L’hydroélectricité : nouvel enjeu du mix énergétique marocain
Grand artisan de la lutte contre le réchauffement climatique sur le continent africain, le Maroc s’est engagé dans un ambitieux développement des énergies renouvelables. Sans surprise, le solaire est le fer de lance de cette révolution douce, mais les autorités misent de plus en plus sur l’hydroélectricité. Une énergie plus facilement contrôlable qui est s’avère être un complément indispensable aux énergies intermittentes.
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La Maroc fait sa révolution énergétique
Lorsque le Maroc a accueilli la COP22 en novembre 2016, les médias ont souligné à juste titre les ambitions du Royaume chérifien en matière de développement des énergies renouvelables. Pour illustrer cette volonté née au début des années 2010, le programme de « mosquées vertes » a marqué les esprits. 64 mosquées (dans un premier temps) réparties dans six villes du pays vont progressivement subir un lifting qui doit permettre de réduire de 40 % leur facture énergétique via notamment l’implantation de panneaux solaires. L’information a fait le tour des journaux et met en avant l’importance du solaire au Maroc.
Aujourd’hui, les énergies renouvelables représentent 26 % de l’électricité consommée. Le charbon et le gaz naturel dominent outrageusement le mix énergétique marocain et un plan de 30 milliards de dollars sur quinze ans a été lancé afin de faire passer les énergies propres à 42 % du mix énergétique en 2020, puis à 30 % en 2030. Dans deux décennies, la répartition devrait être de 20 % pour le solaire, 20 % pour l’éolien et 12 % pour l’hydroélectricité.
Une hydroélectricité qui reste discrète, mais dont l’importance est cruciale pour le bon fonctionnement d’un mix énergétique beaucoup plus propre. Certes, le Maroc peut s’appuyer sur des conditions climatiques favorables avec 300 jours de soleil par an en moyenne et un vent qui permet déjà de fournir 783 MW en 2016. Le tout grâce à des parcs installés dans les régions côtières et qui connaissent peu de variations saisonnières. Cependant, les énergies renouvelables restent intermittentes et rendent leur utilisation complexe d’autant plus que les technologies pour les stocker sont encore grandement perfectibles. C’est là que l’hydroélectricité tire pleinement son épingle du jeu.
L’hydroélectricité : un complément indispensable
L’énergie hydroélectrique est maîtrisée par l’homme depuis plus de 2 000 ans. Le Maroc s’est, pour sa part, lancé dans la construction de grands barrages à partir des années 1960. La technologie n’a cessé d’évoluer et est aujourd’hui arrivée à maturité avec les stations de turbinage et pompage (STEP) qui permettent de réguler la production d’électricité en fonction des variations de la demande. Le système repose sur deux bassins placés à des altitudes différentes et un système de pompe/turbine. Lorsque les besoins en électricité sont faibles, l’eau du bassin inférieur va être pompée pour alimenter le bassin supérieur. Une fois les besoins en électricité en hausse, l’eau du bassin supérieur est injectée dans le bassin inférieur, produisant au passage de l’énergie grâce au système de turbine.
Ainsi, les STEP permettent de s’adapter à la demande dans des délais très brefs. Sur les 1 770 MW produits pour l’hydroélectricité au Maroc, 460 MW proviennent de la seule station de turbinage et pompage d’Afourer. Mise en service en 2004, cette station sera bientôt complétée par un dispositif de deux autres STEP d’une puissance de 300 MW chacune. L’office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) va lancer prochainement deux appels d’offres pour des infrastructures qui seront implantées à El Menze au sud-est de Fès et à proximité de Chefchaouen. Ce programme en faveur de l’hydroélectricité ne peut laisser insensible EDF Energies Renouvelables qui a contribué à la construction du barrage d’Afourer. Le groupe est présent au Maroc depuis de nombreuses années notamment dans le secteur éolien avec les parcs de Koudia Al Baida et de Taza. Un énergéticien français qui a été choisi pour construire le complexe hydroélectrique de Khénifra, lequel doit générer 128 MW.
Enfin, la production hydroélectrique marocaine entend laisser une place aux microcentrales déjà présentes sur l’ensemble du territoire, mais principalement concentrées dans les bassins de Moulouya, Sebou et Oum-Errabia. La première microcentrale hydroélectrique est sortie de terre en 2015 sous les auspices de la société Energie Terre et offre une capacité de 1,6 MW. Une dizaine de projets est en cours de réalisation et contribue à la transition entre une énergie carbonée à une énergie propre. Le Maroc entend même exporter une partie de son énergie au cours des prochaines années alors que le pays est encore importateur en la matière. Le tout renouvelable est cependant encore inaccessible car les besoins en électricité augmentent d’environ 10 % chaque année.
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