L’« âge pré-apocalyptique », un monde sous surveillance. L’accord de Genève entre l’Iran et les 5+1
La fin de la Deuxième Guerre mondiale, en 1945,s’est terminée par des millions de morts. Pour la seule URSS, elle a fait 26 millions de morts et 25 millions de sans-abri. C’est le pays qui a enregistré le plus de pertes humaines, il a été ravagé par des destructions matérielles estimées à six fois le revenu national de 1940. Pour l’Allemagne, il ne reste plus qu’un amas de ruines du grand Reich, ses villes sont détruites, ses habitants sans abri. La guerre a provoqué des dommages considérables dans toute l’Europe. Partout, le conflit a apporté ruines et destructions, toute l’Europe s’est vue ensuite occupée par des forces militaires de libération. La guerre semble sonner le glas d’une Europe développée, à la pointe d’une économie et d’une culture de portée mondiale.
Seules deux superpuissances sont sorties de la guerre avec une grande marge de manœuvre. Les deux empires coloniaux européens, la France et la Grande-Bretagne, se sont vues contraintes par les guerres d’indépendance dans les colonies et les pressions internationales à renoncer progressivement à leurs possessions. Leur suprématie disparaît au milieu des années 1950. Les conférences de Yalta et de Potsdam – la France y était absente – qui décidèrent du partage du monde devaient dessiner la carte du monde en deux blocs Est et Ouest. Dans l’Europe des Balkans et la zone d’occupation soviétique de l’Allemagne, des régimes communistes ont été mis en place. En Extrême-Orient, le Japon, soumis à l’administration américaine, perd les territoires conquis. Sakhaline et les îles Kouriles sont devenues soviétiques. La Corée libérée est séparée en deux zones d’occupation américaine et soviétique. La Chine est reconstituée, mais perd le Formose (Taiwan). L’union entre communistes et nationalistes chinois a vécu. Soutenues par l’URSS, les troupes de Mao Tsé-toung reprennent la conquête du pouvoir. Mais le facteur qui va changer les rapports entre les blocs, c'est la révolution dans la puissance de destruction des armements.
Dans les siècles précédents et surtout la première moitié du XXe siècle, la puissance d’une nation se mesurait à la puissance de feu de ses armées. Pour peser sur l’échiquier mondial, toutes les nations européennes ont rivalisé d’ingéniosité en matière de pouvoir de destruction des armements, rendant ainsi les guerres inévitables. Grâce à la performance des armes, des guerres étaient extrêmement meurtrière. Les pertes humaines en 1914-1918 et 1939-1945 en témoignent.
De plus, en plus des armements, les règles de la guerre ont beaucoup évolué. Les haines entretenues par les politiques, les revanches désirées par les nations qui ont perdu des guerres, les disputes entre les puissances pour le partage du monde, ont fait que les nations européennes se préparaient à s’affronter désormais dans des guerres dites « totales », i.e. une mobilisation totale des moyens humains et matériels pour la guerre. Mais augmenter le pouvoir de destruction dépendait des progrès techniques, et les progrès des armements relevaient des découvertes scientifiques. Ce à quoi s'efforçaient les scientifiques des grandes nations européennes, ce qui paradoxalement dans cet entêtement dans le développement des armements, des découvertes déconcertantes, de plus en plus révolutionnaires, des scientifiques, s’opéraient. Comme si elles étaient facilitées par la Providence, comme si la Nature apportait sa contribution aux besoins de la guerre, divulguant ainsi ses « secrets » aux scientifiques. Un phénomène de l'Histoire ou une « ruse de l'histoire » doit-on se poser sur cette avancée accélérée en l’espace d’un demi-siècle, 1900-1950.
Pour le premier conflit mondial, on estime le coût des pertes humaines à plus de 9 millions de morts et 10 millions de blessés et des destructions considérables. Pour le deuxième conflit mondial qui a fait sombrer l’Occident dans une folie meurtrière sans précédent, rien qu’en Europe, la guerre a fait, selon les estimations, au moins quarante millions de morts. Dans le monde, on fait état de chiffres effrayants, soixante dix millions de morts et plus, le nombre de blessés se comptent par dizaines de millions, et cers guerres presque apocalyptique vu le nombre et la faible durée, cinq longues années et demie. Aussi peut-on dire cette hémorragie d’une humanité, puisque ce n’est plus deux nations qui se font la guerre, ou un continent, c’est l’humanité entière. Alors peut-on se dire : « Contingences » ou « Nécessités d’un monde qui avance » et qui veulent effacer les quelques quatre à cinq siècles passés. Et ces quelques siècles ont-ils un sens ?
