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Accueil du site > Tribune Libre > L’épicerie sociale et l’étagère de la honte

L’épicerie sociale et l’étagère de la honte

La pauvreté en péremption

Bonjour à tous, je suis un jeune rêveur, un bac scientifique en poche, une petite année sur les routes de campagne avec une bande de potes plus fêtards qu’anars et une première expérience du monde du travail en milieu informatique.

Ces huit derniers mois, j’observais le monde depuis deux écrans, celui d’un ordi dernier cri et celui de ma fenêtre en bord de mer, donnant sur un phare, une image qui me colle à la peau depuis l’enfance. Je ne vais pas vous raconter ma vie, juste vous faire part d’une déception qui ne me quitte pas depuis la rentrée.

Je n’avais pas de projet pour cet été, ni l’envie d’en profiter, mais on ne vit pas longtemps, et je voulais donner un peu du mien, pour « ceux qui n’ont plus rien », comme disait Coluche.

La municipalité de ma commune a mit en place ce qu’on appelle une « épicerie sociale », gérée par des membres bénévoles de la croix rouge. Il recherchait des personnes disponibles pour « accompagner les démunis » lors de leurs emplettes. J’ai postulé et fut accepté. Il serait aisé de critiquer l’endroit, la disposition des lieux, etc, mais on est dans le « social » comme on dit, alors je me suis acclimaté. La formation dura deux heures, on m’expliqua que les prétendants à cet « avantage » (ce sont les termes employés) vivaient des situations difficiles et qu’il fallait les aider à se repérer, les guider dans le choix des produits et bien gérer leur « portefeuille ».

Quand le chef eut fini le breifing, il demanda si quelqu’un avait une question à poser ou remarque à faire. J’ai juste dit en souriant « On n’est pas dans une grande surface, ça devrait aller. » Bien mal m’en a prit, tous les regards se sont posés sur moi, comme si ce n’était pas « social » de dire ça.

Premier jour, premier « client ». Un homme, retraité, je lui aurais donné 70 ans, arrive avec son ticket, accompagné du responsable du service (la seule personne rémunérée qui a son bureau tout décoré dans le local). Et là, il dit au monsieur :

« Je vous présente votre accompagnateur, il va vous aider à faire vos courses, conservez bien votre ticket, ne dépassez le montant autorisé, car tout est rationné. »

Le bonhomme me regarde et je lis dans ces yeux ce qu’il voit sur ma joue, une larme. Rationnement, ticket, pas très rationnel comme mots pour un milieu « social ».

Bonjour lui dis-je, comment vous appelez-vous ? Il n’a pas eu le temps de répondre, le boss m’a regardé et coupé court à la discussion. « On ne demande pas leur nom aux gens, la situation est déjà suffisamment pénible pour eux, respectez leur intimité. »

Je voulais juste créer du « lien social » en me mettant à la hauteur de cet homme, moi qui suis un gamin à ses yeux, me voilà prétendument supérieur à lui, parce qu’il a le ticket du pauvre et moi le badge du gentil bénévole. Je remballe ma rancœur et m’affaire à ma tâche, jouer ou bon aidant en imaginant le boss punit dans son bureau avec un bonnet d’âne.

Les allées furent vite passées dans ce triste local, les denrées choisies par ce monsieur anonyme remplirent bientôt son maigre panier d’osier, car son ticket ne représentait que peu d’oseille, sa liste tenait sur un bout de papier froissé, aussi ridé que son visage fatigué. Il y avait une consigne qui nous avait été donné lors du briefing, pour les « pauvres » qui n’abusaient pas du système (toujours les mots employés pour former les bénévoles), à propos d’une étagère en fin de parcours : « Les produits gratuits ».

Nous étions autorisés à donner certains aliments sans cocher notre grille, juste au jugé de la « pauvreté réelle ». Ce serait ma vengeance contre ce système dégradant m’étais-je dit, ce monsieur recevrait ainsi toute ma gratitude enfouie sous l’interdiction qui m’était faite de pouvoir lui témoigner mon humanité.

Je lui donnait gâteaux, café, conserves, huile, farine, etc, estimant que sa pauvreté ne pouvait être remise en cause, soulageant cette étagère de misère du lourd poids qui lui fallait supporter. Une fois ma B.A. terminée, j’indiquais à ce monsieur « la caisse » et lui fis mes adieux d’un simple signe de tête, car le boss me surveillait du coin de l’œil, comme un mauvais signe. Ce passage douloureux ne méritait sûrement pas l'humiliation supplémentaire qu’aurait pu causer mon accompagnement imaginais-je, ce doit donc être ça « faire du social ».

