L’immigration vers l’Europe
Un besoin pour les uns, un problème pour les autres
Il n’y a pas un seul jour qui passe, sans que des centaines, voire des milliers d’Africains prennent le chemin d’un exil volontaire, laissant derrière eux, leurs terres natales, leurs familles, leurs amis, leurs lieux familiers, et leurs souvenirs de toute une vie.
Avec comme simple bagage, un sac à dos, ils traversent plusieurs pays voisins, s’aventurent, bien souvent, à bord d’embarcations de fortune, pour braver les vagues de l’océan en direction de l’Europe, cette région du monde qui représente pour eux, le paradis de leurs rêves et l’espoir de leur vie.
La jeunesse africaine ne veut plus supporter l’oisiveté forcée, due au manque de travail, et, bien entendu, la misère humiliante qui en résulte. Travailler c’est vivre, a dit Voltaire. Et ne dit-on pas que « l’oisiveté est la mère de tous les vices ». Il n’y a pas en effet pire disgrâce et pire détresse humaine que la pauvreté.
La migration des Africains vers l’Europe est, par conséquent, une évasion, une nécessité vitale, un choix entre la vie et la mort. D’ailleurs un grand nombre de ces candidats à l’immigration n’arrivent pas à leurs destinations de rêve, soit qu’ils meurent en cours de route, étant donné les conditions pénibles dans lesquelles ils se déplacent, soit qu’ils se noient au cours des traversées maritimes, soit tout simplement, en se faisant arrêter pour être ramenés au bercail.
L’Europe réagit, s’organise et prend des mesures
La question de l’immigration légale et clandestine n’a pas cessé de préoccuper les Etats européens, depuis plusieurs années. Actuellement elle constitue, avec le terrorisme, l’un de ses problèmes majeurs.
Si l’Union européenne est arrivée, au fil des années, à régler plus ou moins le problème de l’immigration légale et à mieux organiser la délivrance des visas (Schengen), la lutte contre l’entrée clandestine, chaque année, d’un grand nombre de migrants, reste par contre insuffisante et inefficace. La plupart des pays de l’Union ignorent le nombre exact, même approximatif, des étrangers qui se trouvent en situation irrégulière sur leurs territoires. Toute estimation, il faut l’admettre, reste difficile dans ce domaine. En 2005, le ministère de l’Intérieur français avait estimé que ce nombre pouvait varier entre 200 000 et 400 000 étrangers, ce qui est, comme on peut le constater, très vague. Selon la même source, 16 000 clandestins avaient été reconduits à la frontière, la même année.
Pour ce qui est des immigrés légaux, la France métropolitaine comptait à la mi-2004, 4,9 millions d’immigrés d’après l’Insee, soit plus de 8 % de la population totale de la France. Dans ce total sont compris 1,5 million de Maghrébins et près d’un demi-million de sub-sahariens. Aujourd’hui la provenance des émigrants a évolué. Plus des 2/3 viennent d’Afrique (Algériens, Marocains et Africains originaires des anciennes colonies françaises), contre 50 % environ, il y a cinq ans. A noter que presque la moitié sont établis au titre du regroupement familial.
Devant l’afflux de plus en plus grand des étrangers, les responsables européens allaient réagir et prendre des mesures pour affronter la situation. Durant ces dernières années et notamment depuis 1999, les dirigeants européens, à des degrés divers, ont organisé des rencontres aussi bien entre eux, qu’avec des responsables africains, pour l’étude du phénomène et la recherche de solutions.
Il en est résulté la mise sur pied d’un certain nombre de programmes destinés à lutter contre tous les aspects de l’immigration clandestine. Chaque pays a, en outre, promulgué des lois, portant sur un certain nombre de mesures à l’échelon national.
Nous passons ci-après en revue, quelques-uns seulement de ces programmes et textes de lois, pour donner une idée succincte des efforts entrepris dans ce domaine, sans bien entendu, trop entrer dans les détails, ce qui n’est pas l’objet de notre article.
I°)- Le Conseil européen réuni à Séville le 15 novembre 2001 a approuvé un plan global de lutte contre l’immigration clandestine et la traite des êtres humains.
2°)- Le Conseil européen, tenu à Tampere en février 2002, adopta un plan global de lutte contre l’immigration clandestine, exprimant notamment « la détermination de l’Union européenne de mener une lutte renforcée » contre le phénomène.