- La « Nature » livre le secret des armes apocalyptiques à l'homme
Des armements toujours plus perfectionnés et plus destructeurs, que les gouvernements occidentaux ont fait peser sur leurs peuples et sur les peuples assujettis, vont aller au-delà de toute espérance. Un domaine des sciences va s'ouvrir et apporter à l'homme une nouvelle « folie », qui pour peu qu’il l’utilise à grande échelle, sera probablement sa « dernière guerre ». Cette « folie destructrice » - on ne peut l’appeler intrinsèquement appeler « arme », parce qu’une arme s’utilise au besoin, celle-ci ne s’utilise pas, elle se stocke dans des silos terrestre, aérien, marin et sous-marin. Et elles se trouvent un peu partout dans le monde. Son pouvoir de destruction inouï – il est massif, immédiat et apocalyptique – amène une guerre en cas de déclenchement à se compter non en années, en mois, en jours, mais en heures, et moins d’une heure. Des centaines de millions peuvent être effacées de la surface de la terre en quelques minutes, pour peu qu'un conflit nucléaire se déclenche entre les grandes puissances. Des centaines de millions d'être humains disparaîtraient comme s’ils n'avaient jamais existé.
Une question. Comment cette puissance inouïe est parvenue à l’homme ? Il est vrai que la recherche scientifique par les savants n’a pour motivation que la découverte de principes universels qui régissent la Nature, le plus souvent pour apporter à l’homme la compréhension de l'univers à la fois pour prendre conscience de son être ( de lui-même), de tirer aussi des bienfaits que ces découvertes peuvent apporter lui dans les domaines les plus variés de la vie humaine mais aussi pour en faire des armes pour se défendre et les souvent pour agresser pour que l’on fusse assez fort.
Utiliser les forces de la Nature pour faire progresser l'industrie et répondre aux problèmes démographiques en termes de consommation agricole, découvrir des substances chimiques ou micro-organismes présents dans la « Nature » pour guérir les maladies voire immuniser les populations des fléaux épidémiques graves, tels le choléra, la peste, etc., sont des visées nobles pour l’homme. Les idées des savants ne sont donc pas destructrices, mais quand elle s’applique à des fins militaires, la situation change entièrement. Justement, la situation dans la première moitié du XXe siècle a été marquée par la haine entre les peuples européens, et la haine de l’occupant par les peuples colonisés. Et une des conséquences de la recherche scientifique qui non seulement fut la plus considérable mais « a marqué à jamais le monde » a été la découverte des réactions en chaînes des matériaux fissiles.
Des savants de génie, tels Henri Becquerel, Pierre et Marie Curie, Planck, Einstein, Rutherford, Bohr, Heisenberg, Schrödinger, Borne, Dirac, et autres…, ont fait connaître à la physique atomique un essor extraordinaire. Grâce à l’étude des phénomènes observés, aux découvertes de leurs prédécesseurs, à leur capacité d’analyse et surtout à leur extraordinaire intuition, ces savants ont pu trouver des lois qui ont révolutionné la physique du monde. Et le plus surprenant, c’est que la physique atomique n’a commencé à être comprise qu’à la veille du Deuxième conflit mondial. De plus, « l’arme nucléaire n’a fait son apparition qu’à la fin de la guerre ? »
Coïncidence ou simple concours de circonstances ? Que serait-il arrivé à l'humanité si ces armes fussent découvertes au milieu du Deuxième conflit mondial par les nazis et utilisées à grande échelle durant la guerre ? On n'a même pas besoin de s'étendre sur cette question, l'humanité aurait tout simplement perdu tout repère. L'Angleterre serait un tas de ruines. Des millions d'Européens, d'Américains et de Russes auraient probablement été exterminés. Le Deuxième Conflit mondial aurait été apocalyptique.
