L’école des ânes
Qu'est il arrivé à notre chère école ? Charlemagne doit-il se retourner dans sa tombe, si on en juge par les chiffres c'est fort à craindre !
En effet 1,9 million de jeunes français ne seraient ni a l'école, ni à l'université, ni en formation, ni dans la vie active. Mais alors où sont-ils ? Tout simplement dans une zone de non droit, en plein « zonage ».
Vingt cinq pour cent des jeunes de dix huit à vingt cinq ans sont au chômage, soit un sur quatre, soit deux fois plus qu'il y a trente ans. Alors que se passe t-il, et qui doit on incriminer, la démission des parents, des profs, de la société ?...Un peu facile.
D'ailleurs cinquante huit pour cent des français jugent que la qualité de l'éducation n'est pas à la hauteur (enquête CSA), et les plus critiques font parti de la classe ouvrière, car souvent ils ne disposent pas eux mêmes de bases suffisantes pour pouvoir aider leurs propres enfants, et quand on connait les tarifs des cours particuliers, on comprend mieux qu'ils n'ont souvent pas d'autres choix que de remettre l'avenir de leurs enfants entre les mains de l'Education nationale.
Il est vrai que depuis trente ans, il est toujours plus facile pour un petit Jean-Eude de réussir dans un lycée à Neuilly, que pour un petit Mohamed dans un lycée à Sarcelle ! On sait bien que l'égalité des chances est une vaste fumisterie, que certains ministres et élus faussement utopistes nous ressortent à l'approche de chaque élection.
Nous prendrait on pour des imbéciles que ça ne m'étonnerait pas...
Mais soyons sérieux, où se situe la racine du problème, le budget alloué à l'Education nationale est énorme, et il n'est pas inutile de le rappeler payé avec nos deniers.
Depuis presque trente ans que je suis sortie de l'école, tous les ans c'est le même refrain, les rythmes scolaires, la méthode d'apprentissage de la lecture, la pertinence de faire du sport l'après midi ou pas, l'éducation civique et j'en passe. Tout les ans on nous balance une grande réforme, qui finalement se transforme en « réformette », mais les résultats sont là...c'est à dire une absence cruelle de résultats !
Je pense que l'Education nationale souffre de l'idéologie selon laquelle tout les enfants se valent et qu'ils ont tous les mêmes chances de réussite au départ, c'est faux, attention je ne parle pas d'une vague notion d'eugénisme mais bien de justice.
Je m'explique, ne pourrait-on pas envisager un jour que si nous possédons tous le même cerveau, aucun de nous ne s'en sert de la même façon, à la même vitesse, avec le même raisonnement. Certains enfants fonctionnent sur une mémoire visuelle, d'autre sur une mémoire auditive, alors n'est ce pas une hérésie que de vouloir mettre tout le monde sur une méthode d'apprentissage unique, qui favorisera certain, pour laisser les autres en plein désarroi. Ne pourrait-on pas envisager de repérer dès le plus jeune âge ceux qui pourront suivre de longues études et ceux qui ne le pourront pas, attention il ne s'agirait pas d'un tri sélectif entre bons et mauvais, mais une recherche de potentiel à développer, où chacun aurait la chance de s'épanouir dans ce pour quoi il est le plus doué.
Dans les années soixante dix le leitmotiv était « passes ton bac et après on verra », si cela est toujours vrai de nos jours, le monde a bien changé, si on ne poursuit pas ses études après, et bien il ne se passe rien ! On a voulu amener quatre vingt pour cent des élèves au baccalauréat, mais les chiffres parlent d'eux même, cent cinquante mille « décrochent »chaque année du système.
Mais pour bien comprendre le problème, il faut envisager les choses dans leur globalité, ce n'est ni la faute des profs ni celle des parents ni même celle des jeunes, c'est la société qui a évoluée beaucoup plus vite que les gens qui la compose.
Le phénomène je pense est assez inédit, la société n'a jamais autant évoluée ces quarante dernières années tant sur le plan des mœurs qu'au point de vue technologique. Les sociologues ont tenté de classifier cette période en trois grandes générations.
La génération X est issue du Baby-boom, celle dont je fais parti. Une génération pas ou peu connectée, qui à vu l'avènement du minitel, les prémices de l'informatique et la première génération des téléphones portables vers la fin des années 80. C'est une génération pour qui les valeurs de la famille étaient très présentes, ainsi que le respect des ainés donc des professeurs. Pour réussir dans la vie on choisissait une orientation et un métier afin d'y faire carrière en gravissant les échelons.
La génération Y a vu les premiers jeux vidéo et l'informatique a commencé à s'installer dans toutes les familles. Cette génération a vu l'éclatement de la cellule familiale et s'installer le culte de « l'enfant Roi » à qui on cède tout et pour qui rien est trop beau.
Mais les écoles ne sont plus les mêmes, le temps n’est plus le même. Une stratégie qui fonctionnait il y a 20 ou même 10 ans est vouée à l’échec aujourd’hui. Mais cette génération Y ne veut pas remplacer la génération X ni prendre leur place aux employés. Elle aimerait juste que sa voix soit entendue et que la justesse de ses stratégies modernes s’allie avec l’expérience des méthodes traditionnelles.
La génération Z issue des années 2000 est hyper connectée, très au fait de ce qui se passe dans le monde, elle est en permanence dans la contradiction, à la fois très autonome et souvent très immature, utilisant les réseaux sociaux de manière souvent irresponsable, car non encadré par des parents trop occupés.
Le plus difficile pour cette génération, c’est qu’elle doit se débrouiller seule car le système éducatif ne les prépare pas « encore » à tous ces changements qui ont DEJA eu lieu. Ils ont grandi dans un monde scolaire qui ne correspond pas à l’univers professionnel actuel et futur. Il faudra certainement attendre la suivante pour un tel changement. Rien n’a été prévu pour les préparer à ces bouleversements et le seul repère vient d’une partie de leurs ainés qui ont su s’adapter.
Enfin en ce qui concerne le corps enseignant, l'Education nationale n'a pas su revaloriser le métier et répondre à ses besoins, beaucoup d'entre eux sont encore sous des statuts datant de 1950...archaïque ! Le métier est en crise, il suscite peu de vocation et beaucoup d'absentéisme (20% des postes non pourvus au concours en anglais ou en maths) et ce malgré 50 milliard de rémunération.
Le dernier point noir est l'autorité, beaucoup de parents comptent sur l’école pour éduquer leurs enfants, mais ce n’est pas son rôle, en fait chacun compte plus ou moins sur l’autre pour faire son boulot.
En conclusion je dirais que malheureusement les choses ne sont pas prêtes de s'arranger, car il faudrait pour cela une réelle volonté de changement, des budgets colossaux, brefs des énormes chantiers à mettre en œuvre. Mais le plus important, comprendre que l'école n'est pas un gigantesque filtre pour fabriquer des exclus, mais un ciment pour fabriquer la génération de demain, celle où tout le monde aurait sa vraie place.
Rendez-vous dans 10 ans…
Muriel.
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