Bref, je tournais les talons et attendis mon prochain « client ». Ma permanence continua de la même façon mais je ne pouvais m’empêcher de repenser à ce monsieur, qui était-il ? Quel était son nom ? Son passé ? Quel chemin l’avait conduit jusqu’à moi qui ne m’étais pas toujours bien conduis dans la vie ?

14h arriva et le boss vint me voir pour me dire que je pouvais partir maintenant. Retour au vestiaire, pause café avec l’équipe des bénévoles, pas un mot de ma part, je sentais une ride se formée sur mon front, était-ce cela de découvrir la vie de l’entraide social ? Je quittais les lieux aussitôt la tasse reposée, je n’avais qu’une envie, retrouver ma chambre, ma fenêtre et sa vue sur la phare.

Quelques mètres à peine après la sortie, je devinais de dos assis sur un banc, cet homme, ce pauvre monsieur qui semblait manger les gâteaux qui je lui avais offert. Que faire ? Passer derrière sans m’arrêter, ou laisser ma curiosité prendre le dessus ? Même si le boss me voyait, c’était maintenant du ressort de la vie privée, alors j’allais m’asseoir à ses côtés.

Il ne mangeait pas, il pleurait, oh mais pas à chaudes larmes alors je lui pris la main, elle était gelée. Il leva la tête, me regarda fixement, esquissa un sourire amical et me tendit le paquet. J’avais faim il est vrai, comment refuser de partager sa misère si là était ce qu’il pouvait me montrer de ses valeurs, je pris donc un biscuit et le dirigea à ma bouche.

Il attrapa délicatement mon poignet et retourna le paquet, désignant amèrement une date, celle de péremption, elle était dépassée depuis trois mois, je n’en revins pas. Je lui demandais la permission de vérifier l’ensemble des cadeaux et ma surprise fut de taille à un excès de colère : tous les produits issus de cette étagère était périmés depuis belle lurette, des conserves au café, de l’huile au sucré.

Voilà donc comment l’on aide les pauvres après sélection de leur véracité, on leur refile l’invendable, le jetable, l’affable misère de notre société de consommation, s’en était trop, je fis demi-tour et cracha mon tablier à la figure de ce boss d’infortune sans mot ajouter. Il me fallait retrouver un regard et vite, alors j’invitais cet homme noble à un déjeuner de prince à la brasserie du coin, il me raconta sa vie, sa gloire, son métier, sa retraite, puis sa chute.

Depuis, chaque lundi nous nous retrouvons en bord de mer, il n’avait pas de petit fils et moi plus de grand-père, depuis nous sommes autant amis que l’horizon et la mer, depuis j’ai retrouvé mon phare et lui l’espoir.

Je n’espère pas que cela se passe comme ça dans toutes les épiceries sociales, je ne remets nullement en cause l’utilité de ces dernières, mais ce que j’ai vécu au sein de celle-ci m’a profondément choqué. Si d’autres on des expériences similaires ou contradictoires, merci de les faires partagées.


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46 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 24 septembre 2013 19:05

    certaines choses se conservent longtemps, mais là c’était payant et pas indiqué


    • nofragavox nofragavox 25 septembre 2013 00:43

      Foufouille,

      en effet, c’était bien la forme qui faisait mal. Dans le fond, peu de risques d’intoxication, quoique les gâteaux avaient tristes mines et le café (j’en ai bu) avait un goût amer. Le reste des denrées ne fut pas jeté pour autant, mais la manière de concevoir cette forme d’entraide est franchement indélicate. Un point que je n’ai pas relevé dans le récit, c’est que les épiceries sociales contiennent deux formes de produits (je parle de ceux qui sont en ventes) :

      Les marques et les sous-marques... Même là il y a une forme de marketing et de mise en rayon.

      Lors du briefing, on nous a expliqué que c’était pour éviter de creuser encore plus l’écart des inégalités. Et bien me croirez-vous si je vous dis qu’après petite étude personnel de la chose, bien que les prix défient toutes concurrences en ces lieux sociaux, la différence (en pourcentage) est quasiment la même que dans les grandes surfaces, entre marques et sous-marques, cqfd...


