L’homme est-il l’avenir de la femme ?
1. N’en déplaise à certains esprits religieux irrespectueux de la volonté divine dont ils se croient à tord les détenteurs,
2. n’en déplaise à certains patrons ou certains groupes politiques à l’esprit aussi étroit que les pouvoirs qu’ils s’octroient ou les idées qu’ils chevauchent,
3. n’en déplaise aux peuples incultes et braillards,
4. n’en déplaise aux maris imbus d’une autorité physique et malheureusement couverte par des lois qui leur garantissent ce stupide rôle de chef (de famille, de clan, d’entreprise, de patrie …) et les détournent de leur vocation première qui est d’être en état de sagesse,
l’intelligence qui peut se définir comme la faculté d’adaptation dans le monde sensible, est souvent plus affirmée chez la gente féminine que chez les mâles dominants. Plus proche des réalités, plus en adéquation avec les besoins et les usages du temps, plus romantique aussi, la femme possède une fulgurance qui lui permet de passer de la perception du sensible et du spirituel à un état de connaissance intuitive sans apprentissage. Tout le contraire de l’homme qui doit apprendre pour comprendre.
Honnis soient ces homos bien peu sapiens qui se vautrent dans des machismes de salon ou dans des beuveries de fin de colloques ou de cafés du commerce, toutes traduites en blagues morbides où transpirent le vice et l’opprobre.
Alors qu’elle est donc ce handicap qui altèrerait à ce point le masculin au profit du féminin ? Rien de moins que la quête d’un rôle que l’homme n’a pas et n’aura jamais au regard de la femme conceptrice. L’homme inculte regarde la naissance de la vie et pleure en silence son incapacité à mettre au monde une progéniture charnelle voire sensorielle. Certes, biologiquement, il ne peut pas. Mais intellectuellement, il n’y arrive pas davantage. Il ne peut qu’enfanter des mises en scène où il s’invite toujours en tant que premier rôle. Il bâtit des maisons, des châteaux, des usines, des gares et des ponts, joue à la guerre et pose pour la photo qu’un ignorant brûlera un jour ou pour un bronze au pied duquel les chiens lèveront chaque jour la patte. Parfois, dans un élan de tendresse, il s’infiltrera dans une grossesse avec la maladresse d’un môme et la gêne d’être toujours en trop ou bien perpétuellement en retard.
A la lecture des civilisations, un élément cependant a marqué ma réflexion. Souvent (je ne dis pas toujours), les artistes se rencontrent plutôt chez les hommes que chez les femmes. Comme ce n’est pas constant (souvent [mais pas toujours], les femmes artistes ne sont pas mères ou délaissent leur progéniture), on ne peut gratifier l’élément masculin d’une quelconque lévitation intellectuelle dont la femme serait privée. La raison tient peut-être dans cette impossibilité physiologique qu’à l’homme à mettre au monde. Dans le règne animal qui, biologiquement est le nôtre, la transmission demeure l’acte essentiel d’une vie sensorielle accomplie. Vivre pour donner la vie. Il est intéressant de constater que l’homme court derrière la gloire ou le pouvoir où qu’il soit, quel qu’il soit, pour assouvir une domination à jamais stérile. Alors, il éructe, râle, injurie, construit, détruit, se bat, devient petit chef en rêvant de prendre la place du grand chef, conquiert, se divinise même parfois. Il peut ainsi passer du statut de simple quêteur de sens, au stade du tyran par la simple envie du dépassement de soi. Et, ce qui est significatif, c’est qu’on peut découvrir chez un même homme honnête, l’habit du monstre et celui de l’agneau.
Vivant dans une sorte d’incomplétude, le mâle erre sur la terre en quête de reproduction. C’est pour cela qu’il est chef de guerre, de pays, de clan ou de foyer. Il n’accepte aucunement la suprématie féminine qui lui retirerait ce qu’il croit être la béquille indispensable à son existence. Déjà qu’il accuse la nature de lui avoir refusé le droit de portage, il faudrait en plus qu’il soit au service de celle qui, pense t-il, a reçu la meilleure part de la création. Vaste débat qui commence par une adolescence naine et s’achève par une mort annoncée rédemptrice.
En fait, l’homme se croit la victime d’une atrophie physiologique alors qu’elle semble simplement instructive. Il laisse ses sens dirigés son esprit sans prendre le temps de se sentir vivre et de se réaliser dans les autres. La femme possède intuitivement cette potentialité de dépassement sensoriel que l’homme doit acquérir. Le « Connais-toi toi même et tu connaîtras l’univers et les dieux » attribué à Socrate est peut-être ce premier pas qui va de l’Un vers une insertion dans l’édifice collectif où le mâle accompli deviendra un maillon indispensable à la conquête d’un bonheur partagé.
Le masculin est malheureux parce qu’il se croit inachevé et se meut en bourreau par paresse. Voyez les artistes, les chercheurs, les questeurs, ils ont dans le regard une spiritualité qui les portent au-dessus d’eux-mêmes. On les dit souvent plus féminin. Non ! Ils sont simplement révélés. Que l’homme instruit devienne l’artiste de sa vie !
Devenir artiste ne signifie pas d’être reconnu par ses pairs comme tel mais d’être en mesure d’accomplir une œuvre qui s’adresse aux sens, aux émotions ou à l’intelligence. Chaque humain possède une ou plusieurs cordes à son arc. Il faut travailler sa passion et son talent pour se réaliser quelque soit la discipline choisie. Un artisan professionnel, un bricoleur du dimanche ou le jardinier à la retraite seront tout autant heureux qu’un sculpteur, qu’un peintre ou qu’un écrivain. Même si les académies ne reconnaissent pas la menuiserie, la jardinerie ou la mécanique comme entrant dans le cercle étroit des réalisations de l’esprit, il n’en reste pourtant pas moins vrai que la passion nécessaire pour mettre en concordance le fil du bois, la complémentarité et l’harmonie des végétaux ou bien la sonorité quasi horlogère d’un ensemble de tubes, tuyaux, pistons et autres machineries ne relèvent aucunement du hasard ou de la nécessité. Il ne doit pas y avoir de hiérarchie dans l’exaltation de l’expression de sa vie, simplement le souci constant de mener à son apogée la maîtrise de sa propre connaissance pour qu’elle devienne un sujet de transmission.
Ne pourrait-on, dans chaque regroupement sociétal (quartier, communes, …) établir des ateliers où chaque individu, homme ou femme, pourrait trouver la mesure juste à ce qu’il croit être son talent. Que l’on cultive par passion des légumes, qu’on protège par vocation des animaux, qu’on répare par amour des automobiles, qu’on fasse par besoin une œuvre d’art, nous mettons tous en scène un protocole de culture. Ces ateliers urbains ou ruraux ne seraient soumis à aucun impôt tant qu’ils resteraient dans le domaine de l’exceptionnalité et non d’un professionnalisme lucratif. Ils seraient des carrefours de rencontre ou le bénévolat serait la pierre angulaire vers une société plus vertueuse.
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