Une « humanité-monde » qui se serait transformée irrémédiablement en une « inhumanité-monde ». Et l'arme absolue ne s'est pas fait découvrir dans le théâtre européen, mais dans un théâtre lointain, là où il n'y avait pas la guerre. Un peu comme si la Nature avait pitié des hommes. Et les essais nucléaires n'ont été concluants que le 16 juillet 1945, une première bombe atomique (au plutonium) américaine a été essayée avec succès à Alamogordo, dans une région désertique de l'État du Nouveau-Mexique ? Moins d’un mois après les essais concluants, deux bombes ont été larguées par les Américains les 6 et 9 août, respectivement sur les villes japonaises de Hiroshima et Nagasaki ? Après explosion, deux villes, deux peuples, avec leurs maisons et leurs infrastructures se sont pratiquement volatilisés de la surface de la terre. C'est comme si ces peuples n'avaient pas existé. En réalité, les habitants d'Hiroshima et de Nagasaki ont existé, mais ils ont existé pour, à vrai dire pour ne pas exister. La raison est simple, ils n'ont laissé aucune trace hormis les grands brûlés et les aveugles, restés vivants (ou des restes de cadavres calcinés) qui témoignaient d’avoir vu l '« enfer en nature ».
Ce qui s’est passé au Japon aurait pu se passer en Europe. Si l’Europe a été épargnée, ce n’est pas seulement parce que la guerre était finie, en avril 1945, mais parce que les recherches nucléaires, en Allemagne nazie, bien qu’avancées, n’avaient pas abouti. Là encore, on pourrait dire qu'il y avait un Esprit (Hegel), une Volonté au-dessus de la volonté des hommes, qui a pour nom « Nature, Nécessité et Contingent ». La volonté des hommes, n'est-elle pas un simple épiphénomène de la Nature qui régit entièrement le devenir du monde.
Les phénomènes nucléaires existent bel et bien dans la Nature, ce qui veut dire qu’ils appartiennent à la Nature et si l’homme les a trouvés puisqu’ils existent déjà organisés dans la Nature, c’est que cette Nature a bien voulu exaucer – et encore partiellement, l’homme ne connaît pas tout de l’atome – la volonté « des hommes qui cherchaient à comprendre la Nature », et les puissances qui redoublaient toujours plus d’ingéniosité pour augmenter la puissance de feu de leurs armements.
En leur livrant un secret terrible, qui a commencé à être dévoilé bien avant les conflits mondiaux, avant même le début du XXe siècle, la Nature, il faut bien l’admettre, anticipait, connaissait la « nature des hommes et leur soif insatiable de puissance ». Considérant la philosophie de l’histoire de Hegel, l’Esprit ou la Nature ou la Raison dans l’Histoire, on peut l’appeler comme l’on veut, n’a fait qu’enchaîner l’homme à sa propre découverte, lui fixant désormais des lignes rouges qu’il ne peut plus dépasser sous peine de périr. Il est évident que laissés totalement libres, les hommes s'autodétruiraient. Cela nous rappelle la phrase de Victor Hugo : « C’est une triste chose de songer que la Nature parle et que le genre humain ne l’écoute pas ».
Ainsi tout se tient, tout est ordonné dans le devenir du monde. L’avènement de l'arme atomique a un sens, comme l'irruption de la « Révolution russe » en octobre 1917, a été un « phare » pour les peuples colonisés. L'arme nucléaire aura, à son tour, à jouer un rôle central non seulement dans l’équilibre géostratégique mondial mais surtout dans la « paix mondiale ». Elle fera progressivement sortir l’Europe et le monde de la barbarie des « guerres pour la puissance, en freinant les velléités belliqueuses. Aucune puissance nucléaire au monde aujourd'hui ne s’aviserait de déclencher un conflit nucléaire sinon à détruire et à s'autodétruire dans l’immédiateté même des quelques minutes qui suivraient l'ordre de tir, et le départ des vecteurs nucléaires. Quelle que soit la doctrine, une guerre nucléaire totale raserait une grande partie des mégapoles, une riposte graduée ne ferait guère mieux. Ce sera le début du dépérissement du monde humain.