    • Yohan Yohan 24 septembre 2013 20:31

      A mon avis, cet épicerie sociale devrait fermer. Pas normal qu’elle distribue sciemment des produits périmés, même sur une étagère spéciale. Bien sûr, je sais bien qu’on n’en meure pas, les dates limites de consommation hors produits frais sont parfois élastiques. A ce tarif, mieux vaut presque faire la manche... Au moins on peut choisir.. Cette façon de « faire le bien » montre un certain biais en l’absence d’une direction attachée à des principes et des valeurs. Il y a quelques années, j’ai fait un reportage sur une épicerie sociale dans le 19ème , celle-là fonctionnait correctement sur les dates de péremption, j’ose espérer que la vôtre n’est qu’un avatar rarissime


      • nofragavox nofragavox 25 septembre 2013 01:24

        Yohan,

        sa fermeture n’est pas souhaitable, elle apporte un soutien indéniable à beaucoup. Les produits vendus ne sont pas périmés, pour les produits frais il s’agit souvent des tous derniers jours. Je faisais ici état des produits « offerts », ceux-là étaient tous considérés comme « passés », alors que bien évidemment consommables (sauf les gâteaux, je vous assure).

        Ma commune n’étant pas très grande, j’ai reconnu quelques jours après dans le supermarché local certains produits, et j’en ai déduis un des fonctionnements de cette épicerie. J’imagine qu’il en est de même partout, comme c’est le cas pour les restos du coeur à une plus grande échelle. Le choc n’est pas là, mais dans ce que cette étagère représente bien notre monde à l’envers, puisqu’il nous fut précisément demandé d’être vigilant avec les « clients ». Seuls ceux qui pouvaient prétendre au vrai statut de « pauvres » avaient le droit à ses (dé)faveurs.

        Pour ce qui est de la direction, seul le responsable du local est rémunéré pour son « travail », et sans grande surprise rattaché à la mairie, d’où le joli bureau tout bien décoré pour recevoir les futurs prétendants au ticket...


      • Gavroche Gavroche 24 septembre 2013 20:48

        Merci pour cette très belle leçon d’humilité.


        • nofragavox nofragavox 25 septembre 2013 02:16

          L’humilité est toute partagée,
          quand elle vient d’un remerciement portant le nom de Gavroche.


        • smilodon smilodon 24 septembre 2013 21:20

          @ son auteur : Je ne sais pas qui vous êtes, mais sachez que j’ai du mal à vous répondre....Un truc dans les yeux qui trouble mon clavier !..... Il prend aux tripes votre texte....Merci à vous pour ce « vieux » !....Amitié.Adishatz.


          • nofragavox nofragavox 25 septembre 2013 02:45

            Smilodon,

            merci de votre message, il est passé et le sera à ce « vieux ».
            Votre amitié me touche et votre façon d’écrire en ciseaux est parlante...

            Qui je suis ? Je remplirais bientôt mon « à propos », je ne pensais pas être publié (surtout si vite), mais je ressens que vous m’avez déjà un peu cerné, car « l’à propos » est surtout dans les mots.

            Moi, c’est ce monsieur qui m’a troublé, et depuis... vivement lundi...


          • Rincevent Rincevent 24 septembre 2013 23:30

            @ l’auteur.

            Le fait de vouloir faire quelque chose dans le social vous confronte à des réalités rudes et pas toujours là où on les attendait. Les bénévoles ne sont pas toujours nickel, les salariés oublient parfois pourquoi ils sont là et, parfois, certains bénéficiaires se comportent comme ils n’oseraient pas le faire dans un supermarché. C’est la réalité. Ce monde en marge n’est pas fondamentalement différent de celui qui l’a exclu. Pourquoi le serait-il d’ailleurs ? Par « reconnaissance » ?


            • nofragavox nofragavox 25 septembre 2013 03:08

              Rincevent,

              votre remarque est juste et j’en prends encore plus la valeur depuis mes réponses ci-dessus. En effet, la différence entre épicerie sociale et grande distribution est moindre avec le recul que j’en ai maintenant. L’écart se creuse entre l’inégalité des richesses de biens et la pauvreté du coeur, mais s’inverse entre la richesse de coeur et la pauvreté des biens. Là où il faudrait joindre l’équilibre, c’est la question de bénéfices qui entre en jeu, même au bas de l’échelle sociale.

              La reconnaissance tout comme une certaine vérité sont peut-être bien à chercher ailleurs.


