnent, les ouvriers travaillent (s’ils ont du boulot) comme dirait Coluche.


      • Martin sur AgoraVox Martin sur AgoraVox 19 octobre 2007 17:44

        J’écris en priorité pour partager mes opinions avec ceux qui pensent comme moi. Je ne cherche pas à convaincre ceux qui ont des opinions opposées.

        Certains citoyens européens sont d’accord pour favoriser l’extinction et le remplacement de la population européenne autochtone, d’autres citoyens y sont opposés. En démocratie chaque décision doit être prise selon la volonté exprimée par la majorité des citoyens qui se sentent concernés et la complète liberté d’opinion doit être permise.

        La marche forcée selon les préceptes idéologiques du mondialisme est un choix imposé par ceux qui gouvernent. Ce n’est pas un choix démocratique.

        Il ne faut pas confondre d’un part la mondialisation (qui est la mise en application d’une idéologie qu’est le mondialisme) et d’autre part les échanges qui a d’autres époques ont existé entre les groupes humains.

        La mondialisation avec l’uniformisation forcée des populations au niveau mondial, avec la globalisation des économies n’est pas venue s’imposer dans nos contrées européennes comme viendrait l’épidémie d’une maladie inconnue à laquelle personne ne s’attendait. La mondialisation avec la globalisation des économies a été voulue et imposée en Europe par ceux qui dirigent les États européens et par les lobbies qui entourent les cercles au pouvoir.

        Il y a d’abord les groupes de pression organisés au sein d’institutions internationales, telles que l’ONU, qui poussent à installer la masse croissante des Africains sur le continent européen. Il y aussi des lobbies économiques et financiers qui pour défendre leurs intérêts prêchent la croissance économiques perpétuelle et ont pour cela besoin de flux massifs d’immigration en provenance d’autres continents.

        Ceci dit, il ne faut pas croire qu’on n’y peut rien, que l’Union européenne, plus exactement les institutions de l’Union européenne, décident de l’élargissement de l’Union européenne et que les politiques des États membres ne sont pas en position de s’y opposer.

        Il faut se rappeler que les institutions de l’Union européenne ne sont pas autonomes quand elles décident de l’élargissement de l’Union européenne, de l’ouverture des frontières à l’immigration massive en provenance d’autres continents ou de la globalisation des économies. Les décisions de ce genre sont prises à l’unanimité du Conseil européen.

        Le Conseil européen se réunit aujourd’hui-même à Lisbonne pour confirmer la mise en application d’une sorte de « traité constitutionnel » de l’Union européenne.

        Le Conseil européen réunit quatre fois par an (dans des lieux variés) les chefs d’État et de gouvernement des États membres de l’Union européenne. Toutes les orientations importantes de l’Union européenne sont décidées lors de ces sommets périodiques. Cela concerne aussi l’élargissement de l’Union européenne à de nouveaux États membres comme par exemple à la Turquie, l’immigration en provenance d’autres continents ou la globalisation des économies. Pour ce type de décision les représentants des États membres (le chef d’État en ce qui concerne la France) doivent être unanimes, donc il suffit qu’un seul représentant d’État membre décide de s’opposer à une décision pour que cette décision ne puisse pas aboutir. Concernant concrètement l’élargissement de l’Union européenne à la Turquie, c’est seulement plus tard, lorsque le représentant d’État membre a donné son accord (le chef d’État en ce qui concerne la France), que les parlements nationaux doivent ratifier la décision d’élargissement et le Parlement européen, composé de membres directement élus, doit donner son avis conforme. Donc le chef d’État français est en position d’arrêter l’adhésion de la Turquie s’il souhaitait vraiment l’arrêter, et il est également en position de bloquer l’immigration massive en provenance d’autres continents ou la globalisation des économies.

        Il apparaît donc que les politiques qui se partagent le pouvoir en Europe sont globalement favorables à l’entrée de la Turquie, à l’immigration massive en provenance d’autres continents et à la globalisation des économies puisqu’ils n’arrêtent pas ces processus. Il est certain que divers lobbies influencent les orientations politiques qui sont décidées par les politiques au pouvoir.

        J’ai exposé cette influence des groupes de pression dans mon article « Comment contrer les lobbies de toute sorte et comment aller vers la démocratie », lien :

        http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=28735

        Mais dans tout cela, où est le respect du principe fondamental de la démocratie, le respect systématique de la volonté de la majorité des citoyens ? La majorité des Européens veut-elle prolonger le processus d’adhésion de la Turquie ? Les politiques tiennent-ils compte de l’opinion de la majorité des citoyens ? Les politiques au pouvoir sont-ils démocrates ?

        Concernant l’immigration non-européenne, comme concernant toutes les orientations fondamentales pour l’Union européenne le processus est le même. Les décisions sont prises de manière conjointe, par les représentants politiques des États membres, au sein des instances de l’Union européenne.

        L’immigration non-européenne entre dans le cadre global des actions répondant aux préceptes de l’idéologie mondialiste. Ces actions apparaissent sous la forme d’un processus qu’on a dénommé mondialisation.

        La mondialisation a bien entendu aussi été imposée aux Européens de cette façon, par les politiques se réunissant dans des instances européennes et prenant des décisions sous la dictée des lobbies économiques et financiers qui pour défendre leurs intérêts prêchent la croissance économiques perpétuelle.

