L’Europe de la finance et de l’austérité
En France, nous avons eu un avocat d’affaires entré en politique sur le siège vacant de son mentor, feu Achille Peretti, dans le voisinage des Pasqua et Balkany. Nous avons aujourd’hui un énarque, ancien cadre bancaire de l’empire des Rothschild. A Bruxelles, nous sommes dominés par des technocrates, des caciques de l’Union européenne telle qu’elle est voulue par les lobbies. Peut-on parler de solidarité européenne ? On se souvient que, à l’époque de Sarkozy, un plan d’aide aux plus démunis avait été bloqué par une minorité d’états européens parmi lesquels l’Allemagne, leader des politiques de rigueur. Chaque président français s’est employé à renforcer le couple franco-allemand en montrant le bon exemple allemand. Tous veulent une Europe à deux vitesses avec son noyau dur.
Macron n’hésite pas à sortir le tapis rouge, à grand frais, pour recevoir les rois et les présidents. Par ailleurs, il a mandaté son jeune premier de Matignon et son érotomane ministre de l’Économie pour nous annoncer son plan de rigueur… ou d’austérité, comme ils disent ! Nous voilà donc à une nouvelle étape du plan d’austérité… Si on s’en tient au dictionnaire, l’austérité est une manière de vivre excluant la douceur, les plaisirs superflus :
L'austérité d'une vie vouée au travail. On peut dire aussi que le 1er Ministre affiche une austérité de compétence et que la modestie n’est pas son fort face à la bouffissure de son président qui fait louer une place en classe affaire sur l'avion qui l'a débarqué au Bresil pour ses costumes qui ne doivent pas se froisser (coût plus de 3000 €). Il paraît que, lorsqu'il fait du scooter de mer à Bregançon, le coût est de 60.000 € la séance. Je ne vais pas faire reprendre le budget annuel du couple Macron, mais j'ai le vertige lorsque j'imagine ce qu'il va coûter à nos impôts comme président retraité à partir de 2027. Il n'aura que 50 ans.
Revenons à cette nouvelle étape d’une rigueur qui a pour but de régler une dette qui est le résultat de la spéculation financière et du coût des bénéficiaires d’une république devenue de plus en plus bananière. On connaît l’adage ! Il faut faire payer les pauvres parce qu’ils sont plus nombreux pour enrichir les riches.
Les principales mesures : retraites à l'âge légal de départ à 64 ans, CSG sur les retraites, moins de remboursements des frais médicaux, suppression de fonctionnaires… etc. Ce dimanche 31 mars, La Tribune dimanche confirme que l’État se remet à rêver de piocher dans le magot des retraites complémentaires. Une piste évoquée par Le Monde vendredi 29 mars, et qui consisterait à mettre à contribution l’Agirc-Arrco, la caisse de retraite complémentaire du privé cogérée par le patronat et les syndicats. Ce n’est pas la première fois que le gouvernement louche ostensiblement sur les réserves de cette caisse excédentaire.
Les salariés peuvent constater la baisse substantielle de leur pouvoir d’achat, pendant que leurs élus augmentent leurs indemnités sans scrupule. Les élus ne sont jamais chauds pour le gel leurs revenus. On se souvient qu’ils ont toujours continué à les augmenter lorsque les fonctionnaires avaient les leurs bloqués et qu’ils n’ont fait qu’améliorer leur système de retraite pendant qu’on remettait en cause celui des autres secteurs.
Les plus nuisibles sont bien sûr l’avancement de la date du recul de l’âge de la retraite à 64 ans, la limitation de la progression des dépenses d’Assurance maladie et le gel de l’augmentation des prestations sociales sans tenir compte de l’inflation. Le président du groupe Renaissance à l’Assemblée, Sylvain Maillard, a proposé de décréter une année blanche et de nouveau geler l’augmentation des pensions et des prestations sociales afin d’économiser 20 milliards d’euros. Et puis, il y a la diminution des dépenses de l’état qui ne concerne donc pas les salaires du gouvernement mais surtout le nombre des fonctionnaires. Enfin, l’augmentation de la TVA pourrait mettre à contribution les porte-monnaie et à mal des secteurs commerciaux en difficulté comme celui des livres. On ne peut attendre aucune mesure significative touchant les actionnaires et les grands patrons. L’ISF est un sujet tabou chez les Macronistes.
Dans les annonces faites, on ne trouve aucune mesure significative touchant les plus riches et les grosses sociétés, bénéficiaires du CICE. C’est au chômage et à l’assurance maladie que Macron et son gouvernement s’attaques.