            • Roche 25 septembre 2013 03:48

              Bonjour,

              je n’aime pas lire ce genre de billet, plus rien ne m’étonne et c’est qui me navre !!! oh non pas que je n’aime pas « les pauvres », loin de là mais j’ai travaillé dans le social, pas en qualité de bénévoles mais d’administratif.
              Et croyez moi que les rapports d’activités et les statistiques s’y référant me rendaient folle de rage !!!
              J’en ai vu de toutes les couleurs mais jamais je n’ai pu m’y habituer ... des abus en tous genres, rationnements des aides fi et alimentaires destinée aux hébergés d’un chrs dans lequel j’ai travaillé. Abus de faiblesse aussi ! enfin pour revenir à ce qui m’a pousser à quitter, c’est pour avoir entendu un discours qui m’a choquée !!!
              Ma responsable conversait au téléphone avec un partenaire social auprès de la DDASS. rapport aux statistiques des passages au sein de la structure des hébergés. J’entendais la conversation puisque haut parleur était actionné... Ma stupeur fut d’entendre l’interlocutrice dire « ah ben çà marche, y a du »turn over« alors » ... « Oui oui madame, je pensais en moi même !!! vous avez besoin de ce public en effet, grâce à ces pauvres dans l’errance ; vous avez la sécurité de l’emploi » ! 
              Vous confirmez finalement que tout est « normalisé », mais on se demande jusqu’où le mépris peut aboutir ! Et puis, je tenais à vous dire que votre chef n’est qu’une andouille doublé d’un crétin ! Vous etes en effet tenu du secret professionnel mais rien ne vous empeche de connaitre le nom des personnes que vous rencontrez ! La seule condition étant de ne jamais ébruiter le nom de ces personnes. J’ai suffisamment constitué des dossiers pour le savoir ! bonne continuation à tous les deux en tous cas ! votre geste est un exemple et exceptionnel !


              • rotule 25 septembre 2013 20:31

                Quand tous les dégoûtés seront partis,
                il ne restera plus que les dégoûtants.

                Paul Vanden Boeynants.
                Ministre belge.


              • nofragavox nofragavox 25 septembre 2013 23:37

                Roche,

                merci de votre témoignage, nous partageons la même stupeur. Certains mots ou expressions sont tellement révélateurs du malaise banalisé que l’on peut ressentir.
                Ce chef ne fut le chef que d’une matinée, bien heureusement.
                 
                 
                Rotule,

                espérons que reviennent ensuite des goûts plus charmants.


              • Roche 25 septembre 2013 03:48

                Bonjour,

                je n’aime pas lire ce genre de billet, plus rien ne m’étonne et c’est qui me navre !!! oh non pas que je n’aime pas « les pauvres », loin de là mais j’ai travaillé dans le social, pas en qualité de bénévoles mais d’administratif.
                Et croyez moi que les rapports d’activités et les statistiques s’y référant me rendaient folle de rage !!!
                J’en ai vu de toutes les couleurs mais jamais je n’ai pu m’y habituer ... des abus en tous genres, rationnements des aides fi et alimentaires destinées aux hébergés d’un chrs dans lequel j’ai travaillé. Abus de faiblesse aussi ! enfin pour revenir à ce qui m’a poussée à quitter, c’est pour avoir entendu un discours qui m’a choquée !!!
                Ma responsable conversait au téléphone avec un partenaire social auprès de la DDASS. rapport aux statistiques des passages au sein de la structure des hébergés. J’entendais la conversation puisque haut parleur était actionné... Ma stupeur fut d’entendre l’interlocutrice dire « ah ben çà marche, y a du »turn over« alors » ... « Oui oui madame, je pensais en moi même !!! vous avez besoin de ce public en effet, grâce à ces pauvres dans l’errance ; vous avez la sécurité de l’emploi » ! 
                Vous confirmez finalement que tout est « normalisé », mais on se demande jusqu’où le mépris peut aboutir ! Et puis, je tenais à vous dire que votre chef n’est qu’une andouille doublé d’un crétin ! Vous etes en effet tenu du secret professionnel mais rien ne vous empeche de connaitre le nom des personnes que vous rencontrez ! La seule condition étant de ne jamais ébruiter le nom de ces personnes. J’ai suffisamment constitué des dossiers pour le savoir ! bonne continuation à tous les deux en tous cas ! votre geste est un exemple et exceptionnel !


                • nofragavox nofragavox 26 septembre 2013 05:51

                  Je me permets de replier ce post pour cause de doublon et de visibilité.


