L’élimination des classes moyennes
L’un des piliers sur lesquels reposait le système est en train de disparaître, les classes moyennes, laminées entre une inflation colossale, la difficulté de vivre dans les grandes cités, et la progressive impossibilité des déplacements.
Le système capitaliste classique, celui qui fabriquait des objets réels, des pavillons, des voitures, des frigos, des télés, des machines à laver, reposait sur une main d’œuvre abondante et pauvre, et se basait sur une classe moyenne qui constituait à la fois le socle fondamental de la consommation et la surveillance des classes pauvres.
Désormais, le système s’est transformé et est passé de la production d’objets réels à la création de services ou de produits immatériels, sans avoir desoin d’une masse importante de producteurs.
Les grandes usines des années quatre-vingt ont disparu, et ce sont désormais des employés diplômés qui pilotent des machines-outils sophistiquées dans ce qui reste encore de production réelle.
D’autre part, le système n’a donc plus besoin d’une pléthore de consommateurs achetant des produits bas de gamme, mais de clients branchés sur internet qui font tourner la machine économique immatérielle.
Après l’effondrement du prolétariat et de la paysannerie, La classe moyenne est désormais la cible du système. Son élimination permettra de réduire les impôts pour les super-riches, de réduire drastiquement les dépenses énergétiques, de ne plus avoir à fabriquer des objets réels dont le profit est trop faible en comparaison avec les produits immatériels, de ne plus entretenir des services publics, tels que les hôpitaux, les écoles, les routes publiques, ou les centre de justice, etc.
Contrairement aux classes populaires, qui étaient considérées comme dangereuses, et avaient une réelle action, notamment par les révoltes, les grèves et les manifestations, les classes moyennes ne réagissent pas face à leur élimination. Habituées à composer avec le système, elles ont confiance en lui, et acceptent les contraintes progressives sans ne jamais protester, comme les grenouilles dans l’accroissement progressif de la température de leur bain.
De plus, elles adhèrent au discours dominant, que ce soit sur la nécessité de la guerre, des sanctions et du coup l’augmentation drastique de l’énergie, ou sur le réchauffement. Elles vivent donc les contraintes sans révolte, sans se poser la question du comment et qui supporte des conséquences que le système impose.
Dans un souci d’auto-conservation, elles ont au contraire tendance à prendre le parti du système et restent encore un de ses piliers idéologique, au moment même où elles en sont victimes. Une solution individuelle, même si à terme c’est une chimère, sera toujours préférée à une protestation collective, et ce sont les premiers à protester contre des grêves qui ne font que défendre les intérêts des travailleurs, dont ils font partie.
Ce paradoxe est bien entendu exploité par le système qui accroît sa pression en augmentant les contraintes comportementales et établit un réseau de surveillance généralisée qui permettent le contrôle de cette classe ontologiquement soumise. Il est accentué par l’idéologie de l’égalité, sociétale, au moment où jamais les inégalités sociales n’ont été aussi criantes et ne font que se creuser de jour en jour.
Les grandes transformations des villes contribuent également à éliminer les classes moyennes en détruisant leur patrimoine, et arrachant à cette classe les liens qu’elle pouvait avoir avec son passé par l’acculturation généralisée et l’instantanéité des écrans.
Des facteurs convergents entrent donc en résonance et l’hyper-inflation, le contrôle généralisé, liés à des lois de plus en plus contraignantes, sont en train de détruire à la fois le pouvoir d’achat, la possibilité de contestation, et à terme la survie de cette classe qui ne sera défendue ni par les prolétaires, ni par la paysannerie, qu’elle avait elle-même contribué à détruire dans le passé.
La question subsidiaire étant de savoir si et quand les personnes qui en font partie se rendront compte de ce qui se passe, réagiront et comment.
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