- L’arme nucléaire ouvre un « nouveau processus » à la marche du monde
Pourquoi une attaque nucléaire contre le Japon par les Américains ? Des villes qui ont servi à l’état-nature d’expérience pour le monde. Il y a évidemment des objectifs militaires qui expliquent l’utilisation de l’arme atomiques. Deux millions de soldats japonais, déterminés à combattre, demanderont certainement un effort de guerre américain « surhumain », étendu sur plusieurs années. Ce qui est incompatible avec le potentiel de la puissance américaine compte tenu de l’éloignement de son territoire et l’esprit de combativité des soldats japonais qui auraient à défendre le sol national. Néanmoins, le largage de deux bombes nucléaires en Asie avait un sens. L’attaque nucléaire sur les villes japonaises et l’apocalypse qui a suivi a servi essentiellement d’avertissement aux puissances du monde. Une force de dissuasion naturelle qui se trouve désormais entre les mains des hommes, et le message de cette « arme » est sans appel : « vivre ou périr », deux villes japonaises, deux populations ont été sacrifiées (utilisées comme cobayes pour son expérimentation).
Et si l'usage de l'arme nucléaire s'est effectué en Asie, c'est que cela aussi a un sens. Cela voudrait dire que les grands conflits à venir se joueront dans cette partie du monde, tous les conflits sont concentrés aujourd'hui en Asie, en particulier la partie occidentale [monde arabe et perse, Afghanistan, Cachemire]. Et enfin en Corée du Nord, Taiwan et les îles Sakhaline. L'arme nucléaire agira comme frein à toute rhétorique de guerre... ou comme impulsion à un nouvel ordre mondial plus équilibré. Et si l'Asie serait encore touchée, l’humanité entière en ressentira les conséquences.
L’avènement de l’arme nucléaire dans l’histoire de l’humanité a changé le destin du monde. Aucun savant ne pouvait penser, en procédant à des recherches dans le domaine nucléaire, qu’il allait découvrir l’« arme absolue ». Cette arme absolue est venue d’elle-même, à la fin de la guerre. En 1943, Roosevelt fixait le programme de construction à 120 000 avions et 75 000 chars. Les effets des deux bombes atomiques lancés sur le Japon ont changé totalement les plans d'armements américains et les guerres elles-mêmes. Une grande partie des 60 millions d'Américains affectées à la construction des armements aux États-Unis, en 1943, ont été obligés d'emplois, de se recycler à la fin de la guerre, dans des activités civiles.
L’arme nucléaire termine la stratégie de « La gagnera celui qui en fabriquera le plus ». Si l’effort a été consacré sur les armes nucléaires et les vecteurs pour les lancer (aéronefs, sous-marins, porte-avions, silos, etc.), les puissances ont fini par se lasser d’une puissance qui ne donne pas de puissance, d’une puissance qui interdit la guerre. C’est ainsi que la lassitude et le danger que représentent ces armes les amèneront à signer traité sur traité pour interdire les essais nucléaires et procéder à des limitations de leurs arsenaux nucléaires existants [STARTI, Start II..., démantèlement du surplus d’ogives non nécessaire à la puissance de dissuasion].
Il est évident que la « folie meurtrière » des puissances ne changera pas, mais ne dérangera pas outre mesure la Nature puisque les puissances restent « sous surveillance nucléaire ». Quelle différence entre 500 ogives nucléaires lancées sur des villes du monde, en cas de conflit nucléaire mondial, 1000 ogives, 2000 ou 3000 ogives ? Pour tous les cas, il y a sursaturation nucléaire et le retour de l'humanité à l’âge de pierre. L’arme nucléaire n'est, au final, que la partie émergente d'un nouveau processus en cours dans la marche dans l’histoire des peuples. Que les grands stratèges malgré tout leurs centres d'Intelligence stratégique n'ont pas compris.
- Les Services de Sécurité, « nouveaux pouvoirs » dans le monde.
Il faut considérer aussi que la course aux armements nucléaires et les « minutes précieuses » auxquelles sont mobilisés ingénieurs, savants et généraux entrent aussi dans les « lois de la Nécessité et du devenir ». Sans cette compétition sur les armes nucléaires, la recherche scientifique n’aurait pas fait le bond considérable que l’on connaît aujourd’hui. A voir seulement Internet, un système qui était d'abord militaire au départ, parce que nécessaire pour la mise en réseau de tous les Etats-majors des forces américaines dans le monde (pour la rapidité dans la prise de décision). Aujourd'hui, l'avancée de l'Internet appliquée au civil est tout simplement inimaginable. Elle a mis en réseau des milliards d'individus qui se connectent aujourd’hui quotidiennement. Elle a permis de véhiculer des milliards d'informations sur la toile mondiale. Les systèmes bancaires du monde entier sont connectés au point que des robots agissent à la place des hommes dans des millions d’opérations bancaires.
