L’Algérie et le monde arabe face au « Vent absolu du changement »
L’Algérie doit-elle espérer un avenir meilleur ? De même le monde arabe doit-il espérer sortir de l’œil du cyclone vu les guerres incessantes qui le traversent. Nous ne devons pas nous tromper, le monde se trouve à une charnière de l’histoire. Posons-nous des questions sur la marche de l’histoire. Peut-on dire que le XIXème siècle ressemble au XXème siècle ? Et déjà la deuxième moitié du XXème siècle ne ressemble pas à la première moitié du XXème siècle. Au début du XXème siècle, une grande partie du monde était colonisé ou sous protectorat. Sur le plan des techniques, le monde était très en retard. La télévision n’existait pas, l’aviation balbutiait encore, les voitures modernes n’existaient pas, ni les camions de transport lourds, ni des marines modernes équipées de missiles intelligents, c’était encore l’époque des cuirassés, la bombe atomique n’existait pas.
Hitler a existé, un homme, un seul homme a changé la face du monde par sa volonté de puissance. Mais cette deuxième mondiale qui a détruit l’Europe et une grande partie du monde, a détruit aussi la colonisation. Sans la Première Guerre mondiale et la Deuxième Guerre mondiale, le monde africain et une grande partie du monde asiatique dont l’Inde, le Pakistan et l’Indonésie, de grandes puissances démographiques, serait resté probablement encore colonisé. Donc, il y a ce concept de « négation positive ». Sans cette négation que furent les deux guerres mondiales, le monde n’aurait pas avancé.
Mais, à la deuxième moitié du XXème siècle, le monde colonisé ne s’est pas seulement libéré, devenu indépendant, c’est le monde entier qui a changé. Le monde s’est mondialisé, les armes atomiques ont fait leur entrée et ont mis en respect les grandes puissances. Aucune puissance ne s’aviserait d’attaquer une autre puissance sous peine de voir son territoire détruits dans les heures même qui suivent l’attaque. Il faudrait en cas de guerre nucléaire même localisée prié Dieu pour qu’elle ne s’étende pas aux autres puissances et devienne mondiale. Car une guerre qui commence et touche une grande puissance, on ne sait plus comment elle finirait. En clair, toutes les puissances sont prisonnières de leur puissance.
Mais les guerres où se jouent-elles aujourd’hui, et elles sont nombreuses ? Dans le monde arabe et étendu à une grande partie des autres pays musulmans. Et l’Algérie se trouve aussi dans ce monde balkanisé. Sauf que la guerre d’abord en Irak, ensuite en Syrie, a montré les limites des puissances occidentales. Non seulement, elles ont perdu l’initiative mais elles sont en recul. Peut-on s’étonner, c’était prévisible, comme ce qui s’est passé entre la première moitié du XXème siècle et la deuxième moitié du XXème siècle avec la fin de la colonisation, se passe aujourd’hui entre le XXème siècle et le XXIème siècle avec la fin de l’hégémonie occidentale qui s’annonce aujourd’hui.
Le monde a encore changé, le monde est aujourd’hui interconnecté, tout le monde est informé via le WEB. Le monde devient de plus en plus transparent. Le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi le 2 octobre 2018 par les services saoudiens est connu aujourd’hui du monde entier. L'exploit chinois d'alunissage sur la face cachée de la Lune le 3 janvier 2019, a été une première mondiale, l’information est à la portée de tous les internautes du monde.
Donc, qu’en est-il pour le monde arabe ? En particulier pour l’Algérie qui occupe une place importante dans ce monde. Il est évident que le monde arabe est en train de changer, et il va changer, parce qu’il ne se commande pas, il doit suivre la marche de l’histoire. Et aujourd’hui, comme le monde, l’Algérie est arrivée à une fin de cycle. Et malgré que globalement la situation n’a pas changé, et ce depuis l’indépendance. Évidemment il existe toujours cette revendication de légitimité révolutionnaire pour les tenants du pouvoir, mais elle est en fin de parcours, elle ne peut pas rester éternellement. Le monde avance, si l’Algérie n’avance pas, les forces de l’histoire la feront avancer. Et les forces de l’histoire peuvent être redoutables.
Certes, le système continuera de gouverner, et combien même il allèguera qu'il s'agit de sécuriser le pays, et donc le système ne change pas, sauf que la conjoncture a évolué et le système a trouvé l'idéologie fondatrice « la sécurité du pays », que les décideurs post-indépendance ont toujours mise en avant pour se légitimer. Cette idéologie tient tant que l’impérialisme d’antan, du temps de feu Houari Boumediene, qui s’est drapé d’un nouvel habit en « instrumentalisant la subversion terroriste islamique » contre les peuples arabes, tient. Mais le problème est qu’il y a une rupture de l’impérialisme qui se précise. La menace extérieure dans ce monde tend à se transformer en menace intérieure. En clair, les peuples sont en train de prendre de plus en plus conscience d’eux-mêmes, de leurs droits légitimes.
