L’hypothèse d’une victoire de Marine Le Pen ne peut plus être exclue
« Le thermomètre affichait 34°, un peu chaud pour un début février ... »
« Non, Cédric. Ne te noie pas dans les souvenirs. L'avenir t'attend à Davos ! »
Jean-Marc Ligny, Dix Légendes des âges sombres. L’Atalante, 2022
Marine Le Pen sera vainqueur de l'élection présidentielle, d'une manière ou d'une autre.
Propos qui seront perçus comme imprudents ou réalistes, nous serons rapidement fixés le 24 avril 2022 au soir, mais il est en tout cas désormais évident à l'issue du "débat" électoral de l'entre-deux tours que, des deux finalistes, l'une s'est inscrite dans l'avenir et l'autre dans le passé.
Un avenir rempli d'incertitudes, certes, mais un avenir quand même pour Mme Le Pen.
Un passé avéré, mesurable au mandat qui s'achève, mais qui en tout état de cause n'augure rien de bon pour M. Macron.
La corrosion, l’oxydation et la flétrissure de la politique telles que nous les voyons à l’œuvre dans cette prétendue campagne présidentielle à l'occasion de laquelle deux simulacres d’un système électoral totalement épuisé se sont affrontés, laissent un goût de cendre dans la bouche.
Tout dérape en effet et ne cesse de dérailler en permanence, les tôles disjointes de la machine déglinguée et hors d'âge laissant apparaître et suinter le liquide visqueux et malodorant des collusions, petits calculs, propos acerbes, combines et compromissions lamentables, dénués de la moindre intelligence et qui n’ont qu’un seul but : celui affiché du dur désir de durer le plus longtemps possible encore, comme s’il s’agissait pour M. Macron de laisser persister sur le fond de la rétine citoyenne la rémanence d’une image brouillée dont les détours sont désormais imperceptibles et inintelligibles.
I- Entropie générale
L’entropie générale qui mine le pseudo discours politique ne peut dès lors que déboucher sur un désastre multiple, protéiforme - désastre politique, économique et social majeur -, puisque toutes les digues sont fragilisées au point que la population qui est peut-être en train de comprendre (qui sait ?) qu’elle entre une fois de plus dans la nasse électorale s’empresse au contraire de chasser au plus vite cette image désagréable qui dérange ses aspirations, le monde duveteux et rose auquel elle s'accroche et veut désespérément croire, plutôt que de faire face à une réalité violente et plus qu’inquiétante.
Combien de gens autour de nous qui n’envisagent en effet que les prochaines vacances pour évacuer l’angoisse qui les tarabuste de cette guerre en Ukraine, orage inquiétant qui rôde à deux heures d'avion de la France, aux marches décidément bien proches du crétinisme institutionnel de ce mantra d’une « Europe-qui-protège », comme on le vit en 1999 avec le bombardement de la Serbie par les forces de l’OTAN et comme on peut encore le voir actuellement dans le Donbass avec l'opération militaire conduite par la Russie face aux boutefeux de l'OTAN[i].
Comment se prêter encore au spectacle de ce politicard obsolète qui tente de capter une fois de plus et une fois encore (une fois de trop, certainement) la crédulité comme les suffrages de l’électorat au nom d’intérêts qui sont une fois de plus en réalité parfaitement étrangers à ce à quoi chacun aspire : la poursuite, la reconstruction, la préservation du bien-être général au sein de structures politiques renouvelées, solides, fiables, efficaces et reconnues comme telles ?
II- Mirage et illusions
Le mirage est en effet complet, spectaculaire, à l’image de ces images surprenantes que l’on voit par beau temps et que traduit ce phénomène optique que l’on désigne sous le nom de Fata Morgana, comme celle mise en exergue de ce billet qui montre un magnifique voilier flottant au-dessus des eaux.
Tout n’est en réalité que mirage, comme ces candidats que tout oppose et dont les « programmes » ne sont que pur choc d’opportunismes, chaque spectateur étant ou se croyant invité à défendre son « champion », attentif aux pseudo saillies, joutes verbales, ces fameux « tacles », ces supposées « punchlines », interceptions et réparties parfois d’une médiocrité affligeante censées mesurer les talents respectifs des compétiteurs d’un soir auxquels nombre de gloutons optiques aussi anomiques qu’amnésiques se préparent à confier leurs vies pour les cinq ans à venir en appliquant le « bon pour être élu » au moyen du tampon-encreur définitif du « Il ou elle a été génial(e) ou nul(le). »
Santé, pouvoir d'achat, finances, fiscalité, logement, immobilier, urbanisme, successions, retraites, éducation, immigration, justice, criminalité, défense, souveraineté, énergie, recherche scientifique, la liste est déjà bien fournie de toutes ces questions simplement effleurées pour lesquelles il va falloir proposer et défendre une vision sérieuse et cohérente pour les 10 années à venir, en une sorte de planification indicative qui devra être exposée et sérieusement discutée après l'élection, avec les citoyens, cartes sur table.