Ce qui nous fait dire que les applications de la recherche scientifique ne sont pas destinées uniquement aux armements mais aussi à la médecine, à l’aviation civile, aux constructions antisismiques, aux centrales nucléaires, à la recherche spatiale, aux moyens de communications, aux programmes informatiques et à tant de domaines qui ont révolutionné aujourd’hui la vie moderne.
L'âge atomique a ouvert la voie à une nouvelle vision du monde.
Depuis la guerre froide, tous les moyens ont été utilisés, de la propagande à l’intimidation, de la subversion aux guerres locales souvent par procuration. Les pouvoirs exécutifs des grandes puissances sont désormais « tricéphales ». D’un côté le pouvoir politique représentatif, de l’autre le pouvoir financier sans lequel il n’y a pas de puissance et le pouvoir militaire qui détient les forces d’anéantissement du monde. Bien qu’indirectement, le pouvoir militaire que la deuxième guerre mondiale lui a fait gagner beaucoup de prestige et d’influence, a à jouer, dans les camps des puissances, un rôle central dans les affaires politiques des États. Jamais situation n’a existé pour les Services de sécurité comme ce qui a prévalu après le deuxième conflit mondial. Il concerne aussi bien les pays développés que les pays sous-développés. Pour les nouveaux pays, les Services de sécurité se calquent sur leurs homologues occidentaux, ex-soviétiques, russe et chinois et sont pour la plupart noyautés par les « services » des grandes Puissances.
C’est la guerre froide, la paix fragile et le risque d’une déflagration mondiale qui a élevé les services de sécurité en sanctuaires, i.e. au-dessus des lois. Ces territoires presque inviolables ne sont que la conséquence de la nouvelle situation du monde. L’avènement de l’arme atomique a mis le pouvoir militaire au centre même de la géostratégie mondiale. Il faut se rappeler que les deux guerres mondiales ont été provoquées par des civils. Et surtout qu’il y a une menace permanente anéantissement mutuel imposée par l’existence même des armes atomiques dans les arsenaux des puissances. Ce qui rend forcément le pouvoir militaire par la lourde responsabilité qu’il a sur les vecteurs nucléaires en « contrepouvoir » au pouvoir exécutif. Les pouvoirs militaires des grandes puissances ne sont pas simplement des institutions aux ordres des pouvoirs civils aussi bien en Occident qu’en Asie, mais qu’il partage avec le pouvoir civil toute décision qui touche, non seulement dans la défense de la nation, mais à la survie même de cette nation, et de ce fait à l’humanité toute entière.
Nikita Khrouchtchev disait : « Qu’après le recours par les belligérants aux armes atomiques, le tas de cendres communistes ne se distinguerait guère du tas de cendres capitalistes. » On comprend pourquoi les structures occidentales (CIA, etc.) ex-soviétiques (transformation du KGB en d’autres structures), chinoise, jouent un rôle capital dans les affaires internationales. Les menaces proférées par le président américain, au plus fort de la guerre contre l’Irak à partir de 2005-2006 de recourir même aux armes nucléaires contre les sites nucléaires iraniens, et l’allusion de « Troisième guerre mondiale » donnent déjà une idée de manœuvre des responsables politiques civils dans le domaine militaire des relations internationales.
- Un « mal nécessaire » ?
Aujourd'hui, le monde a beaucoup changé sur le plan nucléaire. L'Inde et le Pakistan sont devenus des puissances nucléaires. La Corée du Nord est devenue une puissance nucléaire. Israël se targue d'être une puissance nucléaire non déclarée. L'Iran est soupçonné de chercher à devenir une puissance nucléaire. Evidemment, cette volonté de rechercher l'arme nucléaire pour ces pays est liée à la situation conflictuelle qu’ils ont les voisins ou les grandes puissances. Litiges frontaliers, ambition hégémonique, enjeu pour les grandes puissances…
Et dans ce cas de figure, l'arme nucléaire joue aussi un rôle dissuasif au même titre qu'elle le joue entre les grandes puissances. Une guerre, par exemple, entre l'Inde et le Pakistan entraînerait inévitablement l'effacement de la carte des villes et donc des centaines de milliers voire des millions d’êtres humains tués pour ces deux pays en l’espace de quelques heures voire quelques jours. Islamabad et New Delhi, leurs deux capitales, risquent d’être effacés de la carte. Par conséquent, au-delà des déclarations des gouvernants, une guerre serait un « suicide » pour ces deux pays. La Chine et l’Inde sont dans la même situation.