        C’est pourquoi nous pouvons l’affirmer : la globalisation des économies n’est pas venue s’imposer dans nos contrées européennes comme viendrait l’épidémie d’une maladie inconnue à laquelle personne ne s’attendait. Il est certain que la globalisation des économies a été voulue et imposée en Europe par ceux qui dirigent les États européens et par les lobbies qui entourent les cercles au pouvoir.

        La globalisation des économies a pour conséquence en Europe la perte des emplois, la destruction des moyens de production industriels et bientôt agricoles, ainsi que la dégradation des conditions de travail. Lorsque par exemple les entreprises délocalisent des emplois vers d’autres continents, au Maroc, en Chine ou ailleurs, les représentants des partis au pouvoir font parfois un déplacement électoraliste sur le lieu de la catastrophe économique et ils déplorent publiquement ces conséquences nocives de la globalisation. Mais en vérité ces politiques appartiennent aux partis politiques qui au fil des 30 dernières années ont mis en place la globalisation. C’est toujours le double jeu : d’un coté la comédie destinée à l’électorat local, et d’un autre coté les décisions mondialistes, face auxquelles ceux-là même qui les ont lancées prétendent qu’il n’y peuvent rien, car « la décision vient de Bruxelles ». Les politiques jouent un jeu hypocrite.

        Ces orientations vers la globalisation ont par exemple été confirmées et renforcées lors du Sommet du Conseil européen de Lisbonne, en mars 2000. Rappelons encore une fois afin que ce soit clair : le Conseil européen réunit quatre fois par an les chefs d’État et de gouvernement des États membres de l’Union européenne. Toutes les orientations importantes de l’Union européenne sont décidées lors de ces sommets périodiques.

        Les orientations de Lisbonne, comme d’autres orientations qui visent les mêmes objectifs de globalisation, ont donc bien été décidées par les partis politiques qui en Europe alternent au pouvoir ces 30 dernières années ou plus.

        Les orientations de Lisbonne de mars 2000 se situent dans le cadre de la globalisation et leur but déclaré est d’améliorer la compétitivité des entreprises de l’UE en s’alignant sur les façons de procéder qui sont courantes dans les pays tels que la Chine ou l’Inde, où n’existent pas la protection sociale et la réglementation des conditions de travail des salariés. Cela signifierait reculer vers les conditions sociales qui étaient normales en Europe au début du 19ème siècle. En résumé à la place du libéralisme on vise l’ultralibéralisme, ou en d’autres termes, à la place du capitalisme avec visées sociales, on veut le capitalisme pur.

        Si on veut remplacer les orientations de Lisbonne, par des orientations européennes économiques que souhaite majoritairement la population européenne, quelles que soient ces orientations souhaitées par la population, il faudrait que des mécanismes existent pour permettre aux citoyens d’exprimer et d’imposer leur volonté aux politiques.

        La mondialisation, forçant à uniformiser les caractéristiques des populations mondiales n’est pas inévitable.

        Les Européens peuvent organiser leur société de manière à perdurer malgré la réduction de la population au lieu de disparaître par le remplacement. La course à la croissance économique perpétuelle ne doit pas être acceptée comme le but suprême de nos existences.

        La course à la croissance économique perpétuelle ne doit pas conduire à l’extinction des Européens autochtones.

        Et j’insiste sur ces questions : Dans chacune de leurs décisions, les politiques tiennent-ils compte de l’opinion de la majorité des citoyens ? La mise en place des flux de remplacement de la population européenne a-t-elle été décidée d’après la volonté de la majorité des citoyens européens qui souhaitent exprimer leur opinion sur cette question qui est certainement fondamentale pour leur avenir et pour l’avenir de leurs descendants ? Les politiques au pouvoir sont-ils démocrates ?

        · Les lobbies locaux militent en faveur de la forte immigration non-européenne - avec quelles conséquences ?

        Le manque de main d’œuvre était déjà à l’ordre du jour dans les années 1950. Il peut être intéressant de faire la comparaison avec les solutions qui à ce moment-là ont été adoptées en France ou dans d’autres pays d’Europe occidentale d’une part, et au Japon d’autre part.

        Dans les années 1950-1960 il a été décidé en France d’importer des immigrés d’Afrique (du nord et sub-saharienne). La justification a été que l’industrie et l’économie en général ont besoin de toujours plus d’ouvriers pour assurer la croissance. Et c’était le commencement des changements massifs dans la structure raciale ou ethnique et religieuse de la population française, qui d’une population européenne aux racines culturelles chrétiennes au début du 20e siècle est devenue une population métissée et de plus en plus marquée par l’islam au début du 21e siècle.

        Toujours dans les années 1950-1960, mais au Japon, il a été décidé d’automatiser l’industrie et les Japonais ont investi dans les robots et la réorganisation du travail dans tous les secteurs économiques. Ils ont réussi à créer une expansion économique durable et la population japonaise n’a pas changé sa structure raciale, ethnique ou religieuse.

        Il y a là matière à de nombreuses études qui pourraient examiner comment les décisions dans un domaine - l’économie ou l’industrie - produisent des effets durables et parfois irréversibles dans d’autres domaines - culture, structure raciale ou ethnique de la population, structure religieuse ...

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