Au lieu de quoi nous n'avons assisté qu'à un étalage de truismes de la part d'un candidat qui semble avoir oublié qu'il tient le crachoir depuis cinq ans, a volontairement omis de rendre compte d'un mandat calamiteux et n'a cessé de promettre à un public qu'il méprise en réalité profondément, en un numéro de bonimenteur scandaleux - ou en charlatan du bonneteau politique, chacun choisira-, tout ce que l'on voudra.
Ajoutons à cela le troisième impétrant qui rêve pour sa part en une collusion avec le premier cité plus haut, de devenir Premier ministre afin de régenter une cohabitation qui verrouillera l'impasse politique, et le tableau sera complet, soigneusement figé pour les quatre années à venir au cours desquelles il n'y aura pas de consultation électorale mais plutôt empoignades garanties.
D'évidence la situation est bloquée et requiert une rupture urgente pour mettre enfin un terme à cette kermesse électorale que l'on nous sert tous les cinq ans.
III- Règlement politique imminent et nécessaire
Incertitudes, imprécisions, tromperies, mensonges, approximations, manipulations éhontées, manœuvres dilatoires, vient ainsi un moment où le jeu politique est tellement mauvais, la partie tellement mal engagée qu’il convient de siffler la fin du match afin de rattraper le temps perdu depuis des années et de proscrire les erreurs et ornières sans cesse recommencées, les analyses éternellement biaisées, les constructions fondées sur des prémisses fausses, en usant de l’unique moyen à portée de main de ceux qui - et ils sont encore nombreux -, ont ou devraient encore avoir l’esprit clair et une idée de l’avenir de la France.
L'essence du système électoral actuel est simple : au premier tour on choisit. Au deuxième on élimine.
Nous y sommes presque.
Il arrive parfois en effet - l'histoire politique l'a montré à maintes reprises en France -, qu'un processus pseudo-démocratique désastreux doive être interrompu et les cartes redistribuées par un autre arbitre, en mesure de calmer les passions, enrayer les dérives et réorganiser le jeu au nom de l'intérêt général et d'un contexte géopolitique plutôt préoccupants dont le président sortant a amplement montré qu'il n'avait manifestement la dimension ni les capacités pour y faire face.
Il n'est qu'à lire Régis de Castelnau dans cet excellent papier pour comprendre les données du problème[ii].
Nous sommes au XXIè siècle et en cette année 2022, en France, il n'en demeure pas moins que dans le contexte critique de l'élection présidentielle la colère et l'exaspération sont bien présentes et qu'il va bien falloir réduire la pression, canaliser les passions, parer aux déceptions et répondre intelligemment et efficacement aux attentes et aspirations d'une population qui sait parfaitement ce dont elle ne veut plus, tant qu'il en est encore temps.
M. Macron est l'amant toxique de la France, un braqueur qu'il faut désormais arrêter et empêcher de continuer à nuire à l'intérêt général.
Mme Le Pen, si elle accède à la magistrature suprême, sera probablement l'objet d'un très fort rejet de la part de tous ceux qui n'accepteront pas son projet de renaissance démocratique, de restauration, de rénovation et revivification du pays et de ses institutions, de ses libertés, de ses valeurs, tranquillité et bons sens dans la gestion de l'Etat, lutte contre les prédateurs financiers de tout acabit etc.
Il lui faudra donc recourir aux instruments que lui offre la légalité constitutionnelle, comme elle l'a d'ailleurs déclaré lors de son débat avec son interlocuteur en évoquant le recours à l'article 11 de la Constitution.
Quant à M. Macron, qu'il le veuille ou non, même s'il est élu, nul doute qu'il sera écarté et finira par quitter le pouvoir, d'une manière ou d'une autre.
Sources :
[i] France Info/ AFP, 19 avril 2022 : https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/guerre-en-ukraine-ce-que-l-on-sait-de-l-offensive-massive-lancee-par-l-armee-russe-pour-prendre-le-controle-du-donbass_5089810.html
[ii] Régis de Castelnau : https://www.vududroit.com/author/vddblog/
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