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Accueil du site > Tribune Libre > L’âge de la retraite en débat

L’âge de la retraite en débat

« Les générations actuelles vivent plus longtemps  ! » Ce leitmotiv qui est aussi un poncif a déjà servi à justifier l’allongement de la durée des cotisations de retraites. Il est maintenant utilisé pour faire passer un recul significatif de l’âge de cessation de la « vie active », autrement dit de la vie professionnelle. 
 
La plupart de nos hommes publics s’accordent en effet sur l’argument d’un supposé allongement de l’espérance de vie pour en conclure que, corrélativement, il serait « normal » que la durée de travail des salariés augmente en conséquence. Cependant, ce faisant ils oublient de dire qu’à 35 ans un cadre peut encore espérer vivre 46 ans mais qu’un ouvrier dispose, lui, d’environ 39 ans…
 
C’est aussi oublier que l’espérance de vie « en bonne santé », c’est-à-dire sans incapacité majeure, n’est au total que de 64,2 ans pour les femmes et de 63,1 ans pour les hommes, selon une note récente de l’INSEE.[1] Nous sommes donc loin des prodiges de longévité que louange la presse généraliste au regard, il est vrai de l’accroissement du nombre des grands vieillards, voulant nous faire accroire que l’exception serait la règle. Car il faut les statistiques sans complaisance ni arrières pensées manipulatoires…
 
Les salariés en général, les ouvriers en particulier, disposent par conséquent en réalité de fort peu de temps pour jouir pleinement de leur retraite. Vu sous cet angle, le projet d’allongement de la période d’activité revient à nous convier à travailler jusqu’à ce que nous soyons passablement « usés » ou pire, proches de la tombe, si l’on se réfère à ce que certains « lanceurs d’alerte » commencent à dénoncer : « Les générations actuelles vivrons moins longtemps que leurs parents, de même que leurs enfants vivront moins longtemps qu’eux  ».[2]
 
Ce qui s’avérera certainement exact si l’on en croit la multiplication exponentielle des cas de cancers ou des maladies neurodégénératives qu’il ne sera plus possible bientôt, vu le rajeunissement constant des sujets atteints, de mettre sur le compte du seul vieillissement de la population et de l’allongement de la durée de vie.
Enfin, l’accroissement de l’espérance de vie ne date pas d’aujourd’hui, mais historiquement cette allongement de l’existence a accompagné la baisse continue de la durée du travail. C’est ce qu’on a pu, à une certaine époque, appeler le « progrès » ! Nos dirigeants ne savent-ils en fin de compte que nous imposer de régresser pour satisfaire aux contraintes et aux impérieux appétits de l’ultralibéralisme ?
 
 
 
 
 

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2 réactions à cet article    


  • finael finael 4 mai 2010 11:05

    On peut aussi comparer la durée du travail avec celle de temps plus anciens.

    En analysant les dernières populations de chasseurs-cueilleurs, les anthropologues ont remarqué que les travaux consacrés à la subsistance duraient une vingtaine d’heures - au plus - par semaine.

    De même, les historiens du moyen-âge ont constaté que même la catégorie la plus pauvre des populations : les paysans sans terre, consacraient plus de 150 jours par an aux fêtes, célébrations et autres. De plus, en hiver, les journées pouvaient se trouver fort réduites.

    Lors de la révolution industrielle du XIXème siècle le capitalisme naissant a mis les hommes au « travail forcé » avec des journées de 12 à 14h. Devant la dégradation rapide du « matériel humain » et les grèves souvent violentes ils ont réalisé qu’il était plus « rentable » de laisser la « machine humaine » reprendre des forces.

    Le XXème siècle a été marqué par un allongement significatif de la durée de vie et par une diminution continue du temps travaillé dans la vie, diminution obtenue au prix de luttes sociales parfois sanglantes.

     Jusqu’aux années 1980 cela était considéré comme un progrès de la civilisation.

     Mais depuis, alors que nos sociétés sont de plus en plus riches, « on » (les puissants qui nous gouvernent) considère qu’il faut à la fois maintenir un niveau de chômage élevé (le fameux NAIRU) et allonger la durée du travail. Ce qui procède d’un illogisme fondamental.

    A moins que l’on observe que l’objectif n’est plus le progrès de la société, mais celui des profits d’une classe privilégiée et constituée de nombreux inactifs (qu’on préfère appeler « actionnaires » plutôt que rentiers)
    .


    • Alpo47 Alpo47 4 mai 2010 11:10

      L’argument de l’age, sert surtout à faire oublier tout le reste.
      Et ce dont il ne faut pas parler, selon nos « élites », c’est de la répartition des rentrées d’argent pour les différentes caisses sociales. Les multiples exonérations de charges des entreprises ou du revenu du capital grêvent nos comptes de dizaines de milliards chaque année...
      Il suffirait d’abord de revenir sur ces exonérations pour retrouver l’équilibre, voire un surplus.
      Mais de cela, quasi (sauf l’extrême gauche) personne ne parle.
      Etonnant, non ?

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Firenza


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