                • gaijin gaijin 25 septembre 2013 07:45

                  je n’ai pas tout suivit
                  ce sont les produits gratuits qui étaient périmés ou aussi les autres ?
                  parce que beaucoup de produits supportent très bien la péremption et il vaut mieux qu’ils aient été là que dans une poubelle ..........

                  pour ce qui est du reste il n’ y a juste pas de mots .........
                  mais il n’ y a rien de plus a attendre d’un monde ou la valeur humaine se mesure en termes comptables
                  les pauvres sont des sous hommes,( pas de rolex ! )
                  personne ne le dit mais énormément de gens le pensent et le leur font sentir
                  vous trouverez pas mal d’articles et d’auteurs sur AV pour vous expliquer que c’est de leur faute s’ils sont pauvres .....
                  c’est pour ça qu’il ne faut pas leur parler, les connaître, vous risquez de vous rendre compte que se sont simplement des gens normaux , parfois juste un peu trop honnêtes ou simplement malchanceux ........
                  vous pouvez aussi entendre ces jours les discours de notre valeureux sinistre de l’intérieur qui essaie de se faire un plan de carrière a la sarkozy .......


                  • nofragavox nofragavox 25 septembre 2013 23:55

                    Gaijin,

                    il ne s’agit que des produits gratuits, pour leur consommation possible, j’ai déjà répondu à cela plus haut, aucun d’entre eux ne furent jetés. Je prends bonne note de votre message, votre « à propos » est éloquent, positivement.
                    Les discours ministériels, une autre forme de briefing...

                    Merci de votre mot.


                  • chmoll chmoll 25 septembre 2013 08:00

                    y a pas longtemps j’ai vu un retraité de 64 ans faire les poubelles
                    l’effet n’est pas la même lorsqu’on en parle , que lorsqu’on le voit
                    ça percute


                    • nofragavox nofragavox 26 septembre 2013 01:15

                      Chmoll,

                      c’est bien à votre réaction qu’il m’est le plus difficile de répondre, je bute sur ce coup là (une autre histoire de vécu). Pour l’heure et d’un ton léger, je dirais qu’il s’agit de recyclage social, pour plus de sincérité, un autre récit peut-être, votre remarque fait gong, merci à vous.


                    • chmoll chmoll 26 septembre 2013 07:53

                      j’ai fait du bénévolat ,la misère est à un point tel , que j’ai arrêté avec cette question
                      c’est pas possible on est pas au XXI ième siècle ,on est encore au moyen age
                      surtout que ’presque toutes les couches sont atteintes
                      retraités
                      étudiants
                      smicard
                      classe moyenne ,toutes ces couches qui n’étaient pas touchées par la misère y a encore quelques années
                      la grande crainte en se moment , est l’aide alimentaire qui suit ,mais de plus en plus difficilement


                    • Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 29 septembre 2013 11:57

                      « y a pas longtemps j’ai vu un retraité de 64 ans faire les poubelles »


                      J’espère que vous avez appelé la police et qu’ils ont arrêté ce salaud de pauvre !

                    • nofragavox nofragavox 26 septembre 2013 02:20

                      Schweizer.ch,

                      je regrette que vous n’ayez lu que brièvement le texte et les commentaires, ou que vous n’ayez pas compris, ou bien que je me suis mal exprimé.

                      « Maintenant, si vous pensez qu’il vaut mieux jeter » : Aucun des produits ne fut jeté voyons. Cet homme bien mieux que moi savait que les dates ne signifient pas grand chose, et puis là n’est pas vraiment le sujet de mon écrit.

                      « Vous êtes visiblement trop jeune pour savoir... » : « Je ne vais pas vous raconter ma vie... » ais-je dit. Je ne suis guère le sujet ici, alors mon âge (non précisé), mon nom, mon job, mon passé, etc, idem pour ce monsieur, quelle importance ? Cela aurait-il changé votre point de vue ? Le boss, bien plus âgé que moi mais bien moins que cet homme, n’avait pas l’air de savoir le sens du mot humanité. Pourtant cette dernière m’est apparue dans les yeux de ce « pauvre » autant que dans ceux d’un enfant.

                      "Et, en bout de course, le « client » de l’institution n’a aucunement l’obligation d’accepter un produit périmé, et encore moins de le consommer... « 

                      Là, vous avez parfaitement raison, aucunement l’obligation, mais après une telle humiliation, il peut sembler évident que l’on soit légèrement troublé pour raisonner en ce terme. Et puis, le »client« ne connait nullement la consigne et ne sait pas que les produits sont périmés. La fois suivante, j’imagine que le »client« informé aura un recul quant à cette réalité. Dans le cas de cet homme, la suite est une autre histoire, à suivre qui sait...