En réalité, « la plupart des villes de toutes les puissances nucléaires y compris non nucléaires sont, se trouvent de jour comme de nuit, à chaque seconde, dans l’objectif des vecteurs nucléaires ». Ce qui veut dire que le monde vit sous la menace de l’apocalypse, virtuelle certes, mais non moins réelle.
Au final, que peut-on dire de l'arme nucléaire ? Elle est un « mal nécessaire ». Et on comprend pourquoi l'Occident s'emploie de toutes ses forces pour arrêter l'Iran de passer le seuil nucléaire. Ce qui est une bonne chose à la fois pour l’Iran et l’humanité entière.
Il faut cependant dire que, dans le camp opposé, combien même Israël se targue de détenir 200 ou 300 ogives, ces armes nucléaires « virtuelles » n’en feront pas une puissance nucléaire. Combien même, on fait croire que ces armes nucléaires visent les villes des pays arabes, iranienne…, et c’est probable, la Chine comme la Russie prennent en compte que la détention d’armes nucléaires par Israël fait d’Israël un poste avancé de l’Occident contre eux. Dès lors que cette posture d’Israël détentrice d’armes nucléaires fait d’elle une menace pour la Russie, la Chine, elle l’intègre automatiquement dans le réseau mondial de dissuasion nucléaire. Ce qui veut dire que Tel-Aviv, et autres villes israéliennes se trouvent eux aussi sous la menace de l’apocalypse nucléaire. Le problème pour le peuple israélien, sait-il qu’il est plus menacé par les grandes puissances que par les pays arabes et l’Iran ?
- L’accord nucléaire entre les cinq + l’Allemagne et l’Iran, « sagesse ou nécessité » ?
Enfin, un dernier point pour conclure, c’est l’accord nucléaire entre les cinq+l’Allemagne. Qu’en est-il ? Posons objectivement les questions ! Pourquoi l’Iran poursuit un programme nucléaire ? Tout d’abord, il est d’un intérêt économique, cela est certain. Non seulement scientifique pour les applications à des fins pacifiques, comme la médecine, etc. Il est évident comme tout peuple qui considère son passé a aussi une volonté de puissance. La Perse a une histoire plus que millénaire, et entend s’inscrire comme acteur qui compte dans l’ « ordre du monde ». Mais, au-dessus de tout, le motif le plus important, basique, qui dicte la politique intérieure et extérieure iranienne est le conflit qui oppose l’Iran à l’Occident depuis 1979. Le programme nucléaire pour l’Iran est un moyen, d’opposer un système défensif suffisamment dissuasif contre toute menace existentielle que fait peser l’Occident sur le régime islamiste. Et cela passe évidemment par la maîtrise totale du cycle nucléaire et un rapprochement du seuil nucléaire,
Pour l’Occident, dix années sont passées depuis 2003 et le problème de l’enrichissement nucléaire iranien n’a toujours pas trouvé solution. Bien plus, depuis la réception et les passations effectuées en 2013,, la centrale nucléaire de Bucher est exploité entièrement par les Iraniens. L’Iran est devenu aujourd’hui, une puissance nucléaire et les Occidentaux en sont conscients et c’est ce qui explique le train de mesures de sanctions économiques ininterrompues contre son programme nucléaire.
Il est évident que « toutes les options sur la table » ne sont pas une solution, une guerre contre l’Iran ne ferait que « légitimer » l’Iran pour passer le seuil nucléaire et provoquer une guerre nucléaire. Les Iraniens, passés en victimes et attaqués, pourraient provoquer une apocalypse contre les pays avoisinants notamment Israël et l’Arabie saoudite. D’autant plus que c’est seulement l’Occident qui se pose en adversaire à l’Iran alors que les grands membres du Conseil de sécurité, la Russie et le Chine, se pose en alliés à l’Iran. Donc un casus belli n’a aucun sens dans le problème nucléaire iranien. Le monde est sous surveillance et aucun acteur dans le monde ne peut user de l’arme nucléaire sans qu’il y soit un retentissement apocalyptique mondial généralisé ou régional.