Dans son interview télévisée du 27 mars, Gabriel Attal a annoncé son souhait de voir durcir l’accès à l’assurance-chômage. Le Premier ministre souhaite à la fois réduire la durée d’indemnisation et son montant, tout en modifiant le temps minimal qu’il faut avoir travaillé pour bénéficier du chômage. Et ça n'est pas le premier coup d'essai du gouvernement : en 2019, en 2023 et pas plus tard qu’en février 2024, l'exécutif a déjà réduit, à trois reprises en cinq ans, les indemnités de l’assurance-chômage. Dans ce contexte, retour sur les pires clichés qui entourent le statut de chômeur… fainéant, profiteur…etc.
Pour les malades, Bruno Le Maire a dit que ce ne serait plus « open bar ». L’expression choisi assimile toutes les maladies à l’alcoolisme et les hôpitaux à des lieux de débauche. Je n’exagère qu’un peu en disant cela mais c’est parce que « open bar » , c’est méprisant et choquant en matière de soins médicaux. Dans un entretien au Monde, le 6 mars dernier, annonçant de premières pistes pour le coup de rabot de 10 milliards promis, Bruno Le Maire s’interrogeait à voix haute : « Comment éviter la dérive sur les dépenses liées aux affections de longue durée, tout en continuant à protéger les patients ? » Il a rétropédalé depuis en disant : « Nous ne voulons donc pas toucher aux ALD (Affections de Longue Durée) », qui sont « un pilier essentiel de la solidarité ». Etant donné sa grande franchise, on peut douter de sa bonne foi.
Peut-on parler de solidarité européenne ? On se souvient que, à l’époque de Sarkozy, un plan d’aide aux plus démunis avait été bloqué par une minorité d’états européens parmi lesquels l’Allemagne, leader des politiques de rigueur. Chaque présidant français s’est employé à renforcer le couple franco-allemand en montrant le bon exemple allemand. Tous veulent une Europe à deux vitesses avec le noyau dur de l’Europe intégrée et Sarkozy président d’expliquer : "Je pense qu'il n'y a pas assez d'intégration économique dans la zone euro, les 17, et qu'il y a trop d'intégration dans l'Union européenne des 27 qui va d'ailleurs s'élargir". Et devant un parterre d'étudiants, il avait franchi le pas en détaillant sa vision d'une nécessaire Europe à deux vitesses. "Nous sommes 27, il faut à l'évidence qu'on s'ouvre à terme aux Balkans. On sera 32, 33, 34, j'imagine que personne ne pense que le fédéralisme, l'intégration totale c'est possible à 33, 34, 35 pays" et d’ajouter : "il y aura deux vitesses européennes, une vitesse vers davantage d'intégration dans la zone euro et une vitesse confédérale dans l'Union européenne". Il ébauchait ainsi une Europe intégrée à vocation fédérale et une Europe plus vaste à vocation confédérale, une zone « Euro » élargie au-delà de cette Europe occidentale. C’est bien une politique basée sur l’Euro dont il s’agissait et non sur les peuples, donc essentiellement financière dans laquelle la solidarité des peuples aurait pour seul objet la rigueur. Nous avons vu avec la Grèce, comment agit la solidarité financière. Les VRP de cette Europe veulent ainsi reproduire les sommets style d’une part G7 ou G17 ou G20 et d’autre part G33, 34, 35 … etc. au niveau de la zone « Euro », dans une structure à deux vitesses. Cela permet de poursuivre la politique financière qui a pourtant déjà montré ses conséquences désastreuses sur les plus pauvres et qui se maintient par des politiques de rigueur pour les uns et la spéculation pour les autres. Dans cette Europe occidentale, l’absence de solidarité jalonne déjà le parcours commun. Un pays comme la Grande Bretagne n’est pas entré dans l’euro, a conservé ses paradis fiscaux insulaires pour finir par voter e Brexit. La Suisse, le Luxembourg et Monaco restent des paradis fiscaux. Des pays comme la Roumanie, la Slovénie… sont des destinations pour les délocalisations au sein de l’Europe. La liste est longue et pourrait s’allonger avec la Turquie notamment. Aujourd’hui, c’est aussi l’Ukraine qui est aux portes de l’Europe en nous apportant sa guerre avec la Russie. Non seulement on nous impose la rigueur mais aussi une économie de guerre.
Toutefois, ne vous méprenez pas sur mes propos ! Sans être anti-européen et ultranationaliste, il nous faut cependant dénoncer cette Europe des riches qui organisent la suppression des acquis sociaux obtenus par la lutte sociale durant de nombreuses années. En France il y a trop de Macron et pas assez d’Europe ! Pour reprendre une phrase de Moscovici. L’une des lignes majeures de la politique européenne de Sarkozy et de Macron est que l'Europe doit protéger sans être protectionniste. Est-ce qu’ils mettent les acquis sociaux dans le panier du protectionnisme ? Qui protègent-ils en les rabotant ?
La seule Europe acceptable est une Europe des peuples démocrates, n’excluant que les dictatures politiques et financières. Il s’agit de construire une vraie solidarité et de rejeter cette solidarité de façade derrière laquelle seuls se jouent des enjeux financiers et la misère des peuples.
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