                       »S’il ne veut pas donner l’impression de chichiter...«  : Sa tristesse se faisait plutôt en chuchotement.

                      Merci de votre contribution qui invite à discussion.
                       
                       
                      Aglagla,

                      inscription pour donner votre coup de chaud ?
                      Merci de la lecture et de votre réaction, il (le »pauvre vieux") sera touché j’imagine, puisque je pense lui faire part de tout cela. Vous avez saisi le sens de ce non-sens...


                    • non667 25 septembre 2013 13:53

                       N.O.M. + mondialo-socialisme = resto du cœur pour tous !

                      merci !pas pour moi !  smiley smiley smiley


                      • nofragavox nofragavox 26 septembre 2013 02:58

                        Non667,

                        3 petites larmes qui en disent long...
                        Le lien avec le N.O.M ? Oui, d’une certaine façon, mais là c’est vraiment une autre histoire...

                        Merci à vous.


                      • simir simir 29 septembre 2013 10:28

                        Pauvre type !!!!

                        Il n’y a sur terre que quelques pays socialistes en Amérique latine et ils s’en sortent beaucoup mieux que les autres dans l’éradication de la pauvreté.

                      • Inquiet 25 septembre 2013 15:56

                        Que dire ?


                        J’ai pleuré à la lecture de ce témoignage vibrant d’émotion.

                        Ce « monsieur » à une certaine époque, c’était moi.

                        • nofragavox nofragavox 26 septembre 2013 03:18

                          Inquiet,

                          voilà bien un commentaire qui me rassure pour lui. Que vous dire en retour ?
                          Je n’imaginais pas de telles réactions à ce texte, j’en suis ému tout autant...

                          Sincèrement, merci, je transmettrais.


                        • Ruut Ruut 25 septembre 2013 17:03

                          C’est officiel, certains produits périmés finissent directement dans le Sociale.
                          C’est même légal maintenant.
                          Il est triste que la Sociale soit une sorte de poubelle géante de bonne conscience.
                          C’est la triste réalité du libéral socialisme (UMPS).


                          • nofragavox nofragavox 26 septembre 2013 03:39

                            Ruut,

                            et je n’étais pas né que cela devait déjà se passer comme ça, et bien avant encore.
                            La bonne conscience elle a bon dos pour beaucoup, pour ma part je pense que cela dépasse de loin le nom des partis, bien qu’en effet, les responsable du social sont des employés administrés et non des bénévoles associatifs, qu’ils agissent en bien ou en mal, mais mon récit ne se veut pas faire état d’une généralité, la pauvreté l’est suffisamment.

                            Merci de votre message.


                          • simir simir 29 septembre 2013 10:31

                            @ Ruut

                            Si les sondages sont justes, ce que je ne crois pas, mais faisons comme ;.. ce sera bientôt la poursuite de la réalité avec l’UMP’en

                          • Ruut Ruut 25 septembre 2013 17:04

                            Je n’ose même pas imaginer les médicaments sociaux.


                            • ZenZoe ZenZoe 25 septembre 2013 17:16

                              Les épiceries sociales sont une abomination. Rien que d’y penser, rien que de penser que je pourrais en avoir besoin un jour, j’en ai les cheveux qui se dressent sur la tête.
                              (Déjà le fait qu’elles existent est un scandale, dans un pays riche où les gens jettent autant de nourriture qu’ils en consomment.)
                              Qu’on suive les clients à la trace pour bien s’assurer qu’ils consomment bien et ne font pas de folie relève d’un mépris incroyable.
                              Tant qu’à faire, je préfère le concept des magasins de déstockage alimentaire comme Noz par exemple qui se font une spécialité de revendre des produits en fin de vie. Tout le monde peut y aller, personne ne contrôle les revenus, pas de ticket, on achète ce qu’on veut et on repart tranquille. J’en ai un près de chez moi, il est toujours plein.


                              • nofragavox nofragavox 26 septembre 2013 04:18

                                ZenZoe,

                                « dans un pays riche où les gens jettent autant de nourriture qu’ils en consomment », et peut-être plus. Est-il utopiste de croire que nos richesses sont largement suffisantes pour faire disparapitre cette pauvreté ? Je ne pense pas, mais la réalisation de ceci demande apparement plus de courage que de bon sens. Cela fait bien longtemps que les associations remplissent le rôle de l’état...