Par conséquent, l’accord conclu entre l’Iran et les Cinq+l’Allemagne est à la fois une mesure de « sagesse et de nécessité » pour toutes les parties.
Tout d’abord, « l’Iran n’a pas un intérêt à passer le seuil nucléaire ». Tant qu’il est dans un programme nucléaire à des fins pacifiques et même proche du seuil nucléaire, il bénéficie toujours de l’« immunité nucléaire » en tant que pays non-détenteur d’armes nucléaires. Il faut seulement se rappeler que le Pakistan est pourtant une puissance déclarée, cependant subit sans relâche sur son territoire des attaques de drones américains contre des terroristes pakistanais. Ce qui constitue une violation de souveraineté territoriale. Donc être une puissance nucléaire détentrice de quelques dizaines ou centaines d’ogives nucléaires n’en feront pas une grande puissance. L’arsenal est trop faible pour dissuader une grande puissance d’attaquer avec des moyens conventionnels modernes mais à distance. Si l’Iran venait à passer le seuil nucléaire, il donnera loisible aux drones américains à attaquer son territoire, ce qui posera pour le régime islamiste iranien une « quadrature du cercle ».
S’il devient une puissance nucléaire déclarée, comment pourra-t-il répondre aux attaques des drones américains contre des cibles islamistes qui seront dénoncées comme « terroristes »et portant atteinte à l’Amérique ? Le peuple iranien ne comprendrait pas la nouvelle posture. Et un régime islamiste iranien pris en faute, d’une part, a passé le seuil nucléaire, d’autre part, ne pourra pas opposer une réponse de défense comme le Pakistan, verra que toute sa puissance militaire le lui servira à rien. Provoquer une guerre entraînera une réponse non seulement massive mais légitimée de l’Occident. Il est évident que le commencement de la fin commencera pour le régime islamiste iranien.
Las seule solution pour l’Iran est de rester dans un programme nucléaire pacifique et, bien entendu, apporter des gages de sincérité. Quant à Israël et l’Arabie saoudite, au-delà des protestations, la « realpolitik » aura à primer. Et même pour les États-Unis et l’Europe, le bras de fer est arrivé à une « limite », l’Occident qui s’est embourbé par deux fois, en Irak et en Afghanistan – le retrait des forces otaniennes et américaines est prévu en 2014 – ne plaide guère pour une poursuite da sanctions surtout avec la crise économique mondiale.
- Conclusion
Pour conclure, les problèmes humains sont complexes, et ils ne vont pas se résoudre par miracle. Si on prend en compte les textes eschatologiques des trois religions monothéistes qui traitent tous de l’« Apocalypse » et du « Jugement dernier », et la « Nature », l’« Esprit » ou « Dieu » qui sont une seule et même « Essence » ne peut être que bon pour l’espèce humaine, l’« Apocalypse » si elle venait à se réaliser sera essentiellement le fait des hommes.
Le monde, depuis août 1945, est entré dans un âge qui n’a rien à voir avec les âges passés. Qu’on l’appelle l’« âge atomique », l’ « âge pré-apocalyptique » ou le « troisième âge », ne changera à rien à la nouvelle situation du monde. Il demeure une vérité, et celle-ci est sans appel : « Le monde est désormais sous surveillance ».
Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective.
Notes :
1. Les guerres et les crises économiques sont-elles une « fatalité » pour l’humanité ?
Partie I, par Medjdoub hamed
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/les-guerres-et-les-crises-138225
2. Valeur et sens de l’« islamisme » dans le nouvel ordre mondial.
Partie II, par Medjdoub Hamed
http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/vers-un-nouvel-ordre-monetaire-135240
3. L’herméneutique de l’alliance du monde de l’islam et de la première puissance du monde.
Partie III, par Medjdoub Hamed
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-hermeneutique-de-l-alliance-du-139471?pn=1000
4. Délocalisations, pertes d’emplois et décroissance en Occident, un « retour de balancier de l’histoire » ?
Partie V, par Medjdoub Hamed
http://www.agoravox.fr/tribune-libre
5. L'Occident, à l’épreuve du Tribunal du monde (I), par MedjdoubHamed
http://www.agoravox.fr/tribune-libre
6. L’Europe, une « humanité dans l’Humanité »
Partie VII, Par Medjdoub Hamed
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