Les partis de l'opposition en Algérie sont de moins en moins une caisse de résonance pour légitimer le système politique. Ils revendiquent réellement la démocratisation de la vie politique et l’alternance au pouvoir. Il est évident pour que le système autoritaire mute, il faut pour cela que de grands événements fassent irruption, et changeront l'ordre politique mondial, ce qui infèrera sur les systèmes politiques absolutistes de bon nombre de pays arabes.
Et c’est cette mutation mondiale et des systèmes féodaux arabes, et elle est en cours, qui rompront l’arrimage à cet ordre archaïque moyenâgeux moyen-oriental, et que le président américain, Donald Tromp, se vante dans les médias que, sans la protection de États-Unis, ces monarchies du Golfe seraient renversées par leurs peuples. Et ce féodalisme arabe moyenâgeux infère sur les autres peuples arabes, et c’est là le dilemme dans le retard des peuples arabes. Et ces peuples ont montré lors du Printemps arabe qu’ils aspirent tous à la dignité, au travail, à une citoyenneté respectée. Certes, le Printemps arabe a été utilisé par l’Occident pour ses intérêts propres qui sont depuis toujours la mainmise sur le pétrole arabe et sur lequel est adossé le dollar américain, et indirectement l’euro, la livre sterling et le yen, quatre monnaies mondiales solidaires et mettant en coupe le monde. Sans le pétrole arabe et le dollar en tant que monnaie de facturation des transactions pétrolières, les États-Unis ne se seraient pas intéressés au monde arabe. Ni l’Europe ni le Japon. Il n’y aurait aucune utilité à tirer d’une mainmise sur ce monde, un monde presque comparable à l’Afrique subsaharienne.
Et si les systèmes monarchiques sont d’essence féodale depuis des siècles, les républiques ne sont qu’un peu moins féodal. Comme si Dieu les a mis dans cette situation, les républiques arabes dans une autre et l'Occident encore une autre. Les voies du Seigneur sont impénétrables. Cependant il y a l'« espoir ». Et cet espoir, on ne doit pas le perdre. Parce que quelle que soit la situation de l’Algérie, comme du monde arabe, il y a le Tout puissant qui veille, en clair le « Vent absolu du changement », par où viennent les touts du monde. C’est ce Dieu, le Tout puissant qui programme la marche de l’histoire, qui programme le progrès du monde. L’homme croit trouver, mais c’est par l’esprit qui vient de Dieu et qui est mis en l’homme qu’il avance. Sans cet esprit, l’homme ne peut penser sa voie.
C’est cela que l’on doit comprendre, aucune nation ne commande son destin. Le XXIème siècle sera le siècle d’une seconde libération du monde arabe et de l’Afrique. Ce sera certainement une nouvelle naissance. Les Américains vont certainement se retirer du monde arabe selon la version impérialiste qu’ils ont menée jusque-là. En clair, de plus en plus, il n’y a rien à gratter de ce monde. La Russie se déploie, mais c’est surtout la Chine et l’Inde dans quelques décennies qui relègueront l’Occident en deuxième puis en troisième position dans d’ordre de puissance. La pax americana va se terminer, c’est inéluctable. Pour ne prendre que le Japon ou Israël, Les prévisions tablent pour le Japon une population de 47 millions de Japonais à la fin du siècle contre 130 millions aujourd’hui. Quant à « Israël, il disparaîtra sans un moindre coup de feu ». L’État hébreu peut-il survivre avec une population juive minoritaire ? »
Et cela concerne aussi l’Allemagne, l’Espagne, la Russie, les États-Unis, la France, sinon comment comprendre ce phénomène migratoire qui a commencé en ce début de siècle et qui prend de l’ampleur ? Des prémices dues au vieillissement et à la dépopulation des pays riches ? Qu’en sera-t-il dans 50 ans ? Dans 80 ans ? Et les années passent très vite sans que l’on se rende compte. Le XXIème siècle ne ressemblera pas au XXème siècle comme le XIXème siècle ne ressemble pas au XXème siècle.
Le brassage de races va s’accentuer dans les pays riches dont le taux de natalité est très bas. Le revers de la médaille pour les pays trop riches, trop ordonnés, trop policés. Comme la Chine s’est développée, d’autres mondes en retard se développeront inéluctablement. « Une loi de la nature. » Et cela conforte l’« espoir » pour tous les peuples riches ou pauvres. Un mouvement irréversible de changement, d’un monde toujours neuf suivant une « loi positive dans le développement ». Et cela ne peut être autrement pour l’« humanité ». Le sens même de son existence, et une raison d’être sur terre.
Medjdoub Hamed
Chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective
www.sens-du-monde.com
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