                                Dans les grandes surfaces, tout est fait pour nous tracer le chemin, disposition des rayons et des produits, couleurs, ambiance, etc, et dans ces surfaces sociales, on dicte aussi des consignes. Dans les deux cas, je doute que la directive prenne un juste chemin.

                                Je ne connaissais pas Noz, merci pour l’info et pour votre réaction.


                              • françois traisnel 25 septembre 2013 21:57

                                merci , tout simplement, pour votre humanité ! que l’on s’en inspire, si on pouvait ... au lieu de courir précommander le dernier Iphone


                                • nofragavox nofragavox 26 septembre 2013 05:14

                                  François,

                                  je note également votre inscription nouvelle, d’autant plus touchant que votre mot.
                                  Courir après le dernier machin chose, le truc à la mode... Un autre truc qui me colle à la peau depuis l’enfance, je n’ai jamais aimé les vêtements qui affichaient leurs marques. L’ordi est dernier cri, mais depuis huit mois, je vis sans mobile, façon de parler.

                                  Merci à vous.


                                • Nouvel auteur Lunesoleil 25 septembre 2013 23:02

                                  Euh c’est quoi cet article ? , j’ai travaillé dans une épicerie Sociale et je peux vous dire qu’il y a des barèmes pour les produits périmés qui reste toujours consommables et le pourquoi c’est gratuit. Et tout dépend du type de produit, mais c’est vrai que sur un plan psychologique ça ne le fait pas du tout pour celui qui viens chercher un peu de nourriture à l’épicera sociale ....
                                  L’avantage plus la date de péremption est éloignée , plus les produits de conservation moins dangereux pour l’organisme.
                                  Les produits frais qui sont périssables sous une courte échéance ne seront jamais rajouté dans cette liste pour la bonne raison ils resteront dans le compartiment frais mais beaucoup moins longtemps (quelques jours au maximum).
                                   C’est vrai il vaut mieux aller faire ces courses dans un vrai magasin car les épiceries sociales avec le temps se foute vraiment de la charité et là je suis bien d’accord.
                                  Et que ceux qui s’en mettent plein les poches , c’est souvent entre les bénévoles que ça se passe ...


                                  • nofragavox nofragavox 26 septembre 2013 05:42

                                    Lunesoleil,

                                    certes, il s’agit plus d’un récit, d’un vécu, que d’un article. Aucune source ni quelconque recherche pour étayer mon propos, juste une réaction sans chaine. J’osais espérer que l’on vienne chercher un peu plus que de la nourriture dans ce genre d’endroit, et là-dessus rien à dire, puisque j’y ai trouvé l’inattendu.

                                    Que certains bénévoles s’en mettent plein les poches, ça peut arriver, quelque soit le milieu, mais ça reste une goutte d’eau par rapport à ceux qui vident les poches des citoyens au quotidien.

                                    Si l’astrologie peut contribuer au bien de l’humanité, elle est la bienvenue, merci aux astres.


                                  • troletbuse troletbuse 26 septembre 2013 06:34

                                    Je vois que tous les jeunes ou moins jeunes ont été conditionnés avec la date de péremption qui est une très grosse arnaque des grands groupes de distribution avec la bénédiction des politiques. D’accord pour la viande, la charcuterie, les produits à base d’oeufs mais la plupart des produits n’ont pas besoin de date de péremption. Ensuite, on vous pond des articles qui vous disent que l’on jette N kilos de nourriture par an, quelle hypocrisie.


                                    • nofragavox nofragavox 26 septembre 2013 07:02

                                      Troletbuse,

                                      rassurez-vous, c’est bien les produits qui sont conditionnés, pas les idées. Il s’agit de la péremption de la pauvreté, qui se consumme plus qu’elle ne se consomme.
                                      Par contre pour le reste, bien d’accord avec vous sur la manipulation, mais quand bien même les chiffres sont faussés, on jette et on programme l’obsolescence.

                                      Merci du message matinal, bonne journée.


                                    • nofragavox nofragavox 28 septembre 2013 04:21

                                      SelenaOndirignee,

                                      je suis touché par votre compliment, parler amour tout simplement... En retour, je vous dirais que vous savez lire autrement, avec le coeur et les yeux d’un enfant, tout comme ceux de cet homme.

                                      Merci, je suis troublé.


                                    • Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 29 septembre 2013 12:15

                                      Mais qu’est-ce que c’est que cette miévrerie !?