3°)- Une loi française relative « à la maîtrise de l’immigration, au séjour en France, et à la nationalité » et dont l’objectif était de réduire l’immigration clandestine, a été promulguée le 26 novembre 2003.
4°)- Le 19 février 2004, le Conseil européen a adopté un règlement visant à formaliser le réseau des « officiers de liaison immigration, OLI » chargés de recueillir les informations concernant les immigrés clandestins.
5°)- Le 4 juin 2004, une Commission européenne s’est penchée sur la dimension relative à la relation entre l’immigration légale et l’immigration clandestine.
6°)- Le programme de La Haye définit en novembre 2004 « l’action en vue d’intensifier la lutte contre l’immigration clandestine dans plusieurs domaines de politique : la sécurité des frontières, l’emploi clandestin, les retours et la coopération avec les pays tiers ».
7°)- En 2004, l’Union européenne a créé l’Agence européenne « pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des Etats membres de l’Union (FRONTEX) » afin de gérer de manière intégrée les frontières extérieures des Etats membres de l’Union.
8°) A Bruxelles, le 19 juillet 2006, la Commission chargée d’examiner les moyens de lutte contre l’immigration clandestine a estimé que « la lutte contre l’immigration clandestine est un axe central de la politique commune de l’Union, en matière de migration depuis sa création en 1999 ».
9°)- En 2006, un plan d’action du Frontex a été mis en œuvre pour endiguer l’immigration clandestine d’origine sub-saharienne à destination des îles Canaries. Des aides importantes en matériel ont été accordées à l’Espagne par l’Union européenne et des accords ont été passés avec certains pays africains dont la Mauritanie pour la surveillance des côtes.
10°)- Les 10 et 11 juillet 2006, la Conférence ministérielle euro-africaine sur la migration et le développement, réunie à Rabat (Maroc), a adopté un plan d’action ayant pour objectif « la lutte contre l’immigration clandestine. Une coopération plus accrue entre les pays africains et européens, en matière de contrôle des frontières maritimes et terrestres et la réduction de la pauvreté, par l’accroissement de l’aide au développement, en étaient les grands axes.
L’engouement africain pour l’Europe continue et s’amplifie.
Des pays de plus en plus désertés, à cause de la sécheresse et de la misère, une jeunesse désœuvrée, une démographie galopante qui compte parmi les plus élevées du monde, des dirigeants préoccupés le plus souvent, par leur standing personnel et leur maintien au pouvoir, voilà l’Afrique d’aujourd’hui.
D’après le dernier rapport du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) du mois de décembre 2002, le continent africain qui abrite au début du XXIe siècle, 832 millions d’habitants, passera à 2 milliards en 2050.
En Afrique sub-saharienne le taux de natalité est parmi les plus élevés du monde. On compte actuellement sept enfants par femme. Puisque la polygamie n’est pas interdite, si un homme est marié à deux femmes, il peut avoir jusqu’à douze à quinze enfants. On rencontre un peu partout en Afrique des femmes vendeuses au marché, accroupies avec un enfant sur les genoux, un autre accroché au dos de sa mère et un bébé contre la poitrine, tirant nerveusement sur un sein desséché. L’ignorance et l’analphabétisme y sont pour quelque chose. Personne ne peut convaincre ces femmes que plus il y a d’enfants moins il y a de développement. Chaque famille rêve qu’elle aura, peut-être un jour parmi ses enfants un footballeur comme Eto’o ou Drogba qui la rendrait riche et la sauverait de la misère.
En attendant leur rêve se limite à l’arrivée d’un ou deux de leurs enfants en Europe où ils pourront, pensent-ils, gagner beaucoup d’argent.
Pour des milliers de jeunes Africains, il n’y a pas d’autre solution que l’arrivée en Europe, coûte que coûte. Ceux qui y sont déjà installés, et qui reviennent pour passer leurs congés dans leurs fiefs, entrent dans leur village avec de belles voitures et achètent des propriétés. On comprend aisément l’envie de tous les autres de partir à leur tour vers ce continent de rêve. C’est la ruée vers l’or. Cela rappelle cette même ruée qui a eu lieu de l’Europe vers l’Amérique aux XVIIIe et XIXe siècles...
