L’ennemi public russe
La propagande, c'est comme de la neige sur un tas de merde. C'est tout blanc. Mais quand la neige fond…
Elle fond en Ukraine, et la merde de la russophobie aveugle des medias français apparaît, de plus en plus nauséabonde. Toujours marquée par un zèle qui fait penser que notre "élite" en est restée au "péril rouge" d'il y a un demi-siècle. Même Obama, pourtant poussé par son entourage de néocons à brandir le drapeau de la Guerre froide, ne mobilise pas avec enthousiasme. Les "sanctions" contre Moscou sont décidées sur le mode "il faut que je vous tape sur les doigts, mais je vais le faire le moins fort possible." On le comprend. Il n'a pas de quoi pavoiser. Le délabrement de son Occident, qui fait la joie des impériaux mondialistes de la grande industrie et de la haute finance, a tout de même de quoi l'inquiéter. L'Irak et la Libye sont en plein chaos. S'extirper de l'Afghanistan s'avère une quadrature du cercle. En Syrie, Bashar al Assad prend le dessus sur ses rebelles intégristes. Poutine résiste avec succès à la tentative d'arracher l'Ukraine à sa zone d'influence. Le complice anglais recommande de ne menacer Moscou qu'avec prudence. L'Arabie Saoudite et le Qatar se disputent le financement des fanatiques de l'islam et l'Europe se désagrège dans une croissante impopularité. Sans parler de l'Amérique Latine qui échappe à l'emprise de la Maison Blanche et les pays émergents qui se regroupent en puissances de renouvellement.
Ce noir tableau n'affecte pas nos foudroyants dirigeants. Le sourire béat de Hollande, le menton à jugulaire de Valls et la myopie congénitale de Fabius ne changent rien. La comédie continue. Dressés sur leurs ergots de coqs gaulois englués dans l'atlantisme, ils croient figurer sur la scène politique en restant fidèles à la pathétique tradition social-démocrate : vouloir amadouer les dominants en conservant l'affection des dominés. Autrement dit, effacer tout conflit de classe dans la bouillie de la liberté du marché. Un rêve social qui s'est brisé sur le déni des électeurs. Hélas, la déroute des scrutins n'a eu aucun effet. La mentalité reste la même. La décision de faire élire Jean-Christophe Cambadélis par le Conseil national du Parti socialiste à la tête du parti est symbolique : en passant du trotskysme à DSK, le remplaçant de Harlem Désir a trahi tous ses idéaux de jeunesse. Il incarne parfaitement la "gauche" officielle. L'écarlate de son début de carrière est devenu un rose si pâle qu'on ne le voit plus.
Pour rester dans le domaine de la géopolitique, c'est le reflet international de cette gélatine intellectuelle qui est grave. En l'absence de toute idée originale, nos dirigeants, confortablement installés dans le néolibéralisme américain, croient s'assurer les bonnes grâces de Washington en faisant de la surenchère dans le "Poutino-bashing", c'est-à-dire le dénigrement du maître du Kremlin.
Et comme nos étincelants médias disent tous la même chose au même moment, on est gratifié d'un récital de neige propagandiste qui recouvre la puanteur des falsifications. C'est Poutine qui a attaqué la Georgie. C'est Poutine qui a recours aux méthodes totalitaires de gouvernement. C'est Poutine qui piétine les droits de l'homme en ressuscitant l'ère soviétique. C'est Poutine qui s'est emparé d'une Crimée qui ne lui appartenait pas. C'est Poutine qui organise les manifestations contre les néofascistes de Kiev. C'est Poutine qui fomente les troubles dans l'est du pays pour pouvoir l'envahir. C'est Poutine qui est obsédé par le rétablissement de son empire. C'est Poutine qui prépare la guerre contre l'Occident et qui sera responsable de son déclenchement éventuel.
Malheureusement pour les aboyeurs de service, ce n'est pas Poutine qui inspire les aberrations de Washington ou qui provoque le déclin de la France. La réalité balaie les mensonges. Ce n'est pas à Moscou qu'il faut chercher les fossoyeurs de l'Occident.
C'est dans un miroir.
Louis DALMAS.
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