                                      Et d’ailleurs qui nous dit que nous n’avez pas suivi ce vieil homme pour lui voler son paquet de gâteau et toutes ses provisions (avant de jeter son corps sans vie dans la rivière la plus proche), ça expliquerait pourquoi vous avez si généreusement garni son panier... Mais vous ne saviez pas que les produits offerts étaient périmés. Vous vouliez les revendre au prix fort sur Leboncoin, avouez, espèce de salaud !  smiley

                                    • Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 29 septembre 2013 12:17

                                      « Je suis vraiment impressionnée et par votre écriture et la couleur de votre âme. »


                                      Et pourquoi pas par la forme de ses pieds pendant qu’on y est ?

                                    • nofragavox nofragavox 29 septembre 2013 18:41

                                      Gaspard Delanuit,

                                      humour noir ? Dérision ? Souhaitons-le que je puisse garder mes pieds en éventail, dans un hamac et sur une plage dorée, en regardant de vils esclaves balayer les grains de sable qui ne me sied guère, ceux dont la forme n’est pas assez conforme au bon vouloir de la société.

                                      Merci de votre lecture.


                                    • yvesduc 30 septembre 2013 20:34

                                      Certes, c’est tout à fait choquant. Cependant, vous crachez votre tablier à la figure du boss mais est-il responsable de l’approvisionnement ? A-t-il les moyens de faire mieux ? Par ailleurs, la fin n’est-elle pas un peu romancée ? (je précise que j’ai plussé l’article)


                                      • nofragavox nofragavox 8 octobre 2013 02:06

                                        Yvesduc,

                                        « cracher mon tablier... » faisait état d’une colère à l’encontre d’un manque évident d’humanité et de respect de la part du boss, bien plus qu’envers sa responsabilité dans le fonctionnement de ce système. Il n’est certainement pas gestionnaire des stocks mais il aurait sans le moindre doute pu faire mieux en matière de bon sens et de choix des mots. La fin est intact et ne manquait pas de tact, mais il est vrai que tous les lundis ne sont pas toujours propices au rendez-vous, pour les deux derniers en date j’étais en pleine romance.

                                        Merci de votre mot, désolé du retard de ma réponse et que vous ayez plussé ou moinssé l’article, je réponds à tout le monde.


                                      • Mistinguette 2 décembre 2013 22:50

                                        J’ai bien apprécié cet article sur ce bénévole qui a voulu tendre la main à une personne qui semblait seule. smiley

                                         smiley Moi même, j’ai été une « cliente » des Restos du Cœur et de l’Abri. Je n’y retournerais plus jamais !

                                        Je préfère ne pas manger à ma faim plutôt que de « bouffer » du périmé ! L’Abri c’est un mélange des Restos et d’un foyer pour SDF. On peut prendre une douche, laver son linge, le sécher et prendre le petit déjeuner et le déjeuné (gratuitement) ou avoir une aide pour l’administratif puis les portes se ferment à 16 heures.

                                        J’ai été malade en juillet 2012, la viande (poulet) était périmée et pas assez cuite. Peu de temps après être rentrée à la maison, me croyant rassasiée, j’ai eu de grosses douleurs en bas du dos et au ventre, j’étais plié en quatre, j’ai eu très peur car je suis tombée dans les vap ! C’est ma chienne qui m’a réveillé en me léchant l’oreille ! Vous connaissez la salmonellose ? Cherchez sur un moteur de recherche et vous comprendrez ce qui m’est arrivée !

                                        Bref, tout ça pour dire que je suis allée me plaindre au directeur de l’Abri. Je suis allée dans son bureau pour parler discrètement de ce problème, mais il n’a rien voulu savoir, voici ces propos : << Vous avez peut-être l’estomac fragile et puis si ça ne vous plait pas, vous pouvez toujours aller voir ailleurs. >> Il m’a foutu à la porte.
                                        N’ayant pas ma langue dans la poche, je me suis empréssée de le crier haut et fort et que si ça arrivait de nouveau, je ne me gênerais pas pour appeler les services d’hygiènes !

                                        Pour finir, je rajouterais que personne ne peut prétendre savoir gérer ce genre de lieu pour les plus démunis, s’ils n’ont pas un peu de bon sens, ils sont bons pour aller pointer au Pôle Emploi. Mais nous pouvons TOUS faire un geste pour ces hommes et ces femmes dans le besoin en leur apportant une couverture ou quelques vêtements chauds...

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