De la Mauritanie et du Sénégal vers les îles Canaries, du Maroc vers l’Espagne et la France, de la Tunisie et de la Libye vers l’Italie, des milliers de jeunes Africains se lancent vers l’aventure. Un grand nombre de candidats à l’immigration séjournent plusieurs mois dans les pays de transit, dans l’attente du départ. S’abritant dans des chantiers abandonnés, dans des maisons en ruine ou dans les buissons, ils restent là, à l’affût, jusqu’au moment propice pour s’embarquer à destination d’un pays de l’Europe. Il y a quelques mois, ils sont devenus agressifs à force d’attendre. Des dizaines de migrants s’étaient lancés à l’assaut des barbelés séparant la ville marocaine de Nador et le préside espagnol de Melilla.
A Tanger (Maroc), on les croise dans toutes les rues où ils restent, tout le temps, les yeux rivés sur Algésiras, attendant la première occasion pour partir.
Et si on opérait une migration européenne vers l’Afrique ?
La solution de ce problème d’immigration des Africains vers l’Europe ne réside pas uniquement dans la prise de mesures ou l’élaboration de textes juridiques pour juguler le mouvement migratoire. Depuis plus de dix ans, tous les conseils et toutes les commissions tenus, de part et d’autre de la Méditerranée ou ailleurs pour stopper l’afflux vers l’Europe, tous les textes juridiques qui ont vu le jour, dans le but de freiner l’immigration clandestine, n’ont pas été efficaces, pour ne pas dire qu’ils n’ont servi à rien.
Le seul enseignement que l’on doit tirer de cette situation et la seule conclusion qui s’impose à tous est la nécessité de prendre en considération les problèmes des uns et des autres et d’essayer de trouver la meilleure solution pour résoudre le problème de l’emploi des jeunes Africains, sans pour autant, laisser grand ouvert l’accès au continent européen.
- Pour l’Afrique, il est primordial de trouver une solution pour sa jeunesse désœuvrée ;
- Pour l’Europe, il n’est plus question de tolérer davantage l’arrivée de nouveaux clandestins. Selon certains observateurs, « l’immigration constitue pour l’Europe un risque pour la stabilité et la cohésion sociales... Elle modifie les rapports de force au sein d’une société... Et peut transformer les identités collectives d’une nation ».
Par ailleurs, il est impensable de continuer à employer des étrangers, pendant que le taux de chômage des citoyens européens constitue lui-même un problème pour les gouvernants.
L’idée du regroupement familial est, pour de nombreux Français, une erreur, car, dit-on, qui dit regroupement familial, dit arrivée de femmes et d’enfants, donc de nouveaux immigrés potentiels. Cela suppose l’occupation de nouveaux logements, des places dans les écoles pour les enfants, un emploi à l’avenir pour eux et, généralement, des problèmes de sécurité.
Selon la convention internationale de Rome de 1924, « est considéré comme simple travailleur tout étranger qui arrive dans un pays dans le but de s’y établir temporairement ». Dans ce cas, pourquoi faire venir sa famille ? Ne serait-il pas plus convenable, de lui donner des congés tous les six mois, pour lui permettre de voir sa famille, quitte à lui accorder un délai de route et une petite prime pour le voyage ?
Ceci dit, l’Afrique est un continent qui possède d’énormes richesses minières (cuivre, fer, plomb, phosphate et autres), des côtes poissonneuses, des forêts productrices de bois de grande qualité, des terres fertiles, sans parler de la production de cacao de café et d’autres produits agricoles.
Ces richesses nationales sont aujourd’hui mal ou insuffisamment exploitées et, bien souvent, ne profitent qu’à une minorité de privilégiés. Les Européens et Africains ont donc intérêt à conclure des accords de partenariat pour l’exploitation commune de ces richesses, une entreprise qui aura pour finalité l’emploi d’une main-d’œuvre nombreuse, la formation professionnelle des jeunes et l’exportation, vers l’Europe et les autres continents, d’une grande partie des produits finis.
De nombreux industriels européens peuvent être intéressés par l’octroi d’un terrain à un euro symbolique, une main-d’œuvre pas trop chère et des impôts modérés.
Une expérience a été tentée avec succès au nord du Maroc et dans le Gharb, où des producteurs agricoles espagnols s’adonnent à la culture des fraises, des artichauts et d’autres légumes et fruits destinés à l’exportation.
Une question importante et primordiale reste cependant posée en Afrique et dont la solution ne dépend que de la seule volonté de ses dirigeants, c’est la nécessité absolue et vitale de limiter les naissances, et ce, en utilisant tous les moyens nécessaires et adéquats, sans quoi le problème de l’émigration des Africains vers l’Europe restera toujours posé.
LECOMTE
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